Inattendu et surprenant. Et pourtant réel. La France a balayé une équipe américaine qui n’est que trop rarement arrivée à entrer dans la surface française sur un score de (3-1) que la logique de la règle du football aurait dû clore sur un (4-1) inédit et irréel. But de Wendie Renard, refusé à tort  la 76′ suite à la parade de Naeher face à une superbe reprise de volée d’Elise Bussaglia, pleine de jeunesse pour sa 183e sélection.

(4-1) à la maison face aux américaines. Cela ne s’est jamais vu. (3-1) c’est le second meilleur résultat après le (0-3) de 2017 à la SheBelievesCup et il fait basculer les statistiques à domicile en faveur des Bleues (3V pour 2 défaites).  Avec même un bilan qualitatif fait de 3V, 2N et seulement 4 défaites sur les neuf dernières rencontres face aux américaines depuis 2014.

Rares sont les pays qui peuvent s’honorer d’un tel constat.

Certes, les forces historiques américaines se trouvaient sur le banc de Jill Ellis, comme le font habituellement maintenant les coaches étrangers qui viennent en France subir les foudres des Bleues de Corinne Diacre. Tobin Heath, Megan Rapinoe, Carli Lloyd, toutes des trentenaires qui ont un mental de jeunes de 20 ans. Toujours à l’affût d’une victoire. Et qui là, n’ont pu que constater une défaite.

Les Bleues avec un équilibre rarement atteint entre défense et efficacité offensive

La relève américaine a pris l’eau devant l’incroyable équilibre qu’ont réussi les Bleues, entre une défense acharnée des dix joueuses, toujours à se repositionner devant le ballon quand il était dans les pieds adverses et une efficacité rarement vue devant les buts américains qui s’est terminée par deux superbes buts (9′ et 57′) de la parisienne Kadidiatou Diani (24 ans, 43 sélections, 6 buts) suivie d’un autre, non moins parfait, de sa coéquipière Marie-Antoinette Katoto (20 ans, 78′), entrée en cours de jeu, actuellement meilleure buteuse du championnat avec 17 buts. Le premier pour sa seconde sélection.

Trois buts parisiens pour les trois buts des Bleues. Une autre rareté à relever.

Les points forts français.

Il sera vraiment difficile de passer Wendie Renard dans cette coupe du monde si elle se met à lire le jeu avec une telle qualité d’anticipation. Seuls des mouvements rapides, directs peuvent mettre en difficulté la capitaine lyonnaise, qui pour le coup, peut sans problème revendiquer le titre de meilleure défenseuse au Monde. Au-dessus sur cette rencontre.

Est-ce volontaire ou non, mais ce qui se trouvait être habituel, avec les débordements et dédoublements du côté gauche des Bleues d’une Amel Majri, se sont retrouvés à droite avec une Marion Torrent, d’habitude bien sage offensivement, et là, au four et au moulin, avec cette signature de l’abnégation qui lui sied bien. Son entente avec Delphine Cascarino a été incroyable de complémentarité.

La jeune lyonnaise a d’ailleurs, certainement pris le début d’un ticket, prenant de vitesse et de détermination une défenseuse américaine Fox, trop certaine de sa relance, notamment quand elle a subi l’impact de la lyonnaise, passeuse décisive et grande instigatrice de la victoire française.

Kadidiatou Diani a joué de sa puissance et vélocité, ce qui associé à une confiance dans la qualité de sa prestation à venir, lui a permis de s’imposer dans les appuis ou dans les contres, jusqu’à finir des actions, avec la ferme intention de marquer. Au bout, deux buts, elle qui n’en avait marqué que quatre depuis son entrée chez les Bleues (2014). Une belle performance individuelle pour cette joueuse qui pourrait, à la manière d’un Dominique Rocheteau des années 75-85, quitter l’aile pour s’imposer au centre.

Où était le milieu américain ? Nul ne le sait mais le déchet technique des Stars and Stripes a été impressionnant dans cette rencontre. La première des raisons ne pouvait que revenir au placement du trio Elise Bussaglia, Gaetane Thiney et Amandine Henry, plus de 50 matches joués ensemble au minimum. Cela a son importance dans un match comme celui là.

Les américaines, poussées au ridicule par les françaises.

Les Bleues ont littéralement ba-lay-é les américaines sur cette rencontre. Sarah Bouhaddi n’ayant eu qu’un tir de loin de l’ex-parisienne Lindsey Horan à gérer et deux ou trois sorties à faire, plus dans la lecture du jeu que dans le duel pur. On parle de l’équipe 1er Mondial qui n’avait pas perdu depuis ses 28 dernières rencontres internationales. Un seul tir américain cadré, on peut très bien ne pas le croire, sauf que cela relève de la réalité factuelle.

De ce onze de titulaire on retiendra la qualité de Cristen Press, la vivacité de la jeune Pugh, buteuse (92′) et l’apport vers l’avant de Carly Lloyd après son entrée en jeu (71′). Mais surtout, c’est la faiblesse défensive américaine qui a semblé criante, tant individuellement avec Fox sortie très tôt (53′) que dans la gestion des appels français dans l’espace.

Des boulevards s’ouvraient pour les françaises suite à une très mauvaise couverture américaine, jamais dans l’interception.

La France gagne un mental.

Les Bleues, sans grand changement, et avec des titulaires aussi sur le banc, solidaires, athlétiquement au même niveau que ses adversaires américaines et avec la volonté de les gagner, ont nettoyé le stade Océane pour se faire plus qu’un moral : la constitution d’un mental.

« Quand tu gagnes les numéros 1 mondial comme cela. Tu laisses les questions aux autres et toi, tu repars avec ce qu’il faut de confiance. »

Au bilan de janvier 2019, la France est devant, aux autres de travailler pour s’améliorer. A défaut, la France à la maison, sera favori et peut-être, « titrable » au Mondial de Juin 2019.

Prochain match face à l’Allemagne, numéro 2 mondial, le 28 février à Laval.

William Commegrain lesfeminines.fr

Match international amical (préparatoire à la Coupe du monde féminine de la FIFA, France 2019)
Le samedi 19 janvier 2019, au Havre (stade Océane) :

FRANCE-ÉTATS-UNIS : 3-1 (1-0)

Arbitre : Pernilla Larsson (Suède).
Buts : Diani (9e, 57e), Katoto (78e) pour la France ; Pugh (90e + 1) pour les États-Unis.

France : Bouhaddi – Torrent, Tounkara, Renard, Majri – Henry (cap.), Bussaglia – D. Cascarino puis Katoto (60e), Thiney, Le Sommer – Diani puis Asseyi (83e). Entraîneure : Corinne Diacre.
États-Unis : Naeher – Sonnett puis Lloyd (71e), Dahlkemper, Sauerbrunn, Fox puis Davidson (53e) – Dunn, Brian, Horan puis Mewis (84e) – Pugh, Morgan (cap.) puis McDonald (84e), Press. Entraîneure : Jill Ellis.