Une finale ne se joue pas, elle se gagne.

Un jeu fermé, attentif aux détails. 

Et pour se gagner, une des conditions est « de ne pas prendre de buts ». C’est certainement ce qui a guidé les deux équipes dans cette première finale européenne « franco-française » qui s’est jouée avec le plus grand respect de l’enjeu pour les deux équipes. Match fermé, où chacune savait qu’un but pris serait très difficile à remonter.

C’est d’ailleurs une des réussites du PSG dans ces trois actes remportés par l’Olympique Lyonnais que d’avoir contraint l’Ol à ce constat, ce qui a fait dire à Wendie Renard : « C’est une bonne équipe, j’ai beaucoup de respect pour ce club. »

En effet, Patrice Lair avait mis un mur au milieu pour restreindre au possible l’alimentation du quatuor offensif de l’Olympique Lyonnais dont les noms portent au summun ce qu’il est possible d’avoir : Eugènie Le Sommer (meilleure buteuse de la D1F), Dzsenifer Marozsan (meilleure joueuse de la D1F), Alex Morgan (star internationale USA) et Ada Hegerberg (meilleure joueuse UEFA 2016).

Les parisiennes avec Eve Perisset, Aminata Diallo, Shirley Cruz, Formiga et Ashley Lawrence étaient dans une ligne de cinq, avec l’avantage de ne pas être trop basses, ce qui permettait de soulager la défense à trois d’Irène Paredes, Grace Geyoro et Sabrina Delannoy, tout en donnant des possibilités de créativités offensives avec des percées de Shirley Cruz pour alimenter Marie-Laure Delie et Cristiane.

L’occasion parisienne de la mi-temps.

Cette tactique donna pleinement son effet pendant les soixante minutes du match avec une percée de Shirley Cruz à la 33′, sur un dégagement de Kierdzynek pour la tête de Marie-Laure Delie, amenant la capitaine parisienne, en deux touches de balles, dans la surface lyonnaise. Camile Aliby, dévolue à son marquage, est déposée par le mouvement. La costaricienne est face à son ex-coéquipière Sarah Bouhaddi. Elle cadre. La gardienne internationale tricolore anticipe parfaitement. La balle s’arrête dans ses gants !

Shirley Cruz et la 1ère occasion parisienne du match. Crédit UEFA. lesfeminines.fr

Shirley Cruz et la 1ère occasion parisienne du match. Crédit UEFA. lesfeminines.fr

Lyon joue sa victoire sur la durée.

L’occasion est extraordinaire. Tout les habitués mesurent la rareté d’une telle situation face à l’OL quand de son côté, les fenottes sont à la possession, appliquée dans un principe qui ne les quittent pas. C’est sur la durée que le match va basculer. Il faut continuer à travailler l’adversaire pour lui faire commettre des erreurs.

En effet, si le jeu ne peut pas donner d’occasions lyonnaises avec l’excellent travail défensif des parisiennes où Grace Geyoro, Sabrina Delannoy et Irène Parèdes ne perdront pas de duels ; il reste à jouer les coups francs qui seront l’objet, à eux tous seuls, d’une stratégie physique et déterminée des deux équipes.

La première ouverture se fera pour Lyon à la 39′ sur un coup de pied arrêté de la capitaine allemande Marozsan Dzsenifer pour la tête d’Ada Hegerberg qui trouva les mains de Kiedrzynek, excellemment placée auquel Paris apportera une réponse quelques minutes plus tard, sur un débordement d’Ashley Lawrence, qui prend le meilleur sur Griedge MBock pour trouver Cristiane, d’un gauche trop enlevé (43′).

Les deux équipes rentrent aux vestiaires en ayant la confirmation que le match sera difficile et qu’il suffira de peu et d’un rien pour qu’une équipe soit sacrée, du plus beau des sacres, « meilleure équipe d’Europe 2017 ».

Une seconde mi-temps où les dernières cartes sont jouées.

Rien n’entre des deux côtés.

En dix minutes, tout ce qui sera le fil directeur de la rencontre se dessine. L’Olympique Lyonnais ne marque pas ses occasions à l’image d’une première possibilités d’Ada Hegerberg à la 46′. Sabrina Delannoy subit un bloc d’Eugènie le Sommer qui la laisse cinq minutes à terre pour donner à Wendie Renard l’opportunité d’une tête, et Ada Hegerberg, malade dans la nuit, rate l’immanquable avec un droit sur Kiedrzynek et un gauche hors cadre (52′).

De son côté, Marie-Laure Delie, libérée du marquage de Griedge MBock, est trouvée, seule, face au but par Shirley Cruz quand son droit s’échappe de peu, mais définitivement, des buts de Sarah Bouhaddi (63′).

Les joueuses et les coachs comprennent que la défense fera la décision.

Alex Morgan, sur une résurgence d’une douleur musculaire qui l’avait mis aux soins pendant 15 jours est déjà sortie à la 23′. Gérard Prêcheur remplace Ada Hegerberg (60′) par Pauline Bremer, qui revient doucement de blessures, quand du côté parisien, Patrice Lair sort Aminata Diallo, auteure d’une belle prestation pour faire entrer Véronica Boquete (57′), et ensuite Shirley Cruz (80′) pour Laura Georges, défenseuse centrale.

L’intensité est à son comble et si la performance n’est pas offensive, c’est qu’elle est surtout défensive et notamment collective.

Rien ne se décide mais l’OL semble proche d’avoir la décision pour Elles avec un débordement d’Eugènie Le Sommer qui frôle la transversale (82′) et Dzsenifer Marozsan qui envoie deux missiles cadrés bien pris par la gardienne parisienne Kiedrzynek.

Plus le temps approche de la fin de la rencontre (0-0), plus on se rend compte que le manque de peps de cette finale, bloquée, peut jouer en faveur d’un coup de dès, aux tirs aux buts et donner alors au PSG, la même chance qu’à l’Olympique Lyonnais. Soit, arriver à gagner, leur 1er titre depuis 2010. Et quel titre ! Championnes d’Europe !

L’épreuve des tirs aux buts. Tout dépend des autres.

C’est exactement ce qu’il arrivera. Les organismes son trop fatigués pour créer du danger et les esprits trop aiguisés pour laisser à l’adversaire l’opportunité de marquer.

Eve Perisset, du côté parisien, sortira sur une fatigue musculaire (93′), remplacée par Morroni quand Claire Lavogez (107′), sera une dernière carte offensive lyonnaise, en prenant la place d’Elodie Thomis.

Mais dans ce match, et pour cette finale, il sera dit que rien ne passera sur le plan offensif. Le score en restera là, et l’épreuve mentale des tirs aux buts sera ce qui décidera de la victoire.

Les lyonnaises plus fortes, au bout de la nuit.

Kiedrzynek arrive à sortir le tir d’Eugènie Le Sommer et met le PSG aux portes du Paradis quand, le tir suivant, Grace Geyoro perd son duel avec Sarah Bouhaddi. Tout s’égalise et chacune des tireuses suivantes met le sien.

Sept sont déjà tirés sur onze joueuses potentielles. Il reste Laura Georges, Irène Parèdes, Perle Morroni et Kiedrzynek, la gardienne pour le PSG. Du côté Lyonnais, Buchanan, Claire Lavogez, Pauline Bremer, et Sarah Bouhaddi.

Par un coup du sort ? C’est la gardienne parisienne qui met la balle sur le point de pénalty et sort son tir, trop croisé quand Sarah Bouhaddi lui répond en tirant à son tour, pour marquer le but salvateur et donner à l’Olympique Lyonnais son quatrième trophée européen avec l’exploit unique de réaliser, pour la deuxième fois de suite : le triplé (championnat, coupe, coupe d’europe) et de donner RDV pour deux exploits inédits à réaliser :

  • . un triplé européen de suite qui leur avaient échappé en 2013 (2011, 2012). Là, possible (2016, 2017, 2018 ? )
  • . un cinquième titre européen que personne n’a encore réalisé.
Sarah Bouhaddi, enfouie sous toutes les joueuses lyonnaises. Crédit UEFA. Lesfeminines.fr

Sarah Bouhaddi, enfouie sous toutes les joueuses lyonnaises. Crédit UEFA. Lesfeminines.fr

Lyon est une religion en football féminin. La religion de la Victoire et des Titres.

J’avais écrit que Lyon est une religion en football féminin. Je ne me suis pas trompé. La religion de la Victoire et des Titres. Il y a eu un Pape : Farid Benstiti. Un second, Patrice Lair. Un troisième, Gérard Prêcheur.

Un nouveau Pape a été nommé : Reynald Pédros. Et Dieu, avec tout cela … !

Rien à craindre que l’état d’esprit de l’équipe de France soit mis à mal. En fait, les choses se terminent dans l’ordre des choses. La victoire lyonnais a sa logique et le combat parisien a montré qu’elles auraient pu obtenir ce titre.

William Commegrain

source footofeminin.fr

UEFA Womens Champions League – Finale
Jeudi 1er juin 2017 – 19h45 locales (20h45 françaises)
OLYMPIQUE LYONNAIS – PARIS-SAINT-GERMAIN : 0-0 a.p. (t.a.b. 7-6)
Cardiff (Cardiff City Stadium)
Temps doux et nuageux – Pelouse excellente
Spectateurs : 22 433
Arbitres : Bibiana Steinhaus (Allemagne) assistée de Katrin Rafalski (Allemagne) et Christina Biehl (Allemagne). 4e arbitre : Riem Hussein (Allemagne). Arbitre réserviste : Sian Massey (Angleterre)
Avertissements : Kumagai 66′ pour Lyon ; Diallo 55′, Georges 81′, Morroni 115′ pour le PSG

Tirs au but : Cristiane (0-1), Majri (1-1), Delannoy (1-2), Le Sommer (arrêté), Geyoro (arrêté), Renard (2-2), Delie (2-3), Mbock (3-3), Formiga (3-4), Kumagai (4-4), Boquete (4-5), Marozsan (5-5), Lawrence (5-6), Abily (6-6), Kiedrzynek (à côté), Bouhaddi (7-6)

Lyon : 16-Sarah Bouhaddi ; 29-Griedge Mbock Bathy Nka, 21-Kadeisha Buchanan, 3-Wendie Renard (cap.), 7-Amel Majri ; 5-Saki Kumagai, 23-Camille Abily ; 9-Eugénie Le Sommer, 10-Dzsenifer Marozsan, 31-Alex Morgan (12-Elodie Thomis 23′, 18-Claire Lavogez 107′) ; 14-Ada Hegerberg (22-Pauline Bremer 60′). Entr.: Gérard Prêcheur
Non utilisées : 30-Méline Gérard, 8-Jessica Houara d’Hommeaux, 26-Josephine Henning, 27-Caroline Seger
PSG : 1-Katarzyna Kiedrzynek ; 26-Onema Grace Geyoro, 5-Sabrina Delannoy, 14-Irene Paredes Hernandez ; 17-Eve Périsset (20-Perle Morroni 90+4′), 7-Aminata Diallo (21-Veronica Boquete Giadans 57′), 28-Shirley Cruz Trana (cap.) (4-Laura Georges 80′), 24-Formiga Miraildes Maciel Mota, 12-Ashley Lawrence ; 10-Cristiane Rozeira de Souza Silva, 18-Marie-Laure Delie. Entr.: Patrice Lair
Non utilisées : 16-Loes Geurts, 3-Laure Boulleau, 19-Lina Boussaha, 22-Sana Daoudi