Le pire concernant cette demi-finale de la Coupe d’Europe, Women’s Champions League pour les plus initiés, c’est qu’il n’y a pas une seule ligne d’écrite dessus dans « les médias significatifs » alors que vont s’opposer les deux clubs les plus médiatisés du football français, masculin comme féminin : le Paris Saint Germain et l’Olympique Lyonnais pour une place en finale européenne !

Là, où il y aurait dû avoir pléthore de sensations et d’émotions, d’interventions des uns et des autres, de reprise -par exemple- des propos de JM Aulas dits dans un esprit, entendus dans d’autres, touchant d’ailleurs aux deux clubs. On ne trouve rien. Rien.

Cette demi-finale frôle l’indifférence. C’est le pire pour tout ce qui touche au domaine féminin, et non pas pour des raisons passées de méconnaissance du football féminin ; non, tout simplement en raison d’un score aller incroyable, impensable, unique : 7-0 pour l’Olympique Lyonnais face à son dauphin en championnat, le Paris Saint Germain.

Ce résultat du match aller est la pire des condamnations pour les féminines parisiennes : aller au Parc des Princes pour seulement la 3ème fois dans leur histoire et jouer cette rencontre dans l’indifférence globale.

Comment peut-on accepter cela ?

Les dirigeants parisiens auraient pu décider de changer et faire jouer le match dans l’antre de Charlety qui aurait reçu un petit millier de spectateurs, avec un tel scénario. Laissant ainsi la blessure d’un tel résultat résonner à minima, pour oublier peut-être.

Non, ils ont décidé de mettre en lumière les féminines et leurs responsabilités.

Les ramener dans une situation où elles vont produire devant le plus grand nombre. Peut-être même devant l’équipe masculine. Dans son antre. Pour leur dire, leur rappeler qu’elles sont elles, responsables d’un résultat, de leur résultat, de leur performance.

Peu importe qui sera ou ne sera pas là l’année prochaine, coach, joueuses. Quelle importance en ce moment ?!

Ce qui est certain, c’est que le résultat de Lundi soir sera la vérité d’un classement pour toute l’Europe. Ce Paris Saint Germain est-il .. ou n’est-il pas … un grand d’Europe en construction tel que ces victoires face à l’Olympique Lyonnais (titres européen en 2011 et 2012), le Vfl Wolfsburg (titres européen en 2013 et 2014), sans oublier l’opposition jusqu’à la dernière minute face à Frankfurt (titre en 2015) qui pouvaient le laisser légitimement penser en 2015.

Une défaite lourde infirmerait cela.

En effet, on classerait les féminines parisiennes dans la catégorie des feux de paille, comme d’autres équipes ont été. Fortes sur le plan national, incapables de reproduire les années suivantes voire d’exister comme un leadeur sur le plan européen. Aurait-on tort ? Difficile de s’y opposer. Les faits sont là.

A l’inverse, une victoire donnerait du crédit à l’analyse « d’une différence entre les deux équipes, associée à un jour sans ». Du crédit sans lui en donner ni plus, ni trop. Avoir un « jour sans » lors d’une demi-finale européenne, ce n’est pas si courant et il ne faudrait pas oublier la force lyonnaise.

Qu’est-ce qu’il y a de pire que d’ignorer une demi-finale européenne ? Rien.

Pour une joueuse de football professionnel, il ne pourrait rien y avoir de pire. Pour une joueuse au coeur parisien jouant au Parc des Princes, il ne pourrait y avoir rien de pire. Pour une joueuse du PSG qui rencontre les joueurs masculins du PSG, il ne pourra rien y avoir de pire. Une demi-finale européenne dont personne ne parle et que les autres voudront oublier.

De pire, j’entends de mal à vivre. Oui, un match s’oublie, surtout quand c’est une défaite. Mais ce match ne s’oubliera pas. Il est l’équilibre à trouver face à l’OL, il pourrait être le déséquilibre du Paris Saint Germain.

Alors les féminines parisiennes vont devoir avoir une réaction d’orgueil. Plus que forte. Très forte. Cette situation est anormale, injuste, car il y a bien plusieurs vérités dans cette double opposition : l’Olympique Lyonnais est une grande équipe avec de grandes joueuses. Le Paris Saint Germain est tout autant une grande équipe avec de grandes joueuses. Et c’est bien une demi-finale européenne qui sera jouée au Parc des Princes, ayant déjà reçu 6 finales européennes, se préparant pour ses quatre matches de l’Euro, antre où joue le grand PSG, devant 45.000 spectateurs qui chantent : « Ici c’est Paris. »

Il ne peut pas y avoir un autre message : « Redonnez-vous de la force, de l’envie et de l’aventure. C’est une demi-finale européenne. Ca vaut vraiment le coup de gagner ce match. »

D’ailleurs qui sont les adversaires pour vouloir ainsi rendre le Paris Saint Germain et surtout le travail des joueuses ridicule devant l’Europe ? En 2012, Shirley Cruz parlait d’une aventure. Peut-elle être ramenée à néant en l’espace de si peu de jours. C’est beaucoup de travail et de talents qui peuvent disparaître en un instant.

Quelles que soient leurs forces, il ne faut pas l’accepter.

Les parisiennes n’ont pas eu un jour sans. Elles ont été inexistantes. Sans âme sur cette défaite à 7-0. C’est vrai, mais il est tout aussi vrai que c’est injuste. Je vois assez souvent les féminines parisiennes jouer depuis cinq ans. Elles ne le méritent pas.

Encore moins les années précédentes mais tout autant cette saison. Il suffit de tirer tous dans le même sens.

William Commegrain lesfeminines.fr

PS : Dommage, Anjà Mittag, meilleure buteuse européenne en activité ne sera pas sur la feuille de match face à l’Olympique Lyonnais. Il faut faire sans. Du côté de l’OL, toutes les joueuses seront disponibles. Une équipe très forte et redoutable.