Trois nouveaux arrivés dans le championnat : Olympique de Marseille, FC Metz, Girondins de Bordeaux ! Trois clubs de Ligue 1. Cela porte à huit leur nombre sur douze clubs. C’est une présence nouvelle pour la France et assez massive. Est-ce que cela va changer pour longtemps la donne dans le football féminin français ? C’est une question à se poser en sachant qu’ils sont plus nombreux dans le championnat allemand, anglais et espagnol. Sans pour autant modifier leurs performances.

Avant. 

Dans ce championnat à douze clubs à l’image de nombreux pays européens, l’hétérogénéité a toujours été la règle. Quatre clubs se partageant les premières places, Lyon, PSG, Montpellier et Juvisy pour reprendre l’ordre du classement de la dernière saison (2016-2017) et ensuite, à une quinzaine de points de différence, on trouvait un coeur de championnat très homogène où la différence entre le 5è et le 10è, soit le premier relégable pouvait être de trois à quatre points jusqu’à 12 (2016). Quatre victoires les séparaient pour 6 places de différence. C’est à dire peu.

Les deux derniers étaient souvent condamnés à la descente depuis longtemps. On pouvait comptabiliser 1 à 2 victoires pour 19 à 20 défaites, voire quand même moins si il y avait eu des matches nuls.

L’équipe de France s’est construite sur cette réalité avec le satellite lyonnais qui, à partir de 2008, a commencé à pointer dans le dernier carré européen (2008 et 2009) pour en devenir un des leaders (finale 2010) et ensuite le leader (titres 2011 et 2012, finale 2013), accompagné par Juvisy un temps (2013), le PSG plus longtemps (2015 et 2016).

Avant, c’était avant ? 

Une modification structurelle.

La configuration structurelle du championnat a changé. En constituant deux groupes de D2 au lieu de trois, la fin de saison va donc renvoyer à l’étage inférieur, non plus trois clubs mais deux.

Au lieu d’avoir 25% d’un championnat qui avait l’habitude d’être modifié chaque année, on en aura 85% qui resteront en D1. Cela permettra une certaine stabilité à moyen terme.

Auparavant, les clubs qui montaient descendaient souvent (deux sur trois, voire trois sur trois), pour même exploser à l’image de Muret (DH maintenant). En renforçant la D2 féminine avec 24 clubs au lieu de 36, le niveau va s’améliorer et s’intensifier. Cela permettra au club qui monte de limiter « le gouffre réel » entre les deux divisions voire de l’éliminer avec le temps, dès lors que la production de jeunes joueuses continuera à s’intensifier en terme de formation, trouvant leurs places en D2 féminine tout en ayant suivi le régime d’entraînement de celles qui joueront en D1 féminine. Sandrine Mathivet (coach Dijon FCO ayant pour objectif de monter) nous le confiait. En D2F : « on trouve de vraies joueuses de football maintenant« .

Cette homogénéité de la D2 féminine renforcée par la sélection d’un seul club montant dans chaque groupe dans lesquels on voit apparaître des clubs de football masculin (Lille, Reims, Lorient, Dijon, Futur Nîmes, Grenoble), devrait assurer une pérennité dans la structuration du championnat de D1 et D2 féminin.

On pourrait assister à la sortie progressive des clubs amateurs vers la D2 pour une montée parallèle des clubs de l’élite masculine.

C’est la question qui se pose. Les associations féminines ne pourront pas proposer la même offre de formation que les clubs professionnels. Cela prendra du temps mais on peut penser que l’on va vers ce chemin là.

Quoi que, ce n’est pas aussi évident que la simple logique que les décisions stratégiques semblent nous montrer.

Sur le plan sportif, aujourd’hui, on ne peut pas affirmer et même on peut l’infirmer, si on exclut Lyon, le PSG et Montpellier, qu’un club de l’élite masculine s’occupe mieux de sa section féminine qu’un club amateur exclusivement féminin. D’autant plus que la perennite d une joueuse professionnelle est loin d etre acquise (employeurs ? Blessures ? Concurrence qui va s accroître ? Choix de jeu du coach ?).

A moins que ces clubs féminins commettent des erreurs de décision ou d’intérêts.

Pourquoi une telle volonté d’organiser le football féminin avec celui masculin ?

L’espoir pour l’instant douché, des clubs professionnels de Ligue 1 est toujours aussi fort.

La question est ailleurs : elle est dans l’espoir que les clubs de l’élite masculin prennent en charge financière les désidératas de l’environnement du football féminin, notamment sur le double plan fédéral et celui des agents de joueuses en terme de rémunérations.

La réponse actuelle des clubs de l’élite est plutôt la suivante : « Il n’y a aucun intérêt économique à le faire et le football féminin est fait bien plus de promesses que de réalités auxquelles sont soumis les clubs de l’élite masculine ». Peu de publics. Un milieu féminin très fermé et très féministe dans ses choix et décisions. Une compétition sans grand intérêt. A part l’équipe de France, le bilan est décevant sur le plan de l’intérêt. Face à un football masculin qui attire tous les regards quand l’argent, en plus, se fait rare.

 Toulouse, Montpellier, le PSG ont joué le jeu. Ils en reviennent fort justement et situent tout cela au niveau de ce que c’est : une pratique qui a besoin d’un budget, ni plus ni moins. Aujourd’hui, proche de 500.000 euros pour les moins élevés des clubs de football masculin, plus d’1 million d’euros pour Montpellier et Juvisy, un peu moins de 5 millions pour le PSG ?

Seul Lyon garde son identité avant-gardiste. Fort justement.

C’est un leadership construit avec le temps et qui n’accepterait pas d’être contesté obligeant l’adversaire qui s’y intéresserait, à dépenser plus que de raisons ! Jusqu’à ce que la raison reprenne ses droits ? Ce qui s’est passé financièrement avec le PSG (2016) et tout aussi sportivement après un sévère 0-7 surprenant et impensable en 1/2 finale européenne et une sortie de quatre joueuses clés parisiennes vers l’Olympique Lyonnais au mercato d’été (Caroline Seger, Kheira Hamraoui, Jessica Houara d’Hommeaux, Kenza Dali).

Les nouveaux clubs qui entrent en D1 féminine ? 

 C’est la particularité structurelle de cette saison. Les trois clubs qui montent sont trois clubs professionnels masculins.

Le FC Metz qui a repris le club féminin d’Algrange en 2014 quand elles montaient en D1 féminine (saison 2015), descendue en 2016 et remontée pour cette saison. Les Girondins de Bordeaux qui ont repris en 2015 le club féminin de Blanquefort pour monter immédiatement cette saison, sur le fil. Et enfin, l’Olympique de Marseille qui a crée sa section en 2011 en recrutant localement pour gravir les échelons, un à un et accéder à la D1 en élargissant au fil des années, son recrutement.

Cela porte à huit clubs de L1 masculin la composition de la D1 féminine avec l’Olympique Lyonnais (10 fois champions de France, 5 coupes de France), le PSG (Coupe de France 2010), Saint-Etienne (Coupe de France 2011), Montpellier Hsc (Championnat de France et Coupe de France), Guingamp EA.

Si ces clubs restent, alors ce sera au détriment des associations féminines constituées par la plus ancienne comme le FCf Juvisy-Essonne, jamais descendue plus bas que la 4è place depuis 28 ans. Soyaux-Charente, club historique qui a connu une période de D2 mais relancée à la montée (2013) par Corinne Diacre pour se maintenir depuis. L’incroyable Albi Asptt qui pratique sur les deux fédérations des activités multisports et enfin Rodez Aveyron Football qui est le seul club de D1F à posséder, comme amateur, les deux sections et dont les hommes évoluent en CFA.

Structurellement que feront les clubs associatifs face aux écuries de Ligue 1 masculine ?

C’est la question de cette saison 2016-2017. La donne était connue. Chacun a choisi ses partenaires. Pris ses decisions. Ecouté. Agi.  Chaque club s’est organisé comme il le souhaitait.

Avec les clubs de L1 masculin, il vient de plus en plus le temps où c’est la décision prise en amont qui va influer fortement le résultat en fin d’année. Comme dans le football masculin. Et là, les clubs de Ligue 1 ont quelques trains d’avance.

Deux clubs descendront. Lesquels ? Olympique Lyonnais, Paris Saint Germain, Montpellier, Juvisy, Saint Etienne, Soyaux, Guingamp EA, Rodez Aveyron Football, Albi Asptt, Olympique de Marseille, Fc Metz, Girondins de Bordeaux ?

Les clubs amateurs disent qu’ils vont faire de la résistance. Peut-être qu’il faudra en faire beaucoup ou qu’il ne sera pas besoin d’en faire face à des clubs de Ligue 1 qui ne chercheront pas l’opposition .. ou ce sera le contraire ?

Structurellement les dés sont jetés. Les managers ont decide. Les operationnels ont agi. Résultats en fin d’année.

2019, Mondial de football féminin organisé par la France, en point de mire. Est-ce un plat masculin ou un plat féminin qu’il faudra présenter ?

William Commegrain lesfeminines.fr

Suite 1/2 : les jeunes joueuses vont impacter la donne.