Aminata Diallo, pourtant 22 ans, a mis du temps pour goûter à sa 1ère sélection en A. Rien n’a été facile pour Elle mais cela ne doit pas lui déplaire. Cette fille, quand elle vous parle, porte le combat qu’elle a dû faire pour gagner sa place et se donner le droit de regarder les gens, « droit dans les yeux ».

Aminata Diallo a du caractère

Née à Grenoble, elle pourrait tout autant être sortie d’une banlieue chaude de la région parisienne ou de Marseille. De celles qui font l’actualité, quand dans le silence de la soirée, des bruits de balle sortent pour que le lendemain, quand les enfants sortent à l’école, tout le monde sait ce qu’il s’est passé pour vous répondre, les yeux dans les yeux, quand vous n’êtes pas d’ici : « je ne sais pas ».

Silence ne veut pas dire consentement dans cet environnement. Juste, les grandes choses se font aussi en silence. Chacun chez soi et à partir de là, respectée des uns et des autres.

Cette jeune fille, quand elle vous parle. Elle a le ton de ce que j’entends dans mes classes. « On ne la lui fait pas » ; à charge pour l’autre, d’être au niveau. Au final, le respect ou l’irrespect par l’ignorance voire le bruit et son silence.

C’est incroyable comme le Paris Saint Germain, avec l’arrivée de M’Bappé, a montré qu’il avait des joueurs jeunes avec une exceptionnelle maturité. A l’image du jeune français de 18 ans qui parle de contraintes de droit externalisées auprès de son avocat, comme un dirigeant d’entreprise qui explique une stratégie à ses actionnaires. Grace Geyoro et Aminata Diallo sont dans la même veine. Chaque question a une réponse réfléchie, claire, nette et précise.

Une arrivée en équipe de France qui a pris plus de temps.

A 22 ans, elle arrive pourtant sur le tard dans cette équipe de France A. Bien après cette bande Championne du Monde des U17, Championne d’Europe U19 2013 et médaille de bronze au Canada 2014. Kadidiatou Diani (23 ans) a déjà 31 sélections, partie au Mondial 2015 et aux JO 2016. Claire Lavogez (23 ans, 35 sélections) et Griedge M’Bock (23 ans, 34 sélections) ont ouvert leur compteur depuis longtemps. Elle le dit, née un 3 avril 1995 à Grenoble, « Petit à petit, j’ai passé les paliers. je n’ai pas eu un parcours facile. j’ai bossé et aujourd’hui je suis récompensé, mais ce n’est que le début ».

Elle n’a pas peur de rester face à de la concurrence.

Si elle a changé souvent de clubs, Claix, Arras, Guingamp, le PSG ; c’est pour « Aller dans un club qui est censé avoir des structures meilleures que mon ancien club. Pour à chaque fois travailler plus et mieux et progresser. » Peu lui aurait donné une chance au PSG, bardé de stars, avec des clients au milieu. Elle a vu passer Amandine Henry (triple championne WCL), joué avec Véro Boquete (championne WCL 2015), vu apparaître la concurrence de Grace Geyoro, et dû souvent à laisser sa place à la titulaire du brassard parisien, Shirley Cruz (double championne d’Europe WCL) quand, venue du fin fond des talents brésiliens, c’est la renommée Formiga (6 JO et 6 World Cup) qui a posé ses crampons à Bougival alors que sa compatriote Erika, réalise des piges au milieu de terrain parisien.

Elle sait compter ses performances.

Cela fait du monde. Mais la jeune fille de 22 ans ne sourcille pas. Avec l’esprit batailleur des banlieues qui sait « qu’un sou est un sou », elle compte ses matches : « J’ai joué la Ligue des Champions, titulaire pour la finale. Je ne pensais pas jouer autant en arrivant au PSG (16 matches, 11 titularisations la saison dernière et là 4 matches pour 3 titularisations avec 1 capitanat) mais finalement, j’ai joué des gros matches. C’est bien, je prends je continue à travailler et j’espère gagner des titres avec mon club et gagner la Coupe du Monde en France. » 

Un caractère et un physique

Aminata Diallo, 22 ans, pas grande avec ses 1m61, a su répondre au défi physique des anglaises, taillée comme des heptathloniennes. Visiblement, ce n’est pas pour lui déplaire : « Ça a été un match difficile, où on a beaucoup couru. Physiquement on a eu un beau combat. Elles nous ont proposé un défi physique, on a essayé de bien répondre et on a bien défendu. »

Fermé le banc et pour les limites offensives, sa tête est bien carrée. On verra plus tard. L’essentiel est dans la victoire : « On aurait pu faire un peu plus offensivement et on réussi à marquer ce but et à remporter le match. Une victoire difficile à obtenir contre une grosse nation du football. C’est une équipe qui a beaucoup progressé et qui est une des meilleures au monde. Cette victoire fait du bien pour les têtes, la confiance. »

Quant à douter ? Le moins possible, telle est sa devise. : « Je n’ai pas senti que l’on pouvait perdre ce match. L’Angleterre avait peut être plus le ballon que nous, elle ne nous mettait pas forcément très en difficulté. J’étais confiante. » Ne se cachant derrière le manque de jeu offensif, mais sans s’en faire un sacerdoce. « On se connait pas encore assez bien, un manque d’animation offensif mais petit à petit, on va essayer de travailler notre animation pour pouvoir avoir plus d’occasions et poser plus de problèmes aux autres équipes. »

Un soldat de caractère.

Corinne Diacre cherche des soldats de caractère. Aminata Diallo est fait de ce bois. Avec un titre de Championne d’Europe U19 en 2013, une médaille de bronze au Mondial U20 2014 et un but qui aurait pu être dans les 10 FIFA ; la jeune fille sait qu’il ne sert à rien de taper à porte de l’Equipe de France sans faire de gros matches avec son club. La tête sur les épaules, elle confirme : « Il ne faut pas changer de club pour changer de clubs. A chaque fois, j’ai changé pour passer un cap.  Je suis dans l’un des meilleurs clubs européens même si cette année on ne fait pas la Ligue des Champions. Les conditions de travail sont énormes. je suis dans ce club pour progresser. Si cela se passe bien, je resterais au PSG. je ne me vois pas changer de club pour changer de club.

Cela fait un moment qu’elle était dans les équipes de jeunes. Elle espère bien faire partie de l’aventure 2019 pour la gagner. Corinne Diacre a réveillé des joueuses. C’est certain. Les résultats de la D1F le montre avec des scores de plus en plus serrés.

William Commegrain lesfeminines.fr