Albi Asptt, club mixte au budget total de 500.000 €, est la seule équipe féminine montante de l’an dernier à être resté en D1 féminine. C’est ce qui fait dire à son Président Bernard Espie que « la saison dernière a été une bonne saison », mais qui ne lui fait pas oublier que le couperet s’est posé juste après eux (9ème sur 12), pour compléter en disant « sans être exceptionnelle ».

Les Présidents de la D1 de groupe des « survivors » et de celui des « opposants » sont assez fatalistes quant au maintien en D1. Toujours « mi-figue, mi-raisin ».
C’est à chaque fois dans cette double dimension que notre entretien se jouera montrant d’un côté, « toute la difficulté d’être en D1 féminine et tout son intérêt », mais aussi de l’autre « la réalité d’un mini-championnat à 7 dans lequel 3 iront en D2, soit non pas 25% mais 50% » et pour lequel il est bien impossible de savoir à l’avance qui ira dans ce train descendant ; avec à l’esprit, l’image et la présence continuelle de « l’arrivée future des clubs professionnels masculins dans le football féminin les poussant vers une sortie, pour eux, plus ou moins proches ».

Ce qui fait qu’au lieu d’être enjoué sur le fait d’être en D1, on les trouve toujours sur cette réserve, avec une forme de fatalisme, se sachant plus ou moins condamnée à la redescente dans un temps qu’ils imaginent plus ou moins court. C’est une grande différence avec le groupe des « Leadeurs » (cinq clubs) qui lui table sur une présence continuelle sans interrogation. Comme s’ils en étaient les propriétaires de cette D1 féminine. Il y a certainement des excès des deux côtés, comme des vérités.

Le plaisir de la D1. 

J’ai donc amené la conversation sur cette idée « de plaisir de la D1 » en s’imaginant quelques années plus tard, à regarder son passage et à se dire : quelle émotion en ai-je retiré ? le Président Espié prend le temps de la réflexion et sa réponse fuse : « son meilleur souvenir, c’est le public au stade, d’avoir vu une file d’attente longue de cent mètres pour voir les têtes d’affiches, et s’être rendu compte que le club savait et pouvait organiser de belles rencontres ».

Le plaisir de la D1, c’est sa dimension. Recevoir des équipes renommées, et bien les recevoir pour avoir du monde au stade.
Le plaisir de la D1, c’est particulièrement « de pouvoir accueillir des équipes comme l’Olympique Lyonnais et le Paris Saint Germain qui sont des potentiels finalistes de la Women’s Champions League » et d’avoir autour de ces matches, une vie qui n’existerait pas avec autant d’intensité, permettant à tous les bénévoles de s’impliquer qu’ils soient issus de la section féminine comme masculine. Le plaisir de la D1, c’est la rencontre et de pouvoir entendre dire « que l’Olympique Lyonnais, ce sont des gens bien » quand on entend si souvent que ce sont des gens performants. Voilà ce qu’est le plaisir de la D1 pour Bernard Espié, après cette 1ère année dans l’élite. Sans oublier que le plaisir de la D1 se trouve aussi dans la formation en proposant à des jeunes joueuses comme Marion Romanelli, (19 ans), évoluant en D2, pour la voir après une saison pleine sous les couleurs albigeoises en D1F, rejoindre le club plus huppé de Montpellier Hsc. 

Cela aurait pu être la venue de Stéphanie Roche, seconde au classement du plus beau but FIFA de l’année 2014 « qui a permis d’éclairer la ville d’Albi avec des TV et radios de tous les pays du monde », permettant à la Ville Cathare de recevoir ce qu’elle avait donné au club, dans une ville qui n’a pas d’élite aussi haut placée que le football féminin, bien que le stade de Rugby, en Pro D2, reste l’élément porteur des alentours.

Alors Albi, dans le Tarn, avec son Président que me répond sous l’ombrelle d’un parasol, n’oublie pas que l’an dernier, lors de la présentation de la compétition à la fédération, s’il avait joué de son accent rocailleux, pour tel un faux Tartarin de Tarascon, dire « qu’ils étaient l’anomalie du championnat avec leur montée de D1 » compte bien cette saison renouveler le bail à défaut de la plaisanterie.

L’ambition du maintien et ses armes. 

L’objectif du maintien est la difficulté avec une montée cette saison « des clubs historiques » que sont la Roche sur Yon et la VGA Saint Maur et contre lequel Albi a construit sa formule gagnante « avec quatre, cinq contrats fédéraux » pour encadrer des jeunes qui viennent chercher à Albi du temps de jeu « et ensuite, match après match, essayer d’atteindre, au mieux, le graal de cette sixième place du Championnat  » une place qui a tout d’un titre officieux d’un second championnat de France A, prise depuis deux saisons par Soyaux-Charente, équipe historique revenue en D1 depuis sa remontée au plus haut niveau de l’élite.

Le plaisir de savoir-faire. L’expérience après l’apprentissage. Voilà une des forces ressenties par Albi pour le maintien.
C’est dans ce cadre qu’Albi travaille avec notamment ses deux recrues taïwanaises, qui ont été proposées, mises à l’essai et retenues, et pour lesquelles, le club « est en phase d’apprentissage, notamment avec tous les aspects légaux à maitriser pour tous travailleurs étrangers ».

Si l’étranger est une ressource qu’Albi n’a pas manqué d’utiliser ; le Président constate comme moi que les filles sont maintenant devenues des athlètes et qu’il est loin le temps des kilos superflus, celles-ci étant même beaucoup plus à l’écoute de leurs corps et c’est dans ce domaine médical de « la prévention, de la récupération et du soin » qu’Albi doit cette année progresser pour avoir les armes qui lui permettent de se maintenir.

Le maintien, un objectif raisonnable. 

En une année, le club qui a la double dimension fédérale (Ptt et FFF), m’a semblé avoir passé plus qu’un cap.

A l’image des phrases d’Épinal qui nous font dire ou écrire « qu’en un an, on en a vécu dix », Albi a mis en exergue son esprit d’artisan et a pris un grand plaisir à « savoir faire » durant cette année ; et cette expérience semble être la certitude la plus forte du club cathare pour se maintenir, se disant qu’il y a une phase d’apprentissage que les autres devront avoir et qu’eux, n’auront plus.

Prendre le plaisir de la D1 quand il passe.
Est-ce suffisant ? Il faut 7 victoires et 3 matches nuls pour être tranquille. Peu importe, seul l’avenir le dira. Les Présidents de ce mini-championnat ont tous déjà pensé à une descente potentielle. Les statistiques le montrent on ne reste pas si longtemps en D1 féminine ; l’arrivée possible des clubs de Ligue 1 et 2 les prédisposeraient encore plus à cela.

Fatalistes, ils travaillent pour se maintenir tout en ayant à l’esprit  …« de prendre le bonheur de la D1 quand il passe ».

William Commegrain lesfeminines.fr