Il suffit d’un rien pour perdre.

A la 15′, Claire Lavogez pour sa première titularisation de la compétition reprend un centre impeccable de Kadidiatou Diani et voit son tir cadré sorti en corner par Thalmann ! Il suffit d’un rien pour perdre dès lors que l’on voit Sakina Karchaoui, latérale gauche, surprise par l’intervention de Ramona Bachemann (17′) se faire chiper la balle puis contrer. Il suffit d’un rien pour qu’Eve Perisset, dernière défenseur, ne soit pas obligée de faire une faute qui l’exclut logiquement (18′) du match. Il suffit d’un rien pour que le coup franc déposé sur la tête d’ Ana-Maria Crnogorcevic ne soit pas fait sans opposition. Il suffit d’un rien pour que la tête de la latérale suisse ne soit pas cadrée. Et pourtant, à la 20′, la Suisse (24è FIFA) mène (1-0) face à la France (3è mondial) et se trouve qualifiable pour les quarts avec une France éliminée.

le but Suisse qui les met dans l'avion de la qualification. Crédit UEFA. Lesfeminines.fr

le but Suisse qui les met dans l’avion de la qualification. Crédit UEFA. Lesfeminines.fr

Mais quand tout cela est fait à l’encontre des Bleues, alors on peut affirmer que l’avantage pris au score par la Suisse est logique, totalement normal. La France est menée à la 20′, dans le pire des scénarios. Avec un carton jaune pour Wendie Renard (14′) qui la prive du match suivant, avec une expulsion d’Eve Perisset (18′) qui la prive du quart à venir, avec un but encaissé (19′) dans la foulée, et au final, une élimination potentielle au premier tour de la compétition européenne ! Le scénario ne peut pas être pire.

Il suffit d’un rien pour gagner.

Il suffit d’un rien pour gagner quand on voit l’abattage de Kadidiatou Diani dans le couloir droit afin de compenser un jeu français à 10. Incroyable de détermination. Il suffit d’un rien pour gagner quand Olivier Echouafni ne remplace personne pour suppléer l’absence d’une défenseure alors que l’usage est dans le changement pour équilibrer la défense. Il suffit d’un rien pour gagner quand le coach français, décidé de construire et organiser une équipe qui se bagarre, confirme que la situation est tout à fait favorable à la France dans les vestiaires, et qu’il revient armé de son idée principale : savoir gérer toutes les situations.

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L’égalisation de Camille Abily sur coup franc à la 75′.

Il suffit d’un rien pour gagner quand Camille Abily bénéficie d’un coup franc, à l’endroit idéal où, hier, sous les caméras de la FFF, elle s’est entraînée. Il suffit d’un rien pour gagner en voyant la gardienne suisse Thalmann ne pas avoir la main assez solide pour détourner ce bolide qui lui vient à proximité et qui finit dans les filets (76′, 1-1). Il suffit d’un rien pour gagner quand toute l’équipe de France se met à compenser le déficit en nombre sur le terrain et les velléités suisses par une solidarité à toute épreuve. Il suffit d’un rien pour gagner quand Laura Dickenmann n’en peut plus, quand Ramona Bachemann n’a plus rien dans les chaussettes à la 95′ sur le coup franc qui arrive dans la niche de Sarah Bouhaddi.

Gagner, car égaliser était se qualifier. L’équipe de France à 10 ne pouvait pas aller chercher la victoire.

L’Equipe de France à 10 a réussi un exploit en bloquant la Suisse à 11 sans paniquer.

Le football féminin était léché auparavant. Aujourd’hui, l’Equipe de France féminine a du déchet technique. Se crée moins d’occasions qu’auparavant mais elle a développé une qualité nouvelle. Elle sait se battre en patientant, dans l’idée d’avoir l’opportunité de prendre le meilleur et de revenir au score.

En football féminin, avec cette équipe de France qui n’a gagné qu’un match face à l’Islande sur pénalty (1-0) ; qui a réalisé deux nuls et s’est faite menée deux fois (1-1) ; il lui suffira d’un rien pour perdre et il suffira d’un rien pour gagner. Au milieu, il y a le jeu bon ou mauvais ;  au milieu il y a la détermination, forte un jour pour Amandine Henry, déterminante sur un superbe geste technique pour Camille Abily. Au milieu, il y a les événements d’un match et au final, il y a le résultat. 

L’Equipe de France sait que l’Histoire s’écrit à la fin d’un match. C’est le travail réussi d’Olivier Echouafni, de l’avoir dit et de leur montrer qu’elles l’ont prouvé.

L’absence de Wendie Renard et d’Eve Perisset ne posera pas de problèmes avec Laura Georges et Jessica Houara d’Hommeaux pour suppléer. L’Equipe de France va le traiter comme un élément mais pas un événement.

Olivier Echouafni veut que son équipe joue dans ces deux dimensions. Celle de penser à gagner. Celle de savoir gérer la difficulté.

Les réactions.

Echouafni (UEFA.com) : « On a peut-être besoin d’être piquées pour pouvoir mettre en place notre idées. Je pense qu’au prochain match on commencera à 10 et on fera entrer une fille pendant le match.. L’Angleterre est une grande équipe, mais une nouvelle compétition va commencer et croyez-moi, les Anglaises ne voulaient pas nous rencontrer et elles vont nous rencontrer. Elles savent ce qu’on est capables de faire. Elles ont dû voir ce soir qu’à 10 contre 11, on a été présentes. Les Anglaises se sont très, très bien préparées. Elles ont un sélectionneur qui donne beaucoup d’impulsion dans le jeu. Cette équipe a beaucoup d’atouts offensifs, mais nous aussi. On est capables de les contrer et elles le savent bien. »

Ca fait quelques mois qu’on le dit que cette équipe a du caractère. Elle veint de le montrer une nouvelle fois. Ce n’est pas donné à n’importe quelle équipe ce qu’elles ont réalisé ce soir. C’est un grand moment de fierté d’être avec ce groupe-là. Il ne faudra pas qu’à chaque fois on se mettre un handicap. Il faut qu’on soit dans l’action, pas dans la réaction.

Il faut avoir le cœur costaud. C’est une grande satisfaction. Le scénario n’a pas été simple, mais on y a cru jusqu’au bout. Notre égalisation et notre qualification, au vu du match, à 10 contre 11 pendant 75 minutes, est largement méritée.

J’ai connu d’autres scénarios en tant que joueur et entraîneur. Ce soir, c’était assez particulier. On aurait pu imaginer beaucoup de scénarios, mais celui-là peut-être que je ne l’aurais pas cru. Il y a quelques déchets, mais c’est logique, contre une équipe suisse qui nous attendait. On s’en est très bien sortis. Je savais qu’on allait avoir une situation sur coup de pied arrêté et c’est ce qu’il s’est passé. »

Conclusion de Martina Voss-Tecklenburg. On a vraiment essayé, mais au final, c’est la tactique qui n’a pas marché. On a joué les contres, mais on n’a pas marqué plus de buts. La première mi-temps contre l’Autriche nous a empêché de nous qualifier. Aujourd’hui, on était si proches de la qualification contre la France. Maintenant, il va falloir se concentrer sur les éliminatoires de la Coupe du Monde. Les jeunes vont pouvoir apprendre de cette expérience. »

Les prochains quarts. L’Angleterre de Mark Sampson a dû le comprendre. Il ne m’étonnerait pas qu’il fasse tourner pour cette dernière rencontre. L’idée de rencontrer la France qui sait subir ne doit pas lui plaire.

William Commegrain Lesfeminines.fr

PS : L’Autriche, large vainqueur de l’Islande (3-0) finit première du groupe. C’est une réelle performance pour ce pays, classé 24è nation mondiale et qui vient à l’Euro pour la première fois.

Source footofeminin. Championnat d’Europe de l’UEFA – Groupe C – Troisième journée
SUISSE – FRANCE : 1-1 (1-0)
Breda (Rat Verlegh Stadion)
Temps légèrement couvert – Terrain bon
Spectateurs : 6 711
Arbitres : Katalin Kulcsár (Hongrie) assistée de Judit Kulcsár (Hongrie) et Ekaterina Kurochkina (Russie). 4e arbitre : Bibiana Steinhaus (Allemagne)
Buts :
1-0 Ana Maria CRNOGORCEVIC 19′ (Coup franc de Moser à 22 m légèrement décalé à droite qui dépose le ballon au second poteau sur la tête de Crnogorčević esseulée à 10 m du but)
1-1 Camille ABILY 76′ (Coup franc direct à 20 m décalé sur la gauche près de l’angle de la surface frappé direct du droit sous la barre, la gardienne suisse rate son intervention)
Avertissements : Bernauer 66′, Calligaris 68′ pour la Suisse ; Renard 14′, Henry 43′ pour la France
Expulsion : Périsset 17′ pour la France

Suisse : 1-Gaëlle Thalmann ; 9-Ana-Maria Crnogorčević, 14-Rahel Kiwic, 13-Lia Wälti, 5-Noelle Maritz ; 8-Cinzia Zehnder (6-Géraldine Reuteler 80′), 22-Vanessa Bernauer, 7-Martina Moser (18-Viola Calligaris 65′), 11-Lara Dickenmann (cap.) ; 10-Ramona Bachmann, 19-Eseosa Aigbogun (3-Meriame Terchoun 79′). Entr.: Martina Voss-Tecklenburg
Non utilisées : 12-Stenia Michel, 21-Seraina Friedli, 2-Jana Brunner, 4-Rachel Rinast, 15-Caroline Abbé, 16-Fabienne Humm, 17-Sandra Betschart, 20-Sandrine Mauron, 23-Vanessa Bürki
France : 16-Sarah Bouhaddi ; 2-Eve Périsset, 19-Griedge Mbock Bathy Nka, 3-Wendie Renard (cap.), 22-Sakina Karchaoui ; 23-Onema Grace Geyoro, 6-Amandine Henry ; 20-Kadidiatou Diani (8-Jessica Houara d’Hommeaux 83′), 10-Camille Abily (17-Gaëtane Thiney 88′), 11-Claire Lavogez (18-Marie-Laure Delie 71′) ; 9-Eugénie Le Sommer. Entr.: Olivier Echouafni
Non utilisées : 1-Laëtitia Philippe, 21-Méline Gérard, 4-Laura Georges, 5-Sandie Toletti, 7-Clarisse Le Bihan, 12-Elodie Thomis, 13-Camille Catala, 14-Aïssatou Tounkara, 15-Elise Bussaglia