Adaptation du conte de Charles Perrault. « Marie, ma soeur. Ne vois tu rien venir ? * ». On connaît tous cette phrase, attribuée à Anne et là, adaptée à Marie. Et du haut de sa Tour, la Présidente de Juvisy, depuis quatre saisons, répond. la première année en 2013-2014. Sans inquiétude spécifique, assez heureuse d’être aussi haute. « Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l’herbe qui verdoie ! ». 

Pas d’inquiétude à avoir. Juvisy a fini troisième du championnat. A un point du nouveau Paris Saint Germain, pour la seconde fois européen. Gaétane Thiney sera honorée de trois récompenses : meilleure buteuse du championnat, meilleure joueuse par l’UNFP et meilleure joueuse de la D1F, élue par ses pairs et les coaches de division d’élite. Installée à la fff comme vice-présidente de la Ligue de football amateur. A part l’horizon de la campagne française, tutti va bene. Il y a bien eu un sévère (0-6) en demi-finale de la Coupe de France à Bondoufle mais Juvisy avait gagné à Charlety (0-1) et la belle se termine sur un des derniers superbes matches de la D1F (2-2) avec une balle qui s’écrase sur la transversale à la dernière minute de jeu, sur coup franc de Gaetane Thiney qui confiera « ce coup franc, je l’avais rêvé la veille », pour un avenir européen parisien plutôt qu’essonnien.

Lorsque à la saison 2014-2015, la question lui est reposée « Marie, ma soeur. Ne vois tu rien venir ? ». Là, la présidente est plus attentive. Elle humecte l’air ambiant. Suspecte un potentiel danger. Les sens en alerte. Le portefeuille connecté aux nouvelles demandes financières. Montpellier vient d’éliminer en quart les essoniennes, avec un beau bordel dans le car et une grande première pour les filles du Sud. Elles mettent un pied devant Juvisy après avoir mis, pendant plusieurs saisons, un pied derrière.

Juvisy est toujours troisième mais avec sept défaites et .. quinze points d’écart avec le voisin Paris Saint Germain qui se gargarise de leurs deux rencontres de championnat gagnés « haut la main ». Un (2-0) à Charlety puis un (0-3) à Bondoufle. Le PSG terminera la saison en finale européenne après avoir éliminé l’Olympique Lyonnais et le Vfl Wolsfburg, les quatre derniers titres européens à eux deux. C’est devenue le leadeur parisien. Alors en 2014-2015, la Présidente est plus attentive. « Là devant, il y a un destroyer qui destroy. Pas sympathique. Et avec des moyens ».

Alors quand la question lui est posée en 2015-2016 : « Soeur Marie, ne vois tu rien venir ? », la présidente d’origine italienne, équipée à droite et à gauche d’un Smith & Weston, ayant fait installer une kalachnikov des mots, ayant pris un credit-bail à la fédération, transformée avec un kimono de combat. Prête à adhérer à la nationalité japonaise pour s’autoriser le vêtement des guerriers Samouraï s’étrangle devant l’insolence montpelliéraine et parisienne de la première partie de saison (deux défaites) pour s’autoriser une respiration avec une victoire à Montpellier et un match nul à domicile contre le PSG.

Les conformistes lui confirmeront qu’elle n’a bien qu’un point d’écart avec son poursuivant. Les anti-conformistes, pro- ulcérien, glisseront dans une oreille volontairement fermée que c’est Montpellier qui est devant et le Paris Saint Germain, européen avancé à plus de neuf points. Juvisy rarement quatrième, cela vaut bien un alka-seltzer.

D’une voix, mélangée d’un peu de défaitisme et de beaucoup de dynamisme, la Présidente répond. « J’ai le destroyer qui destroy. Mais il est en joue ! Un autre qui pointe, mais il est en joue ! Ils n’iront pas plus loin joignant le geste à la parole. Les mains sur ses colts ! ».

Quand elle monte à la Tour en 2016-2017, la présidente de Juvisy fait le travail marche après marche. Ce n’est pas le courage qui lui manque. C’est l’envie. Une petite appréhension qui monte. La question. Il y a du Fort Boyard dans cela. « Le Père Fourasse a un côté chiant bien prononcé. Même très chiant » se dit-elle. « On s’en fout de voir. On s’en fout de cette Tour ». Elle aurait même une belle envie de redescendre. Tranquille. Mais bon. Caractère. Elle monte.

« Soeur Marie. Ne vois tu rien venir ? ». Si elle voit bien un truc venir. Là sur le moment. Un bonheur de truc. « Lui casser la gueule ». Mais bon. Que voulez-vous, elle le sait. Les adversaires sont dehors. Alors, avec attention pour ne pas se faire trop mal au coeur. Elle jette un oeil. Puis un autre. La colonne de Montpellier. Celle du Paris Saint Germain qui les a éliminé en quart (2-0). Celle de l’OLympique Lyonnais. Elle est entourée. Encerclée.

Cinquième place en championnat. Jamais vu. Une première. L’Olympique de Marseille lui est passé devant. Une nouvelle colonne. En plus Club montant. Cinq défaites. Vingt trois points avec le deuxième. Si il y avait eu une caméra sur cette tour. Elle nous aurait fait du Louis de Funès. Des « emmerdes » gros comme cela.

Le quart de finale perdu aux tirs au but face au PSG (1-1) lui donne un petit sourire. Comme un goût de Madeleine de Proust. C’était le bon temps. Un match avec ses incertitudes. Ah quel bonheur ! Elle n’a pas envie de répondre. Elle enverrait plutôt un recommandé avec AR aux impôts. « Je vois des destroyers qui destroyent graves ! ». La plaisanterie est rarement fiscale. Elle s’inquiète des conséquences de ce petit mouvement d’humeur de son esprit. La Soeur se sent fragile. Elle se marierait bien.

En 2017-2018. La Présidente Marie a mis les petits plats dans les grands. C’est à la sono que la question lui est posée ! « Soeur Marie, ne vois tu rien venir ? ». Je ne sais pas si c’est l’habitude, le temps, le moment mais la soeur Marie est guillerette. Fini les montées à la Tour qui ressemble aux tranchées de 14-18.

Madame monte tranquille. Elle fait le tour du propriétaire. S’aperçoit qu’avoir du voisinage ne la dérange pas. Se dit que prendre un petit dej en haut de la Tour, c’est un truc sympa à faire. Elle trouve cela beau. Elle aime la campagne française. Si il y aurait du monde devant elle, elle s’essayerait à sa popularité. Présidente. Sympa ce truc.

Il faut dire que la colonne parisienne s’est dégonflée. Pas de Laura Georges. Pas de Shirley Cruz. Bon, le général Lair qui se retourne pour chercher ses troupes. Il a un côté romain dans Astérix. Pas sûr de s’en sortir. Elle, son armée est là. En bas. Rien de bien génial mais un groupe qui y croit. Qui va gueuler fort en sortant. « Boum, Boum, Paf Paf ! ». C’est jouable. 1h30. Un peu plus. C’est jouable.

Alors là voilà qui s’installe sur sa chaise pliante. Prête à voir cela.

« Je prendrais bien une petite victoire ce soir ». Tranquille. Depuis qu’elle est mariée avec le Paris FC, elle a appris à se reposer et à apprécier.

Charlety. Samedi. 14h30. 1/16e de finale de la Coupe de France. Paris FC – Paris SG.

Rien n’est dit. Après quatre saisons, le Paris FC peut relever la tête. Qui aura la force collective la plus forte gagnera.

En direct sur Eurosport 2. Derby parisien. « Boum, Boum, Paf ! Paf ! »

William Commegrain lesfeminines.fr

(*) Tiré des contes de Charles Perrault « Barbe bleue ». Marie Terroni, présidente de la section féminine du PFC. Ex-présidente de Juvisy.

1/16e de finale. Coupe de France 2017-2018. (source footofeminin).

Division 1 entre eux
Montpellier HSC (D1) – ASPTT Albi (D1)
Paris FC (D1) – Paris Saint-Germain (D1), samedi (14h30) en direct sur Eurosport 2
O. de Marseille (D1) – FC Fleury (D1)

Division 1 contre Division 2
Grenoble Foot 38 (D2) – Rodez AF (D1), dimanche à 13h00
EA Guingamp (D1) – Angers CBAF (D2)
ESOF La Roche (D2) – Girondins Bordeaux (D1), samedi à 18h00
Ol. Lyonnais (D1) – FF Yzeure (D2)

Division 1 contre R1/DH
RC Saint-Denis (R1/DH) – ASJ Soyaux (D1)

Division 2 entre eux
Arras FCF (D2) – Le Mans FC (D2)

Division 2 contre R1/DH
Ol. Valence (R1/DH) – AS Saint-Etienne (D2)
FCF Monteux (R1/DH) – Toulouse FC (D2)
CPB Bréquigny Rennes (R1/DH) – Stade Brestois (D2)
Le Havre AC (R1/DH) – Issy FF (D2)
Paris UC (R1/DH) – FC Metz (D2)

Division 2 contre R2
Villeneuve d’Ascq FF (R2) – Stade de Reims (D2), samedi à 17h30

R1/DH entre eux
AS Pierrots Vauban Strasbourg (DH) – FC (Alby sur) Chéran (R1)