Il y avait du monde en presse pour cette rencontre dont on ne savait si l’intérêt était autant de voir une victoire nette du PSG que de savoir si cette histoire de « Camp des Loges » allait enfin avoir un épilogue. Pour Patrice Lair, les deux choses pouvaient avoir un lien et en zone mixte, le coach parisien a su trouver les mots pour dire « sa passion de cet endroit », « des vestiaires de proximité », « des spectateurs nombreux et contents », « des supporters qui chantent » et enfin « une convivialité à toute épreuve », avec un repas le midi partagé, à proximité, « avec toutes les joueuses de l’effectif », venues regarder hier, la réserve battre son homologue alors qu’à côté, les U19 remportaient une large victoire sur la VGA St Maur (10-0).

En plus des trois points de la victoire nette et sans bavure du PSG (6-1), je ne sais pas si la véritable victoire du PSG féminin n’était pas dans cet environnement que Patrice Lair compare à la piste froide d’athlétisme de Charlety, le point le plus chaud de ce dossier « d’extradition », voire « d’expropriation du Camp des Loges » si on suit l’esprit du coach parisien.

En attendant, officiellement, le mot est dit aux joueuses. On en parle pas. Et Eve Perisset, venue après le match sera claire : « on ne parle pas de cela entre nous. Nous nous sommes concentrées sur le match et seulement sur le match ».

Mais revenons au match qui opposait le club montant du Losc au PSG après un début de saison délicat pour qui suit le football féminin. Un match nul face à Soyaux (1-1) et un score net mais peu flatteur contre Rodez à l’extérieur (3-0) au regard de la marche de Montpellier (15-0) et de l’OL (13-0). L’interrogation était devenue de mise avec l’omniprésence d’un environnement qui laissait échapper des doutes.

Le PSG a fait un match d’un niveau international.

Les joueuses du Paris Saint Germain ont joué cette rencontre comme un début de parcours de Women Champion’s League. Avec une main mise sur le jeu, associant passes déterminées à contrôle maitrisées de telle manière que les lilloises étaient toujours en retard d’un mouvement quand elles venaient sur la porteuse du ballon. Ballon qui dans l’instant changeait de parisienne. Et voilà le bloc lillois qui se déplaçait, jamais à la conquête, toujours en subissant le mouvement.

Cele na pouvait pas durer longtemps et cela n’a pas duré longtemps.

Une présence supérieure dans tous les domaines et un doublé de Katoto.

Dès la 6′ (1-0) pour le PSG, Berglund Emma change de style de jeu et envoie une passe longue à Ashley Lawrence dans la surface lilloise. Marquée par sa latérale, elle cherche à la surprendre. A la manière d’un Lo Celso parisien qui avait surpris le lyonnais en Ligue 1, la voilà qui revient sur elle-même, adresse un centre que la gardienne lilloise Launay Elise intercepte sans la maitriser. La balle revient dans les pieds de l’internationale espagnole Hermoso. Nouvel arrêt. Et c’est là que surgit Marie-Antoinette Katoto pour ouvrir le score et marquer son 3è but de la saison.

Les lilloises semblent avoir été élevées au catenaccio de l’Euro 2017, et touchées sans être sonnées ni groggies, elles continent à se déplacer en bloc espérant une erreur adverse pour surgir et piquer les parisiennes.

Alors, elles prennent les initiatives de kadidiatou Diani sur les côtés, « en pleine bourre » sous les yeux de Corinne Diacre, mettant à mal la belge et capitaine lilloise Coutereels, pourtant dans un système à cinq défenseurs et quatre milieux derrière.

Elles auront bien deux balles de contres, mais Julie Pasquereau prendra sa chance de trop loin pour inquiéter Kiedrzynek et Irène Paredes fera un match parfait sur son ex-coéquipière Ouleymata Sarr (13′).

Nous sommes dans la même minute et Marie Laure Delie qui fait des misères à Chapeh Yamga en défense centrale, s’impose une nouvelle fois pour piquer sur la ligne de corner et adresser un centre parfait que la jeune Marie-Antoinette Katoto (18 ans), met au fond sans sourciller (2-0, 13′) pour un doublé qui lui donne des airs de Yannick Noah quand elle exprime sa joie.

Le jeu de la mi-temps ne produira pas d’autres occasions à l’exception, dans la dernière minute, d’un centre appuyé d’Ashley Lawrence qui passera devant les buts sans trouver preneur. Cependant, les mouvements parisiens sont faits avec tant de certitudes que la doublette Formiga-Geyoro semble promis à un excellent avenir. La quarantenaire brésilienne, aux six Coupes du Monde et six JO joués, capitaine du PSG touche tous les ballons et donne de telles certitudes à la jeune parisienne (20 ans) qu’elle pourrait prendre, comme les animaux, en une année avec elle, plus de sept d’expériences.

Il reste que le dernier quart d’heure de la première mi-temps marquera le temps faible parisien avec des passes qui ne trouvent pas preneuses mais les parisiennes se reprennent vite. Les lilloises ne manquent pas de bonnes intentions mais elles sont bloquées par des joueuses qui ne retiennent même pas le coup d’épaule ou le tacle adverse comme des raisons de perdre le ballon. Ce sont, dans leur esprit, des épiphénomènes qui ne méritent même pas que l’on s’y arrête. Elles reviennent sur l’adversaire, et par un coup de pattes ou une poussée, elles récupèrent ce qui n’aurait jamais dû leur manquer : la balle.

Jérémie Descamps, dès la 30′, change ses plans. Il fait sortir Chapeh Yimga pour mettre une seconde attaquante qui pourra épauler et tenir le ballon, un peu plus haut dans le camp parisien. C’est donc un classique 4-4-2 qui s’oppose maintenant au 4-2-3-1 parisien.

Cette première mi-temps laisse peu de doutes sur la victoire parisienne et le temps mort permet de constater que Jennifer Hermoso n’arrive pas à se situer dans un jeu axé sur les couloirs. Sa seconde mi-temps sera de bien meilleure qualité.

La seconde mi-temps sera l’expression de cette certitude (4-0)

Les volontés reviennent à l’horizon. L’internationale belge Corin Jana cherchera à s’imposer sur Berglund dès la 49′, en la dribblant, balle arrêtée de vitesse mais l’opération est trop difficile et la balle ne termine pas en corner comme elle le souhaitait.

Au contraire, du côté parisien, c’est Kadidiatou Diani qui perce sur le droite, dans un couloir large qui sera son boulevard, pour servir Marie-Laure Delie, d’une passe certaine finissant au fond des filets (53′, 3-0).

Le match est maintenant plié et la remontada bretonne (3-3 face à Guingamp) ou barcelonaise ne semble avoir aucune chance de se réaliser aujourd’hui.

Mais c’est aussi le bal des occasions manquées avec Delie qui s’impose sur Saint Sans Levacher pour servir Katoto, qui tombe sur Launey Elise. Duel vainqueur pour la gardienne mais la balle s’échappe encore. Marie-Laure Delie est là pour la reprendre. Le but s’offre, sauf que c’est le pied d’une défenseuse qui sortira la balle du cadre (56′). A la 58′, c’est Diani qui sert Hermoso pour trouver encore Launey Elisa sur la trajectoire !

Il faudra un tir excentré sur la gauche de Marie-Antoinette Katoto pour exécuter la gardienne et permettre à la jeune parisienne de faire son premier triplé 2017 (Katoto, 18 ans, 58′, 4-0). Dans le même temps, c’est Hermoso que le PSG cherchera tout le temps en seconde mi-temps, changeant l’axe de ses attaques en allant au centre après avoir plus que visité les couloirs dans le premier acte, et là c’est la tête de Marie Laure Delie qui finit au pied du poteau extérieur.

Lille aura deux belles occasions, par la même joueuse belge, Coryn Jara que Kiedrzynek sortira de près à la 58′ et sur une tentative de lob (71′) qu’elle prendra pleine mains, assurée et rassurante. Il faut dire que juste avant, elle avait vu une percée de Diani à hauteur de la surface, pour une balle à Hermoso, tergiversant que Marie Laude Delie reprendra sans sourciller, pour son doublé (70′, 5-0).

L’addition est lourde mais les parisiennes, avec leurs changements, gardent le même niveau d’engagement et Irène Paredes clôturera le festival offensif des parisiennes (6-0, sur un corner d’Hermoso, 83′) quand la ténacité belge paiera avec un tir lointain de Coryn Jara que Kiedrzynek laissera échapper de ses mains (6-1, 89′).

Bilan du match : les parisiennes ont remporté ce match car elles voulaient le remporter. Elles se donc misent à un niveau physique, tactique, mental et technique que les lilloises n’avaient pas et elles sont allées au bout de leurs intentions. Elles ont connu un temps moins fort mais le Losc était trop éloigné de leur niveau pour pouvoir en profiter. Compte tenu du match et de son contexte, Patrice Lair va à Guingamp pour gagner la rencontre lors de la prochaine journée et confirme qu’ils seront européens car Montpellier va perdre contre l’Olympique Lyonnais et le PSG gagnera contre Montpellier.

De son côté le Losc n’a jamais prétendu pouvoir lutter contre le PSG et profite de ce match pour en voir les aspects positifs avec beaucoup d’abnégation et des solutions défensives qui ont empêché d’en prendre plus.

William Commegrain lesfeminines.fr

Jérémy Descamps (Losc). Ce n’était pas un test pour nous. On savait qu’on était à mille lieux du PSG et que cela allait être très difficile. On a tenté des choses mais Parsi est largement plus fort que nous et on a pas l’effectif pour rivaliser avec les joueuses de Paris. A nous de rebondir là-dessus. Nos tests pour se mesurer seront contre Bordeaux, Albi, Fleury. C’est là où on va savoir où on en est. C’est toujours intéressant de se mesurer face à Paris. On a vu des filles qui ont joué jusqu’au bout. On a réussi à marquer et on s’est crée quelques occasions dangereuses dans la surface. On a bien défendu, on a pas baissé les bras. On va apprendre de ce match là et construire pour le match suivant.

Je suis incapable de vous donner le niveau du PSG car je n’ai pas encore joué Lyon et Montpellier mais j’ai trouvé une très belle équipe avec un beau potentiel et une belle animation. Une équipe sérieuse qui va pouvoir jouer le haut de tableau et inquiéter les équipes du haut de tableau.

Launay Elisa (gardienne du Losc). Compliqué. Cela jouait très rapide et efficace dans leurs passes. C’était précis. On a pris l’eau car on était sous pression étant donné que cela allait très vite. Il fallait que l’on se déplace. On a fait ce que l’on a pu. Toutes ensemble, y compris moi, on a pu donner des buts aussi mais on en a sorti aussi pas mal. C’est une très bonne équipe en face donc on a rien à regretter. C’est à nous d’apprendre pour la suite.

J’en ai sorti quelques uns car c’est l’orgueil de ne pas vouloir en prendre plus. A mon goût, j’en ai trop pris. Je ne voulais pas lâcher prise au regard des efforts que faisaient mes défenseurs et mes milieux et mes attaquantes, et cela psychologiquement, cela m’a fait tenir tout le match et après j’ai fait le maximum. On en a pris six mais on en a pas pris plus. Si on comptabilise toutes les frappes et occasions qu’elles ont eu, je pense qu’on en a sorti plus qu’elles n’en ont marqué.

Le PSG, c’est un honneur de jouer contre une équipe pareille maintenant il faut que l’on travaille pour atteindre leur niveau.

Eve Perisset (PSG) : pour notre fierté, on était obligé de réagir après notre match nul ici face à Soyaux. C’est ce que l’on a fait aujourd’hui et à Rodez. On commence à s’améliorer avec plus d’automatismes. On ne pense pas au terrain où l’on va jouer. On ne pense qu’à notre prestation. On n’en parle pas dans le vestiaire. On s’améliore sur le terrain. Contre Soyaux, on avait manqué nos occasions et là, on en a mis six. Après pour la course à l’Europe c’est à nous de bien travailler et de gagner contre Montpellier et l’Ol quand on va les rencontrer.

Patrice Lair (PSG) : On s’est bien mis dans le bon sens. On a montré que l’on avait notre place ici au Camp des Loges. L’équipe a été sérieuse. Une fin de première mi-temps un peu relâché et une seconde mi-temps avec un coup d’accélérateur. C’est difficile pour nous cette histoire de terrain. Il ne faut pas se le cacher. J’ai envie de faire une belle saison avec les filles. Vu l’état d’esprit qu’elle démontre, on est capable de faire des gros matches, de progresser et de poser des problèmes aux grosses équipes. On fait une petite erreur à la fin mais cela ne fait rien. Tout le monde était solidaire, tout le monde était dans les vestiaires, tout le monde communique. Les joueuses blessées sont là. J’ai 24 filles et on a tous mangé ensemble. Il y a une force et cette force là peut nous permettre de faire des choses intéressantes.

La section est bonne. On a mis 10-0 avec les -19. 8-0 avec la réserve. Je pense que cela vaut vraiment le coup que l’on mette quelque chose en place à Paris. Je pense que les dirigeants vont le comprendre même s’ils mettent du temps et j’espère développer le football féminin à Paris pour avoir quelque chose de solide. On a renvoyé une bonne réponse au club. A eux maintenant de nous mettre dans de bonnes dispositions pour bien représenter la section et le Paris Saint Germain.