Le goût de la Performance. Il y a des gens qui ont « ça » en eux. Ils le portent et plus encore, sont nés pour le communiquer aux autres. Graduellement. Marche par marche. Demi-marche par demi-marche. On peut copier, mais devant les faits, à un moment et souvent aux moments charnières, c’est l’identité qui ressort.

Dans le football féminin, on a vu des gens garder un cap. Je pense à Gaetane Thiney, qui n’a pas bougé d’un iota sous les couleurs du Fcf Juvisy-Essonne. Dans les bons comme dans les très mauvais moments. D’accord ou pas d’accord. Il y a une chose qui était au-dessus d’elle : la fidélité à ses idées.

Mais le propos de cet article est réservé à Patrice Lair et Sandrine Mathivet.

Sandrine Mathivet, la performance chevillée au corps

Sandrine Mathivet, coach du Fcf Juvisy-Essonne de 2009 à 2013 a réellement porté les ambitions du club essonnien pour lui donner le meilleur, avec très peu de moyens et beaucoup d’envies comme de talents, vers un seul mot : la performance.

Autodidacte de tout ce qui entoure cette notion qui aujourd’hui, est plus maitrisée et identifiée par de nombreux clubs féminins quand elle est le quotidien des clubs professionnels masculins ; elle a réussi à créer une équipe qui a porté « le rêve du petit qui peut taper les grands ».

L’Olympique Lyonnais s’en souvient encore et le geste ancien de Patrice Lair n’est que le témoin d’une tension forte et lourde entre cette écurie de professionnelles lyonnaises qui pouvait se trouver ballotée par des amateures passionnées et investies, se mettant face à face, prêtes et surtout avec l’envie d’en découdre.

Pourtant, seule une fois Juvisy avait réussi à prendre le dessus sur l’OL. C’était en 2010. Mais à chaque rencontre, le nouveau coach Patrice Lair (2011-2014) regardait cette rencontre en ayant bien conscience que le pire pouvait arriver : perdre devant moins structuré.

Cela a duré trois ans. Cela s’est terminé sur une demi-finale de la Women Champion’s League perdue 1-6 à Bondoufle en 2013 et les années suivantes, plusieurs rencontres de championnat sont restées serrées. Très serrées. Et quand elles ne l’étaient pas, la déception était au rendez-vous. Comme un plat sans saveur.

Sandrine Mathivet, à deux doigts de monter

Aujourd’hui Sandrine Mathivet est la coach de Dijon. Club professionnel masculin qui évolue en Ligue 1. Elle est à temps complet sur ce poste après s’être occupée du Pôle France de l’Insep et s’être mise en congés de l’éducation nationale.

Dijon se trouve, à deux journées de la fin, à la seconde place derrière le Val d’Orge qui a mené tambour battant, toute la saison, le championnat.

La 20è journée les opposait. Quatre points les séparaient (45 à 41). Les dijonnaises se déplaçaient. C’est la jeune Manon Uffren (19 ans) qui a ouvert la marque pour Dijon donnant un espoir incroyable à l’équipe de Sandrine Mathivet (45 à 44), revenue aux vestiaires avec une forte détermination de pouvoir « faire quelque chose » dès lors que le score, à la mi-temps, n’avait pas bougé d’un iota (0-0).

Puis, la douche froide arrive à la 88′, à la toute fin du match. Quand Lila Treïka (31 ans), ayant évolué à Toulouse, Albi et Juvisy égalise, récupérant quasiment le ticket pour la montée en D1F pour cette 5è saison du Val d’Orge. C’est l’euphorie pour les essonniennes. Il ne reste que deux matches. L’écart redevenait celui de l’avant-match entre les deux formations (46 à 42). Pas rattrapable. Le ticket de la D1F était pour le Val d’Orge.

La folie du football frappe à la porte de la rencontre. Deux minutes plus tard (90′), c’est Alexia Trevisan, milieu de terrain, qui marque son second but de la saison pour Dijon et redonne tous ses espoirs à l’équipe bourguignonne en ne comptabilisant plus qu’un seul point d’écart avec le Val d’Orge (45 points à 44) avec un calendrier très favorable face aux deux derniers du championnat (Toulon et Le Puy) quand l’équipe essonnienne doit rencontrer l’ESAP de Metz (9è) et surtout Toulouse (4è) lors de la dernière journée.

Sandrine Mathivet a mis la pression sur le Val d’Orge

Si le Val d’Orge ne fait pas de faux pas. Elles montent avec 1 point supplémentaire (14G, 3N, 3P). Au moindre faux pas, c’est Dijon qui prendrait le ticket si elles gagnent leurs deux matches en faisant chuter quelques ex-filles de Juvisy, parties jouer dans l’autre club du département.

En une année, Sandrine Mathivet aurait fait monter son équipe, pour sa 7è saison en D2F et sa troisième tentative (2è la saison dernière).

Patrice Lair a la performance dans le sang.

Patrice Lair est au Paris Saint Germain depuis cette année (vice-championne d’Europe en 2015, vice championne de France en 2013, 2014, 2015 et 2016). Avant, il était à l’Olympique Lyonnais (2011, 2014) et en est parti avec trois coupes de France, deux coupes d’Europe, une finale européenne et quatre titres de champions de France.

Il a été premier du championnat de France fin décembre 2016 en battant au Camp des Loges, l’Olympique Lyonnais (1-0). Il est qualifié pour la finale de la Coupe de France (19 mai 2017) et jouera la finale de la Coupe d’Europe le 1er juin 2017 à Cardiff. Les deux face à l’Olympique Lyonnais.

Personne n’aurait pu prévoir une telle situation au Paris Saint Germain en début de saison. Près de huit joueuses étaient parties du club dont certaines essentielles à l’Olympique Lyonnais (Jessica Houara d’Hommeaux, Caroline Seger, Kheira Hamraoui, Kenza Dali).

Pourtant les parisiennes sont là et bien là.

Samedi, elles joueront un match de championnat essentiel face à l’Olympique Lyonnais pour ce qui va être une trilogie d’un très haut niveau. Une victoire et les parisiennes gardent toutes leurs chances pour une seconde place européenne que détient et défend ardemment Montpellier Hsc.

L’homme est animé par la performance. Comme Sandrine Mathivet avec qui il s’est beaucoup opposé, les deux étant aux extrémités, ils vivent pour vivre ce genre d’émotions qu’ils savent gérer instinctivement.

En D1F comme en D2 Féminine, les deux dernières journées vont avoir le goût du sang. Pas celui qui coule sur la peau mais celui qui s’active dans les artères. A l’intérieur.

Performances en vues. Pression garantie.

William Commegrain lesfeminines.fr