A partir du moment que tu es payé. A partir du moment où tu as des spectateurs qui viennent pour te voir sans te connaître. Alors, le sport est un spectacle. Plus ou moins connu, mais il est là pour plaire aux spectateurs. Ce samedi après-midi, si beaucoup de choses peuvent être dites sur le résultat, les deux équipes le regrettant, il y a eu du spectacle, de l’inconnu et de l’émotion.

J’ai en mémoire le tir décalé de Marie-Charlotte Léger. Au moment où elle arme, le silence est total dans ce petit stade champêtre. Lorsqu’elle le sort extérieur, tous les supporters de Fleury s’exclament ! Elle n’était pas seule à le faire ce tir … Il y avait du monde avec elle.

Pourquoi cette envie de suivre une action ? Tout simplement, les vingt deux actrices ont joué pour gagner ce match en produisant du jeu, de l’envie qui a donné à chaque spectateur la sensation qu’il suffisait d’un rien pour que l’une l’emporte sur l’autre.

A Onze contre dix, Fleury n’était pas loin de le faire mais à chaque fois, elles trouvaient un pied, une tête, un tacle. Quelque chose qui bloquait, et à chaque fois, il fallait recommencer.

A dix contre onze, le Paris Fc a eu les opportunités de contres qui auraient pu faire mal et terminer au fond des filets. Pressées, compressées, mais jamais loin de pouvoir l’emporter.

Enfin, on a vu des joueuses s’exclamer sur le terrain. S’emporter sur une mauvaise passe d’une coéquipière. Même à trente secondes de la fin, l’envie était là. Des deux côtés. Enfin, on a vu du spectacle. Rien que cela, c’est pas mal. C’est même pas mal du tout. Cela ne peut que donner envie d’y revenir, d’en parler à d’autres. Pour 5 €, si cela se refait. Rien à dire, va voir, tu ne perdras pas ton après-midi.

Fleury Fc 91 – Paris FC. 1ere mi-temps. le Paris FC est à dix depuis la 18′ mais Fleury se perd entre présences offensives et marquages défensifs. A ce petit jeu du « tu veux ou tu veux pas », le Paris FC sent qu’il y a une opportunité de placer une banderille. C’est exactement ce qui se fera, aux approches de la fin du premier acte. Avec un appui de Clara Mateo qui va vers l’avant, oublie une première fois Mathilde Bourdieu pour la servir juste après, laissée libre au marquage par Charlotte Fernandes, à la recherche d’un hors jeu non sifflé.

Le face à face de la jeune attaquante parisienne avec Guignoux s’annonce en coin dans la surface. Pas facile pour elle, pour seulement sa troisième titularisation. Pourtant, elle joue superbement le coup en glissant un ballon à Linda Sallström, qui si elle n’est pas une perforeuse de ligne à la « Ada Hegerberg », possède un mental d’enfer à être présente sur tous les ballons. Offensifs comme défensifs. Im-pres-sion-nante physiquement et mentalement. Elle serait bien plus efficace en huit.

Elle ne ratera pas l’occasion d’ouvrir le score à l’extérieur (41′, 0-1) pour marquer son second but de la saison. Et permettre au Paris Fc de rentrer aux vestiaires avec du coeur à l’ouvrage quand Fleury doit chercher une solution pour obtenir plus d’occasions en ayant une joueuse de plus sur le terrain.

A onze contre dix, Fleury domine sans trancher

Les vestiaires et les quinze minutes de repos permettront aux rouges de Fleury de se souvenir de l’opportunité de Marie Charlotte Léger dans la surface, à rechercher son pied droit. Trop longtemps, pour ne pas éviter le retour en trombe de Julie Soyer, placée en défense centrale au début de la rencontre afin de suppléer à la blessure d’Annaïg Butel.

Il y aura surtout la superbe balle d’Ali Nadjim, glissée à Alex Lamontagne, partie comme une fusée, obligeant Camille Catala, à commettre l’irréparable en la  stoppant à l’épaule. La note d’un retour aux affaires trop récent, manquant de confiance et de temps de jeu pour essayer de la reprendre, elle qui possède une vitesse intéressante.

Le match basculera à ce moment mais Fleury n’en profitera pas. Pourtant les deux soeurs Corboz, ensemble au milieu sont à l’ouvrage. Seulement, le jeu de Fleury manque d’un peu d’expérience pour lever la tête et prendre la bonne décision en pleine action. C’est certainement ce qui a fait qu’elles n’ont pu scorer en étant à onze. Jean-Claude Daix le confessait en zone mixte : « il aurait fallu plus utiliser des temps de maitrise pour mieux les déplacer et profiter inévitablement de trous que la fatigue parisienne nous auraient donné ».

A dix contre onze, et en menant (0-1), le PFC a le moral en hausse.

C’est ce dont le Paris Fc doit se dire en se souvenant de sa domination pendant les quinze premières minutes. Avec l’expérience des Julie Soyer, Gaetane Thiney, Charlotte Bilbault et Ines Jaurena, elles sentent qu’un coup est possible, même à dix. Gaetane Thiney précisant en zone mixte « nous étions mieux et plus fortes qu’elles. On l’a bien vu dans le premier quart d’heure ». Avec à la fin du premier acte un compteur « Corner » de trois unités à dix, quand Fleury n’en aura qu’un à onze.

La seconde mi-temps sera bien plus débridée.

Les joueuses de Fleury sont sur le « tarmac » depuis cinq bonne minutes, pleines d’envies avant que les maillots blancs du Paris FC ne sortent, … pour une réathlétisation tranquille ! L’expérience est là, et chaque seconde et minutes comptent pour récupérer. Une mi-temps qui aura duré vingt minutes sans souci.

Jean Claude Daix a pris les choses en mains et les messages sont clairs. Collez les joueuses. Soyez près d’elle et battez-vous sur chaque ballon afin d’éviter leurs relances. De l’ordre à l’application, il n’y a qu’un pas que les joueuses de Fleury appliquent à grands pas. Plus près, pas possible.

Inévitablement, cela énerve les joueuses du Paris FC. Trop de pertes de balles. Immédiatement elles haussent leur niveau mental pour se mettre au diapason de l’engagement. A partir de ce moment, cela sera chacun pour soi et le football pour tous.

Un beau mouvement à droite du Paris FC, initié entre Julie Soyer et Ines Jaurena donne de l’engouement aux blanches. Fleury reprend du service même avec une Maeva Clemaron laissée aux vestiaires sur une coupure qui demandera plusieurs points de suture.

Les joueuses se sont données

Charlotte Bilbault, mise en défense centrale après la sortie de Camille Catala, dans un match comme celui-là, laissera son coeur à chaque tacle mais chantera de bonheur d’avoir joué une telle rencontre sous la douche. De l’autre côté, Teninsoun Sissoko, excellente quand elle est mise sous pression et Marie Haupais, très forte dans la relance joueront de la même musique. Impossibles à passer et c’est même l’ex-capitaine de Rodez qui débloquera la situation par deux passes longues dans le dos de la défense du Paris FC. La première à la 53′ reprise quand la seconde sera la passe décisive pour Marie-Charlotte Léger (1-1, 54′).

L’ex-Montpelliéraine marquant là son premier but de la saison.

Paris Fc ne s’en laisse pas compter et Clara Mateo donne un super ballon à Linda Sallström, qui … si elle a toutes qualités d’une joueuse impliquée, n’est pas une attaquante qui va aller chercher le duel avec son adversaire ou la gardienne (58′).

Puisque le Paris Fc montre sa présence, cela ne plaît pas à Fleury et Ali Nadjim Nadjima (65′) envoie un superbe missile dans les bras heureux de Camille Pecharman, remplaçante au dernier moment de Karima Benameur, « blessée lors de l’entraînement » d’après ses coaches.

Comme toujours dans ces moments là, quand l’un frappe, l’autre réplique. Linda Sallstrom plonge dans la surface, à bout de souffle (69′) et sitôt la balle récupérée, c’est Marie Charlotte Léger qui envoie un missile (69′) que tout le stade a tiré avec elle.

Il faudra bien pourtant que le match trouve un vainqueur. C’est ce qu’il semblait avoir été fait à la 74′ sur une faute inutile de Charlotte Bilbault, qui avait acculée Alex Lamontagne sur la ligne de but mais qu’elle accrochera aux épaules. L’arbitre, bien placé, tend la main vers le rond symbolique du pénalty.

Un pénalty raté ou un pénalty arrêté.

Marie Charlotte Léger prend le tir. Plat du pied côté droit. Pas assez dissimulé. Et voilà Camille Pécherman, pour sa première titularisation qui le repousse sans souci. Avec force et envie !

Là, la partie prend une autre tournure. Il est impossible de perdre pour les deux équipes et elles veulent toutes les deux gagner. A chaque fois, Fleury sera à deux doigts de réaliser l’exploit mais un pied empêchera la dernière passe. Et dans le même moment, toutes les joueuses du Paris Fc, sous la baguette de Gaetane Thiney, se propulseront pour trouver le centre, la passe qui fera la différence. Trop fatiguée pour la réaliser, mais avec Madame la chance tout reste possible.

Le match se terminera sur ce constat. Les deux équipes auraient pu gagner mais le football a été juste. Les deux équipes ne méritaient pas de perdre. Le match nul a été un juste résultat.

Chacune devant avoir encore plus confiance dans ce qu’elles peuvent produire et avec des pistes précises pour s’améliorer.

William Commegrain lesfeminines.fr

Jean-Claude Daix (coach de Fleury) note que Fleury a fait un bon début de saison et sortir avec un match nul face au Paris FC qui a montré des qualités, c’est plutôt une bonne performance, même à dix contre onze.

Du côté du Paris FC, avec les deux coaches de la section masculine venue au secours du banc féminin, le constat est plutôt de regretter l’expulsion de Camille Catala comme son geste, pensant qu’ils avaient les moyens d’être supérieurs à leurs adversaires ce samedi après-midi. Des regards masculins portés sur les faits de jeu comme le plongeon mal négocié de Linda Sallström qui peut eux, doit être une occasion de pénalty.

Du coté des joueuses, je noterais que Gaetane Thiney a confessé, au bout de quelques questions, que l’équipe avait montré bien plus d’envies que d’habitude.