Pourvoyeuses de nombreuses joueuses internationales, Juvisy a donné encore plus de moyens à l’élite en décidant d’avoir un coach à temps plein. Emmanuel Beauchet, venu de l’Estac où il avait les U19 nationaux masculin, a pris en charge l’équipe féminine du Fcf Juvisy-Essonne, plus haut club dans l’Essonne, qui depuis plus de 10 ans, se trouve entre la 1ère et la 4ème place du classement de l’élite.

Juvisy est monté d’un cran en prenant l’option d’un coach à temps plein. Seule équipe amateur à le faire. Il est intéressant de voir la perception d’Emmanuel Beauchet sur ce qu’il est en train d’organiser.
C’est donc dans une vision encore plus construite que le coach vient apporter son travail et sa vision pour essayer d’obtenir une place qualificative en Ligue des Champions face à l’Olympique Lyonnais et au Paris Saint Germain (titulaire de ces deux places depuis 3 saisons pour le PSG et 9 pour l’OL) et éloigner Montpellier Hsc et l’EA Guingamp, respectivement 4è et 5è de la dernière saison. Enjeu pas si facile qui pourrait aussi être compensé par un bon parcours en Coupe de France qui échappe à Juvisy depuis de nombreuses saisons.

C’est un vrai choix dans la durée et le Fcf Juvisy est le seul club amateur à proposer cette formule. Pourvu de joueuses internationales, d’un groupe en place depuis plusieurs années, de quelques retouches qui ont amené une dimension physique, Emmanuel Beauchet répond à nos questions après le dernier match de préparation remporté face à Guingamp (1-0)

On se rapproche de l’équipe du début de championnat ? 

Ce sera surement proche mais après il faut intégrer progressivement les filles car il y a eu des reprises décalées avec les compétitions internationales. Il y a encore besoin de travailler, certaines filles ont encore besoin de temps de jeu mais on se rapproche de la composition du championnat, on va dire, en tenant compte des blessées.

L’équipe de Juvisy qui a commencé le match. Deville – Cayman, Guilbert, Tounkara, Soyer – Bilbault, Butel A. – Coleman, Thiney, Machart – Traika.

Les recrues ont l’air de s’être bien intégrées ? 

Charlotte Bilbault n’est pas loin de l’équipe de France. A mon avis, elle pourrait être appelée contre le Brésil.
Cela se passe bien. Pour Charlotte Bilbault, elle a eu deux premières semaines un peu difficiles de la part de la charge d’entraînement, de la nouveauté, et elle est de mieux en mieux, elle est très bien intégrée et elle commence à s’exprimer et à montrer toutes ses qualités.

Sur ce match ? 

On est sur une préparation, une mise en place. Les filles ne sont pas encore prêtes physiquement. On a besoin de construire collectivement notre équipe. On en a eu un match en moins dans les préparations qu’on a dû annuler. L’adversaire n’a pas pu répondre présent. Je pense qu’on a du travail encore dans la mise en place au niveau de l’équipe et du travail sur le plan individuel. Il faut que tranquillement les choses s’installent.

On a dû vous poser la question : comment vivez-vous les différences entre les garçons et les filles ? 

Cela fait quatre semaines où je prends contact avec le groupe, où je prends contact avec le club. J’échange beaucoup avec le staff. Le football féminin a ses particularités et ses spécificités et je suis toujours en phase de découvertes et d’observation. Ce sont des filles très attentives, très volontaires dans le travail qui ont une attention et une réflexion dans leurs entraînements, et cela c’est très intéressant.

Ce qui m’importe c’est de créer une dynamique, mettre en place un état d’esprit de travail et installer l’équipe sur le plan du jeu.
Les différences, c’est un petit tôt. Je suis totalement dans les réflexions sur l’entraînement et sur l’organisation, sur la mise en place de l’équipe, sur les échanges avec le staff. Je n’ai pas de réflexions encore par rapport au football garçon et au football féminin. Ce qui m’importe c’est de créer une dynamique, mettre en place un état d’esprit de travail et installer l’équipe sur le plan du jeu.

Comme vous le dîtes, les comparaisons, je les ferais un peu plus tard. C’est pas la question qui me vient en premier pour l’instant et avec le temps, l’analyse se fera tranquillement.

Quel est votre sentiment par rapport à cet enjeu de compétition qui arrive le 30 Août prochain ?

On se prépare depuis six semaines pour la compétition. C’est la finalité.
. On se prépare depuis six semaines pour la compétition. C’est la finalité. En même temps, on doit avoir une philosophie, un état d’esprit. On doit avoir des lignes de jeu au niveau des principes et se construire progressivement. Moi, je découvre l’effectif. Je découvre chacune avec les qualités et les points à améliorer de chacune. Je crois qu’il faut le temps du travail et le temps de la construction, être patient et en même temps, être performant aussi.

C’est un enjeu qui n’est pas évident.

C’est toute la problématique de la mise en place d’un projet. A la fois le temps du travail et de la construction et aussi ne pas prendre de retard au niveau de la compétition. C’est toute la problématique sur laquelle on travaille depuis six semaines. On a cette approche là.

Vous venez de Troyes, vous avez un sacré bonhomme qui s’appelle Jean-Marc Furlan. Est-ce quelqu’un qui vous a marqué et que vous allez retraduire ici ? 

C’est très judicieux. J’ai passé 10 ans au club de Troyes à l’Estac et la personne qui m’a le plus inspiré, le plus intéressé dans son approche et son message, c’est Jean-Marc. C’est le coach que j’apprécie en tant que technicien par son message, par son ouverture sur le jeu, son approche du jeu et sa façon de parler du jeu, des joueurs, cela a toujours été pour les formateurs une source d’inspiration et un réel engouement à travailler au quotidien, sous sa présence, sous sa philosophie.

Chacun conserve sa personnalité, mais on ne peut pas passer 10 ans à Troyes sans être marqué par la vision de Jean-Marc Furlan.
C’est clair que cela a été toujours une source d’apprentissage dans ces dix années. Dans les échanges au quotidien, dans l’observation de l’équipe, la façon de travailler, l’exposé de son projet. Cela a toujours été quelque chose de très motivant autour de la formation du club. C’est clair que cela m’a inspiré. C’est tout à fait cela. C’est clair.

Après le retranscrire, c’est une autre chose. (sourires et rires).

La volonté est là. L’esprit du jeu est là. La volonté de construire et de jouer avec toujours comme paramètres de mettre en place quelque chose d’efficace.

Là on le voit, le score est d’1-0 et cela peut faire 1-1 avec le pénalty à la dernière minute. Quel enseignement tirez-vous de cela ? 

Il y a plusieurs moments. Les filles ont accumulé beaucoup de travail. On est en cinquième semaine d’entraînement. On a été en stage. On a accumulé beaucoup de séances d’entraînement et l’investissement est total dans l’entraînement. Aujourd’hui, on a eu les jambes lourdes et on a été pas au mieux physiquement par rapport au match précédent, face au U17 de Vichy. Cela fait partie de la préparation. On s’est entraîné hier matin, il faisait très chaud. Physiquement, on a senti qu’il y avait moins d’énergie, moins de dynamisme. C’était plus compliqué en terme de disponibilités.

On est dans un cheminement de travail et cela avance de jours en jours. Tout le monde a eu du temps de jeu.
Mais aussi, elles se sont mises un petit peu la pression. Elle ont envie de bien faire. Elles donc été moins justes, moins lucides. Un petit trop d’envies de bien faire. Parfois on a tellement envie de bien faire que l’on fait mal. Certaines ne se sont pas relâchées pour que le jeu devienne un plus posé, un peu plus fluide, un peu plus construit.

Et en même temps, on est au tout début. Il n’y a pas de jugements. On est dans un cheminement de travail. Il y a des filles qui ont repris l’entrainement, il y a trois semaines. Il y a toute une construction avec la volonté d’investir tout le monde. Il y avait 17 joueuses de disponibles et tout le monde a eu du temps de jeu. C’est toutes ces choses qu’il faut intégrer.

Je pense qu’il faut se poser sur le travail et voir les choses dans la durée. Aujourd’hui c’est un match intéressant dans le sens où on était pas bien et on essayé de rester organisé, de rester cohérent et on a bien fini au niveau du jeu. Sur la maitrise et la construction du jeu. Il ne faut pas tirer de grandes conclusions. On est dans un cheminement et cela avance de jours en jours.

William Commegrain lesfeminines.fr