LAUREN HOLIDAY, la guerrière du football féminin américain.

Lorsque Lauren Holiday, 27 ans, annonce sa retraite du football féminin, ce n’est pas comme pour la plupart, après s’être rendu compte que le corps a été trop sollicité, et que plus loin, sera le handicap. Pourtant, cela aurait pu. L’américaine est une de ces stars de la balle ronde que les américaines ont « pris en mains » avec cette première place mondiale qu’elles trustent depuis 2007, n’ayant jamais été plus bas que le second rang mondial depuis la création du classement FIFA féminin (2003).

Elle est née à Indianapolis, temple des 500 miles, et il semble que, si elle n’a pas été attirée par cette course mythique, son jeu parait totalement être inspiré de cette ronde automobile qui jamais ne s’arrête, poussant à bout les moteurs, pour que d’un souffle, chacun à son maximum, la victoire se fasse.

C’est avec cet entêtement, cette capacité à ne pas réduire la voilure dans la difficulté qu’il lui a été donnée la possibilité d’être sélectionnée 133 fois au pays de l’Oncle Sam, ce qui n’est pas une petite performance quand ont connaît la qualité de la concurrence américaine en football féminin.

Elle a connu les honneurs des Jeux Olympiques en remportant deux fois l’Or (2008 et 2012). Elle a connu la désillusion de 2011 où le titre leur était promis après une absence de 12 ans face au Japon. Défaite qui avait tout d’un Pearl Harbor moral lorsque, bien qu’ayant mené deux fois au score, c’est la capitaine Homare Sawa qui souleva le trophée, après avoir marqué un but égalisateur d’anthologie ! Finale mondiale qui se finira sur une séance de tirs au but qui restera dans les mémoires pour un Titre de championne du Monde qui ira au Japon et en Asie pour la 1ère fois de ses 6 éditions mondiales. Pris de forces aux américaines. Un traumatisme.

Elle a vécu en 2011, ce qui lui semblait le pire. Puis vint pour Lauren Cheney, le meilleur.

Le bonheur de vivre le meilleur de sa vie.

D’abord, 2012 et la finale des Jeux Olympiques face aux mêmes Japonaises qu’elles gagnèrent 2-0 sans donner la possibilité aux Nadeshiko de remonter au score comme en 2011. 2013 et le bonheur de se marier avec Jrue Holiday, basketteur professionnel connue à l’UCLA. Et enfin, la blessure japonaise totalement refermée avec la finale 2015, encore face au Japon et un 5-2 pour les américaines qui scella définitivement cette histoire. La Grande Histoire du football féminin avec un but en finale de la N°12, Lauren Holiday, née Cheney qui annonçait, dans la foulée, sa fin de carrière à 27 ans.

La petite Histoire qui donne de l’intérêt à la grande.

La Vie va venir frapper fort à la porte de Lauren. Avec l’émotion qui va avec. Accoucher de son bébé en sachant qu’on a une tumeur au cerveau qui va être opérée. Cela marque. Surtout quand on a dans les bras, sur soi, sa fille qui vient de naître. Fragile un bébé. Et cela reste longtemps fragile, un enfant.

Lauren Holiday veut créer une famille avec son époux, Jrue Holiday, basketteur professionnel, depuis quatre ans aux Pélicans des New Orleans, drafté 17è en 2009, et qui connaitra le double bonheur d’une sélection aux All Stars en 2013 et d’un mariage.

Ne nous cachons pas. Rares sont les sportives de haut niveau qui se marient. Encore plus rares sont celles qui auront des enfants. Lauren Holiday nage dans ce bonheur. Sortir de cette vie d’exception pour, plus d’un instant, être et n’être que ce que l’être Humain est. Un Être qui accompagne, protège, développe. Les yeux d’un enfant qui ne sont que l’expression de ce qu’est son coeur. Transparent.

« Une fille qui veut sa mère »

Le bonheur est là. Il se construit avec l’arrivée prévue d’un bébé quand l’inconnue et l’atroce se présente. Lauren Holiday est atteinte d’une tumeur au cerveau.

Pourquoi la vie s’acharne-t-elle sur cette femme qui à l’âge de trois ans a déjà dû être opérée d’une malformation cardiaque ? Alors que d’autres n’ont rien et méritent tant.

Peut-être que pour Elle ce sera sa chance. On ne peut pas avoir le même regard sur les choses quand on a dû vous raconter que votre vie a tenu au fil d’un chirurgien, dès votre plus petite enfance. Alors, si la peur vous prend, ou l’envie de partir, il y a une certitude que Lauren Holiday a du avoir.

« Son bébé d’un mois voulait une mère. C’est à dire ELLE. Elle voulait protéger sa fille qui venait de naître. Pendant longtemps. »

Alors, elle demande que l’on prie pour Elle. Ni plus, ni moins. Les journaux américains, si friands de nouvelles alarmantes font un silence quasi religieux sur cette affaire : une femme enceinte, atteinte d’une tumeur au cerveau. Star de l’équipe américaine qui a descendu l’allée de New-York comme les présidents avec la Coupe du Monde à la maison. Femme d’un basketteur professionnel. Le sport américain le plus regardé au Monde. Il y aurait pu en avoir des lignes. Rien.

De par le Monde, tout le monde sait, mais tout le monde attend. Enfin, presque tout le monde.

Le bébé est né. C’est une fille. « Le choix du Roi » pourrait on dire – en souriant – pour une joueuse de football féminin.

L’opération s’est faite. Elle s’est bien passée. Lauren Holiday a eu sa tumeur retirée. Visiblement de caractère bénigne. Il y a maintenant cinq jours. On peut prendre le risque de la conter pour qu’elle soit racontée.

C’est fou la vie que vient de connaître cette jeune femme. 29 ans. 2 médailles d’Or. 1 titre de Championne du Monde. Une star dans son pays. « Un respect du peuple américain » pour avoir ramené la Coupe à la maison. Mariée, ce qui est rare dans le football féminin. Retraitée à 27 ans. Ce qui est tôt. Et deux opérations qui auraient pu lui coûter la Vie.

Alors qu’elle a donné la vie.

Il faut lui dire que la Vie peut être calme. Elle risque de ne pas y croire. C’est d’ailleurs ce qui est le plus dur à vivre quand on a vécu tant d’aventures.

Enfin, avec des enfants, la vie est bien moins calme. Tout ce qu’il leur arrive nous arrive. Cela devrait l’occuper un certain temps. En lui souhaitant tout le bonheur du Monde. Après une telle Histoire, on regarde le Monde avec le sourire.

« Dehors les méchants » diraient les enfants. Adapté au moment, c’est Halloween !

William Commegrain lesfeminines.fr