Sarah Bouhaddi : une soirée plus que tranquille pour celle qui garde les buts de l’Equipe de France depuis … 2004 face à l’Ecosse (6-3). Une 131e sélection qui ne restera pas spécialement dans sa mémoire. Trois ballons touchés et la consigne de rester, visiblement, le plus souvent dans sa surface.

Marion Torrent (défenseur droit) : le soldat de Corinne Diacre, en équipe B avant qu’elle ne vienne aux commandes. Toujours appelée et toujours présente depuis de début de l’aventure. Sa dixième sélection avec toujours cette volonté défensive, entre joueuse de football et mental de rugby. Une montpelliéraine qui se bat face à l’adversaire comme un torero avec un taureau. Il faut qu’il y ait un gagnant. Et le plus souvent, que ce soit elle. Avec elle, il n’y aura pas de match facile, seulement des matches avec plus ou moins de combat. Là, face à un adversaire mexicain faible, il y en a eu moins que d’habitude.

Griedge M’Bock (défenseur centrale) : cheffe de la défense en l’absence de Wendie Renard, sa coéquipière expérimentée de l’OL. La jeune lyonnaise de 23 ans aux déjà 44 sélections maintenant, s’est transformée en capitaine U20 qu’elle était en 2014. Assurée et rassurante. Présente sans commander mais avec le ton de la certitude que lui a donné ses 44 capes internationales. Un match correct sans opposition directe.

Annaïg Butel (défenseur centrale) : nouvelle entrante, la parisienne (10 sélections) s’est attachée à commettre le moins d’erreurs possibles dans ses interceptions et relances balle au pied. Il lui a manqué ce qui fait sa personnalité. L’envie de déstabiliser par des choix de passes inattendues qui puissent laisser une identité à sa présence. Un peu trop sur la réserve peut-être mais avec Corinne Diacre, mieux vaut s’attacher à ses directives si on veut survivre dans cette liste des 23.

Amel Majri (arrière gauche) : sans adversaire direct en première mi-temps, les milieux français récupérant tous les ballons que les attaquantes allaient chercher dans les pieds mexicains. Elle en a quasiment failli oublier que les perforations doivent venir de son côté. Ce qu’elle a excellemment fait en seconde mi-temps, amenant le pénalty à la 88′. Un match, au début tranquille. En seconde mi-temps assuré sans être glorieux. Le job de fait.

Amandine Henry (milieu défensif) : pour qu’Amandine brille de tous ses éclats, il faut que la Capitaine de l’Equipe de France sente une opposition.

Et là, son tempérament de gagneur. Sa volonté américaine et ses certitudes lyonnaises l’emportent vers des chevauchées d’une puissance incroyable qui détruisent la ligne de défense adverse.

Là, le match était trop simple, il fallait juste avancer pour faire la différence. Ce qu’elle a fait. En récupérant des ballons que les mexicaines perdaient à la troisième passe. Une 76e cape qui attend la suivante, avec plus d’oppositions.

Grace Geyoro (milieu défensif) : la jeune parisienne est quasiment une cadre avec 16 sélections. A 21 ans, elle vous régule son jeu comme Kylian M’Bappé laisse échapper ses mots. Du vocabulaire et 100% d’efficacité. Du parfait qui ne devrait pas aller dans le plus que parfait, jamais utilisé dans la vie.

Il manque à la parisienne de s’essayer aux talents de la vie. Celui qui vous enflamme quand vous le sentez en vous et qui vous désespère quand il s’échappe. Il ne faudrait pas qu’elle s’aperçoive trop tard que si la performance est dans l’efficience, elle est aussi dans les limites repoussées pour maitriser et exiger encore plus. La souffrance de son euro U17, totalement sur le banc, dans sa prime jeunesse est peut-être une cause de sa réserve. Il ne faudrait pas qu’elle en soit une raison.

Cascarino Delphine (excentrée droite) : j’ai cru comprendre que Corinne Diacre avait eu des mots délicats sur la performance de la lyonnaise. Du haut de la tribune de presse, pour ma part, j’ai apprécié le travail de la jeune lyonnaise. Appliquée à faire ce qu’on lui demandait et notamment des centres en retrait judicieux que Kadidiatou Diani a parfaitement utilisée.

Cette fois, à la réception d’un centre, elle a eu une bonne occasion du pied gauche, contrée. Elle a réalisé un bon match et j’attends de voir ce qu’elle produira quand elle aura intégré les consignes de Corinne Diacre tout en conservant l’intuition qui va avec son jeu.

Avec 5 sélections, elle a du temps pour arriver à l’expression de son pendant à gauche, Eugènie Le Sommer.

Eugènie Le Sommer (excentrée gauche) : auteure d’un doublé (but et pénalty), la joueuse la plus capée sur le terrain (154 sélections). La plus aimée à l’étranger qui retrouve en elle, ses joueuses nord-américaines petites, vives et pleines d’allant. Auteure dans la surface de plongeons que l’arbitre aurait pu valider pour au moins une unité. Un caractère qui se transforme sur un terrain. Prête à enlever tout sur son passage s’il faut passer. Eugènie Le Sommer a fait du ELS pendant 90’+3, avec un sombrero pour l’efficacité et le plaisir !

Auteure d’un but qui doit laisser des frissons de plaisirs et de bonheurs quand le souvenir tape à la porte. Je me dégage sur le droite, une fois, deux fois. Comme un tireur d’élite, j’arrête de respirer. Je ne vois plus rien et soudain, la balle part après avoir donné une énergie du diable à sa frappe. Une balle qui s’envole, part, vole laissant le temps d’un instant, l’appréhension d’un extérieur. Et puis la délivrance. Les filets tremblent. La gardienne, pas dupe, plonge quand même, histoire de … garder sa place.

Et la clameur. Un but d’attaquante … que peu d’attaquantes marquent. C’est sa différence, et c’est du ELS. Tenter, se relever ; tenter, se relever ; tenter, se relever. Tenter, réussir.

Une prestation qui va consolider sa côte à l’étranger.

Au mondial, la presse regardera si la vice-capitaine de l’Equipe de France est du voyage, dans l’équipe et avec quel état de forme. A défaut de prix, c’est la récompense du travail de la lyonnaise.

Gaetane Thiney (milieu offensif) : avec 147 sélections, la française et parisienne vous décortique un match comme un chef étoilé de cuisine. En sachant avec précision quels sont les ingrédients qu’il faut rajouter ou ceux qui sont présents. Entre joueuse et coach, elle court sur le terrain avec cette double casquette, un héritage certainement de Sandrine Soubeyrand, sa meilleure amie sous le maillot de Juvisy, recordwoman des sélections françaises (198).

A petite touches, la parisienne a joué pour délivrer des passes décisives. Ce qu’elle a réussi notamment pour le premier but français avec une profondeur bien maitrisée pour Kadidiatou Diani. En complément, elle marque un but gag de fin d’entraînement, dans un huit-huit qui s’étiole dans le temps pour les autres. Pas pour Elle.

Avec son expérience, elle sait que chaque minute du jeu peut valoir but. Ni une, ni deux, elle devine la politesse des mexicaines. Sait à quel point elle est incongrue dans la surface, à cinq mètres cinquante des buts. A croire qu’elle leur a dit, « regardez en haut l’oiseau ! » ET poum, un extérieur qui meurt gentiment après avoir passé la ligne.

Voilà, c’est but. Le Mexique attend un sifflet de l’arbitre, quelque chose. C’est tellement incongru. Non, c’est but. Ne jamais laisser la balle à cinquante centimètres d’un pied de Gaetane Thiney. C’est sanction dans la seconde.

Kadidiatou Diani (avant-centre). Vous n’entendrez jamais Kadi dans une situation professionnelle. Elle écoute. Ne répond pas. N’affirme pas. N’argumente pas. On pourrait la croire réservée. C’est une erreur. Derrière ce silence, se camoufle une joueuse très ambitieuse avec la dose d’égoïsme qui convient au haut niveau.

Auteure d’un très bon match qu’il lui faudra renouveler opposé à un adversaire d’un autre calibre comme l’Australie, elle pourrait être, avec ses 39 sélections, la carte manquante à l’attaque française.

On lui a donné le couloir droit en Equipe de France. Elle le prend. On lui donne le centre, telle une Cavani, elle ne le lâchera pas. D’autant qu’elle possède deux qualités pour le tenir. Elle va très vite balle au pied. Elle se démarque très bien dans la surface. Elle a deux limites pour l’Equipe de France : son déchet technique, sa difficulté de passer d’un jeu en appui dans un match à une perforation.

Celle qui n’a marqué que trois buts avec l’Equipe de France, dont le premier pour sa première sélection (2014 face à la Nouvelle-Zélande) sera certainement essayé à ce poste contre l’Australie compte tenu que Corinne Diacre ne possède pas un temps extensible avec de démarrer 2019 avec ses onze titulaires.

Une bonne carte pour Elle qui a confiance dans ses qualités et qui rêverait -certainement- d’aller aux States pour devenir une plus grande joueuse professionnelle et solidifier son revenu et parcours professionnel. Au poste d’avant-centre, elle aura plus de possibilités d’assurer cet objectif.

William Commegrain lesfeminines.fr

Le jeu mexicain a donné si peu de répliques qu’il est impossible de former un jugement sur Charlotte Bilbault (72′), Viviane Asseyi (62′) et Kenza Dali (82′).