Le football féminin a besoin d’être vu. Après avoir été trop vu en montrant des rencontres qui n’avaient pas le sel pour capter de nouveaux supporters, le spectacle du football féminin a trouvé le début d’une phase de maturité.

Le football féminin, un produit d’image et de positionnement

Les compétitions internationales sont très suivies.

Le football féminin a été un spectacle très bien suivi lors des matches de l’équipe de France (France TV et Eurosport ont acheté les droits à l’UEFA) lors de l’Euro 2017 aux Pays-Bas dont l’audience est quasiment garantie à des chiffres supérieurs au million de téléspectateurs, ce qui en fait un spectacle qui peut supporter la concurrence d’un prime-time sur TF1 et M6, les autres chaînes gratuites.

Performance ayant atteint son apogée en 2015, pour un quart de finale face à l’Allemagne (audience supérieure à 4 millions) pour se retrouver à des chiffres conséquents et similaires même quand les clubs français, – autonomes quant à la recherche de diffuseurs (souvent Bein, bien que Montpellier ait négocié avec l’équipe TV)  – disputent la finale de la Women Champion’s League (OL en 2016, et OL-PSG en 2017).

Ce n’est pas exclusif à la France, puisque dans les pays concernés par ces finales, l’audience a été gigantesque et ce sont 27 millions de TV spectateurs qui ont vu les Etats-Unis emporter la finale 2015 et reprendre cette Coupe du Monde qui leur avait échappé en 2011, face au même adversaire : le Japon. Plus que la finale NBA, c’est dire.

Et pour le premier titre européen remporté par les Pays-Bas, c’est près de 70% de part d’audience dans les deux pays quand la médaille d’Or allemande a explosé les compteurs, supérieurs à 10 millions.

Les matches amicaux de l’Equipe de France ont leurs habituées, proche du million.

Pour les oppositions où la France ne joue pas une compétition (Canal + a acheté les droits pour retransmettre sur C8 ou CStar) ou lorsqu’elle n’est pas concernée (les autres matches de l’Euro 2017 par exemple), comme lors d’une compétition européenne (WCL/UEFA), les chiffres tombent pour être inférieurs au million tout en étant proche de cette barre.

Les français restent intéressés comme lors d’une compétition comme la finale du Mondial 2015 (Etats-Unis Japon), la finale des JO 2016 (Allemagne Suède), ou la finale de l’Euro 2017 entre les Pays-Bas et le Danemark,

Les matches de la D1F concourent à donner un angle et une compétence au diffuseur.

Quant aux matches de D1F qui forment le quotidien du football féminin, les affiches stars peuvent aller entre 200 et 400.000 Tv spectateurs sur France 4 (chaine gratuite) pour descendre dans une fourchette comprise entre 50.000 et 100.000 spectateurs sur Eurosport (chaîne payante).

Certaines affiches pouvant faire moins quand les clubs concernés restent trop inconnus à « des candides » ou manquent d’intérêt sportif pour justifier d’un suivi d’1h30. C’est certainement la raison pour laquelle, Eurosport a voulu étendre son audience en réalisant des triplex qui permettent d’agréger les supporters de chaque camp au sein d’une même diffusion.

Une hiérarchie que l’on retrouve dans le sport féminin en général avec la plus-value du mot « football » en plus.

Difficile de dire que le football féminin comme le sport féminin peut être un produit à marge dès lors que les phases finales des compétitions -grandes pourvoyeuses d’audience- sont gérées par les organisateurs et vendues, chacune en totale autonomie.

L’UEFA ayant cédé à France TV les droits de l’Euro 2017 quand TF1 a acheté les droits du Mondial 2018 et 2019 à la FIFA.

Il reste que les chaînes ont besoin de contenus à diffuser ; que le sport est un contenu qui correspond assez bien à l’attente du téléspectateur ; que le football est un produit connu qui n’est plus à expliquer ni à découvrir et que l’Equipe de France, dans son Histoire, a toujours su valoriser.

Même si le football subit la concurrence des autres sports féminins collectifs, il reste un programme à mettre dans un ensemble d’autres cases.

La FFF organise sa consultation pour les périodes à venir.

3 lots sont à prendre pour les diffuseurs qui le souhaitent, sur dossier à retirer au plus tard le 27 Octobre pour un dépôt et une proposition, le 8 Novembre 2017 avant 10h.  Il s’agit de :

Lot n°1 : Actuellement sur Canal+, l’équipe de France, ses matches amicaux dont les matches qualificatifs aux compétitions (dix à douze par saison) commençant de 2018-2019 à 2022-2023 ce qui couvre la période préparatoire à la Coupe du Monde en France (2019, sans match qualificatif) ; les matches amicaux pour les JO de Tokyo (2020) sans match qualificatif si l’équipe de France termine dans les trois premières nations européennes.

En 2021, la France se préparera l’Euro (droits UEFA) et dans ce cadre, elle aura des matches qualificatifs. La saison 2022 n’a pas de compétition internationale à part le tournoi annuel « SheBelievesCup » s’il se reconduit après 2019 (contrat initial de quatre ans) mais « la fff s’engage à participer à un tournoi dans cette période » d’après une source bien informée. Cette saison comprendra néanmoins les premières matches de qualification au Mondial 2023. La saison 2023 les terminant et donnant lieu au Mondial 2023 (Droits FIFA)

Pour quel prix ? La réponse est confidentielle. On est là dans le nerf de la guerre et l’essentiel du produit féminin se trouve dans son équipe de France féminine.

Les diffuseurs vont avoir intérêt à minimiser le prix mais cela pourrait être une erreur. C’est en l’augmentant qu’ils donneront de la qualité à ce qu’ils ont acheté. L’argent retournant directement ou indirectement vers celles qui produisent le spectacle, et donc ils retrouvent la qualité avec le spectacle qu’ils diffusent.

On l’a vu avec la professionnalisation du PSG et ses nouvelles joueuses entrées en Equipe de France. On l’a vu avec les « Business Class » qui ont emmené l’Equipe de France au SheBelievesCup pour le gain du tournoi 2017.

A mon avis, c’est en étant déraisonnable qu’ils produiront un produit très raisonnable.

Pour tâter le terrain, j’ai lancé -à ma source bien informé- un prix. J’ai senti le silence. « Peut-être que vous ne serez pas loin ». J’ai raccroché et j’ai terminé ma salade italienne chez mon Maître fromager. En buvant le verre de vin qui allait avec ; je me suis dit : « Peut-être qu’il devient professionnel ce football féminin ? ».

Lot n°2 : la D1F, actuellement est assurée par Eurosport (Discovery) -complété par France 4 (3 affiches et la finale de la Coupe de France)- qui diffusent une quinzaine de matches dans l’année et qui a assuré quasiment une mission de service public en prenant en charge la genèse du « produit féminin », allant même pendant sa période contractuelle, diffuser à chaque journée, au moins un match sans compter la création d’une émission hebdomadaire « Femme2foot » qui s’est transformée en « avant » et « après » match gardant ainsi le potentiel du nom pour le réutiliser quand le produit aura une phase de croissance plus développée.

Les nouveaux droits sont à prendre pour 3 saisons, en 2019, 2020 et 2021.

Si Eurosport est revenu à des actions plus raisonnables, de son côté les clubs féminins ont pris des maillots à forte identité (OM, PSG, Montpellier, Losc, Girondins de Bordeaux) et on a vu arriver dans le championnat de France, des jeunes joueuses qui produisent un jeu moins compétitif mais avec plus d’allant et de surprises auquel vient se rajouter des joueuses « stars » du ballon rond, tant en terme d’image (Alex Morgan et d’autres à venir) que de compétences (Dzsenifer Marozsan, Cristiane, Jakobsson, Blackstenius, Boquete).

C’est un produit mature qui peut rencontrer un public dans un championnat plus homogène qui est en voie de construction mais qui ne pourra jamais supporter la comparaison avec le football masculin qui, dans ce cas là, serait son pire ennemi.

La D1F est en recherche d’identité et a les moyens de s’en construire une, si une cohérence d’ensemble y est apportée.

A cet égard, « le lot n°2 est métamorphosé » me confirme mon correspondant, pour demander l’intégralité des matches de championnat (soit 132 matches) avec un match par journée de télévisé (22) et les cinq autres de disponibles sur une plateforme de « replay » du diffuseur, assurant à ce dernier des rentrées financières si son accès est payant.

L’idée fédérale est d’offrir les mêmes moyens d’exposition à tous les clubs pour que ceux-ci puissent ensuite réutiliser les images et produire des vidéos d’accroche sans avoir les moyens en interne de disposer d’une communication vidéo professionnelle.

En contre partie de cette exposition maximale pendant trois ans, d’après la même source, « la fédération ne recherche pas une augmentation conséquente des droits de la D1F (200.000 € lors du précédent contrat) mais l’exposition la plus large de la D1F auprès de tous les clubs. »

On sait tous qu’une partie de ces droits est rétrocédés au club pour une somme assez symbolique. « Ainsi, indirectement, la fédération construit un mur d’images pour chacun des clubs qu’ils pourront réutiliser sur leur communication numérique : réseaux sociaux, sites internet. »

Lot N°3 : Les équipes de France Espoirs H et F (U16 à U20). Un match de football féminin chez les jeunes, c’est de l’impact tout le temps. Il ne faut pas longtemps à une jeune fille pour aller de l’avant, c’est quasiment naturel. Avec, bien entendu les erreurs et les maladresses qui vont avec. Ce qui permet d’ailleurs à chaque teléspectateur de se donner autorité pour penser et dire « qu’il pourrait le faire ».

En fait, l’avantage du football féminin dans ces tranches d’âge est triple : on voit des buts et du combat. De plus, pour la France, on y trouve des titres ! C’est d’ailleurs dans ces catégories d’âge que la France, depuis 2012, pourrait être première mondiale avec la Corée du Nord. Voyez le palmarès :

  • Championne du Monde en 2012 en U17
  • Championne d’Europe en 2013 en U19
  • Médaille de bronze en 2014 au Mondial U20
  • Championne d’Europe en 2016 en U19
  • Médaille d’Argent en 2016 au Mondial U20
  • Médaille d’Argent en 2017 à l’Euro U19.
  • Prépare actuellement la Coupe du Monde U20 en France.

Diffuseurs, vous n’aurez pas à casser la tirelire. Par contre, il sera intéressant de bien travailler le produit féminin qui pour moi n’est qu’en phase de démarrage et dont il faut lui trouver une personnalité lors de sa diffusion.

William Commegrain lesfeminines.fr