Il a fait un temps « frigidaire » en ce mercredi après-midi sur le terrain synthétique de Fleury qui jouxte celui officiel mais pas encore praticable après ses intempéries, faisant y jouer cette rencontre en retard de la 12e journée. Montpellier venait dans la région parisienne « pour gagner » nous dira en zone mixte Jean-Louis Saez, dépité mais contraint aussi de rappeler les absentes nombreuses de son effectif.

Des équipes qui, en février, doivent s’adapter à leurs objectifs

Anouk Decker, Sandie Toletti qui revient encore de blessures. Virginia Torrecilla partie pour des raisons familiales. Laura Agard en défense et en plus, Muller Zoe qui se blesse à l’échauffement, sans compter Laetitia Philippe.

Tout cela amenant Montpellier à se présenter dans une formation originale avec Janice Cayman comme arrière latérale droit, poste qu’elle avait occupé avec Juvisy pendant deux saisons et Marion Torrent positionnée en milieu défensif accompagnée de Manon Uffren comme la surprenante et très grande (1m85) Murphy Casey dans les buts, tout juste arrivée en Janvier 2018 des Etats-Unis. Cela faisait pas mal de nouveautés.

Fleury 91 de son côté, alignait une équipe pensée pour ne pas jouer toutes ses cartes au premier coup de sifflet de l’arbitre avec Sarah Palacin, Dunord Danae, Treika Lilas et surtout la capitaine habituelle Julie Rabanne sur le banc, d’autant qui lui manquait Maeva Clemaron -au repos- tout juste appelée en A.

Bien en a pris à Lionel Cure car cela permit aux rouges en noires de ne pas s’écrouler en seconde mi-temps, siège en général de toutes les défaites des équipes de D1F face au Top 3 de la D1F, Lyon, Montpellier et le PSG. Là, donnant un (0-0) qui démontre la qualité des essonniennes où les difficultés des pailladines. C’est même dans un 4-1-4-1 ambitieux que les locales voulaient faire un exploit avec une Céline Chatelain, surprenante en sentinelle qui récupérera un nombre impressionnant de balles dans le jeu à terre de Montpellier en première mi-temps (1 seul débordement de Karchaoui) et Claire Lavogez, pétillante tout au long des 90′, en pointe.

Montpellier ne profite pas de son avance

Les espoirs sont nombreux autour de la balustrade, vite douchés ! La réalité du classement fait mal. Montpellier rappelle au bout de 4′ qu’elles sont troisième du championnat et en quart de finale de la Women’s Champions League quand Katrine Veje (internationale danoise) glisse une balle sans opposition à l’expérimentée Laetitia Tonazzi, 37 ans, qui n’a plus qu’à battre tranquillement Maryne Gignoux Soulier pour s’offrir son deuxième but de la saison (0-1, 4′) .

On peut penser que le score de 8-0 subit à l’aller par Fleury va se reproduire. Ce seront d’ailleurs les premiers mots de son Président Pascal Bovis, « je suis très fier de mes joueuses. Ce match nul fait du bien et c’est une belle performance ; d’autant que nous aurions pu même avoir un meilleur résultat et que nous avions pris un 8-0 à aller. On progresse et on s’améliore. Il faut se maintenir et après construire. »

Il n’en sera rien et il ne faudra pas attendre longtemps pour le comprendre avec Claire Lavogez qui prend ses responsabilités dès la 12′ en déposant un superbe coup franc sur la transversale montpelliéraine laissant même croire que la gardienne serait quand même lobée. Charlotte Fernandes (20′) de son côté cherchera souvent le duel, même face à Sakina Karchaoui, une petite bombe sur les premiers mètres, alors que Montpellier a quasiment tous les ballons avec une défense à trois mettant pas loin d’une ligne de quatre et de trois au milieu pour s’imposer, soit sept joueuses !

Fleury croit en ses chances et joue ses cartes à fond

Seulement Montpellier n’arrive pas à se créer d’occasion voire à être un tant soit peu dangereuse ce qui donne de l’espoir à Fleury dont Claire Lavogez sera l’illustration parfaite. Sur un mouvement à droite, Salma Amani, intercalée entre les lignes se propose et glisse un ballon à Sissoko, capitaine d’un soir pour une longue transversale au coeur de trois montpelliéraines .. qui se regardent. Morgane Nicoli trop jeune pour s’imposer, Murphy Casey, trop nouvelle pour se décider et Linda Sembrant, trop expérimentée pour comprendre leurs interrogations.

Claire Lavogez, telle une d’Artagnan du football glisse, au mieux de tout cela, un pied tendu qui pointe la balle que le public voit tranquillement finir au fond des filets (Lavogez 35′, 1-1). La jeune française, internationale A qui reprend du temps de jeu sous les couleurs de Fleury, ne doit pas être mécontente de marquer son troisième but sous les yeux de Corinne Diacre, la sélectionneur des Bleues.

L'équipe de Fleury 91 se congratule après l'égalisation (1-1) ) la 35'. Crédit Giani Pablo. Lesfeminines.fr

L’équipe de Fleury 91 se congratule après l’égalisation (1-1) ) la 35′. Crédit Giani Pablo. Lesfeminines.fr

La seconde mi-temps démarrera en trombe pour les couleurs de Fleury avec un centre au cordon de Sissoko qui trouvera Marine Coudon au premier poteau (46′). L’habituelle défenseure, venue prêter main forte au milieu pour ce match, manquera d’un rien de la mettre au fond des filets avec un superbe toucher qui aurait mérité meilleur résultat.

Montpellier a toujours le pied sur le ballon mais est trop souvent hors jeu (5). Sur l’un deux Stina Blackstenius (50′) termine mal l’action que tout le monde voyait arrêtée par le corps arbitral et qui se terminera par un duel avec un tir non cadré de l’internationale suédoise.

Les joueuses sont échauffées. Les premières fatigues passées. L’esprit est tout au jeu et les deux équipes peuvent légitimement penser à la victoire. Les mouvements commencent à être de qualité. Fleury combine superbement pour sortir d’un marquage quand Montpellier fait aussi bien pour chercher des ouvertures sur les côtés.

Sakina Karchaoui et Daphné Corboz ressortent en deuxième mi-temps.

A quelques semaines de l’Europe, Montpellier arrive enfin à centrer, sans effet soit à cause de la défense des centraux de Fleury soit par des prises de main de la gardienne locale. On ne voit pas trop la solution pour Montpellier sauf à apprécier la superbe qualité de montée de Sakina Karchaoui qui a explosé son couloir gauche en seconde mi-temps en ayant la technique pour perforer balle au pied sans pour autant perdre le contrôle du ballon, quelques fois à pleine vitesse ! Mais ce que fait la jeune appelée de Corinne Diacre n’est pas au tempo de son équipe et les ballons ne trouvent jamais les preneurs qu’ils devraient !

A l’inverse, au-delà de la bataille engagée, ce sera même Sarah Palacin, servie par Danae Dunord à la 90′ qui aura une balle de but superbement sauvée par Linda Sembrant d’un tacle puissant et très bien maitrisée dans la surface.

Les deux équipes se quitteront sur ce score de parité. La force de Fleury aura sûrement été de ne pas perdre de qualité de jeu dans la seconde mi-temps avec notamment une Daphné Corboz excellente dans sa position de sentinelle, contrôle et remise si rapide qu’elle ne peut pas se faire contrer par l’adversaire. Elle aura plus d’une fois repris un ballon chaud pour le mettre dans les pieds de ses coéquipières.

Fleury 91 prendra le point du match nul, « une excellente opération pour la confiance et l’objectif du maintien que le coach essonnien situe à 21 points ». Fleury, avec 15 points et sept matches à jouer n’en est pas si loin. Jean-Louis Saez, toujours aussi disponible n’oubliera pas de rappeler : « on a un championnat où personne n’est sûr de gagner contre quiconque. Les équipes ont un très bon niveau tactique et physique, constatant que le manque de verticalité est un risque de plus en plus présent pour les grosses écuries. Il faut marquer ce deuxième but, sinon tout est possible.! » 

Je partirais en ayant le temps d’entendre Marine Haupais, montpelliéraine en début de saison, dire : « j’y croyais, je leur avais dit dans les vestiaires. On peut le faire. » La confiance, Fleury avec ce match nul contre le troisième du championnat ne devrait plus en manquer.

Fleury a deux ambitions. La première, le maintien. La seconde, c’est de gagner contre le Paris FC à Bondoufle, pour une revanche du 1-5 pris à domicile.  Entendu dans les couloirs des vestiaires de Fleury.

Montpellier ne souhaite qu’une chose : ne plus avoir « de bobos » pour jouer sa Women’s Champions League avec toutes ses chances. A l’évidence, il a manqué à Montpellier les joueuses pour jouer plus vite et plus vers l’avant afin d’assommer l’adversaire.

Au bilan, Fleury commence à avoir un esprit d’équipe qui réclame la D1F ! A l’image de Céline Chatelain, Butel Gwenaelle, Léonie Multari. Elles sont bien meilleures qu’en début de saison. Montpellier a peu de chances de reprendre une place européenne cette saison. Six points les séparent du PSG (2 défaites) et un goal average très défavorable (3-0).

William Commegrain lesfeminines.fr

Mercredi 21 février 2018
Fleury – Montpellier : 1-1 (0-1)
Fleury-Mérogis (Stade Lascombe) – 180 spectateurs
Arbitre : Maïka Vanderstichel

0-1 Laëtitia TONAZZI 5′ (Sur un coup franc joué rapidement par Veje, passe de Blackstenius pour Tonazzi qui se retrouve seule pour conclure)
1-1 Claire LAVOGEZ 35′ (Ouverture de Sissoko pour Lavogez qui profite de la mésentente Nicoli-Sembrant qui lobe Murphy)

Avertissements : Multari 63′, Haupais 84′
Fleury : Gignoux ; Sissoko (cap.), Multari, Haupais, Butel ; Chatelain, Corboz ; Coudon (Palacin 82′), Amani, Fernandes (Rabanne 65′) ; Lavogez (Dunord 89′)
Banc : Bedouet, Traïkia, Dunord, Palacin, Rabanne
Montpellier : Murphy ; Cayman, Nicoli, Sembrant (cap.), Karchaoui ; Torrent, Uffren (Jakobsson 58′) ; Léger (Le Bihan 71′), Veje, Blackstenius (Gauvin 79′) ; Tonazzi
Banc : Gérard, Jakobsson, Gauvin, Le Bihan, Muller