On pouvait y penser. On pouvait y rêver mais le FAIRE. C’est autre chose !!!

Quelle performance que l’équipe de Chine, classée 17è FIFA, ait pris le deuxième ticket olympique au nez et à la barbe du Japon, 4ème FIFA, champion d’Asie, vice-champion olympique 2012 et vice-champion du Monde 2015 et de la Corée du Nord, 6ème FIFA. Les deux représentants de la zone Asie en 2012. Cela laisse rêveur et songeur.

Quel parcours que celui de Bruno Bini, blessé qu’on lui ait retiré la sélection française en 2013 dès la première contre-performance en compétition, pour un quart de finale à l’Euro 2013, quand déjà, cela aurait pu représenter une performance, si on la situait en dehors des demi-finales 2011 et 2012 ; et, qui pour moi était aussi une performance. C’est à dire dans un contexte normal. En effet la France ne se qualifiait que rarement pour les compétitions internationales.

Blessé de ce retrait d’autant plus que ce match face au Danemark s’était terminé aux tirs au but, phase de jeu qui d’ordinaire, a toutes les excuses du monde du football pour la qualifier comme étant « une loterie ».  Qui pourrait reprocher alors à quelqu’un de ne pas avoir le ticket gagnant ?

D’autant plus blessé que ce match perdu avait concordé avec le décès d’un être cher qui avait suscité un aller-retour rapide du sélectionneur.

Pour autant on lui a reproché les huit matches nuls avec pourtant un fort contenu ; on lui a reproché la réussite de Lyon en Ligue des Champions ; on a eu les yeux de chimères sur le marketing attendu et souhaité des victoires féminines en Coupe du Monde et aux JO ; on a donné au football féminin des croyances ou l’ambition que le football féminin devait être le porte-drapeau d’une réussite féminine voire féministe ; tout cela et peut être d’autres choses ont fait oublier les quatre cent cinquante spectateurs des matches de football féminin le dimanche pour rêver aux millions de spectateurs cathodiques de l’équipe de France.

Sauf que ceux qui viennent le Dimanche viennent tous les dimanches ; et que les spectateurs cathodiques oublient très vite le spectacle d’un moment, absorbés par un autre, puis par un autre ou lassés d’une histoire qui se répète, ne demandant qu’à changer.

On le démissionne. Il parait à l’unanimité. La stratégie commande. Peut-être a-t-elle été mal évaluée surtout sur les conditions du marché. Tant internes, qu’externes.

Il s’en est ouvert, deux ans sans rien. C’est beaucoup. Le temps ne compte jamais de la même façon suivant comment on vit ou on subit les évènements.

Aujourd’hui, c’est le temps du bonheur pour Bruno Bini.

La Chine vient de se qualifier pour les JO de Rio. Normalement, elle ne devait pas. Normalement elle ne pouvait pas. Elle le pouvait d’autant moins que la veille même de la compétition, Wang Fei, joueuse emblématique de la République de Chine, se confesse sur les réseaux sociaux, lieu privilégié pour qu’une information circule le plus rapidement possible, pour dire qu’elle ne veut plus jouer en sélection à cause de Bruno Bini. Un truc de fou juste avant une compétition.

Elle le pouvait encore moins quand on voit qu’une sélection de football féminin demande une vie conséquente ensemble alors que le « Frenchman » vient en découvrant l’univers et la dimension chinoise, s’adapte avec une communication qui, à travers la traduction, doit contenir la vérité des rapports humains qui font que l’action va être au niveau des mots et des espoirs ;

Elle ne le pouvait même pas quand l’homme prend la sélection en Septembre pour un tournoi en Mars.

Et pourtant, la Chine va se qualifier avec trois victoires et 1 match nul sur quatre matches. Et pourtant, la Chine va se qualifier et retrouver les JO qu’elle a mis de côté à Londres seulement (2012) sur les cinq olympiades passées ; et pourtant la Chine va se qualifier en étant 17è fIFA après avoir battu, en cinq mois, le Japon à l’extérieur, les Etats-Unis à l’extérieur et l’Angleterre à domicile;

En compétition, avec cette qualification, la Chine a fait une performance, sur le terrain, et en dehors du terrain. L’esprit chinois l’habite maintenant et c’est avec un sourire qu’il doit penser à « ces Maîtres inconnus » qui l’ont jugé comme « étant l’homme de la situation » pour redonner du cœur et du jeu au football féminin de la République de Chine. Il y avait du Ying et du Yang dans tout cela.

17ème FIFA, voilà une place qu’elle quittera rapidement pour entrer certainement dans le Top Ten du football féminin.

Belle performance. Un projet de vie qui a trouvé un sens et un projet de jeu qui a trouvé de la Vie.

Bravo à l’équipe de Chine, à Bruno Bini, à son staff et aux joueuses.

William Commegrain lesfeminines.fr

  • Corée du Nord – Australie (1-2)
  • Corée du Sud – Chine (0-1)
  • Vietnam – Japon (1-7)