Sans interférer sur les choix et les décisions du PSG, sans critiquer le travail réalisé par Farid Benstiti qui a amené le PSG en finale et demi-finale européenne en quatre ans ce qui est une performance mais pour répondre à l’interrogation des joueuses quant à l’avenir du PSG. La section féminine du PSG intéresse des noms dans le football.

On pense à Farid Benstiti qui veut légitimement continuer son travail de bâtisseur avec des résultats. On pense à Patrice Lair qui apporte son goût des titres. On pense à Sandrine Mathivet qui a « une gnac » communicatrice et la force d’être une femme. On pense aussi à des candidats titrés du football masculin.

A cet égard, Laurent Fournier présente un palmarès incroyable en tant que joueur. Il sait gagner des titres. Milieu de terrain récupérateur hors pair, il a évolué sous les couleurs de l’Ol, du PSG, de Bordeaux, de Saint-Etienne pour finir à Bastia. Il a même entraîné le PSG masculin avec une 6ème place au classement, puis d’autres clubs tel que Créteil, le Red Star, Bastia, Nîmes, Strasbourg, Auxerre.

Un palmarès incroyable avec le PSG (8 saisons), un ex-joueur de l’Olympique Lyonnais (8 saisons) qui a joué avec Raymond Domenech comme Farid Benstiti, de l’OM (1 an), Bordeaux (1 an), Saint-Etienne (2 ans). Le seul à avoir joué trois finales européennes (ex-Coupe des Clubs Champions avec l’OM (1991), ex-Coupe des Coupes avec le PSG (96 et 97). Il a son palmarès 1 titre de Champion de France, 2 titres de Coupe de France, 1 Coupe de la Ligue, 1 Coupe du Trophée des Champions, 1 Coupe des Coupes le tout avec le PSG. 1 titre de Champion de France et une finale de la Coupe des Clubs Champions avec l’OM.

L’interview se terminera ainsi. Si je devais titrer Laurent Fournier, candidat au PSG, est-ce que je fais une erreur ? : « Cela peut m’intéresser. Cela m’intéresse. »

Laurent Fournier : Que pense tu du football féminin ?

C’est une belle évolution. il y a des matches super intéressants en Champions League entre le PSG, Lyon.  Après il va falloir que d’autres équipes arrivent pour continuer à progresser. 

On voit qu’il y a une grosse différence par rapport au moment où tu étais footballeur (80-98) quelle était ta vision du football féminin quand tu étais pro ?

Quand j’étais au Camp des Loges (91-98) je les voyais de temps en temps s’entraîner. On savait que cela allait devenir une priorité de la Fédération Française de Football car en passant mes diplômes, l’objectif de la fédération, était de promouvoir le football féminin. On a vu qu’il y a eu des structures de mises en place notamment Clairefontaine et on voyait des filles douées techniquement mais qui avaient besoin d’être encadrées. C’est ce qui a été fait depuis pas mal de temps.

Comment pourrais tu qualifier le football féminin si tu devais le comparer au football masculin ? 

Techniquement et tactiquement cela a beaucoup progressé. Après ce n’est pas le même jeu physique même si je trouve qu’il y a eu certains matches où l’intensité était intéressante. Après, la progression est bonne quand on voit ce qu’est capable de faire Lyon, PSG a un degré moindre car je trouve que collectivement ce n’est pas ça. Elles ont du mal à se surpasser sur des grands rendez-vous mais le football féminin progresse et il m’intéresse.

Tu as une histoire incroyable avec le ballon. Une période en D2 avec l’OL (80-88), une période très forte avec le PSG (91-97) avec des titres d’enclenchés. Comment peux tu expliquer qu’un club (Olympique Lyonnais) passe, en terme de compétition à une situation pas très bonne pour arriver à exploser et devenir un des leader du football masculin et maintenant féminin.

Quand je suis arrivé à Lyon(1980-88), c’était le tout début de la formation lyonnaise avec la mise en place de structures sous la tutelle de José Broissart et des joueurs qui n’arrivaient que de l’environnement lyonnais pour essayer de les laisser dans leur cocon familial.

Cette progression a eu lieu malgré la descente du club avec peu d’argent et l’arrivée de Jean-Michel Aulas, même si certains ne l’aiment pas, qui a fait de Lyon un club énorme car il a su s’entourer des bonnes personnes, progresser d’année en année, même s’il a loupé souvent la Champions League ou la Coupe d’Europe et au niveau de la formation dans la continuité de ce qui a été fait dans les années 80.

Je crois que c’était Jean Marc Ferret qui était le médecin du club et celui de l’équipe de France jusqu’en 1998, .. on a eu droit au premier test sanguin en faisant des tours de terrain, des tests de vitesse et d’endurance, et tout cela a permis à l’Olympique Lyonnais d’être pour moi le meilleur club formateur depuis pas mal de temps, qui fait jouer ses joueurs et c’est pourquoi Lyon en est là maintenant.

Un grand innovateur en terme de football.

Vous savez quand j’étais à Lyon dans les années 80, dans les bars on ne parlait pas de l’OL. Pas souvent. Maintenant, Lyon est devenu le Saint-Etienne des années 76 où tout le monde parle de l’OL où chaque WE, au bar, au PMU, ils parlent de l’OL et c’est son résultat et c’est grâce à ce mec là. Quand je vois ce qu’il fait au niveau du football masculin ou féminin, c’est bien.

Une question me vient avec votre parcours : Comment fait-on pour gagner des titres ?

Réflexion. Il faut des individualités. Des bons joueurs, sérieux. Un groupe solidaire qui a envie de travailler ensemble pour essayer d’obtenir les meilleurs résultats possibles. Si je me rappelle bien au PSG, quand je suis arrivé, c’est le groupe Canal qui prenait. On a fait 3ème, 2ème, premier après dans la continuité, Champions League. Chaque année, il y avait des joueurs différents et meilleurs qui arrivaient ce qui nous a permis de progresser. Après il faut une concurrence loyale. C’est ce que l’on a fait avec le PSG. C’est ce que Lyon a fait.

En plus, il faut un certain respect par rapport aux supporters et par rapport au public. Voilà, le PSG a besoin de supporters, c’est dommage qu’il n’y ait pas plus d’ambiance au Parc de temps en temps.

Tu as dû être estomaqué du résultat du PSG en Ligue des champions (7-0). Tu as vu le match ?

J’ai vu Barcelone les deux (aller et retour). J’ai vu Montpellier et j’ai vu ce match là. Même contre Barcelone, j’étais inquiet. Les filles techniquement sont très bonnes, il n’y a rien à dire. Après dans la fluidité du jeu, dans le nombre de touches de balle qu’elles font avant de donner le ballon, il manque du mouvement .. peut être qu’elles ont du mal à jouer ensemble ! C’est tout.

Je savais après le match de Barcelone là-bas et ici où elles ont gagné 1-0 à la fin, il manquait d’une volonté de plaisirs, de se faire mal et de vouloir gagner ensemble.

Il faut pouvoir créer un peu de folie au niveau européen ?

Au niveau de la vitesse d’exécution. Quand je vois certaines qui sont en équipe de France avec la technique qu’elles ont c’est dommage qu’elles n’arrivent pas à faire la même chose au PSG. Je les ai trouvé trop stéréotypées, trop cadrées alors que, de temps en temps, il faut laisser un peu de créativité à ces joueuses là. C’est dommage.

C’est un petit peu le travers du football féminin aujourd’hui. Que pourrais-tu apporter par rapport à cela ?

L’expérience et le vécu. Quand on voit que Bergerôo est en équipe de France. C’est vrai aussi qu’il y a besoin d’avoir des repères même si ce n’est pas le même football. L’expérience de jouer simple. D’avoir entrainé le PSG masculin. D’apporter une autre façon de faire et peut être de les faire progresser car sincèrement c’est dommage d’en arriver là, et de voir qu’à la mi-temps c’est déjà perdu d’avance.

Et cela, c’est très dommageable au niveau d’une demi-finale car cela restera dans les stats.

Pour moi, c’était prévu. Quand vous voyez Barcelone qui pour moi a très bien défendu, qui au milieu arrivait à ressortir proprement et si je me souviens bien, elles ont une action avant que le PSG ne marque et se présente seule devant le gardien parce que techniquement, au milieu elles arrivaient à sortir proprement, pour moi avec du talent mais beaucoup moins que le PSG, elles auraient réussi à faire un hold up mais pas plus que celui du PSG contre Lyon l’année dernière.

Toi qui a vécu une période où au PSG il y a avait des étrangers mais pas autant que maintenant. Est-ce que tu ne crois pas que c’est un problème aujourd’hui dans le monde féminin, car il n’y a pas assez de ressources, d’avoir beaucoup d’étrangères. Difficile pour elles de défendre des couleurs quand elles arrivent dans un pays qu’elles ne connaissent pas.

Non. je pense que les filles sont autant intelligentes que les garçons. Après le projet est collectif. Dans un groupe on définit des objectifs. Il y a des objectifs de jeu et je crois que si vous comptez faire la différence avec des individualités, on n’y arrive pas. Il faut des travailleurs, il faut des créateurs, il faut des gens talentueux.

C’est ce que l’on fait au PSG en 91. Il y avait des talents comme Ginola comme Weah et au milieu il y avait des mecs qui travaillaient pour le collectif. Si tout le monde le fait avec beaucoup d’humilité, je pense que tout le monde est gagnant.

On a le sentiment que Lyon est armé d’une volonté incroyable de défendre ses couleurs, alors qu’au PSG les filles arrivent avec une ou deux années de contrat, sans antériorité, entourées de quelques parisiennes historiques. Il y a une plus grande différence. 

C’est important. Elles ont l’amour du maillot. Maintenant c’est ce qu’on leur donne. C’est ce qu’on a envie qu’elles fassent sur le terrain et qu’elles démontrent. Je crois que tout le monde peut s’adapter avec tout le monde. Je fais quelques prestations de coaching pour les cadres. Il y a des cadres qui ne se connaissent pas. Avec des jeux, on arrive qu’au bout de 15 minutes, ils arrivent à se connaître et à mettre des jeux en place pour gagner des petits concours.

Après, si vous ne partez pas en stage. Si chacun rentre chez soi comme cela se fait souvent à Paris car Paris est une grande ville. C’est difficile d’avoir une équipe qui soit solidaire et qui ait envie de gagner ensemble.

Le projet de vie est aussi important notamment dans le football féminin ?

C’est le début de l’aventure. Quand il y aura beaucoup plus de concurrence, je pense que le PSG, Lyon comme Montpellier qui maintenant arrive, ils vont avoir du souci à se faire car il va y avoir des matches costauds tous les dimanche et il faudra pouvoir rivaliser sur une dizaine de matches.

Est-ce que tu penses qu’il est possible de remporter ce titre de Champion de France avec Lyon et JM Aulas en face qui met en place une stratégie bien en amont. Est-ce qu’il est possible d’aller chercher ces filles qui sont des extra-terrestres ? 

C’est sur que cela sera difficile de les déloger mais je trouve que les filles du PSG ont autant de qualités que les filles de Lyon. J’ai trouvé que c’était moins enthousiaste dans le jeu car il y avait moins de vie. Quand vous gagnez 7-0, c’est facile mais quand il faut se faire mal ensemble c’est plus difficile. Si je me rappelle bien, elles avaient perdu à Guingamp en Coupe.

Après il peut y avoir des blessures. la préparation comment a-t-elle été faite ? Est-ce qu’elles se sont bien gérées ? Est-ce qu’elle se gèrent correctement ? Il y a tout un truc et c’est pour cela qu’elles n’arrivent pas à rivaliser avec l’Olympique Lyonnais.

Il n’y a pas de séries qui ne s’arrêtent pas. Le truc c’est d’arriver à les arrêter et le PSG parait être dans la difficulté à ce niveau là pour les arrêter. Est-ce que tu pourrais apporter quelque chose ?

J’aimerais bien entraîner les filles du PSG. Ce qui est bien c’est qu’il y a une progression. il y a de la qualité technique. Après on peut apporter tactiquement. Des systèmes de jeu qui se pratiquent avec des mecs et vous travaillez cela et vous arrivez à le ressortir sur le terrain. Si Bergerôo y arrive avec l’équipe de France, il y a des entraîneurs du monde masculin qui vont arriver dans le football féminin.

Au niveau du football féminin, il y a une élite européenne. Les gros matches démarrent à partir des demis. En deux matches, on peut être championne d’Europe. Est-ce qu’il y a une clé pour ne pas chuter quand tu entames la marche de la compétition ? 

De se mettre chaque WE dans le disposition d’un match de Champions League. De se préparer à cela. Les garçons du PSG, les matches difficiles, j’ai eu l’impression qu’ils n’en ont pas beaucoup joué cette saison et quand il a fallu jouer City où ce sont des matches à élimination directe, il manque le petit truc qui fait la différence comme je le disais tout à l’heure se faire mal en groupe.

Le PSG féminine, elles en ont pris sept. Pour moi c’est dommage car techniquement c’est bien. Après il manque le petit truc qui fait la différence avec Lyon et d’autres équipes européennes. La petite flamme.

Il ne manque pas grand chose et face à Lyon, ce pas grand chose, si tu ne l’as pas au fond de toi, cela peut faire 7-0.

Il manque pas grand chose. La mentalité, elles ont une certaine humilité. Après, le truc c’est de réussir quelque chose ensemble pour pouvoir progresser et aller de l’avant.

Si je devais titrer Laurent Fournier, candidat au PSG.

Cela peut m’intéresser. Cela m’intéresse.

William Commegrain lesfeminines.fr

Interview réalisé le mercredi 27 avril. Publié après le match retour de Champions League (6 mai) par égard pour la prestation et le staff du PSG, qui jouait la certitude de la seconde place européenne et son match retour. Si le PSG féminine intéresse des coachs venus de l’univers masculin, c’est que le travail de Farid Benstiti et de son staff n’y est pas étranger. Ils sont aussi légitimes à être renouvelés.