La lecture de la sélection de Philippe Bergerôo montre à quel point la stratégie féminine de Jean Michel Aulas est montée d’un cran, pour gagner plusieurs années de suite, la Women’s Champions League. En effet, elles seront pas moins de douze à postuler à une place en EDF avec les arrivées Jessica Houara d’Hommeaux, Kheira Hamraoui, Kenza Dali, et Caroline Seger (Suède).

L’idée semble être de faire une série européenne. Elle est tout à fait réalisable.

Ne pas prendre de buts, et le championnat est gagné. 

Avec Sarah Bouhaddi (30 ans, 105 sélections) et Méline Gérard (26 ans, 7 sélections), les gardiennes n°1 et 2 de l’équipe de France. Classée 3ème au rang FIFA. Les buts sont gardés.

Ce qui était auparavant du domaine réservé du Paris Saint Germain, avec une ligne de défense en équipe nationale très parisienne, se tourne maintenant un peu, du côté du Rhône Alpes avec : Jessica Houara D’Hommeaux (29 ans, 47 sélections, internationale française) sur la droite, Griedge MBock (21 ans, meilleure espoir féminin) et Wendie Renard au centre (26 ans, 76 sél., capitaine de l’équipe de France, 26 ans), et Amel Majri, (23 ans, 21 sélections) meilleure joueuse de la D1 féminine en 2016, à gauche.

Quand vous rajoutez Corine Petit (32 ans, 89 sélections), Saki Kumagai (26 ans, internationale japonaise, championne du Monde 2011, vice championne olympique 2012 et vice-championne du Monde 2015) et la jeune Estelle Cascarino (19 ans), vous avez une ligne de défense qui peut jouer les trois tableaux : championnat de France, Coupe de France, Coupe d’Europe, d’autant plus que le concurrent direct français, le Paris Saint Germain est obligé de restreindre ses ardeurs en raison de ses nombreux départs et de construire pour la seconde place et le futur, avec des U19 de qualité mais qui, aujourd’hui, ne peuvent lui permettre d’envisager la première.

Prendre des buts dépendra donc de l’adversaire. La défense lyonnaise présentant toutes les garanties pour ne pas commettre d’erreurs .. supérieures au nombre de buts que son attaque pourrait marquer.

Une attaque alimentée par un milieu, et alors les matches seront pliés. 

Nulle fanfaronnade dans ce constat ! Comment envisager les choses autrement quand le premier regard sur les championnats passés montre que l’Olympique Lyonnais a dépassé la barre des cent buts à chaque saison depuis 2010-2011 (cinq fois) à l’exception de celle de 2013-2014, avec un score de 95, distançant son second d’une vingtaine de buts au minimum.

L’Olympique Lyonnais c’est le club qui fait dire aux inconnus du football féminin que les matches sont sans enjeu. Retenant, au détour d’une lecture d’un quotidien, la ou les dizaines que les fenottes ne manquent pas de réaliser, au moins une fois à chaque saison.

Le milieu lyonnais était un milieu fragile pour renouveler le graal européen, en complément de l’habituel « repas » national. A côté de Camille Abily (32 ans, 164 sélections), on ne trouvait comme joueuse d’expérience qu’Aurélie Kaci (27 ans, 6 sélections), tout juste revenue du Paris Saint Germain, blessée d’ailleurs en fin de saison.

En effet, Louisa Necib (29 ans, 139 sélections) annonçait la fin de sa carrière et Amandine Henry (26 ans, 49 sélections), ballon d’Argent au Mondial 2015, le début d’une autre avec les Portland américain en NWSL. Les clés étaient données à la jeunesse avec Claire Lavogez (22 ans), Pauline Bremer (20 ans), Lucie Pingeon (20 ans), Maelle Garbino (20 ans).

Même si la victoire en Women’s Champions League s’est faite sur une excellente prestation de Pauline Bremer, qui a fourni des matches d’excellents qualités en phase finale ; difficile d’être certain de se donner les moyens du triplé avec un peu trop de jeunesse pour fournir l’attaque. Et sans attaque qui marque, en football féminin, point de titres.

On comprend donc mieux pourquoi le staff lyonnais et Gérard Prêcheur ont réalisé le recrutement de Caroline Seger (31 ans, capitaine de la Suède), Kheira Hamraoui (26 ans, 28 sélections), Kenza Dali (25 ans, 16 sélections), Marozsan Dzsenifer (24 ans, internationale allemande, FFc Frankfurt) pour étoffer son milieu de terrain.

Une attaque qui va prendre son envol. 

Quelle sera l’influence du départ de Lotta Schelin dans la production d’Ada Hegerberg ? Si cette dernière a explosé de cette manière après deux saisons passées à l’OL, la capitaine suédoise retournée à Rosengard n’en est pas étranger, tant sur le terrain qu’en dehors du terrain, notamment dans les séances d’entraînement.

La jeune norvégienne (22 ans), au talent incroyable pour les féminines, va devoir prendre son destin en main et assurer une place de leadeur d’attaque. C’est son challenge. Pour autant, il ne semble pas hors de portée pour celle qui a fini meilleure buteuse de la D1 féminine (33 buts) et meilleure joueuse pour les fédération française de football (Trophées de la D1 féminine)

Elle sera bien encadrée, avec deux filles aux mêmes tempéraments quand elles foulent la pelouse verte : Eugénie Le Sommer (26 ans, 122 sélections) et Elodie Thomis (30 ans, 129 sélections). Si on doit rajouter Mylaine Tarrieu (21 ans) et Delphine Cascarino (19 ans) qui ont montré des qualités offensives au niveau de l’Olympique Lyonnais, alors le club « à la décima » française peut penser la continuer pour quelques saisons à venir.

Pour une série européenne : Alex Morgan, c’est tout sauf une idée farfelue. 

Maintenant, il est vrai qu’à regarder sur le plan européen, et notamment du côté de l’Allemagne avec le Bayern de Munich qui a fini dix points devant le Vfl Wolfsburg que Lyon  a dominé en finale de la Ligue des Champions 2015-2016, bien que gagné lors de la séance des tirs au but ; Alex Morgan (star américaine), courtisée par Jean-Michel Aulas serait la clé de sécurité lyonnaise pour envisager une série européenne.

Lyon, avec une série continue de titres européens, c’est certainement une idée qui trotte dans la tête du Président Rhodanien. Car c’est tout à fait possible, et cela cadrerait très bien avec le nouveau Parc Ol de réalisé et une politique stratégique d’entreprise réussie.

A l’analyse, Lyon n’a pas surchargé sa barque -désolé, son yacht-. Il lui a donné quelques moteurs nécessaires pour une ambition européenne pérenne.

William Commegrain lesfeminines.fr