La finale de la Coupe du Monde féminine a signé, pour ce 5 juillet 2015, un score de folie avec cinq buts en 29′. De l’incompréhensible avec un triplé de la capitaine des États-Unis Carli Lloyd (3′, 5′, 16′), puis le match a tourné vers l’univers du possible avec une main mise progressive des japonaises, la statistique FIFA montrant à la mi-temps 51% en faveur des Nadeshiko, qui venaient pourtant de prendre 4 buts en 16′ (Holiday, 14′).

Une finale qui touchera beaucoup de records, dont un qui tiendra certainement très longtemps, celui de l’émotion.
Un record historique pour les américaines s’établissait sous nos yeux ébahis à 1h15 du matin sous les cris des 53.000 spectateurs du stade de Vancouver, à 150 miles de l’univers américain quand le déshonneur japonais prenait une telle envergure que le blanc du drapeau de l’Empire du Soleil Levant semblait se couvrir du rouge de la Honte.

Nous étions en finale, devant certainement 50 millions de téléspectateurs et le record de la plus large défaite en finale d’une Coupe du Monde, homme et femme confondue, semblait partie pour se confondre avec le mot Japon.

Mais les japonaises sont courageuses, et à aucun moment, elles ne lâchèrent le match pour aller chercher l’honneur de se battre et sortir plus forte de ce qui a été une tornade américaine. Tout le monde se souviendra du score mais personne ne pensera à faire peser la moindre honte aux Nadeshiko.

Car si la mi-temps se siffla sur le score de 4-1 (réduction du score d’Ogimi), le match lui se termina sur un score unique de 5-2. Les américaines répondant au second but japonais (52′, csc de Jonhston), qui donnait l’espoir de l’incroyable aux japonaises (4-2) dans la minute suivante, avec l’ex-parisienne Tobin Heath qui reprenait une action sur corner ramené au centre par l’excellente Brian Morgan, pour replacer la barre vers l’impossible (54′, 5-2).

Pour que l’Histoire du football se marque il a fallu que les joueuses furent historiques. C’est exactement ce qui se passa. 

Avec une extraordinaire équipe américaine qui pesa dans les premières secondes du match sur les japonaises pour marquer un but sur corner jamais vu ! un corner tiré à ras de terre que Carly Lloyd viendra couper pour s’imposer et mettre un plat du pied puissant au fond des filets. Puis, dans la minute suivante, sur un second coup de pied arrêté, la balle courre de joueuse en joueuse pour que l’américaine, plus vive et pleine d’intentions marque un doublé ! (2-0).

C’est ensuite son alter ego du milieu de terrain, Holiday, qui rajoute un troisième but (14′) sans que la défense japonaise ne puisse faire quoi que ce soit. En dehors du temps et du match sous la tempête américaine. Au quatrième but, c’est à nouveau Carly Lloyd qui fait un incroyable triplé avec un quatrième but pour les américaines (16′) qui restera à jamais dans les mémoires avec un tir des 50 mètres qui surprend la gardienne japonaise.

C’est un tremblement de terre. 

Le courage japonais est là, et dans l’honneur elles reprendront la main sur le match. Commençant à tisser une toile de plus en plus précise pour lors d’un mouvement, bénéficier du sort du talent qui pourrait laisser des espoirs avec un superbe but d’Ogimi (27′), la joueuse de Wolfsburg, qui contrôle dos au but pour se jouer du marquage de Johnston et placer un gauche qui vaincra Hope Solo, élue meilleure gardienne du mondial. Le second but encaissé par la gardienne américaine dans ce tournoi (4-1). Le début d’un espoir.

L’espoir renait, vite repris par les États-unis

Quand Johnston marque contre son camp (52′, 4-2) tout est possible avec un peu moins de 40′ de jeu. C’est pourtant sur un dernier corner que les américaines marqueront, deux minutes plus tard, avec une balle haute que la gardienne n’arrive pas à repousser et qui tombe dans les pieds de Brian Morgan qui sert immédiatement Tobin Heath, excellemment placée, pour repousser l’espoir des Nadeshiko (54′, 5-2).

Il reste 36′ de jeu et l’impossible semble s’inscrire avec la puissance américaine mais les japonaises ne s’occupent pas des balles qu’elles perdent et se concentrent sur leurs actions offensives. Incroyables, elles arrivent à faire tenir au match une telle pression qu’on a l’impression que le moindre nouveau but marqué pourrait relancer le match !

C’est toute la force de la défense américaine de comprendre le risque et, jamais à aucun moment, elles ne lâcheront la partie en se croyant déjà avec le titre. Chaque action est défendue comme si le résultat était vierge ce qui permettra aux Stars and Stripes de courir de bonheur quand l’excellente arbitre siffla la fin du match.

Une foule de valeurs

Jill Ellis, pour sa première, redonnait aux USA la Coupe du Monde pour en faire le seul pays avec 3 étoiles. Tony Gustavsson, son adjoint et ex-coach de Tyresö qui avait perdu la finale de la Ligue des Champions sur un score dantesque (2014) pouvait enfin gagner la plus belle des étoiles. Christie Rampone, 40 ans, devenait la joueuse la plus agée et la plus capée (plus de 300 sélections, 5 Coupes du monde, 2 enfants) à jouer une finale et Abby Wambach, 36 ans, 14 buts était à deux doigts d’égaler le record de buts en coupe du Monde pour se mettre au niveau de Ronaldo et de Marta (15 buts).

Homare Sawa, 6 Coupe du monde, devenait unique à Vancouver. Tout aussi jeune dans ses intentions pour prendre le premier carton jaune de la partie.

Ce match a fleurté avec l’extraordinaire. Un baiser qui restera longtemps dans nos mémoires. Assez longtemps pour avoir envie de cette nouvelle rencontre en 2019, avec le football féminin mondial. En France, le pays que « le monde invente » pour les amoureux. Du football féminin.

 William Commegrain lesfeminines.fr

FINALE de la COUPE du MONDE : Vancouver 53.341 places. 25 degres. Arbitres Kateryna MONZUL (Ukr), Natalia RACHYNSKA (UKR), Yolanda PARGA (ESP). 

  • LLOYD 3′, 5′, 16′
  • HOLIDAY 14′
  • HEATH 54′
    OGIMI, 27′
    JOHNSTON, 52′ CSC
    Cartons : Sawa, Iwabuchi.

JAPON : Kaihori – Ariyoshi, Iwashimizu (33′,SAWA), Kumagai, Sameshima – Kawasumi (39′, SUGASAWA), Sakaguchi, Utsugi, Miyama (C) – Ohno (60′, IWABUCHI),Ogimi,  Coach : Noria SASAKI.

USA : Solo – Krieger, Sauerbrunn, Johnston,  Klingenberg –  Holiday,Brian, Lloyd (C)Rapinoe (61′, O’HARA), Heath (79′ Wambach) , Morgan (86′, Rampone).  Coach : Jill ELLIS.