Griedge MBock (20 ans, Championne du Monde des U20, U17 ; championne d’Europe U19) part vers l’Olympique Lyonnais, pour un montant confidentiel que France Football rend public, de 100.000 € au minimum, pour la libérer d’un contrat fédéral avec l’EA Guingamp auprès de qui elle devait encore 1 an.

Le National, le plus haut niveau masculin des contrats fédéraux, n’utilisent pas tant que cela le rachat de contrat.

A comparer, dans la troisième division masculine, qui est le plus haut niveau à utiliser les contrats fédéraux, l’essentiel du budget qui tourne aux alentours des 2 à 5 millions d’euros, est dévolu aux salaires des joueurs (20 en général) et du staff. Il reste peu de place pour DES rachats de contrats, et seulement l’opportunité éventuelle D’UN seul rachat de contrat.

Alors, pour les clubs féminins qui ont un budget avoisinant 200.000 à 600.000 € pour le milieu de tableau, recevoir 100.000 €, c’est assez énorme !

Je ne dirais rien sur le prix de la transaction. C’est confidentiel. je suis comme vous, j’entends, mais je ne confirmerais ni n’infirmerais.

La règle du marché et du contrat. Vouloir avant les autres a un prix : Griedge M’Bock 100.000 €

Il faut un club qui a les moyens.

JM Aulas, avait annoncé en début de semaine un budget exceptionnel de 150 millions d’euros pour l’Olympique Lyonnais (saison 2015-2016), en comparaison des 100 millions d’euros de la saison dernière, financé par une augmentation de capital de 53 millions d’euros et des recettes dues aux droits TV de 40 millions, tout en envisageant les futurs revenus du Stade (janvier 2016).

Pourquoi payer ce qui aurait été gratuit la saison prochaine ?

Puisque Lyon voulait Griedge, je ne laissais pas partir la joueuse sans un chèque. De notre côté, ce n’est pas un fonds de commerce, on continue sur notre formation.
  • Pour ne pas avoir le risque que la joueuse prenne une autre destination (PSG ou autre) l’année prochaine.
  • Car les joueuses de qualité sont rares, ce qui donne un prix au contrat qu’elles ont signé.
  • Rater une joueuse, c’est enfin se retirer une carte pour aussi et surtout, en donner une à son adversaire.

Pourquoi le PSG n’a pas surenchéri

  • Le PSG semble déjà avoir investi en achetant le contrat d’Anja Mittag à Rosengard, à qui il restait une année de contrat.
  • la seconde place du championnat, européenne, peut laisser penser à une marge de manœuvre du PSG face aux concurrents que sont le Fcf Juvisy-Essonne, EA Guingamp et Montpellier Hsc. L’investissement et l’inflation pouvait justifier d’un retrait.

La STRATÉGIE DES CLUBS

Que vaut un rachat de contrat dans le football féminin ? 

Dans le football féminin, « Acheter aujourd’hui, c’est ne pas vendre Demain ». Acheter un contrat, c’est avoir les moyens de le payer, c’est avoir les moyens de payer le salaire qui va avec, c’est avoir la possibilité de le revendre et de trouver un acheteur en face.

Les clubs ayant les moyens d’acheter, de payer un salaire lourd, puis de trouver un vendeur qui rachète le contrat .. Aujourd’hui, ils ne sont que deux, le PSG et l’Olympique Lyonnais, à le faire. Trois, avec Montpellier.

Ce sont potentiellement les acteurs du marché.  Et Marlène Bouédec le confirmera dans notre conversation informelle : « Guingamp n’achètera pas de contrats ». Cela montre, pour l’instant, les limites du marché. En attendant, Guingamp a touché, de son côté, le loto ! 100.000 €, c’est une somme avec en plus un impact d’image non négligeable.

Aujourd’hui, on reçoit plein d’appels pour des joueuses. On a le privilège de pouvoir refuser des profils car on juge que cela ne convient pas à notre plan de jeu comme de vie
Les Présidents des autres clubs ont donc une stratégie risquée. Faire signer des contrats dans l’espoir d’une telle opportunité, mais en ayant les moyens d’honorer les couts qui vont avec, pour le faire auprès d’une joueuse assez rare pour que son contrat ait un prix et assez forte pour qu’un acheteur rachète sont contrat et reprenne à sa charges les salaires quand les joueuses libres sont nombreuses dans le football féminin.

C’est un pari financier difficile pour une association qui n’est pas soutenu par un club professionnel. Réservé aux clubs riches. Guingamp a maintenant les moyens de payer des contrats fédéraux, à charge pour eux, de trouver les joueuses qui feront avancer la performance bretonne dans le double projet. Sinon, il s’agira d’argent dépensé, non régénérateur d’un capital qui se reconstruise.

Un marché qui est un mano à mano OL-PSG/PSG-OL

On a le sentiment extérieur d’assister à une rencontre entre les deux clubs phares du football hexagonal. L’OL qui est le challenger masculin et leadeur féminin ; le PSG qui est le leadeur masculin et challenger féminin. L’OL qui veut reprendre le flambeau européen dans le football féminin ; le PSG qui se doit de gagner un trophée dans le football féminin quand les hommes font un triplé historique et que le hand reprend le titre national.

Il y a un vrai combat. Aujourd’hui, on a appris qu’il a un prix. Pour le contrat d’une joueuse : 100.000 euros. Certainement, qu’il y a d’autres coups de joués sans qu’on le sache et qu’il y en aura d’autres.

La partie se joue maintenant. Médiatiquement aussi en faisant sortir cette information. Avant de se continuer, plus tard, sur le terrain vert.

William Commegrain lesfeminines.fr