Le match des professionnelles du Paris Saint Germain face à Saint-Etienne renvoie à des réalités.

Les professionnelles sont au-dessus des amateurs.

La victoire parisienne a été acquise de hautes mains (4-1), sans pour autant que l’AS Saint-Etienne ait démérité mais avec maintenant une évidence, cinq ans après la professionnalisation du PSG (2012) : il est impossible pour une équipe amateur ou semi-amateur de rivaliser sur la durée d’un match – hors une contre-performance – face à des joueuses qui pratiquent le football tous les jours, pour améliorer leur tactique, technique et sens du jeu collectif.

Faut-il rappeler que Saint-Etienne est totalement dans le double projet, à juste raison pour Hervé Didier qui rappelait dans nos discussions, le parcours diplômé et réussi de ses joueuses (Architecture, Kinésithérapeute, ingénieur) et le mental de fer qu’il fallait pour s’exprimer dans les deux univers : le sport de haut niveau et des études qualifiées.

Saint-Etienne n’en a pas manqué dans ce match et l’oeil meurtri de Boishardy n’en était qu’une de ses preuves. Elles ont juste été débordées par meilleures qu’elles.

Dans une équipe parisienne où de jeunes joueuses s’exprimaient : Eve Perisset, Perle Morroni, Grace Geyoro, Aminata Diallo. Le fait qu’elles ne fassent que du football crée – plus collectivement qu’individuellement – un fossé, et dans de bons jours ou contre l’Olympique Lyonnais, un gouffre.

La différence est là. Définitivement là. Hervé Didier, le coach stéphanois qui va quitter le banc en fin de saison, n’avait même pas besoin de l’affirmer, tellement l’évidence s’est installée : « Nous perdons face au Paris Saint Germain. Il n’y a pas à avoir de regrets. Il n’y a rien de dramatique et c’est surtout un beau parcours que d’être arrivé en demi-finale surtout après avoir battu Montpellier. »

Montpellier, actuellement deuxième du championnat, professionnel. Avec maintenant, son challenge : conserver cette deuxième place en gagnant ses quatre derniers matches.

Professionnelles dans un ascenseur émotionnel !

Si la différence existe, il n’empêche que les joueurs et joueuses ne sont pas des robots et confrontés à la performance – toutes les semaines pour les internationales -, une équipe peut perdre son fil directeur face à une autre moins forte, qui elle, devant la situation qui se présente, se galvanise – trop contente du cadeau qui se présente – et retourne le match à son avantage.

C’est ce qui est arrivé au Paris Saint Germain cette saison avec ses défaites face à l’Olympique de Marseille et Montpellier et surtout son match nul contre Guingamp, dans un championnat français qui oblige, avec l’Olympique Lyonnais qui vit sur un Olympe de certitudes réelles, à batailler pour être dans la même exigence.

Ne parlons même pas de ce match contesté lors de la 1ère journée face à Albi (Septembre) et qui pourrait avoir son épilogue après la fin du championnat si le PSG avait l’intention d’aller devant le tribunal administratif, les faisant redescendre d’une incroyable 1ère place à Noël pour être à la 3ème place non-européenne en avril.

Pour le PSG, on est dans un ascenseur émotionnel 

Quand on est défenseur central, l’émotion et les inconnues, on ne pratique pas trop. C’est un poste de rigueur. Pourtant, ce sont bien les mots de Laura Georges, totalement adapté à la situation, assez exceptionnelle dans le football féminin où les choses sont inscrites, des fois, au début de la saison.

J’en parle avec mes coéquipières. On est dans un ascenseur émotionnel !
Laura Georges l’analyse aussi et ainsi :  « J’en parle souvent avec mes coéquipières. On vit un peu tout cette saison. C’est un peu l’ascenseur émotionnel. On vit des choses extraordinaires (gagner l’OL au Camp des Loges), on vit des déceptions. Ce sont les aléas du foot. On apprend tout le temps. On apprend l’histoire de points perdus (-4 points). C’est compliqué. La seule chose que l’on peut maitriser, c’est le terrain. A nous de faire ce qu’il faut. On a encore la chance d’être dans des compétitions très importantes. La ligue des Champions maintenant. On va faire notre possible pour aller jusqu’au bout. »

Les filles ont le PSG masculin dans leurs coeurs.

Si souvent on a décrié les mariages entre les clubs exclusivement féminins et ceux masculins, professionnels en plus … à juste titre d’ailleurs quand on voit que l’on a refusé à Hervé Didier un terrain d’entraînement distinct de la « pelouse » du dimanche ; quand on sait dans quelles conditions travaillent les filles des Girondins de Bordeaux ; on ne peut que constater qu’il n’y a pas d’égalité structurelle entre les deux mondes.

Il n’empêche que les maillots ont les mêmes couleurs. Et les filles parisiennes ont celui du PSG bien ancré dans leurs coeurs ! Léornardo et Jean-Claude Blanc ont réussi leur pari à cet égard : avoir une identité de marque comme celle de Barcelone.

Effectivement, ce qui arrive aux hommes touchent voire arrivent, aux féminines. Sabrina Delannoy écrivait sur twitter, le soir de la « remontada » barcelonaise (6-1) qui est devenu un mot générique, « C’est un cauchemar ! ».  Laure Boulleau n’y croyait pas.

Barcelone. Officiellement, « un clin d’oeil ». Dans les coeurs, un peu plus ou beaucoup plus qu’un clin d’oeil !
Alors qu’évoque le mot Barcelone dans le calendrier de Laura Georges ? « Cela ne va pas être évident. Elles se sont bien renforcées, c’est une équipe qui a bien progressé. Elle a des atouts supplémentaires mais on a aussi bien progressé. On a aussi nos atouts à nous avec une belle opposition. »

Rien de surprenant qui mériterait des lignes, sauf que Barcelone, c’est Barcelone. Et pour le PSG, ce mot a le don de mettre « en éveil ! »

« Il y aura forcément un clin d’oeil, mais il ne faut pas se tromper d’objectifs même si on sait qu’une finale aidera le football féminin au PSG. Maintenant si on peut aider, venger, tant mieux mais il ne faut pas se tromper d’objectifs. Venger les hommes n’est pas l’objectif premier, mais c’est sûr qu’on aura une pensée. »

La parisienne fait bien attention aux mots en utilisant l’expression « ce sera un clin d’oeil ! ». Elle pratique depuis longtemps l’ascenseur émotionnel. Un jour en haut ; un autre en bas. Il suffit cependant de laisser le fil de la discussion continuer pour entendre celui « d’objectifs », le verbe « venger » puis enfin, une vérité. « Ce ne sera pas l’objectif principal ».

Reste qu’il sera un objectif.

Barcelone – Paris Saint Germain. Paris Saint Germain – Barcelone. Un gros match qui commencera Samedi, en direct sur Beinsport3.

Nul doute que du côté de Barcelone, le mot « Paris Saint Germain » met les joueuses en éveil.

William Commegrain lesfeminines.fr