La France a des forces incroyables qui interpellent plus d’un adversaire. Un florilège de mots pour les reconnaître. 

La France vient en guest stars s’opposer à la Norvège qui, avec ses forces va essayer de produire un contenu pour réaliser une performance : faire un résultat face à la France. Situation qui serait idéale avant le tournoi de qualification olympique aux Pays Bas réunissant les quatre équipes européennes éliminées en 1/8e de finale au mondial 2015 et qui ne sortira qu’un seul ticket pour quatre prétendants.

Avec d’abord les Pays-Bas qui recevront avec l’idée de créer une dynamique féminine pour le futur Euro 2017 qu’ils organiseront, cadeau de la FIFA dans un temps où les relations UEFA et FIFA pouvaient être meilleures. Puis, La Suisse, qui se trouve en tête de son groupe de qualification. La Suède qui joue de son talent et de son histoire pour postuler à ce rendez-vous olympique et la Norvège, pays titré et historique (CM, JO et Euro) dans les années 1990 du football féminin.

Oui, la Norvège a besoin d’une rencontre « référence ». Seulement, en face, ce sont les françaises.

La France a une défense européenne. 

La performance n’est pas neutre. Le PSG version féminine n’a qu’une seule joueuse étrangère dans sa ligne de défense. Cela veut dire quelque chose au regard du niveau de la défense parisienne, composée essentiellement de françaises.

Le Paris Saint Germain fournit quatre défenseuses titulaires dans le club de la capitale à l’Equipe de France quand les moyens des Qataris leur permettraient sans sourciller d’aller chercher d’autres talents pour créer de la concurrence.

Ils l’ont fait en attaque. Ils l’ont fait au milieu. Ils ne le font pas en défense. C’est qu’ils ont, pour eux les meilleurs défenseuses au monde.

Laure Boulleau a pris de la maturité et les grandes percées qu’elles faisaient au début de la professionnalisation du PSG sont maintenant, bien plus maitrisées, plus à propos, tout en étant mieux étudiées et plus collectifs ce qui permet, avec des courses légèrement plus obliques, d’offrir des décalages qui surprennent le bloc adverse et lui offrent des boulevards à l’image du second but face à Montpellier. Un cavier de déplacement, une offrande de passes de la suédoise Dahlkvist et un centre de plus en plus posé et réfléchi. La parisienne est totalement dans son registre. Enjouée, surprenante et collective. Un pied gauche qui vaut plus d’un accord de guitare.

Jessica Houara qui ferme le côté droit retrouve des sensations d’attaquantes et ses percées ressemblent à celles de Lucy Bronze l’anglaise. Elles ont pour but de se finaliser par un tir et une occasion. La parisienne vient de plus en plus en position de milieu relayeur, aux approches de la surface, non marquée et ajuste des tirs cadrés qui font la différence. Témoin ses deux buts face à l’Albanie. Cette joueuse a appris à aimer défendre. Elle réapprend à attaquer et marquer. Dans un monde où le but est essentiel, elle a une qualité rare qui ne demande qu’à s’exprimer : elle cadre très souvent.

Laura Georges n’a commis qu’une seule erreur depuis cinq ans que je la vois jouer. En Equipe de France. Un but contre son camp face au Brésil (2013). Après, il faut chercher longtemps et loin pour voir la parisienne être responsable d’une bévue individuelle. Cette joueuse est tellement exigeante avec elle-même dans son jeu qu’elle en est à penser que la passe d’une attaquante est une faute de sa part. C’est mesurer le niveau de son intensité mentale. Au centre, peu de personnes peuvent la prendre individuellement. Seul le mouvement collectif peut la surprendre. Elle est un roc qui demande un tel effort pour la passer que déjà, l’adversaire a perdu la moitié de ses moyens mentaux. Laura Georges joue au football comme un Grand Maître d’échec. Avec stratégie et mental. Et en plus, elle met du physique. Impassable.

Sabrina Delannoy est une fille du Nord. A un moment, c’est l’intérieur qui parle. Le coeur. Le coeur de Sabrina Delannoy bat pour ses couleurs. Elle est capable d’aller au plus loin du mal pour aller chercher la flamme d’espoir qui permettra à ses couleurs de respirer. C’est une guerrière de l’impossible. Prête à tous les combats. Sabrina Delannoy est une boxeuse du football. Son plus grand plaisir. Le duel du pénalty. Pour donner des ailes à son équipe.

A ces parisiennes, les meilleures lyonnaises sont en poste. Wendie Renard a une telle habitude du jeu qu’à 26 ans, elle joue comme Beckenbauer faisait avec l’Allemagne. En défense, elle est la patronne associant sa finesse à sa détermination. La balle ne vaut que lorsqu’elle est dans ses pieds ou dans les pieds français. Tout autre situation est anormale. Alors, elle va immédiatement tout faire pour reprendre ce ballon. Je ne l’ai jamais vu tacler. Elle a une certitude dans sa défense « debout » qui est rare. Par hasard, elle est grande. Ca aide. Notamment pour marquer des buts. Le plus souvent de la tête. Citée dans le onze mondial. Impérial. Beckenbauer.

Sarah Bouhaddi a une qualité qu’elle avait oubliée. Elle est maintenant tout le temps concentrée. La plus belle performance que je lui ai vu faire ? Arrêter le pénalty d’Abby Wambach en février 2015 à Lorient. La plus belle photo qu’elle gardera. La poignée de mains de l’icône mondiale qui vient la féliciter à la fin du match prise par Gianni Pablo que nous avions accrédité pour ce match. Un arrêt vainqueur. Tir cadré en coin. Les américaines ratent rarement les pénalties. Wambach encore moins. Sarah Bouhaddi est certainement un de celles rares qui a eu ce privilège. Cette performance. Un arrêt pleine mains. Une victoire historique française. Une très bonne gardienne, qui aime les duels et le combat.

Avec ces six filles, vous avez 5 finales européennes et 2 titres.

Un milieu bourdonnant. 

Camille Abily a les clés de la tactique. L’expérimentée française qui a connu les couleurs des trois équipes professionnelles est la Caroline Seger française. Tu lui parles « d’une passe », elle te répond « schéma tactique ». Inutile de se poser la question de sa future reconversion. Ce sera sur un banc. Pas loin du ballon. Si l’équipe bouge, si l’équipe change. C’est elle qui a assurée la transmission et la mise en pratique des consignes de Philippe Bergerôo. Elle peut jouer « six », « huit », « dix ». Toujours en triangle. Elle a un jeu de géométrie qu’elle pratique rapidement, très rapidement, car elle connait très bien les joueuses qui sont devant elle. Jamais de dribbles. Une passe. Puis une passe. Elle sait depuis longtemps que le chemin le plus court est la ligne droite. Elle le pratique et dessine des droites sur le terrain, attendues et soudain inattendues. Ca fait but. Une toile géométrique.

Kheira Hamraoui a un physique « de camionneur » et un jeu de technicienne. Elle est la seule joueuse capable d’avoir les deux registres. Quand elle les possède et les maitrise, à l’instar de son match face à Montpellier, alors elle tient seule l’ossature de son équipe. C’est une qualité quasiment unique dans le football féminin. Avec peu de matches dans la première partie de saison sous les couleurs du PSG, elle va avoir une véritable condition physique et une faim de ballon qui va lui permettre d’apporter énormément à son club comme à l’équipe de France, permettant aux autres milieux de construire sans grand souci dans le camp adverse. En forme, elle permet à son équipe de gagner 20% de possession de balles.

Elise Bussaglia est un métronome. Elle joue selon le même tempo. Plus elle joue, plus le tempo monte. Plus le tempo monte, plus l’équipe adverse subit. A la fin d’un match, elle a fait 30% de plus de terrain que son adversaire mais plus encore, elle a accéléré le jeu de son équipe de manière continuelle et irréversible. C’est un accélérateur de particules. Une technicienne de la vitesse. Essayer de la voir arrêter, c’est quasiment impossible. Cette fille a dit qu’elle était un diesel. Il y a longtemps que les meilleurs diesels sont en Formule 1. Elle en fait partie.

Louisa Necib aime deux choses. La perfection et l’élégance. C’est une joueuse qui est si perfectionniste qu’elle reste de marbre quand elle met une balle dans la lucarne. Pour elle, c’est juste normal. Elle ne peut pas imaginer qu’il en soit autrement. Son jeu doit être perfection. De plus, c’est une danseuse classique. L’Etoile du ballet de l’équipe de France. Elle est adepte d’élégance. Lors du second match face au Brésil en 2013 à Rouen, le terrain était boueux et les brésiliennes physiques. Sur une passe de la défense, dans la partie française, la milieu brésilienne lui met un méchant carton. Une balayette derrière les talons. La lyonnaise tombe. Immédiatement, elle met les bras, en position de « pompes ». Un seul regard que l’on devine. Sur son maillot. « Elle m’a tâché le maillot ? ». Vérification. « Non ». Elle se relève. Regard courroucé de la marseillaise. On imagine ce que cela aurait été si cela avait été pire. Au final, elle fera un match extraordinaire.

Elodie Thomis. Un TGV. Le TGV. Cette fille est incroyable de vitesses. Sa plus grande qualité, c’est d’aimer les duels. A ce jeu, elle est très Mohamed Ali. Limite insolente face à son adversaire. Inlassablement, elle va lui faire avaler la poussière. Et si d’aventure, il lui prend à cet adversaire, d’essayer d’attaquer, alors le TGV se met en position « demi-tour » et tel un « Bip-Bip », elle ne ne donnera qu’une seule possibilité « au coyote » adverse. Abandonner. Lors du premier France Suède de Philippe Bergerôo, Sara Thunebro (136 sélections) avait mangé tant de poussières qu’elle a terminé sa carrière la même année pour devenir physiologiste et se reconvertir dans une nouvelle activité professionnelle. Depuis, elle est dans le staff suédois. Dire que la française en a été la cause, c’est beaucoup dire. Dire que la suédoise, comme d’autres, avait connu une soirée d’enfer, c’est dire la vérité.

Les attaquantes de l’équipe de France. Un physique et un mental de 400 mètres haies. 

Marie Laure Delie a un physique de mannequin. Dans l’athlétisme. Elle aurait fait une heptathlonienne incroyable. Elle joue au football, ce n’est pas plus mal. Quand elle emmène une balle, c’est une force herculéenne qu’elle propulse. Une puissance nucléaire qui donne à ses tirs, un impact incroyable. Mettez-là face au but, dans une position de combat, et vous aurez le ballon au fond des filets. Cette fille aime le combat. Elle est plus forte que le combat. Et son « graal », c’est de trouver soit la force, soit la finesse que demande le geste du buteur. Au moment du tir, au-delà de l’effort, avoir la qualité rare d’être lucide pour marquer. Quand Marie-Laure Delie a cette confiance. Elle est au niveau mondial. Le but en finale de la Women’s Champions League en est l’exemple. Elle tape les allemandes. Au-dessus. Là, où elles sont les meilleures. Au physique et à la confiance.

Marie-Charlotte Lèger a une lumière dans la tête. Toujours allumée. Vers le but. Cette fille est une fille du Nord. Elle ne peut qu’être du Nord. Pas de fioriture. La talent de l’authenticité, de la vérité. De ce que doit être une footballeuse sur un terrain. A fond sur ses couleurs, sur son rôle, sur son travail. Et puis la vérité de l’instant. Comme un grand rire qui part. Naturel. Puissant. Vrai. Authentique. Pouvez-vous imaginer le but qu’elle met contre le Paris Saint Germain ? Contrôle tête et reprise de volée. Non ! Ne cherchez pas, elle ne l’a pas imaginé, elle a utilisé son instinct. Un instinct de buteuse. Incroyable de jeunesse et d’opportunisme. Dans le respect des règles. Et toujours avec cette volonté de recommencer même si cela ne marche pas. Cette fille a du talent, elle est rare, elle est jeune. Qu’elle joue comme elle est, et alors son adversaire apprendra autant son numéro que son visage. Satisfaite et apaisée d’avoir marquée. Pour recommencer, aussitôt après. La jeunesse. Une autre marianne française.

Voilà quelques portraits des françaises. Ce sont mes lignes. Pas eu le temps de toutes les raconter, ce n’est pas une sélection, c’est une présentation. Souvent on me demande de les raconter, voici ce que je peux en dire, avec les erreurs que vous pardonnerez.

William Commegrain lesfeminines.fr

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