Après l’effet d’annonce de la première sélection de Corinne Diacre qui a soufflé pour plus d’un observateur entre les absences de joueuses confirmées comme Elodie Thomis et Gaetane Thiney, auteure d’un triplé le dimanche précédent (J1) et les arrivées de joueuses totalement inattendues ne pouvant justifier de cette sélection par un parcours en championnat de qualité, puisqu’il venait lui-même de démarrer le 4 Septembre, on peut voir quelques signes d’une tendance bien que Corinne Diacre, se soit donnée pour mot d’ordre : « Prendre son temps et ne pas se précipiter ! ».

« Prendre son temps et ne pas se précipiter ! », à l’image de la coach de Clermont qui a appris à gérer la pression de l’instant avec la médiatisation de la Ligue 2 et les attentes liées à un potentiel de montée en Ligue 1 comme aux particularités de son coaching féminin, elle, seule femme dans un univers professionnel masculin.

7 clubs de la D1F sur 12 forment l’Equipe de France.

Difficile de savoir s’il a existé une sélection avec autant de joueuses venant de clubs différents ? On peut penser qu’il s’agit d’une première liée à l’homogénéisation du niveau des filles, toutes équipes confondues. Là, sur sa sélection du 5 septembre, Corinne Diacre a crée une sorte de jurisprudence dans le football féminin en ouvrant le maillot Bleu à des joueuses provenant de sept clubs de la D1F : Olympique Lyonnais, Montpellier, Guingamp, Lille, Olympique de Marseille, Paris FC et le Paris Saint Germain. 

  • OL : Bouhaddi Sarah, Griedge MBock, Wendie Renard, Eugènie Le Sommer.
  • Montpellier Hsc : Méline Gérard, Sakina Karchaoui, Marion Torrent, Sandie Toletti, Valérie Gauvin.
  • PSG : Laura Georges, Garce Geyoro, Kadidiatou Diani, Perle Morroni
  • OM : Hawa Cissoko, Viviane Asseyi
  • PFC : Théa Greboval, Camille Catala, Inès Jauréna
  • Guingamp : Solène Durand, Charlotte Lorgeré.
  • Barcelone : Elise Bussaglia
  • Portland : Amandine Henry.

D’habitude on se contentait d’un quatuor avec l’OL et le PSG en maître d’oeuvre. L’ex-Juvisy dont l’interrogation subsistait avec son parcours exécrable de l’an dernier et quelques brides pour Montpellier, pourtant second du championnat.

Là, l’équipe de France s’ouvre à plus de clubs mais surtout à plus de titulaires dans ces clubs.

Toutes les filles ont quasiment commencé la saison en titulaire sur la feuille de match à l’exception de Perle Morroni (PSG) qui est entrée à la place de Marie-Antoinette Katoto (58′), buteuse face à Soyaux. On peut penser qu’Ines Jaurena (PFC), buteuse et remplacée à la 62′ par Anissa Lahmari alors que le score en faveur des parisiennes était déjà bien dessinée (1-4). Pour la montpelliéraine Valérie Gauvin, elle a quitté le terrain à la 61′, après avoir marquée et alors que Montpellier menait 0-2 à l’extérieur quand Ouleymata Sarr serait sortie sous un tonnerre d’applaudissements si elle avait été un professionnel masculin jouant au Pierre Mauroy du Losc, après son triplé et surtout pour avoir marqué les trois buts de son équipe.

Il est à noter d’ailleurs que quasiment toutes ces filles ont marqué lors de la première journée.

Changer de clubs à l’intersaison a porté ses fruits.

Méline Gérard en venant de l’OL à Montpellier a réussi à remporter son challenge face à Laetitia Philippe en ce début de championnat. Cela a l’air de lui avoir assuré d’être reconduite et surtout, pour la gardienne titulaire de l’an dernier de Montpellier, lui a valu de perdre sa troisième place de gardienne de l’EDF. Elle a pris le vent dans le bon sens car il n’aurait pas été aussi évident qu’elle soit reconduite avec Corinne Diacre si elle n’avait pas été titulaire à l’OL.

Solène Durand, deuxième gardienne de Montpellier est partie à Guingamp pour prendre le premier rôle. La voilà, en equipe de France. Jamais appelée auparavant.

Hawa Cissoko, malgré sa médaille d’argent au Mondial U20 2016, cirait le banc parisien en 2017. Elle est partie pour jouer sous les couleurs de l’OM comme titulaire. La voilà, en equipe de France A pour la première fois. Qui l’aurait cru fin Août ? Et enfin Ouleymata Sarr qui avait fait partie de l’équipe incendiée par Patrice Lair lors de la remontée historique de Guingamp au Camp des Loges (3-3), qui coûtera sa place européenne au PSG et sa liberté contractuelle, est partie au Losc, pour réaliser la performance d’un triplé, en étant titulaire en D1F, ce qui ne lui était arrivée que quatorze fois lors des quatre saisons passées au PSG.

Une sélection qui a connu des titres avec l’Equipe de france et non pas uniquement avec des clubs.

Souvent, on trouvait en Equipe de France, des joueuses bardées de récompenses en clubs (Championne d’Europe, Championne de France, Coupe de France, vice-championne d’Europe, finaliste de Coupe de France) mais très peu avaient des titres avec une Equipe de France.

Là, un grand nombre de joueuses ont gagné des titres avec l’Equipe de France. Bien entendu, il s’agit de titres avec les équipes U17, U19 et U20 et on sait l’écueil qui existe entre les deux mondes, mais à l’image des Pays-bas, championne d’Europe en 2017 et qui avait pris le titre européen U19 en 2014, il semble que la tendance soit de prendre en compte la réussite avec les bleues, plus qu’avec les clubs.

  • Médailles d’Argent Mondial U20 de 2016 : Valérie Gauvin, Hawa Cissoko, Théa Gréboval, Grace Geyoro, Sakina Karchaoui.
  • Championne d’Europe 2016 U19 : Hawa Cissoko, Théa Gréboval, Grace Geyoro, Perle Morroni
  • Bronze au Mondial 2014 U20 : Griedge MBock,
  • Championne d’Europe 2013 U19 : Kadidiatou Diani, Sandie Toletti,
  • Championne du Monde 2012 U17 : Kadidiatou Diani, Sandie Toletti,

Une sélection jeunes, pour les tester. On est loin de 2019.

Il ne s’agit pas de faire du jeunisme pour faire du jeunisme. Comme il ne s’agit pas d’avoir la meilleure équipe maintenant pour penser en 2017, gagner la Coupe du Monde 2019. C’est encore loin et la France n’a pas le niveau pour l’espérer. Elle doit travailler pour y arriver en compétition. Le classement FIFA pouvant facilement la porter à la 6è place mondiale, ce qui pourrait être aussi son niveau. Loin d’être dramatique.

C’est dans cet ensemble que Corinne Diacre semble construire son travail en sachant, ce que l’on oublie souvent, qu’il faudra être dans les trois meilleures équipes de l’UEFA au Mondial 2019, pour se qualifier pour les JO 2020 au Japon. En suivant l’Euro 2017, les nations suivantes se trouvant devant nous : Les Pays-Bas, le Danemark, l’Autriche, l’Angleterre et à égalité, la Suède, l’Allemagne et l’Espagne.

Corinne Diacre a un sacré challenge. Il faut lui laisser prendre son temps et la laisser travailler. Aujourd’hui, à mon sens, elle cherche des filles titulaires, françaises, en faisant un mariage avec celles qui gagnent en clubs et les jeunes qui ont apporté des titres à la Maison Bleue. Sans garantie qu’elles reviennent. La décision se fera suivant leurs prestations en championnat, la concurrence. Peu importe leur âge quand on voit qu’une joueuse comme Carli LLoyd a explosé à 33 ans pour être la meilleure joueuse FIFA 2015 et 2016.

Je retiens « Prendre son temps et ne pas se précipiter ». Par contre, pour les joueuses retenues, toutes ne sont pas certaines de revenir. Il va falloir assurer et apporter quelque chose de significatif. L’objectif, c’est quand même de vivre la même aventure que les Pays-Bas et de faire une finale réussie devant un stade plein aux couleurs des Bleues.

Quand on voit ce que l’Equipe de France a apporté à ses joueuses sans titre ; on peut imaginer ce que l’Equipe de France apporterait à celles qui gagneraient la Coupe du Monde 2019 à domicile.

William Commegrain lesfeminines.fr