Le PSG – Montpellier me laissera plusieurs images en mémoire. Sur le plan du jeu, j’ai reçu deux leçons que je retiendrais.

Le contre du PSG

La première concerne le contre parisien à la 39′. C’est une balle reprise dans la partie de terrain parisienne, je crois par Shirley Cruz, assez bas, et cette balle aura une histoire particulière car elle va faire jouer les trois dernières recrues parisiennes, les yeux fermés quand pendant toute la partie, elles ne se seront pas réellement trouvées, le tout en un instant, pour ce qui sera la plus belle occasion parisienne du match.

Sur la balle récupérée, Mittag vient en appui, pour sans contrôle donner à Dahlkvist qui, m’a semblé lourde tout au long de ce match, en retard, sauf quand on lui donnait la balle et là, tel un Safet Susic des grands soirs parisiens, elle donnait immédiatement la balle, exactement où il fallait, non pas pour transmettre, mais pour créer le danger.

C’est exactement ce qu’elle fit, à la 39′, avec ce contre en servant Cristiane qui reçut le ballon, sans contrôle, dans la profondeur, exactement dans la distance souhaitée, pour qu’elle puisse, en solo, jouer son duel avec Laetitia Philippe, qu’elle perdit mais qu’elle aurait pu gagner. En trois passes, la défense de Montpellier avait pris 20 mètres de retard.

Il y a eu dans ce mouvement à trois, une plénitude de perfection. Un solo de jeu à trois qui aurait pu être la seule solution parisienne mais qui surtout a montré, qu’il suffit d’un rien pour que des actions passent. Pas grand chose. Une fois.

C’est une leçon. Il suffit d’un rien pour perdre. il suffit d’un rien pour gagner. C’est certainement le futur des matches de football féminin quand les équipes sont si proches. Il faudra que les féminines s’y habituent. Les spectateurs aussi. Qu’est-ce qu’il y a de plus fort que d’avoir une seule occasion et de marquer pour faire gagner son équipe ? La perfection.

Sofia Jakobsson.

Sofia Jakobsson. PSG-Montpellier. Crédit Giovanni Pablo. Lesfeminines.fr

Sofia Jakobsson. PSG-Montpellier. Crédit Giovanni Pablo. Lesfeminines.fr

Le second souvenir que je conserverais c’est la volonté de Sofia Jakobsson, non pas de jouer, non pas de gagner, mais de vouloir faire gagner son équipe quand la proximité du jeu la choisissait ou qu’elle-même créait cette différence qui la rend encore plus forte cette année que l’année dernière.

Cette fille est ailleurs. Elle ne se contente pas de jouer. Elle possède son talent de telle manière qu’il en est une habitude et alors, il lui reste le temps d’avance pour voir ce qui va se passer devant elle, pour qu’elle essaie d’anticiper. C’est cette anticipation qui la rend dangereuse. Très dangereuse quand il est associé à ses qualités de vitesse et d’explosivité.

Elle récupère la balle aux vingt mètres et pour la ième fois, elle vient percuter le mur de la défense parisienne. Face à elle, Laura Georges. Cela doit être son troisième face à face. Le premier a donné un tacle gagnant pour la parisienne dès la seconde minute. Le second a donné un poteau pour la montpelliéraine à la 15′.

Le troisième, Laura Georges n’en veut pas dans cette surface. La balle arrive, la suédoise l’a poussé un peu trop loin. La parisienne voit qu’elle est partie pour s’engager avec sa vitesse. Elle, est statique. Si ca passe, cela va faire mal.

Ni une, ni deux, la parisienne ne cherche même pas le mouvement. Elle se prépare à envoyer une mine pour dégager ce ballon. La suédoise est lancée. Elle l’a vu. Elle sait qu’elle ne l’aura pas et que forcer, c’est déjà perdre toute la puissance de son intention. Alors, elle fait ce qu’aucune féminine ne fait.

Elle met son pied en opposition. Mentalement, se transforme en mur. La cheville, la cuisse, le gainage se transforme en une seule unité. Laura Georges envoie sa mine et comme une balle de squash qui rencontre le mur, la balle repart immédiatement en sens inverse, comme une balle de fusil. Dans un seul bruit. Celui de l’impact.

On croit au but tellement l’action va vite. Et là, on assiste à un geste incroyable. La gardienne parisienne se détend et va sortir cette balle de fusil dont on ne comprend l’origine qu’en voyant les deux joueuses s’opposer. Elles n’ont pas bougé. Seul le ralenti de nos yeux nous ramène à la réalité de l’action.

Un dégagement, un contre en boulet de canon. Un sauvetage incroyable de la gardienne parisienne.

Mettre son pied comme cela dans l’idée que cela peut repartir dans l’autre sens, face à une mine qui part. Il faut l’avoir dans la tête. Il faut l’avoir anticipé. Il faut l’avoir dans la volonté. Rare. Ces trois caractéristiques, jamais encore vu dans le football féminin. La fille, son pied droit. Elle l’avait tout simplement transformé en mur.

La balle peut venir à 120 kms heure. Elle ne vous fera rien. Peu le savent. Peu peuvent le faire. Peu savent le faire. Cette fille l’a fait. Cela aurait pu être but sans l’excellente gardienne parisienne.

William Commegrain lesfeminines.fr