Crédit Photo Gianni Pablo | William Commegrain | J18 | D1 Elite. Pour un match de championnat qui semble être un des premiers parisiens à sentir le parfum de la people reconnaissance avec  Lilian Thuram, Pierre Ménès en tribune, pas très loin de Jean-Michel Aulas, Nasser Al-Khelaïfi, Jean-Claude Blanc, Noël Le Graët et Thiago Silva ;

L’Olympique Lyonnais montre sa force devant le beau monde du football français pour une 9ème couronne consécutive. Plus qu’un exploit. Une vérité.
l’Olympique lyonnais version féminine a, comme aux meilleurs temps de Mohammed Ali, laissé tourner les féminines du PSG, pendant une vingtaine de minutes avec le ballon (possession parisienne supérieure à 60%) pour prendre la domination à son compte et en deux uppercuts bien préparés (30′, 35′), un pour chaque mi-temps (57′, 59′), signer avec la force des championnes, une nouvelle victoire à Charlety, et laisser aux parisiennes ‘l’identité 2015 de challenger’ pour reprendre, certainement prochainement, la ceinture de future championne de France, pour la neuvième fois consécutive. Un exploit ? Plus fort, une vérité.

Un Paris ambitieux, mais sans occasion, dans les 20 premières minutes, face à l’Ol qui attend son heure, en faisant le travail défensif. 

Dans un Charlety rarement aussi plein (plus de 5000 spectateurs), les cris des enfants en vacances scolaires ont vibré à chaque duel remporté par les parisiennes qui n’attendaient que de voir le bleu et le rouge entrer dans la surface lyonnaise.

A part deux occasions, Paris n’a jamais pu inquiéter l’Olympique Lyonnais. Visiblement, le contenu des matches de Ligue des Champions avait été intégré. L’OL acceptait la présence parisienne et se contentait de la gérer.
Paris, défensivement jouait avec une consigne claire. Sortir ce ballon de sa surface, le plus rapidement et le plus loin possible. A la 5′, Laura Georges en était à son troisième dégagement express. De son côté, les attaquantes parisiennes étaient toutes au contact de la première relance lyonnaise, empêchant la construction du jeu lyonnais.

Le schéma et les intentions étaient ambitieuses et je notais, qu’a la 7′ minute, Lyon en était à sa 8ème passe en retrait pour Sarah Bouhaddi. Gérard Prêcheur, que j’interrogeais en zone mixte, disait : ‘cela fait 8 semaines que nous préparons ce match, et nous avons anticipé tous les scénarios. Celui que Paris a utilisé en début de match était prévu. Les filles ont réagi en conséquence.’ Sonia Bompastor, son adjointe me confirmait : ‘Cela fait partie d’une possibilité pour sortir d’un marquage trop présent. On l’a utilisé, même si une fois, on aurait pu être sanctionné (glissade sans conséquence de Sarah Bouhaddi)’.

Dans ce temps fort parisien, la sensation est forte de voir la possibilité pour le PSG d’ouvrir la marque et je mesurais la difficulté pour Lyon de se créer des opportunités de buts. En effet, seule Lotta Schelin montrait une différence individuelle dans l’espace qui laissa deux fois à la rue Josephine Henning, de manière consécutive (10′, 12′).

Cette possibilité parisienne de but fut illustrée par deux occasions. La première sur une récupération au milieu de Kheira Hamraoui qui servit Kosovare Asllani, plaçant à la limite de la surface, un gauche puissant sans contrôle alors qu’elle a tendance à jouer différemment et montrant là une motivation à surprendre, mais qui finit extérieur au cadre ; le second fut un tir des 25 mètres de Fatmire Alushi (double buteuse parisienne face à l’Ol) qui fila sous la transversale, sorti d’une claquette maitrisée par Sarah Bouhaddi en corner (14′).

A part cela, Paris n’a jamais pu inquiéter l’Olympique Lyonnais. Visiblement, le contenu des matches de Ligue des Champions (1-1 à Charlety et 0-1 à Gerland) avait été intégré. L’OL acceptait la présence parisienne et se contentait de la gérer. Laura Georges n’en dira pas moins : ‘On a su les mettre en difficulté, après on ne tient pas le résultat. Lyon sur ses quelques actions a marqué. C’est ce qui fait la différence au haut niveau.

L’Olympique Lyonnais montre les premières dents. 

Sonia Bompastor eut les propos de la vérité : ‘quand on a les trois meilleures attaquantes de France (Eugénie Le Sommer (24 buts), Lotta Schelin (26), Ada Hegerberg (22)), on sait que l’on va avoir des solutions offensives’. De son côté, Camille Abily s’était déjà illustrée par un coup franc tiré volontairement avec un rebond pour voir si la gardienne parisienne allait le relâcher (9′), sous la pression de Lotta Schelin.

‘quand on a les trois meilleures attaquantes de France (Eugénie Le Sommer (24 buts), Lotta Schelin (26), Ada Hegerberg (22)), on sait que l’on va avoir des solutions offensives’
De plus, les côtés lyonnais commençaient à se manifester et Amel Majri (28′, la térale à gauche) se positionnait seconde attaquante lyonnaise sur un contre, quand Laura Dickenmann (à droite) en était, elle,  à son second centre (18′, 22′). De manière incroyable, Eugénie Le Sommer, laissait une balle rebondir devant les buts, croyant qu’elle allait filer au fond des filets, sur une tête de Lotta Schelin (26′). Et, L’Olympique lyonnais obtient son premier corner à la 22′ sur un tacle puissant de Laura Georges face à la suédoise, entrée en pleine puissance dans la surface parisienne. Lotta Schelin, au four et au moulin, jouant devant le public parisien ce soir, le très haut niveau international dans une compétition, nous dira ‘comment ne pas être motivé quand tu joues le PSG et que tu sais que la victoire te donnera le titre de Championne de France’.

Déjà, l’évidence s’impose. Les dents lyonnaises sont précises et acérés. Comme une réalité. Paris n’est jamais entré de manière significative dans cette surface lyonnaise dans son temps fort ; de son côté, Lyon, en est à sa quatrième présence. Prêtes à mettre le feu. Les championnes lyonnaises montent en régime.

(30′, 35′) Deux uppercuts. Deux buts en 5 minutes. 

Je ne sais pas ce que l’on peut ressentir quand on est venu avec une telle ambition parisienne et qu’en deux coups, Lyon prend plus que le large. C’est plus qu’un coup de massue. C’est la dure réalité. Qui est là. Au tableau d’affichage. (0-0 à la 29′). (0-2 à la 36′). Tout est plié. A la mode lyonnaise.

Un premier but de Camille Abily qui sera la clé de cette rencontre, montrant l’efficacité et l’efficience lyonnaise. Transformant une balle qui roule hors de la surface … en but. (30′, 0-1)
C’est Camille Abily qui dira sur son but ‘je me suis concentrée car je sais que je ne suis pas la plus rapide, appliquée et j’ai visé le petit filet’ (30′ 0-1). C’est Gérard prêcheur qui dira ‘je suis content car les buts viennent des situations d’entraînement avec Hederberg qui remet sur Eugénie le Sommer’.

Sur le premier but encaissé, visiblement les filles sont abattues mais elles y croient encore. C’est pour le second que la messe sera dite. Lyon appuie encore et sur un centre d’Hederberg, ‘qui fera un match énorme’ commentera Sonia Bompastor’ : la balle est déposée sur la tête de Lotta Schelin qui anticipe et place un tête croisée, second poteau. (35′, 0-2). Là, la messe est dite.

Farid Benstiti dira ‘j’ai senti mon équipe très fébrile.’ Les parisiennes semblent KO debout. En étant sur le terrain, sur ce match sans d’autres raisons que de le jouer. Mais sans raison motivante de le faire, le rêve étant totalement passé. Cela devient un match de plus, quand cela aurait pu être un match pour la vie. Le coach parisien : ‘on parle de rêve et c’est devenu un cauchemar’. Chacune joue, mais le collectif s’est détérioré. Il a disparu. Les balles sont reprises du coté lyonnais et l’emprise de jeu est totalement pour les rhodaniennes. Définitivement.

La seconde mi-temps ne laisse aucun espoir. Lyon, en deux minutes, dévore définitivement les espoirs parisiens. (57′, 59′).

Quand Camille Abily est prise dans une série de petits dribbles, aux portes de la surface ; rien ne laisse présager que la balle ira au fond. Les coups franc cadré ne sont pas le fort des féminines.

En deux minutes (57′, 59′), deux superbes buts d’Elise Bussaglia et de Laura Dickenmann (
Sauf, que Lyon a très bien préparé son match et Elise Bussaglia tire un superbe coup franc, plat du pied, à la Ronaldo, qui finit non pas comme une feuille morte, mais pleine puissance dans les filets parisiens (57′, 0-3).

Deux minutes plus tard, le coup de grâce arrivera avec la montée de Dickenman, latérale qui se trouve servie, plein champ et dans la surface par Lotta Schelin, astucieusement servie sur la ligne de touche parisienne, amenant avec elle une partie de la défense et laissant la suissesse en duel avec une seule défenseuse pour finir par un 0-4 d’une balle lobée, totalement maitrisée.

(0-4). Quatre buts en 30 minutes. Nous sommes à la 60′. Il reste encore 30 minutes. Cela sent la correction. Le score ne bougera plus.

Lyon aura eu sa revanche et garde la main sur le championnat pour finir par un 9ème sacre ; le PSG aura tenté sa chance mais sans possibilité sur ce match, de faire croire en sa chance.

Quel bilan tirer de tout cela ? 

En premier lieu, l’échec parisien est dû à la force lyonnaise. Les féminines de Lyon ont montré qu’elles jouent au niveau des joueurs de Ligue 2 masculin. Un centre, courant en football féminin, pour les lyonnaises est plus qu’une domination : c’est une occasion de but. Et donc, il doit se transformer en but. Elles ont passé un cap que même très peu d’équipes nationales féminines ont. On peut alors parler d’efficacité, mais plus encore d’efficience tant sur le plan offensif que défensif.

D’un autre côté, on peut dire que l’échec parisien est dû à Paris. Jamais on n’a senti la moindre possibilité offensive du côté parisien. Une domination, mais pas de joueuses capables de faire douter la défense lyonnaise, autrement qu’en tournant la balle à proximité de la surface lyonnaise, par passes dans un espace. Il a manqué à Paris, une joueuse d’espace pour tenir le ballon devant, comme l’a été Lotta Schelin au début du temps fort parisien. Dès le temps fort de l’OL, Fatmire Alushi, privée de ballons, ne peut plus faire la différence. Défensivement, le PSG a pris des buts sur des détails, qui au très haut niveau de Lyon, sont des vraies occasions. Elles n’ont pas pu s’y opposer.

On pourra aussi argumenter que l’échec parisien (6 millions 700 de budget face au 3 millions 5 de Lyon), est du au simple  fait que le problème du Titre de Championnat de France est clair comme simple : il y a Lyon. Donc la première place est prise.

Enfin, on pourra aussi dire qu’il n’y a pas eu d’échec parisien. En effet, perdre 0-4 contre Lyon est somme toute normal. La sensation d’échec vient tout simplement que Paris a placé la barre bien trop haut depuis quelques matches (en oubliant le contenu de certains matches où la balle tournait en leur faveur). Que les matchs avancés de championnat du Mercredi (3) et du Vendredi (les prochains matchs de championnat .. sont en Mai pour le PSG) ont trompé les joueuses et l’environnement et se sont retournés contre eux, créant des espoirs excessifs. Que rien ne vaut la vérité d’un classement et d’une compétition comme lors du match aller puis de la Ligue des Champions d’octobre et novembre 2014 qui avait fait jouer les parisiennes trois fois de suite.

Car, au final, perdre contre Lyon. Quoi de plus normal ?

Enfin, on pourra aussi argumenter qu’il est absolument surprenant pour Paris de perdre de cette manière face à Lyon, à domicile et alors que le PSG a le 1er budget de France et qu’il a fait une moins bonne prestation que certains clubs néo professionnels. Il y a des choses à améliorer.

Maintenant, il s’agit pour le PSG de trouver son amortisseur. Après deux nuls, une élimination en Coupe de France, une défaite sèche face à OL. Le bilan récent est négatif. La manière dont les féminines parisiennes aborderont leurs prochaines échéances (Coupe d’Europe face à Glasgow) sera fondamental pour le reste de la saison.

C’est le challenge pour cette fin de saison du PSG.

William Commegrain lesfeminines.fr

Prochains matchs de championnat du PSG : 

Dimanche 3 mai / 21e journée : Paris Saint-Germain-Rodez
Samedi 9 mai / 22e et dernière journée : Arras-Paris Saint-Germain

Prochain match pour l’OL

Dimanche 22 mars / 19e journée : Lyon-Saint-Etienne
Dimanche 29 mars / 20e journée : Rodez-Lyon
Dimanche 3 mai / 21e journée : Lyon-Arras
Samedi 9 mai / 22e et dernière journée : Guingamp-Lyon

Il faudrait 3 défaites de Lyon dans ces quatre matches pour que le PSG, à la condition de vaincre dans ses deux rencontres, puissent devenir champion.

PARIS SAINT-GERMAIN – LYON : 0-4 (0-2)
D1 – 18e journée
Stade Charléty spectateurs : + de 5000.
Buts : Abily (30e), Schelin (35e), Bussaglia (57e) et Dickenmann (59e).
PARIS SAINT-GERMAIN : Kiedrzynek (Benameur, 69e) – Delannoy (c) (Krahn, 46e), Henning (Delie, 46e), Georges, Boulleau – Dali, Hamraoui, Seger – Houara-d’Hommeaux, Alushi – Asllani. Entraîneur : Farid Benstiti.
LYON : Bouhaddi – Dickenmann, Kumagai, Renard (c), Majri (Perisset, 82e) – Henry (Petit, 73e), Bussaglia, Abily – Hegerberg, Le Sommer (Thomis, 55e) – Schelin. Entraîneur : Gérard Prêcheur.