La France a confirmé son excellent match face aux USA de dimanche soir dernier en substituant la solidarité qu’elle avait dégagée face aux Stars and Stripes par une certitude et une maitrise dans un jeu court, placé qui a déboussolé l’Allemagne (2e Fifa) dans l’incapacité de faire douter les Bleues pendant leur phase de possession.

La France, sans excès mais avec une grande subtilité a renvoyé sur les bancs de l’école et de ses interrogations, la Mannschaft sur le score de (3-0) grâce à un duo qui a joué de concert entre Gaetane Thiney et Eugènie Le Sommer. Une excellente soirée pour les Bleues qui a été l’occasion de la première sélection de Maeva Clemaron ternie malheureusement par la grave blessure d’Aissatou Tounkara, qui commençait à justifier d’une présence de qualité dans les vingt trois.

Pourtant, c’était bien deux équipes en construction qui se rencontraient pour ce dernier match de la ShebelievesCup 2018. La France qui jouait pour une confirmation après le nul face aux USA,  et l’Allemagne qui reprenait son football international (trêve de deux mois Outre-Rhin) lors de ce tournoi après une période tendue pour Steffi Jones. Un président de fédération qui n’avait pas hésité à lui mettre un ultimatum lors de son dernier match qui s’était terminée -fort heureusement pour elle- par une large victoire sur les Bleues (4-0) en Allemagne.

De son côté, Corinne Diacre, pourtant adepte de changements, n’a pas raté l’occasion de donner confiance à -enfin- un onze de titulaires légitime après cette révolte et solidarité face au américaines, effaçant la déconvenue de l’Angleterre. C’est donc avec le même onze que les Bleues se présentaient alors que Steffi Jones, toujours à la recherche d’un équilibre, jouait avec un système de jeu original. Une Sarah Doorsoun, très libre au milieu de terrain jusqu’à se trouver troisième défenseure centrale, pour animer la relance vers l’avant alors que Dszenifer Marozsan, habituelle chef d’orchestre, se trouvait excentrée sur la gauche, laissant les mouvements à Magull, placée à droite.

La force tranquille des Bleues ! 

Les dix premières minutes sont allemandes sans pour autant laisser la moindre inquiétude du côté des Bleues qui laissent les joueuses de la Mannschaft s’essayer aux initiatives, vite reprises par la défense française, bien placée et sereine à l’image de Marion Torrent, Griedge M’Bock comme d’Aissatou Tounkara, auteure d’une très bonne partie face aux USA, et bien partie pour renouveler sa performance.

Le bloc équipe semble être la formule française avec une projection offensive des Bleues dès que l’aspect défensif est assuré. On voit Amel Majri s’envoler à gauche, dans un rôle de piston à l’inverse de Marion Torrent, défenseure dans l’âme.  De fait le jeu penche à gauche et se maitrise à droite où Viviane Asseyi et Marion Torrent s’échinent à ne laisser rien passer sur ce flanc.

C’est grâce à ce bloc équipe montée haut que la France ouvrira le score. Viviane Asseyi récupère un ballon très haut et trouve du bleu à la limite de la surface allemande. Gaetane Thiney est servie qui prolonge pour Eugénie Le Sommer. La dernière buteuse des Bleues  face aux USA, offre une superbe balle en retrait à Amandine Henry, qui envoie une mine pour l’ouverture du score (10′, 1-0) dans le stade qui l’avait sacré Championne des Etats-Unis en 2017.

La France mène devant l’Allemagne, sans dominer et sans s’inquiéter. Une force tranquille se dégage du jeu des Bleues. Deux minutes plus tard, c’est toujours la marseillaise qui lance une superbe transversale dans le dos de Blasse pour trouver les 1m62 d’Eugènie Le Sommer en pleine détente verticale qui finira son action par une tête cadrée (12′).

Les deux équipes cherchent à s’imposer par du jeu court, construit, fait de séries d’échanges. Chacune arrive à récupérer cette balle ce qui pose des problèmes aux joueuses de Steffi Jones, n’ayant pas assez de possession pour inquiéter la France. Il faudra une tentative des quarante mètres de Dszenifer Marozsan pour donner de la couleur à la Mannschaft et mettre en danger Sarah Bouhaddi qui captera le tentative de lob de sa coéquipière lyonnaise du bout des doigts (24′).

Une période intense en occasions des deux côtés.

Les françaises prennent le pas sur l’Allemagne et confirment leur domination au score avec une première tête de M’Bock (32′), suivi d’une belle  tentative de Valérie Gauvin après une récupération Henry, Thiney et Eugènie Le Sommer (38′). La Mannschaft, pointe son nez sur un extérieur d’ Alexandra Popp (39′). On n’en est pas encore à imaginer ce que sera le résultat final d’autant que l’attaquante de Wolfsburg aura une seconde opportunité avec une reprise sur un coup franc de Faisst en dehors du cadre (44′).

Pour autant, les Bleues ne sont pas plus inquiètes que cela. Viviane Asseyi, très présente sur la flanc droit tentera une belle volée alors que Valérie Gauvin finira par tir en pivot cadré (44′) sur un mouvement Henry, Thiney et Le Sommer. La France rentre aux vestiaires en menant à la marque et avec une une seule ombre au tableau : la fracture ouverte du tibia d’Aissatou Tounkara, qui s’était jetée sur un tir de Dszenifer Maroszan. La parisienne malchanceuse livrait une belle prestation au centre de la défense française.

Un duo de concertiste avec Gaetane Thiney et Eugènie Le Sommer 

Déjà impliquée dans le premier but d’Amandine Henry, les deux plus capées des titulaires de l’Equipe de France se sont trouvées magnifiquement une première fois, sur une touche anodine de Marion Torrent qui sert Gaetane Thiney, au jeu plein de finesse et de certitudes. La parisienne arrive à se retourner pour servir à l’aveugle Eugènie Le Sommer, trop heureuse d’une balle qu’elle dépose de la tête au fond des filets (2-0, 55′).

Le duo se renouvellera sur le côté droit des Bleues avec une profondeur de Gaetane Thiney pour Eugènie Le Sommer qui perfore et sert Valérie Gauvin au second poteau pour un troisième but des françaises (3-0, 68′).

La Mannschaft s’essaiera plusieurs fois à la réduction du score mais elle butera sur une défense française présente soit au niveau de la ligne arrière jusqu’à Sarah Bouhaddi sur un tir de Dabritz.

La France semble certaine de son jeu et l’Allemagne (2e Fifa) se rend compte qu’elle ne peut rien faire pour renverser la vapeur. Contrainte d’aligner un troisième match sans victoire. Déjà contestée en 2017, la SheBelievesCup va certainement entraîner des remous du côté de Berlin pour la Mannschaft de Steffi Jones qui devra s’expliquer, sans nul doute, sur l’entrée à la 90′ de la plus expérimentée allemande Lena Goessling.

A l’inverse, Corinne Diacre aligne un grand sourire au coup de sifflet final. Une belle revanche pour la sélectionneuse française du 4-0 de Novembre. Juste ce qu’il faut pour commencer à digérer avec une France bien au-dessus des coéquipières de Marozsan. Corinne Diacre a montré qu’elle avait fait un travail de qualité qui mérite le respect ! Elle voit des choses que personne d’autres ne voit.

Au bilan, la France, touchée, a coulé l’Allemagne ce soir.

William Commegrain lesfeminines.fr

ShebelievesCup 2018 : 3e et dernier match. Orlando. Mercredi 7 Mars 2018. Cartons : Klasen (64′)

France : Bouhaddi – Torrent, M’Bock, Tounkara (42′ Georges), Majri – Henry (cap, 87′ Clemaron), Geyoro – Asseyi (67′ Diani), Thiney, Le Sommer (78′ Karchaoui)- Gauvin (90′ Léger). Coach : Corinne Diacre.

Allemagne : Schult – Blasse (5è’ Dahlmann), Hendrich, Elsig, Faisst – Doorsoun (90’Goessling )- Popp, Magull (46′, Klassen), Marozsan (88′ Islacker), Dabritz (80′ Kayikci )- Schuller (46′, Huth). Coach : Steffi Jones.