Seul Bordeaux (D2) crée la surprise face à Soyaux (D1).

La VGA Saint Maur, champion de D2 l’an dernier avec le record de 22 victoires sur 22 matches, classé cette saison 11è sur 12 avec 10 défaites en D1, 1 match nul et 1 victoire, remporte son match des 32è face à Nancy (D2) sur un score net de 3-0. La gardienne saint maurienne se lançant dans un tweet plein de vérités : Visiblement heureuse. « On a l’impression que cela fait 10 ans qu’on a pas gagné ».

Nîmes Métropole Gard, mal classé en D1 (12è sur 12), avec 10 défaites et 2 matches nuls remporte son match face à l’Olympique de Marseille (D2, 1-1, 4 tab à 3), pourtant leadeur de D2 avec 10 victoires et 1 match nul au compteur.

Et les deux sont remplies de bonheur à avoir une victoire à respirer, quand en D1, les victoires peuvent être rares. Très rares.

Guingamp (3 victoires, 9 défaites, 1 match nul), sur un tweet de Melissa Plaza ne dit pas autre chose. Voilà, comment il pourrait être titré. « Cela fait du bien de gagner ». Pour ce tour de Coupe de France, Guingamp (9è) gagne (1-2) face à son voisin Saint Malo.

Et il ne s’agit pas que de rencontres opposant un club de D1 avec un club de D2. Dans l’opposition de D1 entre Albi Asptt et le PSG, les visiteuses albigeoises, pourtant 5ème de D1 féminine, n’ont tiré de mémoire, qu’une seule fois sur les buts parisiens, montrant là les différences existantes dans la même division, finissant pourtant la partie sur un honorable 3-0 face au PSG, 3ème du même championnat.

Il y a vraiment une différence entre les équipes de D1 et celles de D2.

La D1 Féminine est une montagne qui monte très vite en pics vers des sommets infranchissables. 

La D1 féminine est une haute montagne. Très haute. On n’y part pas sans le savoir, sans avoir les bonnes compétences pour la gravir et sans trouver le bon équilibre qui convient. Sinon, elle vous étouffe. Il est évident que la D1 féminine est un Everest où chaque marche qui va vers son élite est autant de matches qui demande des qualités rares, pour aller respirer un air qui peut très bien, à tout moment, vous priver d’oxygène.

Certains scores sont de la Coupe de France sont frappants : Montpellier (12-0) contre La Veore (D2) ; La Roche (6-0) contre Lillers (D2) ; ESAP Metz contre Lyon (0-11) ; ES Arques contre Juvisy (0-11).

Au plus haut se trouve l’Olympique Lyonnais. Pas loin, le Paris Saint Germain. Montpellier Hsc se dessine une nouvelle place. Reste dans ce quatuor, le FCF Juvisy-Essonne. Voilà quatre montagnes. Les oublier, les méconnaître, ne pas les respecter, les utiliser, et c’est une montagne qui disparait.

Le football féminin est amateur. C’est loin d’être une insulte. 

Penser voir un championnat homogène en France, c’est impossible. Construire avec cette éventualité, c’est le détruire. Il y a à l’évidence, plus qu’une différence entre les équipes et le manque d’élites ne permettra jamais, avant une génération (10 ans) au moins, de combler cette différence.

Il faut construire autrement. Ne pas voir dans le football féminin français autre chose que ce qu’il est. Un sport amateur fait par des filles amateures, intelligentes qui cherchent à s’améliorer, et qui se donnent chaque dimanche pour pratiquer, dans un esprit amateur, un football qu’elles aiment et qui leur convient.

Et au dessus, bien au-dessus, pour trois ou quatre clubs, une élite professionnelle (80 joueuses) qui peut fonctionner autrement dont un peu moins de la moitié de l’effectif (30 joueuses) proviennent d’internationales étrangères de qualité.

De la Coupe vers le championnat.

La Coupe a l’avantage de montrer les différences entre les divisions, ainsi que la force d’une division par rapport à une autre.

Là, la D1 montre bien le « gap » avec la D2, renouvelant celui des montées de championnat de chaque année. Entérinant encore plus, le gap existant, déjà, au sein de la D1.

Comment le réduire dira le néophyte ? Imaginons que toutes les joueuses d’un championnat soient professionnelles. Pour autant, la différence restera puisque toutes s’amélioreront et le championnat ne sera pas pour autant homogène avec en plus l’inconvénient de devenir cher sans contrepartie financière (voire les difficultés du National qui possède ces caractéristiques). Il ne peut l’être qu’en élargissant la masse, mais pas avant un certain temps.

Imaginons que les meilleures amateurs aillent dans les clubs professionnels masculins, créateurs d’une section féminine et s’éparpillent. Pour autant, elles ne garantiront pas une homogénéité de championnat. On l’a vu avec le Fc Metz pourvu de très bonnes joueuses l’an dernier et qui a dû descendre l’année de sa montée.

Quelques fois, il suffit de prendre une joueuse dans une équipe pour que celle-ci perde toute sa force. Regardez l’exemple avec Griedge MBock partie de Guingamp, qui est passé de la 5ème place à la 9ème, sans que cela ne puisse être imputée seulement à l’absence de la nouvelle internationale française, mais sans oublier que le football féminin est structurellement fragile et qu’il suffit de peu, à la différence du football masculin, pour déstabiliser une ou plusieurs équipes.

D’un côté, l’intérêt de la joueuse s’améliore et c’est quand même l’essentiel, puisqu’elle est actrice de sa performance. Mais, la situation du championnat ne s’améliore pas.

Un des moyens pourrait être de faire comme aux Etats-Unis : répartir les bonnes joueuses dans tous les clubs de l’élite, et les payer par la fédération qui prendrait en charge l’organisation de la qualité du championnat et en recevrait les avantages financiers en garantissant les sponsors d’une diffusion nationale ; ou garantir aux clubs montants la rémunération de 3 contrats fédéraux pour leur permettre de pallier les différences de niveaux comme proposer d’autres systèmes régulateurs de différences trop prononcées.

Alors, le championnat pourrait être plus homogène avec le risque limité d’être moins européen. Le challenge européen n’existant qu’à compter des quarts de finale. Les américaines n’ayant pas ce problème puisqu’elles n’ont pas de compétition continentale à assurer. Faut-il encore avoir la possibilité de trouver des partenaires à hauteur des coûts quand, souvent, les clubs professionnels financent la section féminine en prélevant sur le budget masculin qu’ils seraient moins à même de transférer à un système fédéral tiers à moins de penser à une structure « professionnelle » chargée de la gestion de ce département, sur un modèle d’image proche de la LFP, sans en avoir le même contenu, plus adapté à l’environnement féminin du football.

Il peut y avoir d’autres voies.

En attendant, aujourd’hui le schéma finit en goulot d’étranglement. Pas assez d’élite. Des vainqueurs limités en petits nombres. Peu de matches à enjeux. Donc peu de croissance externe (partenaires) à dégager pour les clubs sur la thématique exclusivement féminine et une croissance interne limitée par les contraintes du football masculin. Donc, une tendance à avoir les mêmes pics (clubs) qui vont encore plus s’intensifier et des montagnes qui vont s’écrouler.

Farid Benstiti ne disait pas autre chose, aujourd’hui, parlant du championnat : « Rien n’a changé. Aujourd’hui comme avant, il faut ne pas perdre contre les équipes de tête ».

A mon sens, la fédération, légitimement concentrée sur 2019 et la prochaine Coupe du Monde qu’elle organisera, devrait missionner un groupe d’étude indépendant, ayant la capacité d’entendre, d’écouter tout comme d’être entendu et écouté, pour chercher les possibilités d’une autre organisation qui pourrait émerger d’un environnement qui n’a pas encore de contraintes structurelles fortes (c’est son avantage) si elle veut que son élite (un championnat homogène et médiatique) soit au niveau de ses espérances légitimes.

En attendant, le football féminin de la D1 est fait de deux mondes. 

Le premier : voir le football féminin dans ce monde, c’est voir des matches intéressants où le jeu est de qualité, motivant, enthousiasmant dans un esprit amateur, sans que cela ne soit une insulte et qui génère des résultats très serrés. C’est pour cela qu’on l’aime.

Et un autre Monde : voir des matches d’un niveau européen, sur quelques « face à face » nationaux, avec en France, un cadeau bonus : les deux équipes européennes quelles qu’elles soient, sont postulantes au titre européen voire à une demi-finale européenne.

Il en est de même dans les sports collectifs féminins. 

La situation du sport féminin collectif est là : il n’y a pas assez d’élite pour constituer un championnat homogène quelque soit le sport concerné.

Est-il possible de toutes les professionnaliser ? Non, car il n’y a pas les partenaires pour cela.

Est-ce vraiment un problème ? Pas nécessairement car toutes les joueuses, quelque soit leur niveau, ont l’esprit de performance chevillé au corps. Ce sont bien des SHN. Après, pour ce que cela pose comme problème aux besoins « marketing », c’est autre chose mais c’est leur problème. Il y a certainement des voies à chercher. A elles de les trouver.

En attendant l’inflation des coûts salariaux et le besoin de performance des partenaires condamnent à la très grande difficulté les structures autonomes qui ne peuvent dépendre de revenus masculins ; sans pour autant donner de possibilités aux clubs masculins de créer une concurrence, faute d’élites comparables.

A quoi cela sert de payer, si c’est pour toujours finir 5è, sans gain à attendre ? Voilà ce que disait Hervé Didier, le coach de Saint-Etienne en début de saison.

Il y a une trop grande différence entre les clubs de D1 et de D2, comme à l’intérieur de la D1. A mon avis, il faudrait trouver rapidement la solution. A défaut, le gap va vraiment s’agrandir. Pourquoi pas d’ailleurs. Cela correspond à l’image de notre monde économique.

Sauf que, soyons certain alors qu’il n’y aura pas d’économie générée par les médias, d’autant plus si l’EDF ne répond pas à l’attente « déjà bien exprimée ». Les médias veulent du spectacle, de la performance et de la surprise. A défaut, ils ne paient pas ou paierons moins. Cela leur coûtent.

William Commegrain lesfeminines.fr

  • Retrouvez les scores sur footofeminin (ici)
  • Retrouvez les équipes qualifiées (source footofeminin) :

Division 1
Olympique Lyonnais (D1)
Paris Saint-Germain FC (D1)
Montpellier Hérault SC (D1)
FCF Juvisy Essonne (D1)
Nîmes Métropole Gard FF (D1)
En Avant Guingamp (D1)
ESOF La Roche-sur-Yon (D1)
VGA Saint-Maur (D1)
Rodez Aveyron Football (D1)
AS Saint-Etienne (D1)

Division 2
Girondins de Bordeaux (D2)
FCF Condé-sur-Noireau (D2)
FC Vendenheim (D2)
Grenoble Métropole Claix FF (D2)
Yzeure Allier Auvergne (D2)
Issy Foot Féminin (D2)
FC Lorient (D2)
FCF Val d’Orge (D2)
Toulouse FC (D2)
FC Rouen 1899 (D2)
FCF Hénin-Beaumont (D2)
FC Metz (D2)
Dijon FCO Féminin (D2)
Le Puy Foot 43 Auvergne (D2)

Division Honneur
Orvault SF (DH)
O. Saint-Julien Chapteuil (DH)
AS Châtenoy-le-Royal (DH)
Saint-Christol Lez Alès (DH)
Bergerac Périgord FC (DH)
SC Thiberville (DH)
Rennes CPB Bréquigny (DH)
Caluire Football Féminin 1968 (DH)