Face à dix américaines qui ont joué continuellement vers l’avant, les allemandes ont plié sur la durée en espérant, par une défense d’expérience, obtenir l’instant sacré de la chance avec un pénalty à la 63′, raté par Célia Sasic (0-0) voire gagné psychologiquement par Hope Solo la gardienne américaine, pour craquer devant la puissance et la conviction des stars & stripes à l’image, six minutes plus tard du second pénalty du match, là américain, frappé comme un uppercut par la capitaine Carly Lloyd (1-0, 69′), pour voir la même joueuse déposer un ballon plein centre, à la sortie d’un dribble, qui sera coupé par la remplaçante O’Hara à la 75′. (2-0, 75′).

Ce deuxième but sera le but qui tue et l’espoir allemand, bien mince, ne pourra se reposer sur aucun détail pour entamer la moindre remontée.

La volonté américaine l’a très nettement emporté sur les possibilités physiques allemandes.
Les américaines réussissent leur pari de se retrouver en finale de la Coupe du Monde pour la seconde fois de suite, et sont bien parties pour atteindre le double objectif : le titre et récupérer la place de numéro 1 mondial, perdue en décembre 2014.

Si ce résumé est le bilan de cette rencontre qui s’annonçait indécise, pourtant l’Allemagne a essayé dans les premières minutes de jouer une partition dominatrice avec Simone Laudehr qui impacte le jeu et gagne un premier duel offensif (3′) qui sera suivi du premier corner allemand tiré par Léna Gossling pour une tête isolée et inattendue de la jeune Leupolz, hors cadre (5′), mais …

L’Allemagne avait la tête dans le sac.

Le reste de la partie sera bien différent et après avoir pris cette première mesure allemande, les américaines ont enclenché l’armada offensive qui a littéralement mis sous l’étreinte la Nationalmanschaft, incapable de proposer un jeu qui aurait pu mettre en danger la défense impériale américaine à part un plat du pied très lointain et excentrée d’Alexandra Popp, peut-être la meilleure allemande et un des seuls mouvements collectifs qui a abouti avec Simone laudehr au centre et Anjà Mittag à la réception, hors cadre.

L’Allemagne, hors cadre !

Le nombre de tirs des allemandes hors cadre sera incroyable, même le pénalty de Célia Sasic, qui avait marqué les deux précédents (Suède, France) sans compter son tir au but face à la France, n’accroche pas les 7m32 de la longueur. Ce faisant, elles ne mettent aucune pression sur les Etats-Unis et nous assistons tout simplement à un « mano à mano » américain avec un milieu de terrain de niveau mondial notamment par Morgan Brian qui empêchera tout le jeu collectif allemand, Ko à la 28′ avec Alexandra Popp en sang, repartie à la 30′ pour le reste de la partie.

L’Allemagne n’en peut plus. Elle envoie tout hors cadre.
Et quand l’Allemagne ne joue pas collectivement, elle devient bien plus faible, plus abordable. Les allemandes ont joué en baissant la tête devant les américaines par le simple fait qu’elles n’arrivaient pas à la relever, impactée psychologiquement et physiquement par les attaques incessantes américaines et le bruit sourd des 51.000 spectateurs qui, créait un brouhaha « USA » constant proche de celui d’une gare aux heures de grands départs.

Les américaines n’ont eu de cesse que de marquer. 

La volonté américaine a été à l’évidence d’aller chercher le maximum de buts et elles ne sont pas tombées dans le piège de la domination, ne commençant à souffler que lorsque O’Hara marqua le second but américain.

Nadine Angerer, capitaine courage, souffla fort quand la capitaine américaine se présenta au point de pénalty pour tenter d’ouvrir le score face à ses couleurs. Elle en savait l’importance. 6 minutes avant, Célia Sasic, meilleure buteuse du mondial (6 buts) venait de rater l’ouverture pour ses couleurs. Depuis la 60′, elle avait fait deux parades exceptionnelles pour garder ces cages inviolées, avec une superbe tête de Johnston sur un corner de Rapinoe (8′) puis face à un duel avec Alex Morgan (15′) qu’elle sort du bout du pied.

Nadine Angerer sait qu’en prenant ce pénalty, l’Allemagne va perdre. Mais quoi de plus logique que les Etats-unis gagne cette rencontre quand on est sportive ? Les stars and stripes ont surclassé les allemandes.
Oui, Nadine Angerer souffle car elle entend distinctement les 51.000 spectateurs qui crient « USA », « USA » et elle comprend mieux comment et pourquoi les chinoises en 1999, dans une enceinte de 91.000 spectateurs, record absolu, avaient dû faire une performance exceptionnelle pour arriver aux tirs au but qu’elles avaient malheureusement perdues faisant le bonheur américain d’un second titre mondial.

Elle souffle, car de ses cages elle a souvent vu se construire des actions américaines de qualité avec Alex Morgan en pointe, seule, pour tenir ce ballon et le pousser comme le maintenir dans la zone de vérité permettant à Megan Rapinoe de sortir des dribbles fougueux et endiablés qui trouvent à chaque fois le cadre (10′) ou de voir les latérales Klingenberg comme Krieger aller se porter très haut dans le jeu pour centrer ou tirer (25′) et quand la balle se promène dans sa surface pour ce qui est un « cafouillage », moment fort d’émotions où personne ne sait ce que le Dieu football va décider du ballon, c’est encore les Stars and Stripes qui gardent le ballon avec  Tobin Heath, pas si loin d’ouvrir le score (38′).

Que dire alors de l’occasion d’Alex Morgan, partie de côté sur une superbe balle longue qu’elle cajole d’un sombrero sur Annike Krahn pour finir par un lob du plat du pied qui sort extérieur (43′).

Quand de son côté, l’Allemagne n’arrive pas à passer cette défense (Mittag qui sert Sasic et Sauerbrunn récupère à la lecture comme à la vitesse, 25′) qui n’a pris qu’un seul but depuis le début du Tournoi, insérée pourtant dans un groupe qui avait glacé le sang de bon nombre de passionnées de football féminin : le groupe de la Mort.

Le pénalty américain est bien là. Carli Lloyd aux 200 sélections est à la frappe. Nadine ne cherche même pas à l’influencer. Elle n’est pas dans le registre d’Hope Solo qui a bousculée psychologiquement Célia Sasic. L’Allemagne n’avait aucun ballon et avait bénéficié d’un pénalty chanceux mais juste, obtenu par le détermination d’Alexandra Popp, convaincue d’aller chercher un contrôle que la jeune Johnston, allait rater, pourtant .. une cliente qui a pris dans ce tournoi la place de sa capitaine Christie Rampone (320 sélections au moins).

Si le but entre, les Etats-Unis ouvrent la marque et quoi de plus normal. L’Allemande le sait, elle est une sportive. L’américaine le sait. Elle est une sportive. C’est avec ces deux convictions que l’instant se noue. L’américaine envoie un plat du pied puissant qui n’exprime que la vérité de la rencontre : force et détermination. (1-0). Le Match est plié. L’instant a donné sa vérité.

Les américaines sont chez elles, et ce mondial leur appartient. 

Le second but sera à l’image de la fatigue allemande face à l’envie des « stars and stripes ». Carli LLoyd reçoit un plat du pied de 15 mètres, dans les 7 mètres de la surface sans aucune interception adverse. Le lieu sacré n’est plus protégé. Elle aura alors le temps d’avance de l’attaquante sur la défenseuse, et Annike Krahn ne peut suivre le geste qui permettra le centre pour voir la jeune O’hara mettre son premier but, libérateur de tout un pays. L’allemagne a 2-0 ne pourra jamais revenir.

Personne ne peut remettre en question la victoire américaine pourtant les amateurs de détails diront que cela s’est joué à rien et que la musique eut pu être différent si Johnston, sur sa faute, est sanctionnée d’un carton rougequand dans la foulée, Annike Krahn, exaspérée par Alex Morgan, ne soit pas sanctionnée d’un pénalty puisqu’elle se trouve à la limite de la surface.

La Franca a fatigué l’Allemagne et elle aurait certainement subi le même sort, mais il ne faut pas oublier que les américaines n’ont pas joué de championnat depuis Octobre 2014. Elles ont crée un « esprit commando » qui a montré sa force dans ce match.
On peut rajouter que la tempête américaine a dû être sévère sur le terrain pour que l’ex-parisienne, auteure en première mi-temps d’un bon match, soit amenée à craquer ainsi sur les coups de boutoirs américains et de mémoire. Je n’ai vu aucune construction allemande qui n’a proposé que de la destruction, en faisant un nombre incroyable de fautes. Visiblement, leur seule solution.

C’est le second match après celui français où les allemandes sont ballotées comme jamais. J’en déduis que la saison européenne a été très longue pour certaines (championnat qui s’est joué la dernière journée avec en plus la finale UEFA) et je n’oublie pas que les américaines ont arrêtées de jouer en club à partir d’Octobre 2014, pour être à la disposition de Jill Ellis, avec des périodes de stage successives. Le championnat américain n’ayant commencé qu’en avril 2015, pour un ou deux matchs faits par les internationales américaines.

Le « commando » américain a montré sa force : face aux européens qui s’étaient mises au niveau, l’amérique a sorti une arme nouvelle. La disponibilité totale aux Stars and Stripes. C’est peut-être une raison de la puissance que nous voyons. Elle monte crescendo.

Les Etats-Unis sont en finale du Mondial, en ayant fait un superbe match.

Fiche technique

États-Unis (2-0) Allemagne : Carli Lloyd (69′), O’Hara (75′). Stade de Montréal.  Arbitre : Teodora ALBON, Petruta IUGULESCU (ROU), Maria SUKENIKOVA (SVK).

cartons jaunes : Maier (30′), Krahn (68′) . SAUERBRUNN, Johnston

Équipe des Etats-Unis : Solo – Krieger, Johnston, Sauerbrunn, Klingenberg – Heath (75′ O’HARA), Holiday, Brian, Rapinoe (80′, Wambach)- Lloyd, Morgan (92′, leroux). Coach Jill Ellis.

Équipe de l’Allemagne : Angerer – Maier, Krahn, Bartusiak, Kemme – Goessling, Leupolz – Laudehr, Mittag (77′, Marozsan) , Popp – Sasic. Coach : Silvia Neid.