Corinne Diacre a besoin de Laura Georges.

Laura Georges et le PSG se sont séparés d’un commun accord et le club lui souhaite le meilleur dans les nouveaux challenges qui l’attendent désormais. La joueuse de 33 ans, âge trop avancé en France (*), repart pour un nouveau challenge qui est de gagner une place de titulaire dans son futur club -que le communiqué n’indique pas- pour valider, plus qu’une participation au groupe de 23 joueuses que Corinne Diacre compte emmener sur le projet de la Coupe du Monde 2019 en France.

Sélectionnée dans les trois dernières convocations de la nouvelle sélectionneuse française (septembre 2017) et quatre fois titulaires pour un total actuel de 185 sélections, la plus capée des joueuses en activité après l’arrêt de Camille Abily est une joueuse indispensable pour Corinne Diacre. Il lui faut juste qu’elle joue au plus haut niveau en club.

Patrice Lair a d’autres cartes en mains qu’il juge prometteuses à court terme et pour l’avenir.

Patrice Lair, le coach parisien a choisi de faire confiance à son duo 2018 composé d’Irène Paredes (internationale espagnole, 25 ans) et Emma Berglund (internationale suédoise 29 ans), en ayant les options complémentaire d’Erika (internationale brésilienne, 29 ans), de Grace Geyoro (21 ans, internationale française) et d’une jeune parisienne en U19 qui s’entraîne quotidiennement avec la D1F depuis septembre 2017. Contraint à la performance pour tenir cette seconde place européenne et à un environnement budgétaire qui l’amène à travailler sur la formation de qualité du PSG, le coach parisien ne s’en est pas caché auprès de la joueuse, en lui confirmant qu’il serait difficile d’avoir une place de titulaire dans l’avenir (deux matches en D1F sur douze).

La joueuse a un environnement de contraintes.

La Coupe du Monde en France a des enjeux conséquents pour le football féminin français et la fédération (droits TV, exposition médiatique, reconnaissance de performance impérative à valider) et la joueuse, nouvellement élue secrétaire générale de la fff et membre du Comex, avec l’élection de Noël Le Graet pour un nouveau mandat de quatre ans (2017-2021), a pris une sacré décision et un sacré risque  pour se mettre un challenge conséquent : privilégier le football et ses limites à une reconversion qualitative et pérenne dans le temps, si son départ pour l’étranger est acté.

En effet, on voit mal le poste de secrétaire général de la fff tenu de l’étranger et le Parisien de ce matin expose qu’une règle obligerait la joueuse à se retirer de ces organes décisionnaires dès lors qu’elle évoluerait à l’étranger.

Il y a fort à penser que si le club futur de la joueuse n’a pas été cité, des discussions avec des clubs français pourraient envisager une autre destination (**) pour la défenseuse centrale au palmarès fourni en club : 7 titres de Championne de France, 2 titres de WCL et 3 finales, 3 Coupes de France. Reste que Laura Georges a un salaire conséquent et qu’ils ne sont pas légions les clubs français à pouvoir l’intégrer dans leur budget, limitant de fait leurs moyens d’actions pour cette période d’ouverture de mutation jusqu’au 31 janvier.

Si la joueuse reste en France.

On ne pourrait que s’en féliciter pour Elle car même une Coupe du Monde à domicile ne doit pas remettre en question un parcours professionnel d’apprentissage et fait pour l’avenir. L’actualité mange l’actualité et qui se souviendra de la Coupe du Monde en 2021 en dehors du football féminin, même si la France la gagne ? Voyez la victoire de la France au hand.

Le challenge est déjà assez élevé car il ne s’agit pas seulement de justifier d’une série de sélections en 2019, mais d’avoir le niveau pour amener l’Equipe de France à gagner cette Coupe du Monde. Et cela, c’est un sacré challenge à respecter et à organiser.

On peut se demander d’ailleurs s’il n’y a pas eu d’erreurs dans cette nomination, amenant Laura Georges à développer une double personnalité. Celle de joueuse et celle de décisionnaire fédérale (sur tous les football) dans un moment d’apprentissage obligatoire.

Le football féminin international a évolué et aujourd’hui, un ou deux bagages ne sont pas suffisants pour postuler et vaincre. Il faut, au plus haut niveau, le tactique, le physique, le technique et le mental, sur le moment et dans le match. Cette évolution limite au plus haut niveau, – pour la plupart – le double projet (gérer un autre environnement) pour les équipes à la recherche du titre suprême dans une compétition. Encore plus quand il s’agit de décider.

Est-ce ce qui a entraîné sa perte de titularisations au PSG (fin de saison dernière et début de l’actuel) comme ses prestations défensives moins convaincantes en Equipe de France (Chili, Espagne, Allemagne) ?

Un sacré challenge que la joueuse prend.

En décidant de quitter le PSG, Laura Georges semble avoir choisi le football. C’est un sacré challenge de sportive. Peut être une très bonne décision dans un monde qu’elle connait très bien et pour une joueuse qui se connait parfaitement. Chercher des voies d’amélioration dans son jeu pour valider cette décision personnelle et aller, non pas en sélection, mais vers la plus haute des ambitions : gagner la Coupe du Monde 2019.

Et, au vue des dernières infos (RMC Sport), laisser la France et ses avantages pour le Bayern de Munich et un contrat jusqu’en 2019.

Il faut qu’elle ait la certitude qu’elle possède le niveau de ce challenge. Moi qui pense que c’est dans la mobilité internationale que la France trouvera sa nouvelle identité de jeu. Bravo et bonne chance.

William Commegrain lesfeminines.fr

  • (*) Carli Lloyd a été élue meilleure joueuse de la Coupe du Monde 2015 a 32 ans.
  • (**) Le Parisien évoque le Paris FC, sollicité par Noël Le Graet, qui n’aurait pas été intéressé.