« Il ne sert à rien de courir, il faut partir à point. » Voilà une maxime de La Fontaine qui pourrait bien illustrer la notion de remontada. Don Quichotte d’origine espagnole pour l’instant qui semble se décliner en football féminin, en espérant une illustration française prochaine … Dans le commentaire après match, il en est de même. Le chaud fait oublier tellement de choses que les filles ont toujours préféré la patience à l’impulsivité. Alors, un bon commentaire, préparons-le entre lundi et mardi. Il gagnera en qualité.

La 15e journée. la journée Remontada. 

Remontada. Fleury rate l’exploit de peu, face à Lille accrocheur.

Fleury Fc 91 rate de peu ce que Soyaux a réussi à réaliser. Le second club de l’Essonne, nouvellement monté et réarmé à la trêve de Janvier a mené deux fois sur le terrain de Lille, par l’intermédiaire de Julie Rabanne à la 13′ (0-1) et Claire Lavogez (37′, 1-2) pour se faire égaliser par Ouleymata Sarr qui retrouvait les chemins des filets (1-1, 31′) et craquer en seconde mi-temps (2-2, 62′) sur un centre de la néo-internationale, buteuse et passeuse, qui trouve la tête de la belge Demeyere pour son premier but de la saison. Avec quatorze points, les deux clubs se quittent côte à côte, à trois points du premier relegable, Rodez et cinq de l’Olympique de Marseille, toujours dernier.

Lille (14 pts) (2-2) FC Fleury 91 (14 pts)

Remontada. L’Olympique de Marseille rate sa chance que Soyaux ne laisse pas de côté. 

Pourtant l’OM avait réussi le meilleur face à Soyaux Charente, le dernier club exclusivement féminin. En menant (0-1) à la quatrième sur un pénalty de sa capitaine Caroline Pizzala, les marseillaises n’avaient plus qu’à défendre cet avantage pour prendre les trois points de la victoire et sortir quasiment de cette zone de relégation qu’elles détiennent depuis quasiment le début de la saison. Mais le pire est arrivé rapidement pour les phocéennes. C’est à dire le score de parité (1-1, 31′) sur le premier but de Danielle Tolmais, tout juste arrivée des Etats-Unis à la trêve. Le pire, car depuis neuf matches, l’OM ne fait pas de nuls. Soit des défaites (7), soit des victoires (2). L’histoire se répétera avec un doublé de l’américaine à la 69′ sur une faute de mains de la canadienne Richard. 20′ pour revenir, c’est aujourd’hui trop peu pour l’OM pour revenir au score face à Soyaux qui avait besoin de cette victoire, oubliée depuis neuf matches !

Soyaux Charente (17 pts) (2-1) Olympique de Marseille (9 pts). 

Remontada. EA Guingamp se forge un état d’esprit positif face au Paris FC qui doit trouver sa nouvelle place. 

La « grève » des joueuses de l’EA Guingamp qui s’est étouffée rapidement pour ne pas dépasser le seuil des aficionados du football féminin, au bénéfice des deux camps compte tenu que si les arguments étaient justes, la manière au sein d’un club à « forte identité fédérale » qui avait aussi ses arguments à faire valoir, notamment une formation au BEPF qui coûte un peu plus de 30.000 € et un marché économique qui relève plus du Monopoly que d’une réalité, aurait pu avoir de sacrés conséquences. Celles qui se font de manière invisibles.

C’est tout à l’honneur des guingampaises d’avoir eu le courage de ce message, d’avoir su le relativiser et pour finir de l’avoir emporté sur le terrain de Bondoufle sur un score sans appel de (1-3) avec un doublé de Désiré Operanozie, auteur de seulement trois buts depuis le début de la saison quand ses statistiques annoncent un moyenne habituelle à deux chiffres.

Pourtant le Paris FC avait ouvert la marque sur une percée d’Anissa Lahmari (24′) servie par Gaetane Thiney (1-0). Avantage immédiatement annulé par un tir puissant de la nigérienne (27′, 1-1), marquant la difficulté des parisiennes à donner le coup de reins de la différence. La mi-temps est faite pour remettre les choses en ordre. Visiblement l’envie était plus forte du côté des bretonnes puisque la différence se fera par Adeline Fourré, tout juste entrante (46′), pour porter l’avantage du côté des rouges en noires (1-2, 59′).

Le Paris FC a buté ensuite sur une détermination collective qu’elles n’ont pas su ou pu renverser face à une Solène Durand, omniprésente. Le glas sera sonné avec un troisième but (88′) fait d’incompréhension entre une équipe qui cherche la meilleure utilisation et une autre qui a décidé de jouer tous les ballons pour ne se faire arrêter que par l’arbitre. Coup franc joué, pas joué mais troisième but encaissé sur un lob immédiatement tenté (88′, Oparanozie) sur les buts désertés de la jeune gardienne ex-toulousaine Catherine Pecherman, titulaire surprise de cette rencontre.

Guingamp touche un graal. Celui de l’esprit collectif. Le Paris FC se cherche un nouveau graal, à venir.

Paris FC (21 points) (1-3) EA Guingamp (15 points)

Montpellier devant mais Rodez pas si loin

Montpellier a l’obligation de tout gagner. C’est assez simple comme objectif. Mais assez contraignant. Sept points les séparent du Paris Saint Germain, deuxième du championnat. C’est beaucoup trop pour y croire mais c’est assez pour espérer un faux pas du PSG contre le Paris FC (11 mars) et valider une défaite potentielle des parisiennes contre l’Olympique Lyonnais.

Alors, bien qu’il en faille un peu plus, tout se jouerait dans leur duel de la semaine suivante (1er avril) à celle du PFC (18 mars). Voilà de quoi espérer. C’est peu, c’est conditionnel mais on ne peut pas dire que cela soit inexact.

Alors Montpellier gagne. Là (2-1) avec un score de (2-0) réalisé par Katrine Veje (36′) et Stina Blackstenius (63′), ses attaquantes danoise et suédoise. Pour une remontée à la 88′ d’Océane Saunier (2-1). A quelques encablures de la réception de Chelsea en Coupe d’Europe (WCL 2018) pour un quart où rien n’est joué et tout est à jouer, on s’aperçoit que Montpellier a dû mal à scorer depuis le début de l’année 2018.

Accroché par Marseille en fin de match (3-2) après avoir mené (3-0). Accrocheur face à l’OL (2-1) et maintenant accroché contre Rodez (2-1). Deux équipes qui se situent dans la zone de relégation. Montpellier a besoin de souffler et cette trêve internationale ne risque pas de la faire avec une pléthode de joueuses internationales, françaises, étrangères, en A comme en B et U20.

La difficulté de Montpellier va se trouver certainement là quand de son côté, Rodez ne pourra que critiquer un championnat qui reprendra dans trois semaines (11 mars).

Montpellier (33 pts) (2-1) Rodez Aveyron (11 points). 

Bordeaux s’étalonne face au grand Olympique Lyonnais.

Bordeaux, en championnat, n’a jamais pris plus de quatre buts. Pour une équipe montante de l’an dernier qui signe sa seconde saison en D1F avec un maintien arraché dans les dix dernières minutes du dernier match de la saison dernière, c’est une mesure étalon qu’il faut garder en mémoire pour évaluer le club de l’Aquitaine.

Contre l’OL, après un (8-0) comme cadeau de bienvenue pour leur première saison, le retour à Bordeaux avait marqué le meilleur résultat d’une équipe contre le quadruple champion d’Europe (1-0) ! Un niveau qui ferait rêver pas mal d’équipe de D1F. Cette saison, l’exploit avait été assez proche en sortant du Rhône sur le score de (2-0). C’est dire que les Girondines de Bordeaux sortent le costume des héros de Marwell du style Capitaine América, Batman, Daredevil ou autres contre les joueuses du Président Aulas-Gérard Prêcheur et maintenant celles de Reynald Pedros.

Sauf que l’Olympique Lyonnais apprend vite. S’adapte. S’améliore et frappe. Là, quatre buts. Pas tant que cela mais plus que d’habitude. Eugènie le Sommer deux fois (77′ et 87′) pour deux pénalties (84′ Marozsan) et Saki Kumagai (40′). Score et formule lapidaires. Un peu trop si on fait remarquer que l’OL amplifie son score en fin de rencontre. Là trois buts en treize minutes. Contre le Paris FC, manière identique avec trois buts dès la 84′ (4-0) et contre l’OM, quatre buts en seconde mi-temps (0-5).

On le voit, il s’agit de tenir contre l’Olympique Lyonnais .. pendant 90′ et plus.

Girondins de Bordeaux (0-4) Olympique Lyonnais

Albi Asptt (0-4) Paris Saint Germain

Grand format par l’ex-coach d’Albi, David Welferinger.

Bilan

Le bilan de cette quinzième journée est celui d’un championnat qui n’a pas encore réussi son équilibre entre les quatre mondes de la performance en football : l’approche technique, tactique, physique et mentale. Aujourd’hui, toutes les équipes se sont améliorées sur le plan tactique et physique. il manque ce qui fait la différence : le technique et le mental.

En fait le football féminin français cherche plus de talents. Celui qui, à 100%, fait la différence. Qui le trouvera, respirera pour un certain temps.

William Commegrain lesfeminines.fr