Groupe B – 1ere journée. Allemagne – Côte d’Ivoire : le match des paradoxes.

Quand la plus petite joueuse du Tournoi rencontre la plus grande équipe.

Que dire des 1m40 de l’attaquante des Omness de Dabou (CIV) avec 19 sélections et 3 buts quand en face elle va rencontrer la parisienne Annike Krahn, aux 115 sélections, capitaine de la Nationalmannschaft. Que dire de la Côte d’Ivoire, 67ème au classement FIFA, équipe la plus éloignée des 24 engagées dans la compétition quand elle rencontre, pour son premier match de Coupe du Monde, la numéro 1 mondial : l’Allemagne. Aussi forte que l’équipe des Hommes, sacrée au Brésil 2014, par une cinquième couronne mondiale.

Que dire des conditions des joueuses de Côte d’Ivoire, qui trouvent un terrain fait de sable et devinent des buts tracés dans des endroits impossibles quand en Europe, il est interdit à tous d’utiliser une pelouse chatoyante qui n’héberge que les oiseaux qui se prélasse, laissant à chaque joueuse européenne, le cadre obligatoire d’une assurance et d’un club pour pratiquer.

Que dire de ces différences qui frisent l’incohérence quand elles se rencontrent pour un match de coupe du monde. Le premier match pour la Côte d’Ivoire, 3ème de la CAF et bénéficiaire de l’ouverture du Mondial à 24 nations quand ce sera le quarantième peut-être pour l’Allemagne, qui serait même qualifiée si on devait réduire la compétition à six ou neuf équipes, avec la récurrence de ces titres de Championnes d’Europe (huit de suite).

Ne rien dire, sauf le respect pour la Côte d’Ivoire.

Le respect, c’est d’abord accepter de ne rien attendre de ce match et notamment d’un hypothétique exploit des Éléphantes face à l’impossible qui les attendent dans ce stade canadien du Lansdowne d’Ottawa. Le respect quand on voit que la joueuse ayant le plus grand nombre de sélections se compte à hauteur du chiffre 33, quand l’Allemagne de la gardienne Nadine Angerer culmine à 138 sélections.

Le respect de se souvenir que l’Allemagne a fait 6 matches en 2015 avec 1 seule défaite contre des équipes du Top Ten (sauf la Chine et la Suisse), quand la Côte d’Ivoire n’en a fait qu’un, avec une défaite à domicile face au vice champion d’Afrique, le Cameroun (53ème mondial).

Il est impossible aux équipes africaines d’évoluer aussi vite que les autres continents faute de moyens et de rencontres de haut niveau. Les déplacements sont trop onéreux et l’attrait du football féminin n’en est qu’à ses prémices financiers alors que les personnes qui le prenne en charge sont tous des passionnées.

L’addition risque d’être lourde.

L’addition risque d’être lourde. Il ne pourrait en être différemment. Et il n’est pas rare, dans les championnats européens, entre des équipes de la division d’élite de voir des score à deux chiffres pour le vainqueur quand l’équipe perdante n’a pas pu en mettre un. Aujourd’hui le record est détenu par l’Allemagne avec un 11-0 face à l’Argentine.

Si une telle défaite devait intervenir, il ne faudra jamais oublier que si c’est le même sport, ce ne sont pas les mêmes conditions et inévitablement les mêmes performances à attendre.

Le football allemand de Silvia Neid compte 1 million de licenciés pour une population de 95 millions d’habitants, le premier pays exportateur au Monde, leadeur de l’UE quand la Côte d’Ivoire de la coach Clémentine Touré n’a que 20 millions d’habitants et peut-être 1000 licenciés.

Alors RESPECT aux éléphantes de Côte d’Ivoire. 

Match retransmis sur W9 et Eurosport à 22h.

William Commegrain. lesfeminines.fr