Le football est un spectacle et le jeu comme les joueuses sont des artistes.

Vous êtes déjà allé à un concert ? Mais si. Vous prenez la route et vous arrivez dans une ville que vous ne connaissez pas. Direction l’hôtel, puis le resto sympa dans une ruelle. La sortie à 4 heures du matin et le lendemain, la tension qui monte au fil des minutes. Le bruit et le fourmillement naturel de la scène. Hier froide et impersonnelle. Aujourd’hui, déjà chaude pour se transformer dans quelques heures, être brûlante.

Les premiers sons. Seul. Dans l’espace qui s’envole. Puis, un premier morceau. Un morceau, d’un morceau. La voix qui s’installe, qui se cherche. Le corps qui s’échauffe, qui se réchauffe. Rester isolé. Dans une bulle. Sa bulle et tout d’un coup, le groupe qui joue. Comme ça. Pour « le groove ». Et enfin, quand le corps et la tête sont à la bonne température. Quand les premières sensations sont là. Quand celles qui pourraient être là sont encore endormies mais dont on sait qu’elles jailliront quand on ira les chercher, alors la machine humaine est prête.

C’est le retour aux loges. L’attente. Les rires. Les premiers bruits. Ceux du public. Ceux de la scène. Puis l’approche. Le regard des autres. La distance des acteurs. Enfin l’entrée. Le rideau. Là est la réalité. Là est le moment. Là est l’instant. Le public souffle. respire et dans les 10 minutes, l’aventure d’émotions se crée. Le concert peut commencer. Le concert a commencé. Pendant 2 heures, il n’y aura que le talent, que l’individu qui donne tout ce qu’il est dans l’instant et qui rencontre beaucoup l’émotion des autres.

Un instant unique. Etre sur une autre planète. Celle du spectacle. Puis revenir doucement. Totalement. Redescendre sur terre. Dans l’attente du prochain concert.

Le Football, pour certain match, est un jeu d’artistes. 

Dites-moi la différence avec des joueuses de haut niveau qui se préparent pour un match essentiel ? Il n’y en a pas. L’émotion est la même. La maitrise de sa technique idem. La présence avant le match. L’habitude de l’ennui qui devient une routine qu’on apprivoise, avec des rires et des sourires. L’échauffement. Le jeu. La rentrée dans les vestiaires. Le début du tunnel. Le bruit. Le son. L’émotion et quand le match est unique : la sortie avec le souffle de l’émotion des spectateurs qui vous emportent. Pour plonger dans ce qui est irréel sur le plan humain et réel sur le plan de la performance.

On attend un résultat.

Montpellier Hsc Vs Paris Saint Germain.

Montpellier Hsc a joué la carte de la mesure. Celle qui dure tout au long d’un championnat. Le message est clair. La seconde place n’existera que lors de la dernière journée. « Ne rêvons pas avant ». Par contre, l’évidence est là. Cette seconde place passe par une victoire face au Paris Saint Germain, voire un match nul. Sans oublier de rappeler la réalité. Le rêve de cette seconde place n’est pour autant pas fantasme. C’est une réalité. Palpable. Proche. Très proche. Le parcours de Montpellier est mérité. Il a une source dans le travail et dans la cohésion de son groupe. Les montpelliéraines savent qu’elles méritent ce match. Que cette histoire a démarré avec la finale de la Coupe de France 2015 face à l’OL. Elles savent qu’elles vont le jouer et qu’elles ont les moyens de le jouer.

De son côté le Paris Saint Germain sait pourquoi elle se trouvent à la troisième place du championnat. Une opposition face à Montpellier où les filles ont été déséquilibrées par un environnement interne et externe qui aura pesé lourd. Un match sans un match. Une défense qui a fait le travail, une attaque et un milieu à qui il a manqué la force parisienne. Peut-être des certitudes excessives. C’est ainsi. Les parisiennes ont une revanche à prendre.

Sur quelles bases ? Les féminines du Paris Saint Germain peuvent être lunaires. Martiennes. Des extra-terrestres qui jouent sur le terrain sans se préoccuper le moins du monde de leurs adversaires. Elles jouent en prenant des décisions inédites, originales, surprenantes qui laissent l’adversaire loin du ballon et loin du jeu. C’est tellement nouveau et surprenant que même elles, n’arrivent pas au bout de leurs intentions. Elles se surprennent. Sans plus se préoccuper de cela. Elles savent qu’elles continueront. Quand elles sont comme cela, elles sont injouables en France.

Puis, il y a un autre Paris Saint Germain. Celui qui joue normalement. Qui perd des ballons car l’adversaire est sur le jeu, sur la joueuse et que dans ces conditions, les parisiennes n’ont pas plus que d’autres les moyens de s’imposer dans le duel. Une fois. Deux fois, mais pas plus. Or, en football féminin, pour les parisiennes, il faut qu’elles arrivent à s’imposer plus, plus souvent. Dans ces moments, le Paris Saint Germain est prenable. Le résultat dépend de la défense. Cela fait deux rideaux en moins. C’est le danger. Car si la défense tient, le PSG a alors du mal à jouer en contre de manière efficace. Peut-etre pas avec la vitesse de Cristiane et de Mittag. C’est si rare qu’elles soient dominées qu’on ne les voit pas si souvent en contre.

Quel sera le PSG en face de Montpellier ? C’est la seule question de cette confrontation, qui donnera le maillot de second au vainqueur. Autant, on sait comment va être Montpellier. Déterminé et jouant sur sa vitesse en contre. Autant le PSG peut avoir plusieurs comportements.

Et si Montpellier dominait ? De ce que j’ai vu, j’ai une seule réserve. Sofia Jakobsson est nettement moins bonne quand son équipe domine et joue dans la partie adverse. Elle fait moins mal. C’est l’observation que j’avais fait lors de la Coupe du Monde 2015 face au Nigéria.

Les deux équipes sont sur le même fil.

La chance du PSG. Avoir dans son équipe la meilleure attaquante brésilienne et peut être européenne : Cristiane. La meilleure buteuse de la Ligue des Champions et du dernier Mondial. Allemande : Mittag. Une milieue qui a la création et la compétition dans le sang : Shirley Cruz. Une analyste et une compétitrice hors pair : Caroline Seger. Une défenseuse qui a le plus d’expériences en France : Laura Georges. Et une défense qui n’est plus touchée depuis trois saisons.

La chance de Montpellier. On n’attend rien de Montpellier sinon d’être l’équipe outsider. Elle a toutes les joueuses qui correspondent à cette situation. Une volonté commune et une cohésion qui semble être au paroxysme pour tenir cette place « la seconde place ». Elles ne lâcheront rien. Et elles vont très vite dans la décision. Très vite. Très vite. Pas rattrapable avec Marie Charlotte Leger, Andressa, Jakobsson. Et une volonté défensive unique en France.

Cela ne se jouera à pas grand chose. L’expression habituelle « cela se jouera au détail » a toute sa vérité. Je l’écrirait au singulier, mais en football, on ne sait jamais. Ce seront les joueuses qui le conjugueront.

Un gros match.

En direct sur Eurosport et France 4. 14h15.

William Commegrain lesfeminines.fr

Montpellier – PSG : aller (0-0). Les trois dernières saisons : 5 victoires du PSG, 1 match nul. Les buteuses du PSG ont quitté le club : Asllani, Horan. Kenza Dali est blessée. Il reste Shirley Cruz et Sabrina Delannoy. Le PSG a gagné souvent en fin de match.

Montpellier pour cette saison a réussi l’exploit de faire (0-0) avec l’OL. Une performance car l’Ol a l’habitude de n’avoir que des victoires. Son dernier championnat s’est terminé avec 22 victoires sur 22 matches. Son dernier match nul remonte à la saison 2011-2012 (3 nuls PSG, Juvisy, Montpellier) et une seule défaite face au PSG le 18 Janvier 2014.