Le Mondial féminin 2019 sera AUSSI masculin, ou ne sera pas !

A tous ceux qui ont la gueule de bois.

A tous ceux qui ont vécu les yeux dans les Bleus pendant un mois.

A ceux des Champs Elysées, ceux qui se sont époumonés à chaque but marqué, encaissé.

Ceux qui ne comprennent toujours pas comment Benjamin Pavard, venu de nulle part, a sorti une frappe de bâtard.

Ceux qui, par habitude entonnent la Marseillaise sur les coups de 17h comme le 15 juillet.

Ceux qui voudraient remettre ça et se désespèrent d’attendre encore quatre ans.

A tous ceux-là, à vous tous, sortez les Pouet Pouet, ne rangez pas les maillots, j’ai une bonne nouvelle. Pas besoin de rêvasser déserts qataris, et décalage horaire, hissez vos drapeaux, la Coupe du monde revient, l’année prochaine, ici, chez nous, en France. Ce n’est pas un nouveau règlement, simplement c’est au tour des dames.

Avoir le drapeau pour maillot !

Supportrices, supporters, on vous promet l’année prochaine un nouveau France 98, un maillot à trois étoiles. Des soirées chaudes dans le ciel d’été, du bleu, du blanc, du rouge dans un jour qui ne se couchera pas, des coups de klaxons, des grandes liesses, et partout en France, des Champs Elysées enchantées.

Une Coupe du monde se gagne aux tripes. Avoir le drapeau pour maillot. Deschamps et ses 23 l’avaient compris. Nos filles ont besoin de nous.

Au soir du 15 juillet, contre la Croatie, nous étions 65 millions derrière nos Bleus. Au soir du 7 juillet 2019, date de la finale du Mondial féminin, soyons tout autant. Il nous reste une poignée de mois pour que le désir de foot féminin gonfle, envahisse nos rues, nos discussions, que l’élan surgisse, nous emporte. Cela ne se fera pas tout seul, il faut s’y mettre dès maintenant

Messieurs les champions du monde, vous avez votre plus belle partition à jouer. Sans vous, rien ne sera possible. Et si vous vous demandez quoi faire, concrètement, lisez bien ce qui suit.

  • Mouiller le maillot sur les réseaux

Cela implique déjà de le porter, de le faire savoir. Rêvons de Hugo Lloris floqué Sarah Bouhaddi, Olivier Giroud en Eugénie Le Sommer, Paul Pogba en Amandine Henry. Messieurs, exhibez-vous en toute occasion, à toute heure, sur tout support, par terre, par mer, dans cette grande arène cosmopolitique que sont les réseaux. Une photo de profil, un message, avant, pendant, après la compétition.

  • Pour une saison au paradis

Messieurs les champions du monde, cette saison est la dernière avant la compétition. C’est le temps additionnel avant la victoire. La dernière ligne droite, celle où les efforts surhumains sont livrés. Ne pas lâcher !

Toute cette saison, assistez aux matchs des filles. Vos clubs sont les plus grands. Tous ou presque ont une section féminine. Certaines s’accrochent au toit de l’Europe _ Lyon, Manchester City, Barcelone_, d’autres jouent encore les seconds rôles, plus pour longtemps sans doute _ Manchester United, Arsenal, Madrid, et les autres.

Les Lyonnais ont été à bonne école. On les voit régulièrement en tribunes derrière les Fenottes. L’école Aulas doit faire des émules. Tous au stade !

  • Les petites Giroud, Lloris, Griezmann, Mandanda et les garçons

Vos filles, nous les voyons aux plus belles heures. Débordant d’excitation, elles débarquent sur la pelouse, au moment du triomphe, le maillot de papa sur leurs petites épaules. Si toutes ne joueront pas au foot, toutes seront fières de voir leur champion de père encourager leurs copines, s’engager pour qu’elles s’entraînent dans des conditions similaires aux garçons. Que leur avenir footballistique, s’il doit advenir, s’écrive sans le sentiment de passer au second plan.

Les garçons, ne les laissons pas de côté. Dans les clubs de gosses que vous visitez, où vous tombez sous l’assaut des autographes, parlez-leur de leurs sœurs, cousines, camarades de classe. Dites-leur de les inciter à faire du foot à la récré. Dites-leur que ce n’est pas qu’un sport de gars, et qu’il existe en France un club de femmes qui a remporté cinq Ligue des Champions. C’est autant que le FC Barcelone.

  • Aux armes !!!

N’oublions pas les supporters.

Demandez-leur si leurs fils et leurs filles jouent. Certains tiqueront. Qu’importe, la question doit être posée, une fois, dix fois. Jusqu’à ce qu’il devienne naturel qu’une fille porte un tutu, chausse des crampons, ou les deux. Les changements durables s’enracinent dans les minuscules actions du quotidien. Vos contributions permettront des pas de géant.

Souviens-toi l’été prochain

A la question « Et toi, tu fais quoi l’été prochain ? », nous sommes quelques un à déjà répondre. Nous avons hâte d’y être, même si cela signifie être plus vieux d’une année. Le foot féminin français est aux portes d’une aventure mémorable, en quête d’un premier vrai trophée. Cette histoire s’écrira à 65 millions de mains, et parmi elles, celles des joueuses, entraîneurs, staff, celles des footeuses, footeux, passionnés de tous genres. Et les vôtres, messieurs les Champions du monde. Les vôtres, évidemment !

Camille Cordouan pour lesfeminines.fr