Sandrine Mathivet, ex-coach du Fcf Juvisy Essonne a réussi l’exploit de jouer le titre face à l’Olympique Lyonnais en 2011-2012 sur la dernière journée et, la saison suivante de faire un parcours européen qui est pour l’instant le meilleur du club essonnien avec une demi-finale de Ligue des Champions (perdue face à l’OL) en battant des adversaires qui avaient potentiellement le même niveau que le club français.

Détachée à l’Insep depuis 3 ans. Au coeur de l’Eglise de la performance Olympique française, nous avons échangé pendant une bonne heure autour d’un repas sous une pluie intense parisienne, autour du mot « Ambition » et de ses composantes.

Quel coach autre qu’elle pouvait en parler dans le football féminin ? Seule coach féminin (européen) arrivée à ce stade d’une compétition sans autre bagage (le DES) que sa volonté de réussir et de partager avec les autres, à hauteur des moyens du moment, cherchant à en tirer le meilleur parti, pour l’objectif de performances qui se présentait à elle.

Regardant actuellement le jeu non pas seulement en observatrice mais prête à retrouver le plaisir du terrain de haut niveau comptant puiser dans son regard de l’entraînement du sport de haut niveau qu’elle voit à l’INSEP avec tous les autres sports ; voici un extrait de notre conversation, pour la partie adaptée à l’actualité de la 14è journée de championnat avec l’opposition à venir entre Montpellier Hsc et le Paris Saint Germain, sous les caméras de France 4 et d’Eurosport (Dimanche 17 janvier, 14h15).

Parlant d’une sensation rare qui sera peut-être une des clés de ce match : « gagner est la vérité, il ne peut pas en être autrement ».

(Parlant des sensations qu’on peut avoir sur le jeu). La finale américaine. Toutes avaient envie de la gagner.

– C’était flagrant. Si on est pas bon car on arrive pas à mettre un pied devant l’autre sur ce jour là. Ton courage, ton ambition, à ce moment là, va pallier à certaines défaillances footballistiques. Toutes, « d’avoir cette ambition », en même temps, permettra d’aller chercher ce graal qui peut à tout moment s’échapper.

Les américaines en finale, pour moi ce n’était pas une ambition. C’était une vérité. Quand elles sont parties comme cela, pour elles, c’était juste normal qu’elles soient ainsi et il eut été anormal du contraire. L’ambition, quelques fois, c’est le rêve. Là non.

– Cela ne pouvait pas être autrement. Et cela, je vais te dire, je l’ai vécu en tant que joueuse. A un moment où Juvisy gagnait des titres. Il n’aurait pas été normal .. Cela devait se faire d’être championne de France. De gagner ce match. On ne se l’ait pas dit mais rien ne nous faisait peur.

 On savait qu’on allait le gagner car on avait tout fait pour.

C’était une vérité que tu avais en toi.

Tout à fait. On ne se l’ait pas dit mais de par le comportement de tes coéquipières, sur un ballon où tu ne te serais pas arrachée, ce jour là, tu le faisais. Ce jour là, où tu vois la fille qui n’est pas forcément physique, rentrer dedans. Et là, tu te sens portée. Une vérité s’impose. Cela ne peut pas être autrement.

C’est une sensation de puissance vraiment spéciale. Rien ne pourrait ..

A moins que l’équipe adverse ait la même chose.

C’est vrai, mais d’avoir cela, j’ai l’impression que l’équipe adverse le sent. On doit avoir des ondes.

 Ton adversaire direct le sent. Il le transmet aux autres. C’est un message. Après, il faut le maintenir et l’intensifier. Ne pas se laisser bercer par cette sensation euphorisante qui est proche du bonheur. Ne pas oublier que tu fais un match, et que le bonheur, c’est après.

C’est unique. C’est personnel et en plus de le partager et de le ressentir dans toute l’équipe. C’est incroyable. Tu ne peux pas perdre, malgré l’enjeu, malgré l’adversaire.

C’est là où je trouve que les japonaises ont été extraordinaires. Etre menées 0-4 en finale d’une Coupe du Monde et arriver à marquer deux buts sans s’effondrer. Il en faut du mental. Un sentiment d’injustice.

Surtout en mettre deux aux USA. C’est pas l’équipe de « TataOuine » ! Normalement, tu peux en prendre huit sur ce coup là. Tu te dis que dans leurs têtes, il y a eu un moment de révolte et finir par se dire que 5-2, c’est le niveau qui reflète la différence entre les deux équipes à ce moment là. Finir quand même par quelque chose de difficile mais d’acceptable. Huit aurait été intolérable.

Huit, en football féminin. C’est possible.

Elles peuvent être tellement dans le brouillard à ce moment là que même les failles de l’équipe adverse, elles ne les voient pas.

Là, il va y avoir Montpellier PSG. Un beau match et certainement un des plus beaux matchs du championnat car il y a beaucoup d’inconnues.

Un des plus beaux, je ne sais pas. Mais un des plus suspenses. La problématique de ce match, en dehors des différences de budgets, cela va être de savoir faire jouer les unes avec les autres et les unes pour les autres. Avec ou sans objectif de faire gagner le club, mais avec celui d’avoir plaisir à jouer avec ses copines pour gagner ensemble, dans un match où rien ne dit que tu vas gagner.

c’est la qualité de la cohésion « vers l’objectif commun » qui sera le socle de la victoire. Les deux l’auront. Dans ce match, les deux l’auront. L’adversaire, s’il veut gagner, devra en plus, être plus fort que cela.

(Sandrine Mathivet – demi-finale européenne – seconde du championnat – avec le Fcf Juvisy-Essonne)

William Commegrain lesfeminines.fr

(suite de l’ITW dans un prochain article).