Avec un peu de réflexion, vous vous posez la question de l’intérêt d’un mercato quand il reste sept journées de championnat à jouer et qu’il faut au moins deux matches pour qu’une joueuse soit efficace pour sa nouvelle équipe. A moins d’avoir une Balottelli au féminin, capable de ne pas jouer pendant 30 jours pour entrer et « planter le seul but » de l’OM avec 20 minutes de jeu pour le faire … !

On recrute pour se maintenir

Maintenant on peut comprendre un club comme Soyaux, avec un banc très court et souvent incomplet, d’être aller chercher une joueuse supplémentaire pour assurer un maintien qui se discutera au détail. Et là, Anissa Lahmari, bientôt 22 ans, sous contrat au PSG et à l’évidence un bon choix. D’autant qu’elle retrouvera l’ex parisienne Hawa Cissoko, même âge, et passée par l’Olympique de Marseille. Une fille pleine de vie qui peut vous garantir l’intégration rapide de sa nouvelle coéquipière.

Ce que l’on comprend moins, c’est le quatrième mouvement de la milieu de terrain, championne de France U19 avec le PSG. A cet âge, cela fait beaucoup. Une première fois, prêtée à Reading en Angleterre, puis revenue pour une année au Paris FC avec une saison plutôt correcte (21 matches) en 2018.

Dans le groupe du PSG en début de saison, elle a réussi à se battre face à l’arrivée de la jeune U20 au jeu « cousin », Zaminata Annahita. Moins facile, à la signature de Wang Shuang (meilleure joueuse d’Asie 2018) et maintenant avec l’annonce de la canadienne Huitema (déjà 15 sélections) l’horizon de ce jeune talent s’est bien assombri.

D’où Soyaux. Dont c’est peut-être son devenir, et pourquoi pas sa chance. S’atteler à la réussite d’un double projet quand la concurrence internationale est trop forte pour les jeunes françaises afin de réussir une carrière professionnelle réellement payée et pérenne.

Les places sont chères. Emelyne Laurent (OL) est partie en prêt pour Guingamp. Pas assez de temps de jeu à l’OL. Un talent à évaluer. Avant elle, Claire Lavogez (24 ans) maintenant épanouie à Bordeaux avait initié le chemin avec ses 6 mois à Fleury. Kenza Dali (27 ans) a joué de la même dynamique. 6 mois à Lille puis un début de saison en fanfare à Dijon et maintenant son nom en « grand » dans les 23 de Corinne Diacre.

Pas avec le même résultat mais la conscience tranquille. Elles jouent.

Il faut dire que L’Olympique Lyonnais, le Paris Saint Germain et Montpellier recrutent « très internationales étrangères ». Exploits européens obligent.

Le PSG pourrait peut-être finir Champion. Crime de lèse-majesté ? 

Cela dépendra du maintien du nombre de points avec l’Olympique Lyonnais. Deux points de retard, c’est faisable mais cela ne laisse aucune opportunité d’en perdre d’autres.

Ensuite, l’arrivée de Nadia Nadim (85 sélections, 29 buts), attaquante danoise de 30 ans, au profil humain atypique, un coup future médecin, une autre fois ancienne réfugiée afghane, et pour l’instant joueuse internationale aux 7 langues parlées. Bientôt huit avec le français. Mais le gros lot, c’est Huitema. 1m80 sous la toise, attaquante. Un jeu assez proche de celui de Marie-Antoinette Katoto, actuellement meilleure buteuse du championnat (17 buts). A qui on facilite pas la vie à 20 ans. Les places vont être chères devant, au PSG et en conséquence, en Equipe de France (2 sélections, 1 but).

Si Paris fait du recrutement lyonnais, c’est que dans le Rhône, on est allé chercher de la taille et du poids. Sole Jaimes, une argentine d’1m75, baroudeuse et championne chinoise 2018, prête à suppléer Ada Hegerberg et à se mettre au niveau du double enjeu lyonnais : faire un nouveau titre consécutif en France (13) et en Europe (4).

Enfin il faut reconnaître que l’OL a tapé moins fort que d’habitude dans ce mercato. Il faut dire que l’an dernier, avec Alex Morgan, les lyonnais s’était mis à l’anglais et les fans américains avaient découvert ce bout de France. Métropole en économie. Capitale de la France en football féminin.

C’est pourtant Montpellier qui a tiré le premier dans ce mercato. Exit la danoise Veje Katrine, finaliste de l’Euro 2017. 6 matches seulement au compteur pour une canadienne de 21 ans, défenseur et universitaire, Easther Mayi Kith. Et la confirmation de la filière Suédoise Marija Banušić (23 ans). Ce qui fera que si la Suède devient Championne du Monde le 7 Juillet, Jean-Louis Saez pourra se dire qu’il n’en est pas si étranger avec quatre internationales suédoises dans ses rangs.

L’Université américaine, grande pourvoyeuse de ce mercato. 

Normalement cela vient de l’étranger à cette période de l’année. Plusieurs raisons dont la première, c’est que la France a une aura nouvelle avec ses internationales étrangères nombreuses qui font le lit de la D1F. Un coup de fil et les appréciations positives ne sont plus à être défendues. Il n’y a pas un pays qui n’a pas eu ou aura sa représentante en France.

La seconde, c’est que la France paie mieux que les autres pays. Même pour les petits clubs. Ailleurs, à part le « Top table », c’est pommes de terre tous les soirs. Enfin, c’est que les clubs voient arriver des joueuses sans palmarès, moins chères que les françaises et bien contentes de trouver un potentiel temps de jeu dans l’élite quand elles étaient condamnées aux rendez-vous d’entraînement, et à savoir chanter les louanges de leurs coéquipières, assises dans les tribunes. A se dire, un jour j’y serais !

Cela va un temps. Surtout si le temps passe vite et que vous restez trop longtemps dans ces fameuses tribunes.

Fleury (6e, 20 points) a pris son américaine, Maddie Bauer. Cela en fait trois avec les soeurs Corboz. Lille, mal placé et tombé relégable (-2), en a pris deux. Sarah Teegarden (23 ans) et Hannah Diaz (22 ans). Cela fait trois américaines avec Danielle Tolmais.

Dans ce jeu de chaise musicale. Certains sont restés silencieux. Le Paris FC (5e, 21 points), Bordeaux (3e, 24 points) et Rodez, dernier avec 8 points.

Dijon (15 points) a tapé fort pour éviter la chaleur de la relégation en prenant Elise Bussaglia, reine de l’adaptation avec Juvisy, MOntpellier, PSG et l’OL au compteur. Sans oublier Wolfsburg et le FC Barcelone. Excellente avec l’Equipe de France contre les USA. A parfaire avec Dijon pour sa première défaite en championnat.

Et le FC Metz, enfin sortie de la relégation (+2), a sorti joué l’esprit d’équipe en prenant une joueuse technique, Morgane Belkhiter (23 ans) à l’Olympique de Marseille, pourtant encore en course pour la première place qualificative à la D1F.

Au final, on s’aperçoit qu’il est très difficile pour les jeunes pousses françaises de se faire une place. La France paie trop bien, médiatise trop bien, elle attire les meilleurs talents étrangers.

William Commegrain lesfeminines.fr