COUPE du MONDE

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Aujourd’hui, il reste moins de 481 jours avant le premier coup de sifflet de la Coupe du Monde Féminine en France le 7 juin 2019.

La marque (-500) était toute symbolique certes pour la FIFA, la FFF et le comité d’organisation dédié à cette Coupe du Monde, mais elle représentait un point de repère sur le travail accompli et à accomplir. Après la révélation du calendrier complet de la CM 2019, c’est l’occasion pour « Les Féminines » de poser quelques questions à Erwan Le Prévost, directeur du LOC. Traduction anglaise de Comité Local d’Organisation.

Un homme très occupé qui gère à la fois deux événements majeurs pour le foot féminin français : le dossier du Mondial des U20 en Bretagne (5 au 24 aout 2018), sorte de répétition générale grandeur nature pour l’événement du début d’été 2019, la Coupe du Monde séniors en France.

A 41 ans, Erwan Le Prévost trouve là l’épanouissement d’une carrière déjà bien remplie. Après un passage de deux ans aux « Echos », le diplômé de l’ESSCA (école supérieure des sciences commerciales d’Angers) entre dans l’équipe marketing du Stade de France en 2002 où il grimpe les échelons en l’espace de sept ans. Comme Directeur Grands Comptes au Stade de France, il établit des liens solides avec la FFF. Notamment avec Florence Hardouin, directrice marketing à l’époque, qu’il côtoie régulièrement et qui apprécie ses qualités. Elle lui propose alors d’intégrer le giron fédéral comme Directeur Marketing et Communication Adjoint en 2009 avec pour mission l’internalisation des droits sportifs. Sa compétence et son abnégation au travail font merveille.

Le choix de directeur de l’organisation de la Coupe du monde 2019, se porte presque naturellement sur ce breton à 50%- comme il aime le dire lui-même- d’un petit village, Sainte Marine dans la baie de l’Odet en face de Bénodet dans le Finistère Sud.

Interview réalisée le 8 février 2018.

Les Féminines – Sur le dossier de presse France 2019, vous aviez indiqué dans les dates à retenir (– 500). Date très symbolique. Le cap est franchi depuis 16 jours et nous sommes à (- 484). Qu’est-ce que cela représente du travail accompli et à venir ?

Erwan Le Prévost. Ça représente en fait beaucoup. Les choses deviennent réelles. Le compte à rebours indique que le 7 juin 2019, tout doit être prêt. Ce sera le match de l’équipe de France qui ouvrira la Coupe du Monde au Parc des Princes.

On a eu la chance d’être désigné le 19 mars 2015 par la Fifa pour organiser cette édition 2019 et celle des U20 en 2018. Depuis on a emménagé dans nos bureaux Tour Montparnasse en avril 2017. Nous étions au départ une dizaine. Nous sommes aujourd’hui 65 collaborateurs.

Le (J-484) démontre ce qui nous reste à faire, mais aussi ce que l’on a fait depuis un an et demi maintenant sur un dossier de candidature remplit entre juin et octobre 2014. Un dossier qui a évolué au fil du temps avec nos alter ego de la FIFA et qui devient de plus en plus concret. Cela a été l’occasion de mobiliser nos premiers partenaires : les villes hôtes en leur disant nous devons être prêt dans 484 jours. Une façon de monter en puissance au sein du LOC ; d’ailleurs nous avons quasiment intégré 64 profils différents « d’experts-métiers »dans leurs domaines respectifs afin de constituer une équipe réduite. C’est notre vocation d’assembler des experts passionnés pour obtenir la plus belle des réussites au service du sport féminin et du football en particulier.

LF-Le fait d’organiser le championnat du monde U20 en Bretagne peut-il être un éventuel correcteur dans votre système d’organisation ?

Erwan Le Prévost. L’aspect correcteur en fait partie mais ce n’est pas la raison première. Quand on a candidaté auprès de la FIFA, dans la corbeille de la mariée -si je puis m’exprimer ainsi- nous avions obligation d’organiser la Coupe du Monde des U20 un an auparavant. Pour la FIFA, cela fait office de répétition.

Or nous avons considéré qu’organiser une Coupe du Monde des U20 dans les mêmes stades que ceux de la CM2019 ne servirait pas les intérêts de l’évènement car les stades seraient complètement vides. Nous nous en étions rendus compte lors de la CM U20 au Canada en 2014. L’utilisation de stades de 35 à 50.000 personnes n’avaient accueilli que 2.000 spectateurs en moyenne. C’est pour cela que nous nous sommes positionnés avec le Président Le Graët et Brigitte Henriquès, la vice-présidente, sur l’événement en prenant un risque de proposer un concept innovant.

Une Coupe du Monde des U20 dans une seule et même région. Pourquoi ? Elle doit être une Coupe du Monde de passionnés et de connaisseurs du football. Rassurez-vous le choix de la Bretagne n’a aucun lien avec les origines du Président pas plus que les miennes. On a choisi la Ligue où le football est roi. Une Ligue qui a l’habitude d’organiser des matches de sélections de jeunes et de l’Equipe de France. Qui plus est en fort développement sur le football féminin.

D’où la proposition à la FIFA d’aller en Bretagne.

Erwan Le Prévost. Concrètement, cela nous permet de rôder nos équipes. Au LOC, il y a des gens d’origines différentes venant de l’Euro 2016, du basket, du hand ou du Ministère sans parfaite connaissance du foot, mais avec une expertise technique qui nous intéressent telle la sécurité.

Cela nous permet d’expérimenter notre modèle d’organisation et surtout de permettre aux équipes d’U20 de jouer dans des stades à dimension humaine afin de satisfaire un public de passionnés. C’est aussi de rôder notre modèle d’organisation avec la FIFA, car ils seront à nos côtés sur les sites d’où l’intérêt de voir comment travailler ensemble. Et enfin, il ne faut pas se le cacher de faire une belle promotion pour la CM2019.

L’événement aura lieu du 5 au 24 aout en Bretagne juste après la Coupe du Monde en Russie, où on espère que la France ira le plus loin possible. Et pourquoi ne pas franchir la marche supplémentaire pour être championne du monde.

Erwan Le Prévost. Oui, vous avez raison, c’est une répétition pour nous mais surtout l’occasion de montrer le savoir-faire à la française. L’occasion aussi d’exposer nos joueuses qui seront celles de demain dont certaines en Equipe de France A.

LF-Revenons à 2019 ; certains sites manifestent certainement plus de dynamisme que d’autres dans leur engagement ?

Erwan Le Prévost. En fait, nous avons construit notre candidature en associant les villes. Contrairement à d’autres événements de cette ampleur, on ne demande pas un droit d’entrée. On souhaite que les stades soient à disposition de façon gracieuse ainsi que les ressources humaines pour nous accompagner. On veut que la Coupe du Monde soit à leur niveau, c’est-à-dire au niveau régional.

Il a été demandé à chacun quels étaient les enjeux pour eux et comment on pouvait les accompagner au travers la CM2019 par rapport à leur politique publique, par rapport à leur développement du sport féminin, évidemment du football en particulier. Vous dire aujourd’hui si il y a plus de dynamisme chez certains, la réponse est oui mais tous se sont accaparés l’évènement pour travailler sur l’image de leur territoire.

Ils veulent en faire le plus bel événement de sports qui se soit déroulé sur leur région. En résumé, on va organiser une Coupe du Monde de niveau international mais elle va se décliner territoire par territoire. On fait le pari que si il y a un spectateurs qui veut voir un match de la CM2019 sur chacun des neuf sites, il aura un retour d’expérience différent qu’il soit à Grenoble, Lyon ou Valenciennes.

LF-Est-ce que cela aura une incidence sur le choix des villes retenues pour les quarts de finale ?

Erwan Le Prévost. Je ne peux pas vous donner les villes au moment où l’on se parle, car cela fait partie des discussions en cours. Le choix sera diffusé ce soir par communiqué de presse (Paris, Le Havre, Valenciennes et Rennes). Le LOC a fait une recommandation et nous avons bon espoir que le comité FIFA la valide à l’issue de la visite des stades.

Nous informerons les villes aux alentours de 17h00. Oui, cela aura une incidence sur le choix car vis-à-vis de la FIFA nous avons un engagement d’atteindre le chiffre de 15 millions d’euros de recette billetterie. Cela veut dire que l’on a plus d’un million de billets à vendre.

Nous sommes en train de définir avec la responsable billetterie de chez nous une politique tarifaire abordable et populaire. En fait les quarts de finale, c’est quatre matches sur huit car le site de Lyon abritera les demis et la finale. Il y a le sujet majeur du remplissage du stade et de capacité à atteindre les objectifs / billetterie. Il y aussi le sujet d’éloignement géographique entre les villes et leur mobilisation au travers des villes, des ligues et des districts.

LF-Vous pensez que les efforts consentis avant et pendant cette coupe du monde laisseront des traces dans ces régions sur l’environnement multiculturel et sportif ?

Erwan Le Prévost. Il faut savoir quelle est notre ambition. Notre ambition, elle se base sur un pré-requis : organiser deux coupes du monde dans les meilleurs conditions, mais ça c’est non négociable.

La FFF organise un million de matches par an donc 52 matches ou 32 matches en plus en fonction des compétitions, ce n’est pas ce qui va révolutionner la Fédération. En revanche, l’enjeu que l’on s’est donné ? C’est en quoi cet événement va-t-il favoriser le public et les villes qui sont partenaires ?

Nous, ce que l’on propose aux villes, et c’est ce que l’on a indiqué dans notre convention, c’est de leur dire : vous allez bénéficier d’une exposition médiatique extraordinaire. D’ailleurs en marge de la conférence de presse de Lyon, Gianni Infantino a annoncé l’objectif de 1 milliard de téléspectateurs. C’est-à-dire que c’est le positionnement d’un des plus grands événements au monde en terme d’audience.

Donc si cette CM2019 peut servir la ville de Lyon, de Grenoble, de Montpellier, ou la ville de Nice pour mettre en avant leur politique en faveur de la mixité, de la politique des quartiers, alors on aura fait et atteint l’objectif de laisser un héritage tangible sur l’environnement multiculturel.

S’agissant du sportif, nous avons la FFF avec nous au travers de la Ligue du Football Amateur qui a débloqué des budgets spécifiques pour accompagner les territoires de la Ligue et des Districts pour de l’infrastructure et de la formation au service du football féminin. Nous avons également un soutien de la FIFA sur le sujet. Cela va obligatoirement améliorer les conditions d’accueil pour la pratique du foot féminin qui a besoin -et c’est un vrai sujet- de combler le déficit au niveau des infrastructures, des terrains, des vestiaires, et aussi de l’arbitrage féminin.

Et enfin comment la mixité sur un terrain a des impacts sur la société et comment cette CM2019 va susciter des vocations pour que des femmes s’engagent dans le bénévolat, l’encadrement, et l’éducation sportive des jeunes filles.

Nous avons un engagement d’un CA de 15 millions d’Euros pour cette compétition auprès de la FIFA, soit la vente d’environ 1 million de billets.

Erwan Le Prevost

Président du Comité d'Organisation, LOC

Nous attendons une audience d’un milliard de personnes pour cette Coupe du Monde féminine en France.

Gianni Infantino

Président, FIFA

LF-Vous prévoyez un afflux de tourisme important avec des retombées significatives pour les villes concernées ?

Erwan Le Prévost. On a une chance, c’est la position géographique de la France dans l’Europe et par rapport à nos pays frontaliers qui sont qualifiés pour la CM2019.

Il y a un vrai sujet de fond, et nous sommes en train de le travailler avec les villes hôtes l’accueil des supporters dans les villes. On pense cependant que le plus grand nombre des spectateurs seront français, toutefois nous sommes en train de réviser notre jugement car nous avons discuté avec nos alter ego de la fédération américaine de football qui nous a déjà contactés pour travailler avec eux sur le choix proposé aux supporters pour suivre leur équipe.

Après d’une façon plus générale, il y a deux types de réflexion. Tout d’abord en fonction du tirage au sort pour les nations européennes et voir pour les supporters, quelle sera la distance entre leur pays et le jour où jouera leur équipe favorite. Il y a un second aspect, et nous travaillons avec les offices de tourisme des villes dans ce domaine afin de connaitre la population étrangère qui réside et travaille dans les villes. Exemple : nous avons demandé à Nice combien de japonais résidaient et travaillaient sur la ville ainsi qu’à Valenciennes ou au Havre. Combien ils avaient de ressortissants anglais ?

Dernier sujet : on travaille également avec la FFF qui possède 17.000 supporters pour les garçons au travers d’un groupe organisé. Nous sommes en train de mettre en place un groupe de supporters de l’équipe de France féminine de la même façon afin de suivre les matches de l’équipe durant la CM2019. C’est donc une stratégie globale dont le cœur de cible est la population française amenée à se déplacer dans les villes pour assister aux matches. Dès que l’on connaitra le tirage au sort, en lien avec la FIFA, nous aurons le loisir de proposer aux nations qualifiées en lien avec l’office de tourisme des villes affectées les possibilités d’hébergement des supporters.

LP-Quels moyens seront mis en œuvre dans les régions pour communiquer afin d’attirer des spectateurs dans les stades en région sachant qu’il s’agit de foot féminin ?

Erwan Le Prévost. Une stratégie est déjà définie. A travers le service presse et communication, on impulse les événements au niveau national. C’est ce qui s’est produit avec la présentation du logo et du slogan le 19 septembre dernier au Musée de l’Homme. Après on sollicite l’ensemble de nos villes pour l’organiser en local. Il y a donc eu le lancement officiel de la CM2019 à Lyon, puis après il y a eu le tour des villes pour le lancement des sites.

Le J-365, ce sera pareil, il y aura un lancement au niveau national, et nous déclinerons également dans les villes. Ce que je vous disais en préambule : une stratégie nationale qui n’a de sens que si elle est déclinée sur le local. Les villes ont également bloqué des espaces publicitaires et autres lors d’événements locaux d’importance nationale. Nous allons par exemple ouvrir la billetterie dans les villes. Le relais naturel sera la famille du foot, les ligues, les districts, les clubs qui eux ont la connaissance des licenciés et sauront nous aider et nous dire comment communiquer auprès d’eux.

LF-Un mot sur les sélections africaines aux faibles ressources. Qui prend en charge leurs frais de déplacement, la FIFA ou le LOC ?

Erwan Le Prévost. Ce qui est peut être un peu compliqué pour nous, c’est qu’il doit y avoir le même traitement pour les 24 équipes, et pas uniquement pour l’équipe de France. Dans ce cadre-là, nous traitons tout le monde de la même façon. La FIFA prend en charge les frais de déplacements internationaux de toutes les équipes jusque sur le territoire français. Après, nous comité d’organisation, on s’occupe de leur acheminement entre les matchs. Je le répète, et la FIFA est en phase avec nous, il y aura le même traitement pour les 24 équipes quel que soit son niveau sportif, sa notoriété ou sa capacité économique. Hôtels, terrains et encadrement au service de l’équipe mis à la disposition par le LOC au même niveau et identique pour chaque équipe.

LF-Comment sera choisi le lieu du tirage au sort de la CM2019 sachant qu’aujourd’hui, on n’en connait toujours pas la date ?

Erwan Le Prévost. C’est en train de devenir public donc, on va vous donner l’information ; ce sera le samedi 8 décembre 2018 à la « Seine Musicale » sur l’ile Seguin à Boulogne Billancourt. Nous sommes tombés sous le charme du lieu. La FIFA également. Nous souhaitions un lieu original capable de concevoir un tirage au sort de cette envergure certes protocolaire, mais dans une atmosphère conviviale et familiale.

LF-Quel héritage attendez-vous dans l’après Coupe du Monde ?

Erwan Le Prévost. En fait, nous avons plusieurs héritages. Celui de franchir un nouveau cap après la candidature de la FFF pour l’Euro masculin en France. Ensuite du développement d’un nombre de licenciées autour du football féminin.

Pour rappel, en 2011, nous avions 82.000 licenciées et aujourd’hui nous sommes à 165.000 dont 122.000 pratiquantes. C’est beaucoup, mais par rapport à d’autres fédérations comme l’Allemagne notamment, nous sommes loin du compte. Et si on veut permettre le développement du haut niveau, et que la D1 et la D2 aient un championnat plus relevés, il faut augmenter le nombre de licenciées.

C’est raison pour laquelle, nous attendons un héritage fort de la CM2019. C’est l’enjeu de la FFF et la raison même de la candidature. On attend aussi un héritage social en intégrant la mixité et pas seulement la notion de sexe homme et femme. On aura un héritage par ville sociétal qui mettra en valeur les différents publics intéressés. Pour la Fédération, c’est aussi démontrer aux autres Fédérations comment autour d’un évènement, on peut mettre en lumière le sport féminin.

Jean-Louis Morin pour lesfeminines.fr

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