Soyaux a les pieds sur terre, en attendant d’avoir la tête à rêver au ciel.
Soyaux réussit un parcours excellent depuis sa remontée en D1 avec deux cinquième place sur les deux saisons concernés et des matchs en Coupe de France qui sont synonymes de maitrise face à des clubs qui sont professionnels : l’Olympique Lyonnais en demi-finale (0-3) pour la saison dernière et le Paris Saint Germain cette saison (0-0).
Pourtant, Soyaux est certainement le seul club féminin à avoir dû changer de coach à chaque saison, sans pour autant perdre de la performance.
2011-2012 : Une montée en D1 avec Corinne Diacre comme coach
Corinne Diacre est d’abord l’internationale la plus capée de sa génération, capitaine de l’équipe de France, avant d’être, dans un second parcours de vie, l’entraineure du club de Clermont en Ligue 2 française. De plus, c’est certainement la joueuse qui est restée le plus longtemps dans le même club, et à ce titre, est devenue la coach qui a fait remonter Soyaux en D1 Elite.
Lorsqu’elle décide de partir, ce n’est pas n’importe qui part. Tout aurait pu changer .. sauf que ce club est solide.
Une saison 2013-2014 réussie avec Jean-Claude Barrault
Pour avoir assisté à la victoire de Soyaux à Juvisy (1-2), je retiens deux choses : d’abord le « coup de tonnerre » que cela a généré sur la coach du moment, Sandrine Mathivet, qui mesurait que la bagarre pour le titre ne pouvait que s’envoler face à l’Olympique Lyonnais qui ne perd aucun match ; et d’un autre côté, l’expression de bonheur du nouveau coach Jean-Claude Barrault, qui était plus dans le bonheu que dans le plaisir de cette victoire. Un échelon au-dessus.
Pourtant, Jean-Claude Barrault décide de ne pas poursuivre l’aventure dans le club angoumoisin la saison prochaine. Second problème pour Soyaux.
Les contraintes du monde amateur montrent bien les limites des possibilités de concurrence avec celles des clubs professionnels. L’ancien entraîneur de Montmorillon et Ligugé met en avant les incessants allers-retours entre Poitiers, où il réside, et Angoulême pour justifier de sa position ce qui l’aurait amené à choisir de ne pas poursuivre l’aventure. « Le club souhaitait que je reste, on a bien cherché des solutions palliatives, mais ce n’était pas crédible », a-t-il indiqué à La Charente Libre. Une situation « usante » et « pas adaptée aux besoins du poste », juge-t-il après avoir pris « une décision vraiment difficile à prendre. »
Le coach était visiblement dans le rouge. Pourtant, l’année suivante, tout fonctionne. Ce club est solide.
2014-2015 : Chat échaudé, après un 3ème coach à choisir, réfléchit et Soyaux prend une décision en interne.
Denis Bodi, le Président de Soyaux Charente, confirme le choix de Jean Parédès, actuel directeur sportif du club, pour succèder à Jean-Claude Barrault à l’issue de la saison.
Dans la difficulté, en étant le seul club à avoir changé, à chaque saison de coach depuis deux saisons ; … alors que la plupart des coachs, en football féminin restent longtemps en fonction car la gestion des performances féminines demande d’être connu des joueuses et identifié comme source de performances et de vérités ; Soyaux prend une décision calme et laisse le temps faire son office.
Face à cette situation, Soyaux continue son chemin.
Les matchs face au PSG
Malgré des statistiques délicates avec deux matches le Mercredi et un 0-16 sur les deux matchs en faveur du PSG, Soyaux joue autrement ce match face au PSG. Les pieds sur terre. Pour avoir le droit de rêver. Inutile de chercher les spectateurs, ils furent peu nombreux avec de telles statistiques, même un samedi, même le jour des 24 heures du sport féminin.
Peu importe, Soyaux est solide. Les pieds sur terre.
Avec au final, une remarque qui doit s’imposer : dans le monde amateur, jouer le Mercredi n’est pas la même chose que de jouer le Samedi ou le Dimanche.
Au final de cette saison, Soyaux Charente, dès la 17ème journée est garanti de son maintien en D1 et peut construire son projet pour la saison prochaine 2015-2016 en ayant conservé la quasi-totalité de ses joueuses la saison dernière et mis en exergue quelques bonnes joueuses, convoquées en Équipe de France B et A.
Est-ce le fait d’être dans une région vouée au monde de l’art avec la ville d’Angoulême et son célèbre festival mondial de bandes dessinées mais chaque coach a cette touche d’originalité propre au monde artistique, tout en ayant les pieds sur terre. Comme une signature.
Soyaux a les pieds sur terre, en attendant d’avoir la tête à rêver au ciel.
William Commegrain. lesfeminines.fr