Le football féminin n’a pas assez de ressources en joueuses pour qu’un club accepte de libérer une joueuse, soit avant le terme de son contrat sans chercher à lui proposer un nouveau contrat « dit de types précaires ».

La mettre sur le marché, c’est assurément donner à un adversaire français l’opportunité de se renforcer tout en s’affaiblissant, faute de pouvoir avoir une ressource de même niveau disponible, elles sont toutes sous contrat.

Les joueuses titulaires sont préservées par les clubs.

Aucune des stars de l’équipe quadruple championnes d’Europe ne quittera le maillot lyonnais hors Alex Morgan qui ne cache pas son besoin de retrouver Orlando Pride, avec ses habitudes, son club et son mari et certainement, le plaisir comme le bonheur de jouer avec la brésilienne Marta, onze fois nommée dans le trio des 3 meilleures joueuses du Monde et cinq fois vainqueurs, partie signer à Orlando.

Quel club voudra et pourra racheter le contrat d’une joueuse lyonnaise ? Aucun. Quelle joueuse voudra quitter l’Olympique Lyonnais et se priver de titres ? Aucune. Camille Abily, déjà bardée de titres, a resigné pour un an au sein de son écurie de coeur et de raison quand Wendie Renard s’est engagée pour quatre ans avec les fenottes. Corinne Petit, Claire Lavogez comme Kheira Hamraoui ont toutes les raisons de rester.

Laure Boulleau, blessée toute l’année a resigné pour 1 an avec le PSG.

On est très loin des schémas de plus-values pour Kylian MBappé ou du transfert de Bernado Silva à Manchester City. Cette situation n’est pas possible. Se délester, c’est rétrograder.

Des sorties exceptionnelles

L’Olympique Lyonnais a accepté la sortie de Méline Gérard vers Montpellier pour bons et loyaux services en quelque sorte comprenant que la deuxième gardienne de l’équipe de France gagne sa place de titulaire sans avoir à lutter face à Sarah Bouhaddi qui a montré, lors de la finale de la Champion’s League, qu’elle pouvait donner un titre européen à elle toute seule à son équipe (pour rappel : arrêt dans le jeu face à Shirley Cruz, arrêt du tir au but cadré de Grace Geyoro et dernier tir au but marqué pour le titre).

A moins de donner un ticket de sortie comme ce fût le cas pour Griedge MBock, de Guingamp à l’Olympique Lyonnaisen 2015  et pour Salma Amani en 2017.

Les joueuses non-titulaires deviennent libres. 

Le Paris Saint Germain, par l’intermédiaire de Patrice Lair, a clairement dit qu’il ne ferait pas resigner des joueuses, notamment après le match nul au Camp des Loges face à Guingamp (3-3). Mais le coach parisien nous a montré qu’il avait des réactions, juste après les matches, souvent excessives et qu’ensuite venait le temps de la raison et du challenge.

La jeune U19 Anissa Lahmari a, par exemple, été prêtée à Reading en Angleterre, plutôt que de libérer la jeune l’internationale française au parcours initiaux prometteurs, quand bien même, il aurait pu recevoir des propositions de rachats. Le gain financier pour ces clubs masculins est ridicule au regard du risque pris de perdre une ressource humaine, qui est par essence, rare.

En fait les gros clubs qui doivent jouer quelque chose la saison prochaine (l’Europe et la Course à l’Europe) ont très vite fait de renouveler le contrat de leurs joueuses (Gauvi, Toletti, Decker pour Montpellier ; Geyoro, Perisset pour le PSG) et ne seront disponibles sur le marché que des joueuses françaises n’ayant pas réussi à présenter un potentiel de titulaires dans leurs clubs ou, comme pour l’ASSE, disponibles à un nouveau projet et challenge en raison de la descente dans la division inférieure.

Incorporer qui ? 

Tous les ans, il y a une entrée des jeunes U19 qui arrivent sur le marché quand elles n’ont pas été déjà signées. Là encore, elles sont attendues en sparring-partner par les clubs à charge pour elles de créer la concurrence souhaitée et attendue pour améliorer le niveau des titulaires. Les laisser aux autres, c’est se donner « le bâton pour se battre ».

Les pistes d’investissement restent souvent à l’étranger. Les joueuses européennes ayant pris l’habitude de la mobilité internationale, non pas comme une contrainte mais comme une caractéristique ponctuelle de la vie à vivre et une expérience positive.

Par contre, elles ne sont pas si nombreuses et comme tous les pays ont le même souci de ressources au regard d’un championnat de 8 et 12 équipes qu’il faut alimenter en performances de maintien voire mieux, elles ont un prix. Le championnat français ayant un avantage, c’est d’être assez attractif pour susciter de l’intérêt.

Dans cet environnement, une clause de non concurrence ne serait pas surprenante ? 

Quant aux joueuses internationales de renom qui vont quitter le marché français, je ne serais pas surpris qu’elles aient une clause de non-concurrence rétribuée qui les empêchent de signer la saison suivante, avec un autre club français classé dans les cinq premiers par exemple.

Le contrat est le contrat. C’est la « Loi que se fixe les parties ». 

Une des difficultés du football féminin a été de les rémunérer. Aujourd’hui, une difficulté va apparaître : ce sont les engagements contractuels. Es-tu ou n’est-tu pas sous contrat ?

Même un futur transfert payé auprès d’un club amateur (on rachète un contrat au minimum au prix de sa rémunération restant à couvrir et beaucoup plus suivant la rareté du talent de la joueuse), ne sera pas accepté par le club actuel de la joueuse.  C’est prendre beaucoup de risques pour un gain modique qui disparait vite des le gouffre des dépenses des associations féminines et peu condamner sportivement des clubs.

Revenir ensuite, c’est redémarrer au plus bas pour recréer une ressource suffisante en quantité et qualité.

Je ne suis pas convaincu qu’il reste grand chose du transfert de Griedge MBock à Guingamp (150.000 €) et qui reste le record officiel du marché français. Je n’imagine même pas demander au comptable du PSG s’il a vu les 50.000 € du transfert de Marie-Laure Delie dans sa comptabilité !

Il y a certainement des coups de mains à donner et à recevoir entre clubs.

Donner du temps de jeu mais je ne crois pas que son salaire soit si élevé qu’il oblige un club à s’en dessaisir, hors un club comme Juvisy qui, sans soutien financier, aurait pu être amené à subir cette contrainte. Moins certainement avec l’arrivée du Paris FC.

D’autant plus que se libérer d’une joueuse, c’est chercher à en trouver une autre.  L’argent reçu ne servira qu’à le donner à un autre club.

Un contrat engage les clubs et les joueuses. 

Du côté des joueuses, l’engagement contractuel est réciproque et on voit mal sur quelles bases une joueuse et son agent peuvent contraindre à une forte augmentation de salaires au-delà de conditions contractuelles déjà initiées au contrat.

« Son blocage de performances » lui ferait perdre une place qui pourrait lui coûter, dans un monde silencieux au-dessus mais bruyant en-dessous, voire sa place en équipe de France.

Les contrats, c’est comme un match fermé. Normalement, il y a peu de buts à moins que l’un ne craque.

A mon sens, il ne faudra pas attendre de révolution dans les équipes de la D1F pour les joueuses sous contrat. Plus sûrement des arrivées nouvelles venues de l’étranger et les décisions des joueuses appartenant aux clubs qui descendent.

William Commegrain