Zone Mixte : 15 minutes après le match. Pas un cri dans les travées de Bondoufle. Pas une porte qui bouge. Les vestiaires des parisiennes qui poussent fort leurs cris. Aboutis. Puis ensuite, le calme. La victoire n’est plus surprenante. Après ce match, dans l’esprit de chacun, elle s’est installée normalement.

Les féminines du PSG ont joué un match comme une équipe nationale qui doit se qualifier dans un tournoi.

« Le plus abouti pour sa seconde mi-temps » dira Farid Benstiti en zone mixte. Sentiment partagé par Caroline Seger qui ajoutera « qu’à son avis c’est la meilleure seconde mi-temps du PSG depuis longtemps » ; quand Emmanuel Beauchet, le coach de Juvisy, qualifiera le match des parisiennes ainsi : « Elles nous ont surpassé. Elles m’ont semblé meilleures que l’OL et que Montpellier. »

Les féminines le savaient. Farid Benstiti leur avait dit. Ce match est important. Très important. Au pire, le club pouvait être sans Europe, comme démuni du plus petit des objectifs qu’il s’était fixé, dans un monde où, quand tu ne tiens pas tes objectifs, tu sors : dehors.

Elles nous ont proposé, non pas un match motivé, mais un match « concentré », avec des joueuses internationales du plus haut niveau. Elles se sont imposées sans qu’on ait le sentiment que Juvisy ait raté son match. Elles se sont imposées (0-5) car elles ont surclassé Juvisy, à la loyale, sans coup férir, mais sur le terrain, au fil du match et sur les 90 minutes du temps de jeu.

Il a été impossible à Juvisy de faire douter les parisiennes et les 45 premières minutes ont été une opposition où les deux équipes ont monté leur niveau d’intensité à un stade rare dans une rencontre de championnat, amenant des séries de contacts très virils que les deux équipes se donnaient, sans s’en reprocher la moindre intention, sachant que l’enjeu du match était dans cette confrontation, pour tester et montrer à chacune, que le match serait d’un haut niveau. D’un très haut niveau pour un match de championnat.

On a vu Cristiane envoyer à trois mètres Sandrine Dusang juste pour une touche. Les deux se tapant la main ensuite. On a vu Gaetane Thiney, milieu offensif, presser des ballons sur Dahlkvist dos au but juvisiens et à 70 mètres de ceux de Karima Benameur, comme si ils étaient dans la surface. On a vu Julie Soyer refaire son mètre de retard face à Mittag pour l’empêcher de centrer. On a vu Théa Gréboval, se frotter à Lindsey Horan, reine des airs. On a vu Caroline Seger presser toutes les balles du milieu de terrain. On a vu une intensité physique incroyable. De niveau international. Où la solution ne viendra qu’une fois. Peut-être deux. Pas plus.

Les attaquantes parisiennes d’un niveau international ont joué à la perfection.

Les attaquantes du PSG l’ont compris. Elles l’ont intégré. Il n’y aura pas beaucoup de balles. Cette expérience a été la clé du match et l’explication des (0-4) buts de la seconde mi-temps. Elles n’ont eu qu’un seul leitmotiv. Être parfaite quand la balle sera là. Être parfaite pour se placer et utiliser la moindre opportunité pour la recevoir. Être parfaite dans le choix de l’utiliser. Être parfaite dans l’instant et dans la continuité. Lindsey Horan (1), Cristiane (2), Anjà Mittag (1) ont été parfaites.

Juvisy a craqué face à cette perfection. Elle a été surclassé par cette perfection. Par cette expérience. Par ce niveau pratiqué. Il faut dire que Cristiane est une internationale brésilienne incroyable de talent et d’intelligence. Il faut dire qu’Anjà Mittag est la meilleure buteuse de l’histoire de la WCL, co-meilleure buteuse du denrier mondial. Il faut dire que Lindsey Horan est la Reine des Airs et qu’elle est devenue stratosphérique de confiance depuis ses récentes sélections en équipe A des USA.

Une attaque qui a joué dans une équipe qui a étouffé Juvisy.

Souvent le PSG gagne sur des gros scores par ses profondeurs et ses débordements. Là, le score est large avec un jeu de possession qui n’a jamais été un jeu d’attente. Il a toujours été un jeu dynamique, équilibré entre la puissance et la créativité. Empêchant Juvisy de pouvoir faire plus de quatre passes consécutives. Reprenant cette balle car les essonniennes devaient rencontrer, après un dribble, après un autre, une fille d’un niveau mondial et une autre fille d’un niveau mondial, qui jouait un match à enjeu. Impossible de passer, quand dans l’esprit des parisiennes, reprendre la balle était normal, et elles installaient leur jeu en acceptant de la perdre sans s’inquiéter outre mesure des conséquences, juste très concentrées pour la reprendre.

La seconde mi-temps et l’accélération.

Si le but encaissé à la 45′ (0-1, Horan),  laisse l’opportunité de dire que « rien n’est impossible », éliminant cependant le fait de pouvoir dire que « tout est possible » ; l’accélération parisienne de la seconde mi-temps a démontré le gap qui existe entre les deux équipes.

Trois buts en 15 minutes. Trois certitudes qui avaient été précédées d’un missile sur le poteau de Cristiane des 25 mètres, (35′) à l’affût d’un second ballon, en réponse à un déboulé de Camille Catala qui avait frôlé la lucarne opposé (34′), d’une tête de Caroline Seger sauvé sur la ligne par Ines Jaurena, et d’une reprise d’Horan, sauvée par Sandrine Dusang.

Une légère domination que les attaquantes parisiennes ont transformé en certitudes. Cristiane, à l’affut récupère un ballon remis par erreur de Jaurena, qu’elle glisse à Horan qui se concentre pour finaliser et non pas tirer, et qui finit quand même par un missile sous la barre (0-1, 45′). Dès le retour des vestiaires, un superbe décalage initié par Mittag, qui trouve Cristiane totalement esseulée, concentration, tir croisé puissant. But (0-2, 50′). Puis une montée de Shirley Cruz, qui décide un geste inattendu en s’enroulant autour de son marquage, pour donner une balle posée à Mittag qui frappe croisé. But (0-3, 57′).

Les deux autres buts seront anecdotiques pour le match (Hamraoui, 84′ et Mittag, 89′) mais ils montreront la différence qui s’est installée entre les deux équipes. (0-3) est un match qui peut se rejouer. (0-5) est un match acté.

Un Paris très au-dessus, sans que les juvisiennes aient démérité.

Le Paris Saint Germain a remporté ce match sans qu’il soit possible d’en discuter et sans que la faute ne revienne aux juvisiennes. Paris Saint Germain a joué un match de très haut niveau avec des filles, internationales et d’un niveau mondial, qui ont joué au niveau de leurs compétences, talents et expériences.

Ensemble, en ayant des possibilités « sous la jambe » si elles continuent à jouer ainsi, ensemble.  Je n’ai vu qu’une seule erreur. Pour une passe à l’adversaire à la 85′ d’Erika, alors que le score était de (0-4) et qui ne donnera rien.

Dans l’espace « d’après match », personne de l’environnement essonnien ne semblait traumatisé. Le match avait rendu sa vérité. Juvisy, face à une telle équipe, ne peut plus jouer à égalité. Sans que ce soit une contre performance des essonniennes. Paris a été supérieur. C’est acté.

William Commegrain lesfeminines.fr

Farid Benstiti. Gagner un derby. C’est bien. Aujourd’hui, il y  avait la manière, donc je suis très satisfait. Je compte toujours sur nous car il faut d’abord gagner plutôt que regarder les résultats des autres. Ce sera la même chose cette année. Contre nos adversaires directs, potentiellement, nous sommes plus forts et il faudra battre, dans les matches directs, nos prétendants au titre ou à la Coupe d’Europe. Un des plus beaux matches du PSG ? Un des matchs les plus aboutis de cette année. En coupe d’Europe, le nombre d’occasions de buts non concrétisés. Là, avec une efficacité totale. Ce qui est encore plus intéressant, la première mi-temps, j’ai cru revoir mes fantômes où cela tape la barre, et une joueuse qui sauve sur la ligne face à des frappes lourdes. Le poteau de Cristiane. Je me suis dit, aujourd’hui, cela va être compliqué. J’ai demandé aux joueuses de continuer. Elles l’ont fait. Lindsey Horan a une occase, elle l’a met au fond. Je crois que c’était sa première occasion. Elle ne s’est pas posée de questions. La deuxième mi-temps, j’ai demandé à mes joueuses d’être plus agressives, aux attaquantes d’être à la limite de leurs défenseurs pour se trouver en situation idéale dans cette surface et surtout d’être très collective. On a senti que ce n’était pas Juvisy qui était inférieur mais que c’était Paris qui avait joué au-dessus. Sur le onze de départ. Si on est à 100% sur le potentiel physique et tactique et sur l’état d’esprit, je crois qu’il y a une très bonne équipe sur le terrain. Nous, entraîneur, on essaie de trouver la bonne organisation, animation et système pour que les filles s’expriment au mieux. Après la balle est dans leur camp. Je suis content car il y a des joueuses qui s’affirment dans leur caractère et leur football vient avec. Tant mieux. Toujours Lyon ? Je suis compétiteur. Si Lyon fait un faux pas, tout est possible. Quoi qu’il en soit, je crois qu’il faudra faire un résultat à Montpellier et quand il faudra recevoir Juvisy. Comme on le dit chez nous, le résultat de demain : « c’est le destin ». Quel que soit le résultat. il sera bon à prendre pour le PSG.

Caroline Seger : Je pense que la première mi-temps n’a pas été trop bonne et nous avons joué avec trop de stress. La seconde mi-temps a été différente. C’est la meilleure de Paris depuis longtemps. Nous sommes sorties comme une très bonne équipe et nous avons très bien joué aujourd’hui. Je pense que toute attaquante veut marquer et c’est très bien pour la confiance et je suis très contente que toutes ont très bien joué aujourd’hui. Pour le championnat ? Lyon est une très bonne équipe nous devons justes rester très fortes autant que nous le pouvons mais nous devons rechercher cette seconde place. Elle est importante pour nous. Montpellier face à Lyon ? Ce n’est pas spécialement possible mais personne ne sait à l’avance. Elles n’ont pas perdu beaucoup de points et elles peuvent faire quelque chose. Lyon ? Toujours Lyon ? Exact ! Tout le temps « C’est la vie ! ».

Emmanuel Beauchet : Un score un peu sévère. C’est le réalisme parisien et son talent qui a fait la différence. Je pense qu’au milieu on a été mis en difficulté par la qualité de certaines joueuses, Cruz, Seger et Dahlkvist, qui ont eu la maitrise et très intelligentes en se plaçant entre deux, dans les espaces libres ce qui nous a mis en difficulté en permanence. La différence avec notre match face à Lyon ? on est tombé sur une très bonne équipe parisienne et on a pas eu les ressources mentales, pour être plus incisives et dangereuses face aux parisiennes. C’est pas notre jour et c’est le jour de Paris. Vous pensez vous mettre au niveau du jeu parisien ? Ce soir, c’était compliqué. Par le travail ? Quand vous avez les meilleures joueuses à chaque poste, il faut faire un exploit, ne pas faire de fautes, être efficaces et ce soir on a pas eu tous ces ingrédients. C’est un peu la logique du talent et la logique sportive ce soir. Même si les filles sont exemplaires dans le travail, il faut reconnaître que Paris était supérieur. J’ai trouvé leurs joueuses toutes très investies, très disciplinées et très efficaces. Il y avait toujours de la qualité avec le ballon. c’est une équipe qui ne nous a rien donné, aucun moment de jeu. Toujours très présente et qui a réussi son match. Entre l’Ol, Montpellier et Paris ? C’est Paris qui a fait la plus grosse démonstration. J’ai trouvé cette équipe très complète, dans toutes ses lignes, talentueuse avec un fort potentiel offensif. C’est remarquable, ce qu’elles ont fait ce soir.

Camille Catala : c’est la déroute. C’est très lourd au compteur. Lyon a eu cinq occasions dans le match, elles n’en ont pas mis cinq. On fait une bonne première mi-temps, on rentre bien dans le match. Juste avant le match, ce but est ce qu’il est mais on est resté très soudé. On est revenu avec de bonnes intentions mais le second but, malheureusement. C’est une vraie déception. On sait que si on veut atteindre nos objectifs et jouer le top niveau, c’est dans ces matches là qu’il faut faire la différence et pour l’instant, tant face au PSG que contre Montpellier on fait des gros matches et on a jamais un résultat positif. A chaud, c’est dur à encaisser. Après, c’est du foot, on va relativiser et nous cela nous permet de mesurer le chemin qu’il reste à parcourir et de repartir à l’entraînement avec encore plus de motivations et de détermination. Une construction rendue difficile par le PSG. Il faudrait que je revois les images. en première mi-temps on a construit les choses mais il nous a manqué un peu de justesses techniques pour aller au bout des choses. On a encaissé des buts. le match avance et on voit que c’est difficile.