(photo archive euro U19F 2017). La France va devoir sortir le Bleu de chauffe féminin pour se qualifier. Troisième journée de ce mondial U20, deuxième et dernier titre Mondial que ces jeunes joueuses peuvent accrocher à leur palmarès après le Mondial U17, avant d’espérer d’être sollicitée un jour pour être sélectionnée en A, réussir la qualification pour au bout du bout, tenter le titre en A.

L’Histoire le dit. Aucune joueuse ne possède les trois titres (U17, U20 et A).

Quand on a une opportunité de jouer un mondial, on ne la rate pas. 

Les joueuses ne sont jamais certaines de revenir. Peu importe le nombre de spectateurs. Peu importe l’audience télévisée. Il serait peut être temps, maintenant que les LGBT ont mangé du pouvoir et sont rassasiées, qu’on considère le sport pour le sport, sans qu’il passe par la case « pouvoir » avec une pleine puissance chavèzienne organisée pour durer.

Qu’il soit à son niveau. Sans oublier de jeter un coup d’oeil dans le rétro, pour s’apercevoir qu’en 2013, dans son style original, il a été largement à son plus haut (deux demi-finales mondiales et olympiques, un titre de championne du monde U17, un titre européen en U19). En jouant du football féminin. Une forme d’enthousiasme et de volonté à aller de l’avant. Que je pressens comme « gommé » et bien trop « limé » depuis ces quelques années.

France – Pays Bas, des Bleuettes qui doivent agir de la même manière

Intrinsèquement, la France a toutes les qualités pour s’imposer voire ne pas perdre. Encore plus sur un gros score qui les plongerait dans le doute. Même un match nul qualifierait les Bleuettes mais la France va avoir un match difficile contre les Pays-Bas, à 16h30 au stade Marville de Saint Malo, qui oblige à des constats difficiles mais réels.

Les équipes de France manquent d’entrain.

Les Oranjes, déjà qualifiée, ne devrait pas faire tourner pour conserver la dynamique positive qui fait les grandes enjambées. Une équipe qui surveille sa dynamique d’un football féminin compétitif (Euro 2017) sans l’alourdir – au contraire de la France – d’un championnat sans consistance qui aurait pu d’ailleurs être transformé. Ils laissent les fruits (Euro U19F en 2014, Euro des A en 2017) naturellement tomber avec l’intelligence du paysan privilégié à la stratégie « chemise Dior » des Villes.

Visiblement, l’environnement et son ambition d’exister ne prend pas le pas sur le feu follet du football féminin, avec l’assentiment d’une coach féminine néerlandaise, Sarina Wiegman, revenue aux sources en Janvier 2017, étoilée, The Best par la FIFA, en Octobre.

Un équilibre pas encore trouvé pour les Bleuettes.

Le seul souci de Gilles Eyquem, qu’il avait moins prononcé aux mondiaux 2014 (bronze) et 2016 (argent), c’est que sa sélection n’est pas homogène dans son niveau d’expérience. Les joueuses, évoluant en D1F, D2F et DH n’ont pas la même interprétation du jeu, faute de jouer au même niveau. On peut trouver trois niveaux hiérarchiques, trois habitudes de jeu avec des gaps impressionnants qui les différencient. Il n’y a rien de commun entre une D1F, D2F et DH. Le déplacement des joueuses, le niveau des adversaires, la qualité continue des passes. Le temps de réaction et la vitesse d’exécution.

Certaines sont impressionnantes en D1F comme Marie Antoinette Katoto (aucun but dans ce Mondial), mais bénéficie de la qualité de jeu du Paris Saint Germain qui lui amène des ballons de buts (deuxième buteuse du championnat), alors qu’en U20, elle doit dépasser ce rôle de finition pour devenir créatrice du danger. Faute de ballons donnés dans les mêmes conditions. Rien de plus normal, les Bleuettes U20 ne peuvent jouer au même niveau que le Paris Saint Germain. Et ce rôle, inhabituel, n’est pas suffisant et aussi dangereux qu’en championnat, dès lors que sa qualité est le débordement, balle arrêtée sur cinq mètres. Dans une défense basse, elle est donc condamnée à un jeu de soutien. Contrôle et remise.

Le milieu de terrain français est d’une obéissance totale à la règle du jeu. Les milieux défensifs redonnent beaucoup trop de ballons derrière, sans quasiment se retourner pour profiter d’un espace qu’elles auraient crée, amenant le doute chez les adversaires qui font que les défenses se désagrègent sur la durée d’un match et permettent de scorer. Elles jouent un jeu académique en prenant bien soin de soigner la passe, mais sans volonté de prendre des risques. Il y a comme un « défaussement ». On fait le job en oubliant d’entendre que le risque fait partie du Job. Le statut l’emporte sur le tempérament. Je suis sélectionnée. Je suis titulaire. Je suis joueuse internationale. Je vais faire quelque chose de propre.

La défense est travailleuse, mais elle n’est pas tueuse dans la récupération et très déséquilibrées dans les intentions. La vision du jeu et les intentions d’une Selma Bacha, championne de France et d’Europe, n’ont rien de commun avec l’habitude de la défense centrale et à droite des Bleuettes.

Ces différences de perceptions et d’habitudes, laissent la possibilité aux adversaires de croire qu’elles auront l’opportunité d’une erreur, d’une chance.

Et chez les adversaires, pour des filles, dès lors qu’elles croient en quelque chose, alors elles ne lâchent rien. Ne jouent pas mieux pour autant mais elles seront présentes à la plus petite des erreurs pour scorer.

Après avoir regardé les deux matches hors contexte sur Eurosport player. Mon constat est simple. Si les Bleuettes ne jouent pas un vrai match de football féminin, elles joueront un match de football masculin dans un beau costume de football, alors elles risquent de perdre ce match et d’être à l’écoute du Ghana, en espérant une victoire ou un nul africain pour passer.

D’autant que les Pays-Bas sont à la recherche du leadership des françaises qui se propose à Elles dans cette génération, avec une Allemagne moins forte, une Angleterre qui revient et une Espagne qui monte. Les places sont à prendre.

La France, va devoir sortir le Bleu de chauffe féminin, elle en a les moyens. Ce match sera un bon indicateur.

Nouvelle-Zélande – Ghana 13h30 Concarneau.

La Nouvelle-Zélande s’opposera au Ghana, déjà éliminé, pour une qualification. De base, le Ghana devrait l’emporter mais un troisième match pour des joueuses sans entraînement ni compétition structurée donne une très bonne chance à la Nouvelle-Zélande qui a une force physique supérieure aux meilleures africaines.

Le beau jeu et la détermination ghanéenne risquent de buter sur l’impact néo-zélandais, notamment leur force de frappe et leur présence sur les corners. Et si le score plonge sur ce match, alors les Bleuettes joueront réellement leur place pour la qualification.

A l’inverse le jeu de possession, axé sur une verticalité en diagonale, peut être suffisant pour trouver des espaces où la qualité de jeu au pied des Blacks Princesses finira des situations face au but où légèrement excentrées. Elles maitrisent très bien le duel, dribble, face à la gardienne. Beaucoup moins les tirs de loin où très excentrés.

groupe A

Classement Equipes Joué Gagné Perdu Nuls Différentiel Différence de buts Points
1 FRANCE – U20 6 3 1 2 10 - 3 7 11
2 PAYS-BAS – 20 4 2 2 0 7 - 7 0 6
3 GHANA – U20 3 1 2 0 2 - 8 -6 3
4 N-ZELANDE U20 3 0 2 1 1 - 3 -2 1

Groupe B – les futurs challengers des Bleuettes si elles passent.

L’Angleterre face au Mexique (13h30) Saint Malo. Deux jeux dynamiques et physiques. L’Angleterre, jeu européen qui porte de nouvelles ambitions après le raté européen de 2013 (éliminé en poule). Comme la France, un football féminin pris en otage par le succès d’une troisième place au Mondial 2015 des A, une nouvelle organisation de championnat, dans la droite ligne de la Premier League.

Argent, ambitions, des clubs sous franchise sans le risque d’un championnat à descentes et dont on ne sait encore les résultats pour une équipe nationale ?

Le Mexique, très open sur le football féminin, version université américaine. Un football de détermination et d’engagement. Une mixité de culture entre le tempérament mexicain et celui américain qui pourrait très bien finir avec un titre surprenant compte tenu qu’elle possède une attaque et une défense homogène.

Le Brésil face à la Corée du Nord (13h30) Concarneau. 

On ne compte plus les statistiques offensives des brésiliennes. Leur défaut, elles ne cadrent pas. Pris par le jeu, elles n’ont pas encore la maturité de la confiance pour placer le bout du pied qui suffit à marquer. Dès qu’elles ont une occasion de tir rêvée, alors elles envoient un missile qui pourrait traverser l’Atlantique.

A défaut, elles pourraient très bien repartir si elles ne mettent pas moins d’envies dans leurs initiatives. D’autant que la Corée du Nord n’est pas au niveau de ces deux titres (U17 et U20). Elles sont très mal placées collectivement sur le plan défensif et ne jouent qu’avec le seul moteur du milieu pour exister actuellement dans cette compétition.

C’est suffisant pour jouer une qualification. Elles deviendraient redoutables si la qualité coréenne venait à monter d’un cran voire de plusieurs. C’est dans ces moments là que le titre se joue. Alors la Corée du Nord aurait abandonné ses pratiques habituelles pour gagner sur le rectangle vert une réputation nouvelle qui ne demandait qu’à venir.

Tous les coaches internationaux savent qu’il y a de la vraie qualité féminine chez les Coréennes du Nord.

groupe B

Classement Equipes Joué Gagné Perdu Nuls Différentiel Différence de buts Points
1 ANGLETERRE U20 6 3 1 2 13 - 7 6 11
2 Corée du Nord U20 4 2 2 0 5 - 6 -1 6
3 Mexique U20 3 1 2 0 5 - 10 -5 3
4 BRESIL – U20 3 0 2 1 4 - 6 -2 1

William Commegrain lesfeminines.fr