« Quand la Chine s’éveillera .. Le monde tremblera » Cette phrase extraite du livre d’Alain Peyrefitte (1973) avait surpris le monde des années 70, qui découvrait la crise pétrolière de l’Opep et pour lequel, parler de la Chine, « c’était parler Chinois ».

Aujourd’hui, Pékin est aussi connu que l’est Paris et les chiffres de l’Empire du Milieu sont si importants qu’on ne peut que constater que la Chine s’est bien réveillée avec ses 2000 milliards de réserves qu’elle prête aux pays en difficulté, avec sa diaspora à l’étranger, avec sa production à la 1ère place mondiale et avec ses 100 milliardaires par an.

En sport, le déclic s’est fait avec les Jo de Pékin (2008) où en sept ans d’une politique sans concession, elle est partie de la 3ème place mondiale (50 médailles olympiques en 2000) à la première avec 100 médailles, dont 51 d’Or, derrière l’USA en quantité (110) mais devant en Or (36).

Bruno Bini a été choisi comme sélectionneur de l’équipe nationale féminine, au glorieux passé (finaliste des Jo en 1996 et finaliste de la Coupe du Monde en 1999), 7 fois championne d’Asie consécutivement de 1986 à 1999, pour apporter sa compétence et sa réussite avec ses deux demi-finales de compétition mondiale (Mondial 2011 et J0 2012) et ses deux reconnaissances internationales : 3ème meilleur coach FIFA 2011 et 2012.

Interview exclusif à Bondoufle, deux heures avant son départ pour la Chine.

Lesfeminines : Le projet de la Chine, c’est un projet extraordinaire ? 

Bruno Bini : Magnifique. Beau projet sportif, projet humain. Donc je n’ai pas hésité.

Et cette proposition, ce projet, c’est de remettre la Chine dans le Top 10 ? 

A court terme, il y a les éliminatoires et les qualifs pour aller aux Jeux. Elles sont quatrième voire cinquième nation d’Asie-Océanie. Cela arrive tôt puisque c’est en février, mais le projet à moyen terme c’est .. (sourire et yeux rieurs) j’aimerais bien que cela soit moi qui les amène à la Coupe du Monde 2019 en France. Cela me ferait plaisir aussi.

Elles ont un jeu flamboyant avec des capacités étonnantes. Est-ce que vous retrouvez un peu la sensibilité française ? 

Hum. J’ai analysé tous les matches récents. Oui, dans le jeu en possession car elles aiment bien avoir la balle. Par contre, il faut que l’on travaille un peu sur la prise d’initiatives et sur l’explosivité. Mais bon, c’est pareil, c’est un pays où elles sont tellement nombreuses, on va trouver des joueuses.

Il y a beaucoup de travail mais cela ne me fait pas peur et je suis vraiment content de partir.

C’est une belle aventure en fait !

C’est une belle aventure mais c’est surtout un beau projet. On va se régaler.

Quel est l’environnement sur place ? 

Ce n’est pas compliqué. Si vous êtes respectueux des institutions et des gens. Vous avez des moyens énormes pour travailler.

C’est à dire ? 

Des fois on a des regroupements de sélection pendant deux mois avec tournée aux Etats-Unis, sept à huit matches amicaux en trois semaines, c’est impressionnant.

Elles ont un championnat ?

Oui, mais l’équipe nationale est prioritaire. Le championnat est professionnel, toutes les filles sont pros avec un championnat qui correspond à la 2D chez nous à 10 clubs, tous pros et elles ne jouent jamais le week-end. Elles sont rassemblées, une semaine tous les mois et demi et pendant la semaine, elles jouent les unes contre les autres et au bout de sept rassemblements dans l’année, elles ont toutes jouées ce qui fait le championnat.

C’est un gros avantage car, par exemple, aujourd’hui je pars, on arrive demain. Mercredi on reprend l’avion et dans la semaine on voit toutes les joueuses de D2.

Et ce volume potentiel. Plus 1 milliard 500 de personnes. Il y a une vraie politique au niveau du football féminin ? 

Depuis 1 an et demi, le football est obligatoire dans les écoles primaires. A moyen terme, cela va sortir et après ils vont décliner cela dans les collèges. Ils ont vraiment envie et ils sont un petit peu nostalgiques de la 3ème place mondiale qu’elles avaient dans les année 1990. Elles sont 15ème au jour d’aujourd’hui et il faut arriver à grappiller des places pour entrer dans le Top 10.

C’est l’objectif en 2016 ? 

C’est l’objectif plutôt en 2017.

La zone Asie est une zone difficile ? 

La zone Asie-Océanie est une zone plus difficile car il y a moins de qualifiés, seulement deux, par exemple pour les JO. Il y a des grosses nations avec le Japon (4è), l’Australie (9è), la Corée du Nord (6è). Bon on va vendre chèrement notre peau. c’est un tournoi à six équipes et toute le monde va s’opposer à tout le monde avec deux groupes : Chine, Corée du Sud et potentiellement le Vietnam d’un côté et un autre groupe avec le Japon, la Corée du Nord et l’Australie.

Mais bon, cela c’est sur le papier. Cela ne les a pas empêché d’aller en quart de finale de la Coupe du Monde et de perdre sur un petit score face aux USA.

Il y a du potentiel.

Et pour le passé ? 

Je n’en parle même plus. Le trou ne se refermera pas. Un trou au cœur ne se refermera jamais mais je suis totalement apaisé et heureux de retrouver le terrain.

William Commegrain lesfeminines.fr