Loin de la polémique des mots d’Hope Solo qui n’a pas caché son coeur en « traitant l’équipe suédoise de son ex-coach Pia Sundhage, de trouillardes » pour avoir éliminées les « Stars and Stripes » à un stade jamais aussi avancé d’une compétition olympique (quart de finale) quand les américaines étaient venues aux JO de Rio avec un palmarès incroyable de 4 médailles d’Or sur cinq possibles, complété par l’argent à Sydney 2000 (Norvège repartie avec l’Or).

Pia Sundhage, meilleure coach FIFA en 2012, 3 fois sur le podium (2010, 2011, 2013) : un Roc de certitudes.

La phrase est déjà en elle-même, une médaille d’Or pour Pia Sundhage (56 ans), la coach suédoise qui avait menée par deux fois les américaines au plus haut de l’Olympe (Or 2008 et 2012) en tant que coach et qui officie depuis quatre ans, aux destinées des « Blagults » avec l’objectif de l’Euro 2013 (médaille de bronze) à domicile qui s’est maintenant transformé en un cadeau du ciel : une première médaille olympique historique à venir pour la Suède certifiée, …. dont le métal restera à définir.

Mettre à bout la meilleure gardienne du monde. C’est une sacré performance.

Pour l’avoir croisée à Charlety dans un match où elle venait rencontrer les suédoises parisiennes (Caroline Seger, Kosovare Asllani, Lisa DAHLKVIST) et lyonnaise (Lotta Schelin) ; elle était droite comme un « i » dans la zone de passage entre les VIP et la presse. Debout. Devant un poteau. L’image qui me restera d’elle est celle d’un « Roc ». Certaine. Indéformable. Présente, sans agressivité. Ferme. Masculine.

Caroline Seger, la joueuse de Pia Sundhage. 

Pour autant, elle répondra à mes quelques questions impromptues et je retiendrais le sourire qu’elle a eu quand j’ai évoqué « la qualité de la prestation de Caroline Seger ». Elle en était tout autant convaincue. La régulation de la vice-capitaine suédoise (160 sélections, 23 buts), milieu de terrain, était pour elle, l’exemple à suivre. Ses yeux s’étaient illuminés comme lorsque l’on évoque le nom d’un buteur.

Caroline Seger, une attitude exemplaire d'années en années. Crédit Gianni Pablo. Lesfeminines.fr

Caroline Seger face aux Glasgow Ladies. Coupe d’Europe

C’est incroyable le nombre de ballons que cette joueuse (31 ans, ex Tyresö, ex-PSG, Ol) touche dans une partie. Peut-être le plus de toutes les joueuses. Par à coup. Un peu dans le style d’un Iniesta ou d’un Xavi. Le piston d’un moteur auquel s’ajoute la réflexion de la stratégie. Comment passer ? Distinguer l’entêtement de la répétition qui fait la victoire. Cette joueuse est intelligente. Elle bénéficie de son expérience qui lui a permis dans la seconde partie de sa carrière, de jouer dans des clubs huppés avec une finale de Ligue des Champions 2013 de perdue (Tyresö) et une autre avec le PSG où elle a certainement manqué suite à un carton jaune en demi-finale (2015, PSG).

Bien entendu la Suède possède d’autres talents. Un très grand nombre ont officié sous les couleurs françaises : la plus connue est sans contexte l’aigle Lotta Schelin (ex OL, Rosengard), meilleure buteuse de l’histoire suédoise avec plus de 83 buts. Lisa Dahlvist (ex-PSG) qui est le pendant de Caroline Seger au milieu de terrain et celle qui a marqué le tir au but vainqueur face au Brésil en demi-finale. Sofia Jakobsson (Montpellier), élue meilleure joueuse de la d1 française en 2015. Linda Sembrant (Montpellier) qui est toujours titulaire là où elle passe. Kosovare Asllani (City, ex-PSG) fine comme une lame de couteau, avec le tempérament d’un Ibrahimovic. Voilà pour « les françaises ».

Mais avant tout, la Suède est une machine de certitudes stratégiques. Si le plan est fixé comme cela, alors il sera appliqué de cette manière et toutes les joueuses se donneront corps et âme pour qu’il se fasse ainsi et aboutisse. Car la force de la Suède, si elle est dans la qualité de ses joueuses en premier lieu, se complète par une absence totale d’égo individuel.

C’est culturel. C’est flagrant. C’est Suédois. Toutes ensemble. Naturellement. Sans féminisme mais au féminin, et sur le terrain.

De l’autre côté, vous avez une autre grande dame. Silvia Neid. Meilleure coach FIFA en 2010 et 2013.

La finale Olympique de ce soir va opposer deux nations importantes du football féminin. La Suède, à l’origine de la professionnalisation de ce sport et l’Allemagne qui après ces sacres mondiaux de 2003 et 2007, sont devenus la référence européenne du football féminin avec 8 titres de l’Euro consécutif, série en cours, 9 titres de Women Champions League sur 15 et 5 finales. Absente seulement deux fois (2003 et 2007) pour 1 finale jouée entre deux clubs allemands (2006).

Silvia Neid, 52 ans, à la tête de la sélection depuis 2005. Ancienne cadre de la Mannschaft avec 111 sélections et 48 buts, connait toutes les stratégies possibles des équipes adverses, dès lors que le match se joue aux pieds et dans un terrain de football.

Lorsque vous l’interviewez. Si elle ne vous connaît pas. Elle vous scanne. Direct. Une IRM de la personnalité faite par un professeur de médecine humaine. Car la force de Silvia Neid est de savoir précisément ce qu’elle peut attendre d’une joueuse. Son potentiel actuel, celui possible et d’envisager l’axe de l’impossible. Comme elle est allemande, elle intégrera immédiatement ce qui peut être le pire.

En fonction de cela, elle s’adaptera. Pour une seule finalité. Gagner.

En tant que joueuse, elle a buté en finale du championnat du Monde en 1995 face à la Norvège. En tant que coach, elle a gagné le titre mondial en 2007, l’Euro en 2009 et 2013.

Avec les Jeux Olympiques, son histoire est à construire. En 2008, l’Allemagne a perdu le match pour la finale et s’est récupérée avec le bronze. En 2012, c’est la catastrophe : non qualifiée pour cause d’élimination en quart de finale au mondial 2011 que l’Allemagne organisait à domicile.

Elle va terminer son cycle de responsable de la Mannschaft après les Jeux Olympiques. A l’allemande, depuis le mondial 2015, le successeur est connu. Il s’agit de l’ex-internationale Steffi Jones, 111 sélections, 9 buts. Ce sera son dernier match.

Annike Krahn, la joueuse de Silvia Neid.

Il y a une joueuse qui est l’image même du coaching de Silvia Neid. Il s’agit de l’ex-parisienne Annike Krahn (2012-2015), en sélection depuis 2005 (128, 5 buts) et qui évolue maintenant au Bayern Leverkusen (2016) après avoir été championne d’Europe en 2009 avec Duisbourg, et posséder les mêmes titres que Silvia Neid : championne du Monde 2007, championnes d’Europe 2009 et 2013, bronze olympique en 2008 à Pékin.

Annike Krahn sauve sur la ligne face Boquete. Crédit UEFA. lesfeminines.fr

Annike Krahn (PSG) sauve sur la ligne face à Boquete (Coupe d’Europe) . Crédit UEFA. lesfeminines.fr

Elle aussi arrêtera certainement sa carrière internationale après les Jeux.

Annike Krahn est une joueuse très intelligente. Vous lui posez une question sur la Mannschaft et elle réfléchit immédiatement au contexte de la réponse. En fonction, elle s’adapte. Jusqu’à vous dire « non » et non pas « je ne sais pas ». Titularisée eu centre de la défense, elle a été impériale pour un soir de 15 février 2013, se faire tacler par une joueuse française à Strasbourg et y laisser son genou. Vue ensuite dans la zone mixte. Avec des cannes. Le sourire, dans l’effort.

Elle ne reviendra jamais réellement à son niveau mais ne lâchera jamais rien. Toujours avec cette arme qui assure les meilleures liaisons. Un plat du pied droit de vingt mètres pour son attaquante qui soulage un milieu en difficulté ou qui veut souffler. Cela ne serait rien si elle n’avait pas une défense rugueuse. Annike Krahn est très difficile à passer quand elle est dans vos « pattes ». La seule possibilité est d’utiliser la vitesse dans un mouvement collectif. La joueuse allemande le sait. Elle vous colle.

C’est certainement pour toutes ses qualités et surtout celles de savoir s’adapter que Silvia Neid l’a appelée en sélection bien que son club est fini quasiment relégable de la Bundesliga.

Silvia Neid est fidèle dans ses choix. Comme l’est Pia Sundhage. Vraies femmes de caractère.

Le match

L’une d’elle recevra l’Or et certainement avec, le titre de meilleure coach FIFA 2016. A l’image des deux équipes, les deux le méritent. Cela se jouera à la volonté. Au jeu « du chat et de la souris ».

Les joueuses des deux équipes se connaissent très bien. Anjà Mittag est depuis l’an dernier au PSG. Josephine Hennin a joué sous les couleurs parisiennes. Nilla Fischer est la capitaine de Wolfsburg depuis 2013, finaliste de la Ligue des Champions 2016 et vice-championne d’Allemagne. Elles s’opposent souvent, mais le dernier match remonte à la déroute suédoise 4-1 en 1/8è de finale de la Coupe du Monde 2015 et si les défaites ont été plus nombreuses que les victoires, les Blagults suédoises, pragmatiques, retiendront le 4-2 au Tournoi de l’Algarve 2015.

La Suède avec si peu de buts de marqués que cela ne sera pas la vérité de ce soir (3). L’Allemagne avec tant de buts marqués, que cela ne sera pas la vérité de ce soir (12). Les deux équipes ayant encaissé 5 buts chacune. L’Allemagne présentant la meilleure buteuse du tournoi, Mélanie Behringer, avec 5 buts dont 3 pénalties.

Deux très grandes équipes pour une grande finale Olympique. La Suède 6è mondial face à l’Allemagne 2è FIFA. Pour un titre Olympique. Vendredi 19, 22h 30.

William Commegrain lesfeminines.fr