Et je conseillerais aux françaises de vivre une aventure à l’étranger. Ici ou ailleurs. Elise Bussaglia s’est engagée pour deux années avec le Vfl Wolfsburg, double champion d’Europe. Après avoir connu les quatre grands clubs français, elle est partie jouer une place dans le second plus grand club européen (mixte et professionnel comme l’Olympique Lyonnais car qualifiée dans les deux Champions League, masculine comme féminine) pour y vivre une aventure raisonnée et réfléchie que peu de françaises tentent.

Sa titularisation pour le premier match face au FF USV Jena dans un 4-2-3-1 qui a fière allure avec Lena Goessling et Julia Simic à la récupération pour être placée dans une ligne de trois composée d’Alexandra Popp, Lara Dickenmann et Elise Bussaglia qui a tout d’une ligne européenne gagnante, pour servir Tessa Wullaert (doublé) a porté ses premiers fruits avec un sévère 0-8 au compteur et un pénalty tiré par l’internationale française à la 80′, qui montre la confiance et le rôle qui lui est attribuée.

Interview, exclusif et une discussion à bâtons rompus sur cette nouvelle aventure.

Vous avez déjà joué pour de grandes équipes en France, Juvisy, Paris Saint-Germain et l’Olympique Lyonnais, qu’est- ce qui vous a amené à venir ici pour jouer dans la Bundesliga pour le VFL Wolfsburg?

J’avais envie de connaître un nouveau championnat avec un très grand club.
Comme vous l’avez dit, j’ai joué pour les grands clubs en France, donc j’avais une certaine expérience du championnat en France. J’avais le désir de faire autre chose, d’apprendre une langue, de découvrir comment cela se passe dans un autre pays. Voilà je trouve que la Bundesliga est un championnat très relevé, il y a quatre équipes très fortes, mais les autres sont d’un bon niveau aussi et j’avais envie de voir ce que cela donne dans le championnat avec Wolfsburg qui est un des meilleurs clubs, et qui a gagné plusieurs titres.

Je suis ravie d’être ici, de voir au quotidien comment on travaille ici, comment les filles évoluent, comment le staff travaille.

Cela fait un certain nombre de semaines que êtes-vous là? Comment resentissez-vous l’ambiance, l’accueil, l’entraînement?

Cela fait un mois que je suis ici. J’ai été très bien accueilli. Je ne parle pas encore très bien l’allemand, mais je trouve que même avec la barrière de la langue, l’accueil a été bon pour moi. Je me suis senti très vite à l’aise et bien au quotidien, soit avec les joueuses, soit avec le staff et tout l’environnement du club.

le coach m’a expliqué ce qu’il attendait de moi. Cela s’est mis très rapidement en place.
C’est déjà une chose importante et ensuite sur le terrain cela a été très vite mise en place. Le coach m’a expliqué ce qu’il attendait de moi et aux entraînements, on travaille toutes bien. Les entraînements se font une fois par jour ; au début c’était deux fois lors de la préparation et pendant le stage aussi en Autriche et après dans l’année cela dépendra.

Les semaines où on a un entraînement par jour, en général il y a un jour de repos dans la semaine.

Avez-vous déjà fait des matches amicaux ?

L’équipe avait repris l’entraînement avant que j’arrive, donc les internationales qui ont participé à la Coupe du Monde sont arrivées plus tard. Ensuite l’équipe a fait trois matches amicaux avant nous. Depuis que je suis arrivé, on a fait trois matches aussi, un match contre une équipe de deuxième division allemande, un match contre une équipe autrichienne et un match contre le Paris Saint-Germain le week-end dernier.

Comment s’est déroulé le match contre le PSG ?

On a fait 1 : 1, c’était un bon match de préparation, il y avait de bonnes choses et des choses aussi à travailler, il y a de la qualité dans notre équipe. Avec encore un peu plus de travail et d’automatismes et des détails à régler, je crois qu’on va faire une bonne saison.

Avez-vous déjà une impression de la Bundesliga et les différences par rapport au championnat français?

Le championnat allemand est plus homogène. Pour le reste, je vais découvrir les différences physiques comme techniques.
Je crois la plus grande différence c’est que les équipes sont plus homogènes par rapport au championnat français. En France il y a Lyon et le Paris Saint-Germain qui sont loin devant, Juvisy et Montpellier essaient de lutter, après le reste des équipes, c’est très difficile pour elles. C’est une des grosses différences, ensuite on dit que le championnat allemand est plus physique que le championnat français, ça je vais voir si c’est le cas ou pas. En général en France on dit aussi que les françaises ont une maîtrise technique plus élevée que les allemandes, je ne sais pas, je vais découvrir, je pourrai plus comparer dans quelques mois.

Avez-vous découvert une différence dans les styles d’entraînement ?

La différence avec la France se fait sur des détails. La différence se fait sur la philosophie de jeu des entraîneurs, ce n’est pas une question de nationalité.
Je pense que les équipes professionnelles travaillent toutes de la même manière. La différence, ce sont les petits détails, et aussi des différences qui se font au niveau de la philosophie de jeu des entraîneurs. Ce n’est pas forcément une question de culture ou de nationalité, c’est l’entraîneur qui choisit un projet de jeu avec son staff.

Dans les entraînements on fait ici peut-être un peu plus de musculation qu’à Lyon, par exemple. Sinon, grosso modo, c’est un peu équivalent, ce sont des petits détails, plutôt des consignes de jeu des entraîneurs qui varient.

Est-ce que le club de Wolfsburg fait quelque chose pour votre intégration dans l’équipe et dans la vie à Wolfsburg ?

Oui, déjà avant que j’arrive, on m’a envoyé des photos sur Internet, des appartements que je pouvais choisir. Après on m’a aidé pour le déménagement, le club a mis en place des cours d’allemand qu’on peut suivre avec les joueuses qui ne parlent pas encore la langue. On aura deux fois par semaine des cours d’une heure trente avec une prof d’allemand. On a plusieurs petites choses que le club nous aide à nous intégrer dans la ville.

Si on a besoin de quelque chose, on peut demander, il y a toujours quelqu’u.
Si on a besoin de quelque chose, on peut demander, il y a toujours quelqu’un, on a tout de suite de l’aide, tout de suite une réponse, si on a besoin, par exemple d’ouvrir un compte dans une banque allemande. Pour l’intégration c’est plus facile.

Pourquoi croyez-vous y-at-il si peu de joueuses françaises qui viennent jouer dans la Bundesliga ?

Sincèrement, je ne sais pas. Ce n’est pas forcément lié à la Bundesliga. Pour l’instant les joueuses françaises ne s’expatrient pas beaucoup, il y avaient trois ou quatre joueuses qui ont joué aux États-Unis. En Allemagne il y a trois joueuses (Marina Makenza à Potsdam, Claire Savin (franco-allemande) au SC Freiburg et elle-même, quatre joueuses depuis et c’est tout. Il n y a pas beaucoup de joueuses françaises qui sont parties de la France, en fait.

Pourquoi ?

Les françaises ne s’expatrient pas, car le professionnalisme est récent en France. C’est peut-être une des raisons.
Peut-être une partie des réponses se trouve dans le fait que cela ne fait pas longtemps que le football féminin est professionnel en France. Cela fait juste quelques années à Lyon, et à Paris maintenant cela fait trois ans. Du fait que ce soit pas professionnel avant, on n’avait pas forcément beaucoup d’argent. Donc sans argent, partir à l’étranger c’est plus difficile pour avoir des contacts ou des pistes, et ensuite, partir à l’étranger, il faut se lancer, ce n’est pas forcément évident d’apprendre une autre langue, de laisser peut-être tomber les études pour un moment, puisque certaines font des études en début de leur carrière.

Voilà ça fait un mois que je suis ici, je suis vraiment contente. J’aurais peut-être du le faire avant, plus tôt dans ma carrière, maintenant je le fais aujourd’hui, j’ai trente ans, je peux aussi avoir le recul d’en profiter encore, peut-être davantage avec la maturité. Je suis très contente de le faire et si mes co-équipières en France me posent la question, je leur dirai de le faire, que ce soit en Allemagne ou ailleurs.

Je pourrais parler du championnat allemand et du pays. Je pense que je leur conseillerai d’aller voir ce qui se passe ailleurs. C’est toujours intéressant d’apprendre autre chose.

Quels sont vos objectifs personnels ? Où est-ce que vous vous voyez dans deux ans?

Mon objectif personnel, c’est d’apprendre rapidement l’Allemand car tout se fait en allemand à l’entraînement.
Pour la première partie de la question: Mes objectifs c’est de m’intégrer le plus vite possible. C’est plutôt réussi pour le moment, pour tout ce qui conçerne la préparation, maintenant c’est de m’intégrer tout de suite au championnat allemand, la Bundesliga. J’espère que ce soit avec un succès aussi, j’ai envie d’apprendre vraiment rapidement l’allemand parce que j’ai envie de communiquer plus facilement avec mes partenaires que ce soit au sur le terrain au sujet du foot, mais aussi sur d’autres sujets. C’est toujours important dans une vie de groupe de pouvoir échanger et comprendre ce qui se passe dans le vestiaire, ce qui se passe sur le terrain. Pour moi c’est essentiel.

C’est un de mes objectifs d’apprendre l’allemand rapidement et ensuite concernant plus l’aspect sportif en lui-même, c’est de me faire plaisir sur le terrain.

J’ai envie de profiter à fond de cette expérience et de gagner la Bundesliga, la Women’s Champions League comme la Coupe, car j’ai toujours gagné la Coupe avec mes équipes.
J’ai deux ans à faire ici, j’ai envie de profiter à fond de cette expérience et de pouvoir encore jouer au foot. J’ai envie de gagner la Bundesliga, parce que j’ai gagné le championnat de France. J’ai vraiment envie de gagner la Ligue des Champions aussi, comme Wolfsburg aussi, parce que l’année dernière elles ne l’ont pas eu non plus, donc voilà on a cet objectif en commun. Et la Coupe, j’ai envie de la gagner aussi, parce que je l’ai gagné dans tous les clubs dans lesquels j’étais en France, j’ai toujours gagné la coupe de France, j’ai envie de gagner la Coupe d’Allemagne aussi avec Wolfsburg.

Après, cela va être une saison longue et difficile, on a des adversaires très rigoureux, très bien préparés aussi. Que ce soit pour la Bundesliga ou la Ligue des champions aussi, on va prendre étape par étape.

J’ai envie d’apporter ce que je peux apporter à cette équipe et ensuite dans deux ans, je ne sais pas, je verrai bien si j’ai toujours envie de jouer au foot, quels sont mes désirs dans ma vie personnelle aussi, puis pour l’instant j’ai envie de me faire plaisir ici, d’apprécier ce que je vis ici à Wolfsburg et de continuer comme ça et dans deux ans, je ne sais pas, on verra.

Quelle est la langue de l’entraîneur et du staff lors de l’entraînement?

L’allemand essentiellement, quelques joueuses parlent anglais. Si une joueuse ne parle pas très bien l’allemand et ne comprend pas, il y a peut-être un passage en anglais, sinon c’est tout en allemand. L’entraîneur tient vraiment à ce qu’on parle vite l’allemand, qu’on comprenne vite les messages principaux, donc c’est l’allemand qui domine.

Est-ce qu’il y a quelque chose qui vous a vraiment frappé quand vous êtes venue ici?

Si je parle essentiellement du foot, je dirais que la différence avec Lyon, surtout par rapport à l’année dernière, c’est qu’ à Lyon l’entraîneur est très axé sur la possession de balle de l’équipe, donc dans ses consignes c’est surtout de ne pas perdre le ballon, avoir la maitrise du ballon et que l’équipe ait une forte possession du ballon. Cela se voit dans tous les exercices et dans tous les jeux de l’entraînement, c’est vraiment très dominant. Parfois il arrivait que dans un jeu, il n’y avait pas beaucoup de frappes au but ou des tirs, on était dans cette maîtrise là.

L’entraînement et le jeu sont tournés vers l’offensif. C’est ce qui me plait. Un football offensif. Je conseillerais aux françaises de tenter l’aventure à l’étranger.
Et ici à l’entraînement on a, quasiment le premier jour, commençé des jeux, et tout de suite, il y avait beaucoup d’intensité, beaucoup de rythme, et c’était vraiment un football offensif. Il n’y avait pas beaucoup de gestion des temps de jeu, ça allait d’un but à l’autre, cela m’a frappé, ça m’a plu, c’est un football offensif.

L’objectif était de gagner, marquer plus de buts que l’adversaire. Si le résultat est de 10-9, on aura quand même gagné, même si on préfère de ne pas prendre neuf buts, c’est la chose qui m’a le plus marqué, que ce soit un football plus direct, plus offensif.

Merci pour l’interview Elise Bussaglia.

Gerd Werdermann pour les feminines.fr