Pour un match qui pourrait sentir en fin de saison prochaine le parfum de la compétition avec la réception à Bondoufle de Guingamp dans l’avant-dernière journée de championnat, juste avant le dernier match à Charlety face au Paris Saint Germain, les féminines de Juvisy se sont présentées dans une composition « qui sera certainement proche de celle des titulaires » d’après Emmanuel Beauchet, le nouveau coach de Juvisy, en provenance des U19 masculin de Troyes.

Les ambitions en championnat interdisent le nul ou la défaite. 

Dans un championnat où on trouve l’Ol et le PSG pour seulement deux places européennes ; le nul ou la défaite condamne tout autre prétendants. A une semaine du début de la compétition (30 Août), les deux équipes sont dans une forme proche de la compétition et ce match à vocation, soit de confirmer ou d’infirmer le travail d’avant-saison réalisé qui, dans le football féminin, demande immédiatement un succès quand on prétend au groupe des Leadeurs. Chaque défaite étant la certitude de s’éloigner des premières places avec l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint Germain qui présentent un bilan soit sans défaite, soit avec deux défaites au maximum.

Un jeu tactique

Emmanuel Beauchet, venue du milieu masculin et Sarah M’Barek seule coach féminine de la D1 préparant le DEPF, nous ont montré que le football féminin change et que le jeu « champagne » s’éloigne des habitudes vers une proposition « plus assise et construite » que l’on retrouve sur le rectangle vert masculin.

La bataille est donc essentiellement au milieu de terrain avec des tentatives d’approches dans la surface adverse qui sont reprises par la défense adverse, sous les yeux de Philippe Bergerôo, sélectionneur de l’équipe de France, venu un peu avant l’annonce de sa sélection face au Brésil, 6ème mondial, le 19 Septembre au Havre.

Juvisy attaque à la limite du hors jeu. 

Le premier quart d’heure est en faveur de Juvisy, avec un jeu nouveau qui permet aux attaquantes de partir à la limite du hors jeu plutôt que de tenter des balles longues dans l’espace. Sur une quatrième tentative, c’est la jeune américaine Tatiana Coleman, au physique impressionnant, servie par Gaetane Thiney, qui perd son duel face à la gardienne bretonne Mainguy, cherchant le dribble latéral, anticipée par la portière (15′).

Guingamp subi, sans douter et essaie de tisser sa toile. 

Guingamp montre sa qualité de jeu en repartant toujours en phase de construction, bien que bousculé dans les cordes, patiente et entrainée à supporter sans pour autant, lâcher inutilement le ballon. C’est que l’équipe bretonne, avec sa fin de saison de l’an dernier a des certitudes et la jeune Aminata Diallo prend une dimension d’expérience, avec un poste de sentinelle qui permet à l’équipe, d’avoir un dialogue « du niveau de Juvisy », sans pour autant arriver à passer, en duel, la défense latérale et centrale de Juvisy.

Aminata Diallo, très utile pour Guingamp. Crédit Gianni Pablo. Lesfeminines.fr

Aminata Diallo, très utile pour Guingamp. Crédit Gianni Pablo. Lesfeminines.fr

La répétition paie et l’américaine Coleman prend l’information, après un premier échec, pour marquer. 

C’est donc la Juv’91, 3ème du dernier championnat mais avec 7 défaites au compteur, qui ouvrira la marque sur un mouvement identique réalisé dans ce début de partie. Une balle récupérée haute par Anaïg Butel, qui sert Gaetane Thiney, le départ de Tatiana Coleman avant d’être servie qui reçoit la balle à la limite du hors jeu pour cette fois, ne pas chercher le dribble, mais placer un gauche vainqueur qui finira au fond des filets. (1-0, Tatiana Coleman, 21′).

Le physique de tatiana Coleman. Crédit Gianni. Lesfeminines.fr

Le physique de tatiana Coleman. Crédit Gianni. Lesfeminines.fr

Le dernier quart d’heure s’anime sur des contres. 

La première mi-temps verra donc Juvisy aux avant-postes avec d’ailleurs un nombre important d’hors jeu signalé (6) quand Guingamp se signalera sur coups de pied arrêtés ou des contres (quatre contre trois) repris par Janice Cayman devant Salma Amani ou devant Oparanozie, qui sera bien prise par Aissatou Tounkara. De son côté, Juvisy se laisse aller à la même tactique et c’est Charlotte Bilbault, qui montrera tout son physique pour construire un contre qui aurait pu faire mal.

Un score qui n’avance pas, ni d’un côté, ni de l’autre. 

A la mi-temps, si Juvisy a dominé les débats avec « un physique qui peut être nous manquait l’an dernier » dira Julie Soyer, le score n’est que d’une unité et Guingamp a su courber l’échine sans rompre plus que cela aux nombres d’occasions subies. Les défenses ont montré qu’elles avaient pris ce match au sérieux.

La seconde mi-temps se dessinera selon le même principe avec des attaques placées du côté de Juvisy qui pourtant n’aboutiront pas, faute de concentration sur le dernier geste, et dont on pourra retenir la tête ratée de Leila Treika, but ouvert, surprise par le lob d’Emmeline Mainguy sur un centre de Julie Soyer comme l’occasion de Tatiana Coleman sur un service de Janice Cayman.

Guingamp finit mieux sans pour autant inquiéter Céline Deville. 

Dans la dernière demi-heure, c’est Guingamp qui montrera sa présence et construira des contres avec des mouvements de passes judicieusement réalisées sur les côtés qui, au vue du score qui n’avait pas évolué, aurait pu donner l’égalisation bretonne si la dernière passe n’avait pas buté sur une défense essonnienne qui a su reprendre les perforations adverses, ou sur un dernier choix qui aurait pu être meilleur.

beau match entre Oparanozie et Aissatou Tounkara. Crédit Gianni Pablo. lesfeminines.fr

beau match entre Oparanozie et Aissatou Tounkara. Crédit Gianni Pablo. lesfeminines.fr

Cette dernière demi-heure fait comprendre à chacun qu’1-0 est le pire score au football, laissant l’espoir de la victoire mais pouvant octroyer celui du désespoir. Soit pour l’équipe vaincue qui aurait pu égaliser ; soit pour l’équipe qui menait qui se voit se faire égaliser dans une division où, le match nul comme la défaite éloignent définitivement les équipes des deux places européennes.

Le pénalty à la 91′

C’est ce qui aurait pu arriver à la 91′ avec un pénalty en faveur des bretonnes, logiquement sifflé sur une main involontaire d’Amélie Coquet tiré par Lalia Dali-Storti qui finira, extérieur, ras de terre.

Bilan

Les deux équipes se quittent pleine d’enseignement. Guingamp se disant qu’elle a posé des problèmes à Juvisy en seconde mi-temps ce qu’elle n’avait pas réellement fait l’an dernier bien qu’elle soit sortie avec une victoire et peut envisager, pour la prochaine rencontre, de finir sur un résultat plus flatteur ; et Juvisy qui signe sa quatrième victoire en quatre matches, sur un contenu défensif correct qui lui permet d’asseoir des objectifs et avec l’ambition d’améliorer le score afin de ne pas avoir le risque de l’égalité.

Les nouvelles tactiques mises en place sont une solution d’évolution mais posent d’autres questions.

Le football féminin est-il un sport de compétition avant d’être un sport de spectacle ou est-il un sport de spectacle avant d’être un sport de compétition ? Car si le match fut certainement intéressant à jouer, il a été nettement moins intéressant à regarder.

Ce fut un match de défense, et des deux cotés, les mouvements offensifs devant mieux se terminer.

William Commegrain lesfeminines.fr

Réactions

Julie Soyer : on est en préparation, le championnat n’a pas encore commencé. on doit se concentrer sur nous et ensuite on se préparera pour les grandes confrontations. Dans le football, tout est possible. on sait qu’il y a une grosse saison qui nous attend et on essaiera de répondre présent. C’est toujours un peu frustrant de ne pas concrétiser quand on domine un peu. Mais c’était une grosse semaine. Cela tirait dans les jambes et nous savions qu’il fallait juste mentalement tenir bon et après il ne fallait pas trop se livrer pour ne pas se mettre en danger. Il faut rester patiente. Le collectif a des forces et des qualités et il faut joueur là-dessus.

Janice Cayman. Je pense que l’on a fait de belles semaines de préparation et du coup c’est un peu normal, qu’aujourd’hui, on avait les jambes lourdes. Après on a géré et on a eu la victoire, c’est important. Je pense qu’il y a toujours des choses à améliorer. Cela fait du bien d’avoir des victoires (quatre sur quatre) car les matches sont là pour travailler tous ensemble et créer des automatismes, cela ne peut que progresser.

Les deux : C’est vrai que l’on pris des forces physiquement et c’est normal que sur le terrain elles l’utilisent. Ce sont des profils que nous n’avions pas trop l’an dernier et cela nous permet de varier notre jeu. Les recrues sont tout à fait dans l’esprit du club et l’intégration s’est faite très vite et elles sont vite rentrées dans le projet de jeu et dans le projet de vie de Juvisy.