« On va augmenter l’exposition, vous aurez plus de Monde, ce qui vous donnera des sponsors ».

Il y a comme un goût de Palme d’Or à Cannes en ce 24 septembre, au siège de Canal +, l’église médiatique du football. Un jeune stagiaire vous attend 1 Place du Spectacle, dans ce triangle d’Or des médias qui fait côtoyer Canal + et le Groupe Eurosport en voisin. France Télévisions est à quelque pas et la Tour de TF1 à l’horizon. On vous accompagne et là, vient immédiatement le bruit des salles qui font que vous sentez « qu’il faut être là ».

Un bruit présent mais qui reste discret. Des discussions de gens qui se connaissent. Le moment d’échange professionnel à travers les sourires et tenues d’usage. Le Monde du football féminin est là. Content d’y être, concentré à y rester et dans la hâte d’y revenir.

Pour un football féminin qui jouait devant 100 militaires dans les années 2000, le saut est immense, nous fait rappeler Aline Riena, consultante sur le groupe Canal avec Sandrine Roux. Pour un football féminin qui s’est battu pour avoir les mêmes conditions que les garçons, c’est surtout une belle émancipation évoque la globe-trotter du ballon rond, aux multiples facettes, passée de joueuse internationale à chanteuse, puis commentatrice pour devenir peut-être réalisatrice mais surtout aventurière, Candice Prévost. Quant à Jessica Houara d’Hommeaux, c’est de la reconnaissance auprès de toutes les joueuses qu’elle revendiquera cet éclairage de Canal Plus sur la D1F. Qu’il est loin son passé de future secrétaire médicale, pour être maintenant reconnue comme analyste du football en général, qu’il soit pratiqué par des joueurs comme par des joueuses professionnelles. Et que dire de Laure Boulleau ! Reine des réseaux sociaux au million d’abonnés qui a su capter le besoin d’image que le football féminin demandait, pour « jouer des coudes » au Canal Football Club, en guest star féminine du ballon rond.

Canal + a acheté les droits de la D1F, et pour le monde du football féminin, c’est un saut énorme. Une reconnaissance et une émancipation tant souhaitée qu’accomplie.

Alors, ce 24 septembre 2018, avec ce bruissement des grands soirs. Ce sentiment qu’il faut être là à ce moment là, les yeux des acteurs et actrices de ce sport féminin brillent de mille feux. Des yeux d’espoirs, de confiance, d’égo, d’être là, de ne plus partir. D’y revenir !

La D1F, les petits plats dans les grands.

L’expression est connue. Elle est utilisée lorsqu’on veut mettre les formes à une situation. Pour montrer qu’elle nous est importante. En ce 24 septembre, Canal reçoit les 160 personnes de l’assistance dans un amphi archi plein qui nous fait comprendre ce que vivent les étudiants de nos universités. A chercher une place sur des marches d’escaliers. A écouter religieusement le présentateur, accolé aux murs.

Il y a du monde dans cet amphi. Et personne ne songe à laisser sa place. Serrés, collés mais là.

Douze équipes présentées, douze joueuses sollicitées de Gaetane Thiney à Irène Parédes, Wendie Renard et Linda Sembrant mais aussi Sophie Istillart de Bordeaux et toutes les autres capitaines de la D1F , douze coachs alignés dont Sabrina Viguier reste la seule représentante féminine. 132 matches de diffusés. Des journalistes attachés auprès de cette nouvelle aventure comme Xavier Giraudon, Ludovic Deroin et Paul Tchoukriel. Corinne Diacre, sélectionneuse de l’EDF qui y trouve du contenu.

Une présence avant, pendant et après le football cathodique, dans les grandes messes du groupe Canal. Canal +, Canal + Sport, Foot+ pour les accès payants, C8 pour celui gratuit.

Le Canal Football Club avec Hervé Mathoud, poids lourd de Canal qui se rattrape comme un diplomate appelé à trouver un consensus entre La Corée du Nord et le Président Trump des Etats-Unis quand il évoque la 1’30 de football féminin sur les 105 minutes du CFC, en rappelant l’impact de ce court temps auprès d’une audience estimée à 1.500.000 par dimanche, qui découvre visuellement la pratique et ses buts.

Des magazines pour traiter de l’humanité de ce football passion, proche des gens, au tiroir secret et difficile du sport de haut niveau, pour les pennys de l’indemnisation comparée aux hommes mais la gloire du succès et de l’Histoire.

Les consultants sont là, Habib Beye, Eric Carrière confirmant qu’avant de parler « football et genre », qu’il n’y a d’abord qu’une compétence, notamment celle qu’il a partagé avec Brigitte Henriquès pour obtenir le même diplôme de manager auprès du CDES.

Canal traite la D1F en grand.

Diffuseur de tous les matches de la prochaine Coupe du Monde en « s’associant » aux droits de TF1. De plus en plus, il va y avoir des filles avec un ballon sur un écran. Elles seront chez vous en 2019, vous les apercevrez au coin d’une terrasse de café. Eventuellement, en juillet 2019, vous entendrez des cris et des émotions durant un match où vous chercherez les « mâles » pour trouver des femmes. Moins versées à la roulade, d’après l’avis général mais toutes autant concentrées à lever, le plus haut possible, la Coupe qu’elles espèrent et attendent.

Tout cela aussi sur le groupe Canal qui mord dans le football féminin à belles dents. Laurent Jaoui, rédacteur en chef des Sports de Canal, passionné du Red Star sait attendre. Un contrat de cinq ans demande de la construction. Il la résume en trois mots : « exhaustivité, complémentarité, globalité ». 

Exhaustivité pour tout montrer. Complémentarité pour diffuser sur les différentes chaînes de Canal en fonction du contenu. Globalité pour que le football féminin soit attaché à la rédaction, comme un élément indissociable et non pas, vu comme un élément à part.

Alors dans cette Mecque du football qu’est Canal, le groupe qui a lancé l’aventure du football télévisé et du Rugby, se prépare à lancer l’aventure du football féminin.

Aves son savoir faire, c’est la Ferrari du football qu’à Thierry Cheleman, le directeur des Sports du groupe Canal, entre ses mains. Il l’expose au monde du football féminin.

« On va vous donner de l’exposition, vous aurez du monde au stade ce qui vous donnera des sponsors ». C’est le cercle vertueux connu et maitrisé par le football professionnel masculin que le groupe Canal va apporter aux clubs.

C’est le rôle d’un grand patron. Fixer une stratégie. En être convaincu. L’initier et mettre les bonnes personnes pour la développer (concept partagé par Jean Michel Aulas quand il expose son projet).

Sur cinq ans, c’est plus que jouable.

William Commegrain lesfeminines.fr