MONTRÉAL. En jouant ses matches au stade Olympique de Montréal, la France du football féminin est dans une sorte d’église pour le sport français. Rarement gagnante, la France a explosé de fierté et de joie avec la médaille d’Or de Guy Drut sur 110 mètres haies aux JO 1976 de Montréal obtenue dans ce stade. Gagner était rare. Gagner dans un sport Olympique d’autant plus. Gagner dans un sport où les américains étaient Roi, n’en parlons même pas. Et gagner en Amérique quand les voyages se comptaient sur le bout des doigts, cela a été pour la France, comme faire un voyage sur la Lune. Le sentiment d’être des Extra-terrestres.

Guy Drut, en gagnant la médialle d’or Olympique du 110 mètres haies apprend à la France sportive à gagner face aux États-unis, sur les terres américaines, dans une contrée francophone. Suivra le sport collectif avec le football des années 1976 – 1986.
D’ailleurs la photo reprise par « l’Equipe », bible sportive, pour fêter cet exploit était celle où on voyait Guy Drut, ligne passée, et pointant son doigt sur sa poitrine en interrogeant le Monde, lui-même, interpellée par cette éventualité devenue une vérité : « C’est Moi ?« . La question était juste, la France ne gagnait pas.

Cette victoire avait alors insufflé à l’ensemble du sport français, « amateur » et Olympique de cette époque, la première flamme de la Victoire comme l’avait fait en 1968, Colette Besson, aux JO de Mexico alors que nous n’étions jamais assis et invité au festin des médailles phares, celles de l’athlétisme Olympique.

C’est loin, même très loin et pourtant cette victoire a été très importante en faisant démarrer la croissance sportive française constituée auparavant de quelques médailles glanées ici ou là, pour être reprise par les sports collectifs avec le football de Saint-Etienne (1976-1980) et celui de l’équipe de France masculine (1982 – 1986). Une période dorée ou nous pensions pouvoir tout gagner et qui a fait relever la tête et donner envie à plus d’un sportif français.

Tout cela a été précurseur d’une génération de joueurs qui ont rêvé gamins, à des exploits vus et faits par les Grands. Pour en 1998, aboutir à une victoire collective, à la maison, en France réunissant la quasi-totalité du peuple français. Le sport est ainsi, il est Géant avec les victoires et les titres.

Le stade Olympique de Montréal est une église pour le sport français. La France y a appris à gagner dans ce superbe stade futuriste, aux nez et à la barbe du pays phare de la réussite individuelle, les États-Unis, dans la catégorie reine : l’athlétisme.

Les JO de Montréal sont à l’origine du changement du serment Olympique

L’histoire des Jeux fut rythmée, dès ses débuts, par l’exclusion retentissante de champions suspectés de professionnalisme. L’amateurisme, perpétuellement cité comme valeur olympique, était à la base du projet de Coubertin.
Plus rien n’a été comme avant, et pour la petite Histoire ou la Grande, Guy Drut a été à l’origine du changement des règles de l’Olympisme, réservés aux amateurs et où toute entrée d’argent étaient condamnées et condamnables, excluant définitivement les athlètes le déclarant, en reconnaissant qu’ils étaient payé pour se produire. Être exclu du monde Olympique, c’était disparaître et sportivement mourir.

Au lendemain de sa victoire, Guy Drut avait déclaré dans les colonnes de « Paris-Match » que les athlètes recevaient de l’argent pour aller dans les meetings, il avait été exclu avec pertes et fracas. Il arrête sa pratique sportive. L’olympisme est dans une période charnière et sort du monde du sport avec en 1980, le boycott des américains aux JO de Moscou, donnant à la moitié des médailles, la moitié de leur valeur. Un titre Olympique en 1980, dans certains sports, ne peut pas être regardé autrement.

S’adapter est la règle. En 1981, le CIO modifie cette règle qui a été tout de même à l’origine de la création du Mondial de football en 1936 à Montevideo par la fédération de football qui avait décidé de créer sa propre manifestation, ne pouvant produire d’athlètes non payés, à l’image de la même décision prise par la fédération de Basket.

En 1984 (Los Angeles), le Serment Olympique est transformé et la référence à l’amateurisme disparaît. Un groupe de sponsors pourra même en jouer en se valorisant en 1992 aux Jeux d’Albertville avec le slogan suivant :«L’olympisme est interdit aux amateurs» !

Quand vous êtes à Montréal, dans le stade Olympique, sportif. Vous êtes dans une église. Très symbolique.

William Commegrain lesfeminines.fr