L’anecdote veut que la France se retrouve une nouvelle fois « en finale » face à la Corée du Sud qu’elle avait battue pour l’obtention de la Coupe du Monde 2019 en mars dernier. En cette période qui sent les départs en vacances et leur effervescence, la France de l’hexagone qui est restée à quai va regarder dans les yeux l’équipe de France de football féminin partie au Canada, jouer ce qui pourrait ressembler à une belle Histoire commençant par un 1/8ème face à la Corée du Sud.

La large victoire face au Mexique (5-0) pour le troisième match de poule ne demande qu’à être validée par un succès et, la place actuelle de la France au classement FIFA, montre qu’elle a de bonnes chances, sur le papier de remporter ce match.

Sur le papier, la France est nettement favorite. 

Classement FIFA France-lesfeminines.fr

Classement FIFA France-lesfeminines.fr

classement-coreedusud

Evolution du classement FIFA de la Corée du Sud.

Quelles sont les forces coréennes ? 

L’état d’esprit fait d’abnégation et de courage est la marque de fabrique de la Corée du Sud qui ont commencé leur dernier match face à l’Espagne en étant éliminée pour revenir au score et ensuite prendre l’avantage sur un but de la latérale KIM SOOYUN qui va se nicher dans l’impossible lucarne opposée, alors qu’initialement prévu pour être une balle centrée. Cet état d’esprit avait été démontré juste avant l’ouverture du mondial avec un match nul (0-0) face aux USA qui avait inquiété les supporters américains. 

Abnégation coréenne face au brésil. Crédit FIFA. Lesfeminines.fr

Abnégation coréenne face au brésil. Crédit FIFA. Lesfeminines.fr

 

Ne pas négliger la chance. Actuellement, le ballon tourne en faveur de la Corée.
La Corée du Sud a aussi la chance avec elle. Le football souffle dans son sens. Le second fait de jeu sera le coup franc à la 93′ de l’Espagne qui aurait donné l’égalisation et la seconde place au Costa Rica, faisant par là-même chuter la Corée du Sud et qui va percuter de plein fouet la transversale, sous le regard de toutes les Taeguk Ladies, interdites devant le sort divin donné à cette balle qui ressortira sous le tonnerre de la foule, prise dans le stade comme à l’extérieur, par le sort du Dieu Football. 

Je revois encore la joueuse à terre qui avait donné ce dernier coup franc, face au but, plein centre. Idéal et si proche d’un pénalty. Là, d’un but en Or. Elle s’était littéralement jetée, ne sachant plus si c’était du football ou tout autre sport. N’ayant qu’à l’esprit la combativité et dans les yeux, un minuteur qui déclinait les secondes, toute attentive à entendre, dans ce fracas de vacarme du stade, les trois coups salvatrices de l’arbitre Anna-Marie KEIGHLEY (NZL).

Éliminée le troisième jour en étant quatrième, revenir pour terminer second, et passer alors que le nombre de points du troisième le condamnait au regard des autres groupes. Et ce coup franc incroyablement placé qui finit dans un bruit sourd sur la transversale. La Corée du Sud a de la chance. Pour qui a joué au football, ces mots ont une signification et il compense pas mal de différences. C’est une force.

Des sélectionnées qui jouent dans le même tempo, ce qui leur a permis de faire 0-0 face aux USA juste avant le mondial.
La sélection coréenne joue, comme la France, le même football. Il ne comporte que deux expatriées à Chelsea (ligue fermée) avec Ji Soyoun (24 ans, numéro 10, 1 but sur pénalty, 77 sélections, 39 buts) et à Rossiyanka en Russie (championnat de six équipes seulement) avec Park EUNSUN (28 ans, numéro 9, 1m82, 32 sélections, 18 buts) qui n’a pas encore marqué mais qui a été la meilleure buteuse de la compétition qualificative pour le mondial en Asie , ce qui fait que les Taeguk Ladies jouent toutes le même football. C’est une grande force qui permet d’avoir un jeu collectif de très bonne qualité associant solidarité défensive et transition offensive. Les américaines l’ont compris en imposant à leurs internationales de jouer en Ligue américaine (WNSL)  ; les australiennes ont d’ailleurs suivi.

Ainsi, sur les quatre buts marqués, aucun ne vient de la même joueuse, dans la même position et avec le même mouvement. Le but n’est que l’expression d’une action collective où on retrouve un club phare Hyundai Steel Red Angels avec 8 sélectionnées.

La Corée est une des équipes à avoir fait le plus de matches amicaux de préparation en 2015. Douze ! Quand la France en a fait huit.
Enfin, le sélectionneur Yoon Dukyeo avec les Guerriers Taeguk, a disputé la Coupe du Monde de la FIFA, Italie 1990. Il a une culture tactique qui vient du jeu masculin, comme Philippe Bergerôo. En décembre 2012, il est nommé sélectionneur de l’équipe nationale féminine de République de Corée, après avoir qualifié la sélection masculine U-17 de son pays pour la Coupe du Monde U-17 de la FIFA 2003 en Finlande.

Yoon Dukyeo, le sélectionneur coréen. Crédit FIFA. Lesfeminines.fr

Yoon Dukyeo, le sélectionneur coréen. Crédit FIFA. Lesfeminines.fr

La Corée du Sud a les faiblesses de son classement.

Les coréennes n’arrivent pas à faire le match parfait. Elles font toujours des erreurs dans la partie.
La Corée du Sud a aussi des faiblesses prégnantes exprimées lors du premier match face au Brésil perdu 2-0. Face à une équipe du Top Ten, elle commet toujours des erreurs qui, face au niveau de ce type d’adversaire, deviennent des buts. On se rappelle de la passe en retrait mal ajustée et inutile qui donnera le premier but brésilien de Formica, la consacrant buteuse la plus âgée de la compétition. Du pénalty qui suivra de Marta.

Cette faiblesse explique souvent les scores fleuves des championnats féminins de football. L’envie des plus faibles est là, mais l’erreur est payée cash dans le score.

Les coréennes ont le défaut de « l’excès de qualité ». Elles font toutes la même chose au même moment, pris par l’enjeu et l’abnégation comme lors du but espagnol qui devait les condamner définitivement et où les féminines asiatiques ne sont pas moins de huit joueuses dans la surface pour seulement deux espagnoles ! Et pourtant, Véronica Boquete marquera sans opposition sur une passe en retrait inattendue, en diagonale quand toutes attendent le centre aérien.

But Véronica Boquete, laissée seule aux 16m50 pour ouvrir le score face à la Corée.

But Véronica Boquete, laissée seule aux 16m50 pour ouvrir le score face à la Corée.

C’est certainement la raison qui l’a faite terminer quatrième de la Coupe d’Asie des Nations en perdant face à l’Australie (2-1) et face à la République populaire de Chine, toutes les deux d’ailleurs qualifiées dans ces 1/8è de finale.

Enfin, elles sont défensivement fragiles sur les balles hautes, notamment les corners où le physique et l’impact ne sont pas compensées par leur qualité de lecture du jeu. Chaque coup de pied arrêté est une torture pour elles.

Cet ensemble réussira-t-il à être supérieur à celui de la France. Intrinsèquement non. A l’instant « T », tout reste possible. Ce ne sera pas une partie facile. L’anecdote veut que la France se retrouve une nouvelle fois « en finale » face à la Corée du Sud qu’elle avait battu pour l’obtention de la Coupe du Monde 2019 en mars dernier. Est-ce que cela jouera ?

la liste de la corée : corée-du-sud

William Commegrain lesfeminines.fr

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matches amicaux de la Corée du Sud en 2015. lesfeminines.fr

matches amicaux de la Corée du Sud en 2015. lesfeminines.fr

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Corée du Sud. Lesfeminines.fr

Corée du Sud. Equipe type. Lesfeminines.fr

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