Mais que fait l’Autriche en quart de finale de l’Euro 2017 ?

Cette interrogation qui pourrait manquer de respect se contente d’être simplement le constat qu’un comptable ne renierait pas. Le bilan 2017 des autrichiennes n’auraient jamais laissé penser ce résultat. En ces temps de résultats boursiers à la Bourse de Paris, il présente un déficit qui n’incite pas à l’investissement. Sur sept matches, les « recettes » ou victoires sont limitées à deux petites unités contre la Nouvelle-Zélande (3-0) au tournoi de Chypre suivie d’une autre plus qualitative face au Danemark (4-2) juste avant l’EURO, quand les « charges » ou revers s’élèvent à  4 défaites et 1 nul.

Le tout pesant lourd dans la balance des pronostics de ce début d’Euro. Qui aurait investi sur l’Autriche, peut-être futur demi-finaliste ?

Avec un tel bilan, si vous avez à appeler votre banquier. Un peu avant, vous vous posez pour chercher les arguments. Les banquiers n’ont jamais été des hommes d’affaires. De ceux qui anticipent pour être un peu – jamais trop à moins d’avoir les ressources suffisantes – donc un peu en avance avant les autres avec le risque qui va avec de l’échec.

Et voilà que l’Autriche, à la fin de ce premier tour, sort en tête du groupe et que le banquier vous invite à l’étage, plutôt qu’au RDC.

L’Autriche bien loin au classement FIFA (24è), antépénultième (Avant avant-dernière) équipe européenne de cet euro 2017 au classement FIFA, fait un tel exploit (2V, 1N) qu’elle a réussi à faire un nul contre la France (1-1), 3è mondiale en menant au score, suivi d’une victoire face à ses voisins Suisse (1-0), sous le regard élogieux du banquier dès que l’on parle de la Suisse, et en terminant par une déferlante contre l’Islande (3-0).

Alors, lorsque se pose la question de savoir ce que fait l’Autriche en quart de finale de l’Euro. S’il vous plaît ! Du respect. Et oui, l’Autriche pourrait commencer à avoir du crédit sur la scène internationale, car l’objectif des filles de Dominik Thalhammer est clair : la demi-finale.

Dans un contexte qui ne lui est pas spécialement défavorable.

La petite Allemagne, venue à 23 coeurs et qui, comme toutes les petites équipes, ne peuvent présenter qu’un nombre limité de joueuses homogènes, va espérer réaliser un exploit encore plus fort que l’élimination de la Suède (9è Fifa) par les Pays-Bas (12è Fifa), dans le premier quart de finale, en sortant une Roja (13è FIFA) qui se cherche depuis ses deux derniers matches, à sentir encore le souffle du Portugal et de l’Ecosse qui auraient pu lui subtiliser, avec un seul but, la seconde place qualificative !

Mais que fait la Roja en quart de finale de l’Euro 2017 ?

Le banquier est initié aux choses du sport et il sait que les inconnues de la victoire de l’Autriche ne dépendent que de la qualité de la Roja.

Il y a deux Espagne en 2017. Celles d’avant l’Euro qui a un bilan incroyablement positif de 7 victoires pour 1 défaite (1-2 face au Brésil) et 1 nul (0-0) contre l’Islande. Un Tournoi de l’Algarve, que les troupes de Jorge Vilda ont remporté, profitant de l’absence des ténors habituels partis depuis deux éditions, jouer le SheBelievesCup (France, Allemagne, USA et Angleterre). Et une Roja des U19 qui a réalisé quatre finales européennes sur les cinq dernières éditions.

Cette Espagne là, a même la couleur d’un finaliste et d’un titre.

Et puis, il y a l’Espagne de l’Euro. Déjà sans sa joueuse la plus titrée. La parisienne Véronica Boquete (30 ans), finaliste avec le PSG de la Ligue des Champions 2017 (et celle de 2014 avec Tyreso), seule vainqueur espagnole de l’édition 2015 avec Frankfurt. Une joueuse qui a voyagé sur tous les territoires du football international (USA, Suède, Allemagne, France), a une place essentielle dans la construction offensive : celle de numéro 10. Elle aurait pu être arrière. Voire milieu. Voire gardienne. La parisienne non sélectionnée est en quelque sorte, la chef d’orchestre de la Roja quand cela va bien ou quand cela va mal. Visiblement, elle manque à cette équipe là.

Surtout, il y a ces deux dernières défaites de l’Euro sur les trois matches de compétition. La première, face à l’Angleterre (2-0) et l’Ecosse (1-0). Avec ce jeu de possession stérile (75% de possession) qui ressemble à un toro grandeur nature. Avec des joueuses qui se passent la balle, l’une immobile, l’autre en mouvement. Sans surprise, sans mouvement déstabilisateur de la joueuse qui possède la balle. Un bonheur à défendre pour les adversaires. D’autant plus que l’appui, remise le plus souvent en arrière, n’ayant pas la vitesse et le décrochage pour se retourner et créer la différence.

Il y a cette Espagne récente, dominatrice en possession, stérile en offensive qui aurait pu voir le Portugal (38è FIFA) et l’Ecosse (21 FIFA), prendre sa place avec un but supplémentaire dans leur dernière rencontre.

Pour les deux équipes, la demi-finale sera l’exploit.

Pour une demi-finale historique de la part des deux équipes, l’Espagne a intérêt à jouer plus vite si elle veut surprendre une Autriche, qui a « les yeux bien posés sur le ballon » en appréciant sa chance d’être présente, tout en se disant que « si l’Espagne ne joue pas mieux, et bien, cela pourrait être suffisant pour connaître l’exploit de la première demi-finale » de leur Histoire.

Avouez, l’équipe avant, avant-dernière de ce tournoi au classement FIFA, demi-finaliste de l’Euro. Cela pose question sur ses opposants dans ce parcours. Aucune autre équipe classée si loin dans le classement FIFA n’aura atteint ce stade de la compétition. Bel exploit, à moins que l’Espagne qui n’a jamais dépassé les quarts, se décide à jouer comme elle l’a fait en 2017. Avec des victoires nettes et sans bavure. La dernière, en préparation de l’Euro, face à la Belgique, sur un score de (7-0).

Le vainqueur rencontrera en 1/2 finale le vainqueur de la demi-finale reportée entre l’Allemagne et le Danemark (12h00, Dimanche 29 juillet).

A bien y réfléchir, une telle occasion de se retrouver en demi-finale européenne. Aucune de ces deux teams ne peut se garantir de le revivre de manière certaine. Cela ne se rate pas et une des deux y arrivera. Laquelle ?

A voir sur France TV et Eurosport, dimanche 30 Juillet 2017, à partir de 18 h00.

William Commegrain lesfeminines.fr