Anecdote de la petite histoire du football, mais les deux grandes stars suédoises qui ont fait connaître la Suède à la France autrement qu’avec les 13 buts de Just Fontaine lors de la Coupe du Monde 1958 la quitte la même année. Icônes tous deux de leur sport dans leurs clubs respectifs, elles pourraient partir comme on fait dans les pays anglophones, en laissant une statue à leur effigie.

Non pas, pour marquer l’égo individuel de chacun et chacune, mais juste pour laisser un message qu’on peut associer performance au-delà de la raison des identités car on a partagé une aventure humaine incroyable.

Et puisqu’elle est incroyable, alors elle doit être inscrite, quelque part dans le marbre.

Avant-centre, Lotta Schelin (32, Olympique Lyonnais), plus jeune de deux ans de son ainé Ibrahimovic (34) est venue en France à 24 ans, lors de la saison 2008-2009 après avoir fait une longue période de sept ans avec le même club, qui deviendra le Fc Göteborg, et choisit l’Olympique Lyonnais.

l’Ol, en train de réapparaître sur la scène française avec deux titres de champion (2007-2008) et trois Coupes de France (2003, 2004, 2008) mais surtout quatre finales infructueuses (2002, 2005, 2006, 2007). Pourtant, elle vient Princesse avec le titre de meilleure joueuse suédoise en 2006, et 125 buts au compteur en Suède dont les dernières années avec un total impressionnant de 31 et 37 buts dans ce qui est considéré comme le championnat européen le plus organisé sur le plan du football féminin avec celui de la Bundesliga.

La France commence juste à exister, voire n’existe pas. La Suède, elle, est professionnelle. Elle prend un sacré risque de pratiquer un métier fragile quand on le compare avec celui des hommes. Pourtant, elle viendra.

Sans être plus que cela attendue. Au bal de la Royauté du football féminin, ce sont les USA qui dansent accompagnées de la carioca des Brésiliennes, toutes deux finalistes des JO de 2008 et de la Coupe du Monde 2007, organisées pour les deux événements en Chine.

La jeune princesse suédoise deviendra rapidement la reine lyonnaise et partie d’une aventure où le mot professionnel est encore tabou lui donnera en France, un sens noble et plein de confiance. Huit ans après, avec le numéro 8 sur le dos, elle repartira Légende sans que ce mot ne soit galvaudé tant elle a apporté à l’Olympique Lyonnais, à la France et au football féminin.

Personne dans le football féminin ne pourra oublier cette allure longiligne, cette intelligence dans le placement, à la limite de l’interdit du hors jeu, pour partir, tel un fauve, vers le but adverse et finir, dans un sourire éclatant, par mettre cette balle au fond des filets, avec volonté mais toujours en s’amusant.

La tenacité est Reine. Le sourire est Roi. Caroline Seger sa comparse parisienne et future lyonnais, avec laquelle elle partage le capitanat de l’équipe suédoise et elle, nous ont montré à quel point il est naturel d’être heureux. Ces filles ont le sourire aux lèvres.

Pour autant, pragmatiques, elles sont très cartésiennes dans la décision. S’il faut partir, alors elles partiront. Au fond d’elles, elles ont certainement, ce trait des navigateurs. Leurs ancêtres : les Vikings. Partir est naturel. Conquérir tout autant. Lotta aura conquit la France.

Lotta Schelin, c’est 15 titres avec l’Olympique Lyonnais dont 2 Coupes d’Europe, 5 Coupes de France, 8 titres de Championne de France et éventuellement un 16è si l’Ol remporte son match face à Wolfsburg.

Elle aura marqué 134 buts en championnat, 34 en Coupe de France, et 41 buts en Coupe d’Europe sous les couleurs lyonnaises pour ne pas vivre une seule saison sans un titre et surtout avoir l’opportunité rare de faire un triplé : championnat, Coupe de France, Coupe d’Europe en 2012 qui pourrait se renouveler en 2016.

L’aventure a été plus que réussie pour la jeune suédoise qui a acquit une telle dimension qu’elle a réussi l’exploit d’être nommée meilleure joueuse suédoise en 2011, 2012, 2013, 2014, alors qu’évoluant à l’étranger (OL) dans un sport où la retransmission ne permet que rarement une telle reconnaissance. On en sait peu sur les joueuses évoluant à l’extérieur de ses frontières.

C’est dire l’impact qu’elle a sur le football féminin suédois. Il faut dire qu’elle détient maintenant le record de buts en équipe nationale avec plus de 82 buts pour 162 sélections.

Je ne sais pas si la plus grande victoire de Lotta Schelin ne sera pas son accompagnement d’Ada Hergerberg, jeune norvégienne, qui a explosé à l’Olympique Lyonnais cette saison. 33 buts, 17 de plus que sa poursuivante (Cristiane). Sans JO. Que fera Ada Hergerberg l’an prochain comme performance ? .. Lotta ne sera loin dans sa réussite. Sacré passation de témoin.

Lotta, Avant-centre à l’Olympique Lyonnais comme Ibrahimovic, Suè, au Paris Saint Germain.

La question ne se pose pas de savoir si Ibrahimovic doit avoir une statue à l’entrée du Parc des Princes ou si son nom doit être gravé dans le marbre du PSG. La question ne se pose pas pour les supporters ; elle se pose pour les anciens joueurs.

En effet, si les joueurs sont attirés par l’aspect financier de leur sport, il y a une chose encore bien plus importante : c’est la légende. Rester dans l’histoire. Faire écrire son histoire avec un grand « H ». Rien ne peut être plus motivant, rien ne peut être plus exaltant.

Mais rien ne peut permettre d’accepter qu’un autre le soit autrement que devant plus Grand.

Grand, Ibra l’est par la taille (1m95). Grand, Ibra l’est par le record (180 matches, 156 buts), Grand, Ibra l’est par les titres gagnés (13 titres en quatre ans, dont 12 dans les 3 dernières saisons).

Et Grand, Ibra l’est par le respect qu’il a su imposer tout en laissant exprimer sa personnalité. Qui l’a vu passer au travers alors que chacun de ses mouvements privés sont épiés ? Personne. Il a eu une attitude exemplaire au Paris Saint Germain et a réussi l’exploit de ne pas faire de concessions avec ce qu’il est.

Différent d’un Raï, différent d’un Susic, différent d’un Dahleb. Mais, à bien y regarder, est-ce que tous se ressemblent ?

Je ne sais pas si Ibra restera une légende. Ce que je suis certain, c’est qu’il a permis aux supporters du Paris Saint Germain d’être fiers de leur équipe. De lever la tête et de croire « que l’on peut rêver et avoir les pieds sur terre ».

Peut-être que le PSG gagnera sa Ligue des Champions après Ibra. Mais sans lui, jamais, au grand jamais, l’idée même n’aurait pu exister dans l’esprit des 2 millions de parisiens et 10 millions du Grand Paris. A lui tout seul, il a été le slogan : « Rêver plus Grand ».

Cela, c’est grâce à Ibra. Et cela vaut certainement d’être inscrit dans le marbre.

William Commegrain lesfeminines.fr

Anecdote du Football : l’une à l’Olympique Lyonnais, l’autre au Paris Saint Germain. Les deux vont représenter la France en UEFA.